dimanche 27 janvier 2008

Conserves

Faudrait-il se montrer davantage conservateur que progressiste, si le progressisme repose sur un mensonge? Vaste dérobade que de feindre de ne pas voir la vérité : le progressisme et le conservatisme mentent tous les deux parce qu'ils tiennent leurs positions d'un seul et même processus, d'un seul et même système, l'occidentalisme, dont la toute-puissance lui permet de se présenter comme l'unique système.
Tout comme le progressisme, le conservatisme est adossé sur le mensonge, le mensonge du système, parce que le conservatisme croit au Progrès et à la Raison.
Croyance au Progrès : le Progrès n'est plus, comme c'est le cas du progressisme, à venir; il est déjà là, et, je dirais, toujours déjà là. On entérine le mensonge plus qu'on ne le déplace dans un ailleurs systématique et introuvable.
Croyance en la Raison : si un ordre précis et ponctuel peut être établi, c'est l'ordre de la Raison. Progrès donné par la Raison, historiquement établi dans le passé, de manière plus ou moins mythique, mais bel et bien là, indubitable. Cette fondation est aux prémisses de la modernité, au moment où l'homme a subsumé la Raison comme faculté magique et magnifique.
Finalement, la différence entre le progressisme et le conservatisme tient moins à la croyance au Progrès, mutuellement partagée, qu'en une différence d'interprétation concernant ce Progrès reconnu comme figure essentielle de la Raison. Les progressistes estiment que le Progrès est donné quant au dessein, amis que son application demeure imparfaite. Il convient en ce sens d'étendre cette implication imparfaite à toutes les couches de l'humanité. Les conservateurs jugent que la perfection tient dans le donné et qu'aucune amélioration en peut être apportée à ce donné, suivent l'argument de Leibniz (le meilleur réel est aussi le seul réel).

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