mardi 29 janvier 2008

Ben Bush

La constante stupéfiante du double dans la fausse distinction est à l'œuvre dans les événements du 911. J'ai déjà noté que les jeux de miroir sont la règle ou la clé qui permettent de décoder le monde, comme si ces événements traduisaient en fait l'accélération du processus inéluctable qui mène à l'unicité et l'univocité du système censé nous réguler avec ordre et intelligence.
C'est ainsi que l'invasion de l'Afghanistan répondait à celle de l'Irak. Pas seulement : le terrorisme répondait à la civilisation comme le Bien au Mal, à moins que ce ne soit l'inverse. Mais encore : les Twin Towers étaient bel et bien des tours jumelles, comme si l'événement du 911 étaient placé sous le sceau de la gémellité. Enfin : W., rejeton de la rédemption du clan Bush, était opposé de manière théâtrale et médiatique à Ousama, brebis galeuse et honnie (officiellement) du clan ben Laden.
Deux riches familles, deux familles alliées de l'économie internationale, deux symboles du ciment qui unit la civilisation mondiale dans le pétrole. Sans bien entendu imputer le 911 à l'alliance sidérante de deux clans et de deux dynasties, qui devraient permettre de revisiter les soaps interminables des séries américaines, style Dallas ou Santa Barbara (tu ne sais pas pourquoi!), il est certain que les étroits rapports des Bush et des ben Laden valent plus qu'un long discours détaillé sur le 911. Ils expriment la loi des séries.
Cette alliance éclaire la gémellité du 911 et atteint son paroxysme dans l'opposition viscérale entre W. et Ousama. Quand une personne hait par trop une autre, c'est qu'elle l'aime. Quand on oppose par trop deux personnes, ou deux choses, ou deux entités, c'est qu'au fond ce dédoublement cache mal l'identité et la communauté des destins. Sans aller jusqu'à spéculer sur une alliance hypothétique entre ben Laden et Bush (sur le mode : je ferai de toi un mythe dans le temps où je te lyncherai et je te détruirai), il est certain que les deux symboles (le chef de la civilisation occidentale contre le chef du Mal et du terrorisme unifié) sont unis par leur identité travestie en opposition irréconciliable.
Touché! S'ils sont irréconciliables, c'est parce qu'ils sont les mêmes et qu'ils représentent la même. W. = Ousama? Certainement. Il serait intéressant d'observer la proximité quasi parente des deux discours et des revendications respectives. Sont-ce les mêmes scribes qui accouchent de discours pourtant présentés comme aux antipodes? Certainement pas. Il suffit en fait que l'on comprenne que le meilleur portrait de W. Est en miroir, que l'ennemi de W. est son miroir et que W; ne peut que détester sa propre ombre, celle que par définition il refuse de contempler.

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