mercredi 2 janvier 2008

La mort râle

Le système désigne la constitution d'un ordre quel qu'il soit. Pour peu que cet ordre trouve une certaine expansion, qu'il se révèle suffisamment pérenne et satisfaisant pour englober d'autres ordres et atteindre un niveau suffisamment élevé pour signifier l'horizon de l'existence et renvoyer à l'institution du sens, l'ordre devient système et englobe les ordres individuels et inter-individuels au point de paraître comme leur fin et leur raison d'être. Tout système ne peut se constituer s'il ne récolte l'approbation tacite de ses membres. Bientôt, l'approbation directe et en connaissance de cause cesse et se transmet dès lors par usage et éducation - naissance de l'approbation indirecte. C'est alors que l'on peut parler de constitution d'une mentalité propre au système, qui sert de porte-parole diffus du système, sans pour autant être l'apanage de quelques initiés. Demeure le problème essentiel du système : quand il atteint le faîte de sa puissance et de sa gloire, le système périclite, c'est-à-dire qu'il s'emballe subitement et se met à penser le plus sérieusement du monde qu'il est la fin du monde, la fin du sens et l'horizon créateur de toutes choses. C'est alors que le système devient dictatorial et qu'il détruit tous ceux qui n'ont pas l'honneur de supporter son formatage impitoyable et (imp)avide. La spécificité du système occidental n'est pas tant de se prévaloir du Bien (tous les systèmes font de même) que de s'appuyer sur l'opposition de la liberté et de la contrainte pour asseoir la contrainte sous le masque de la liberté. La mentalité du système occidental est ainsi doublement hypocrite :
1) de propager le mensonge selon lequel le système est la fin de tous les ordres;
2) de laisser entendre que l'ordre occidental est spécifique (distinct des ordres précédents et actuels) et qu'il a trouvé le moyen de concilier la contrainte et la liberté dans une expression nouvelle et supérieure.
Bien entendu, comme toutes les inventions charlatanesques, cette nouvelle expression n'existe pas et prétend d'autant plus exister qu'elle favorise en sous-main l'usage de la contrainte aux dépens de la liberté - et en son nom.

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