mardi 26 février 2008

Destruction

"Les technocrates, si on leur vendait le Sahara, dans cinq ans il faudrait qu'ils achètent du sable ailleurs."
L’Etudiant, Coluche.

Le fonctionnement du système pirate consiste à ne pas être viable parce qu'il est fondé sur le parasitage. Le parasite n'existe qu'en vivant sur le dos de l'organisme qu'il pille et qu'il vole, jusqu'au moment où l'organisme s'effondre sous le coup des prédations successives et épuisantes. C'est dire à quel point le piratage est destructeur. Le pirate se situe sur la carte de l'impossible. Se réclamer de manière continue et continuelle de l'entre, c'est finalement se condamner à n'être jamais de nulle part.
Si encore le pirate se trouvait entre deux états, deux institutions, deux formes, il pourrait réclamer la reconnaissance de sa situation intermédiaire. Mais le pirate se veut de manière irrémédiable à jamais entre (les antres). Autant dire qu'il est de nulle part. Etre de nulle part signifie soit qu'on n'existe pas - soit qu'on existe. Et si c'est le cas, comme c'est celui du pirate, alors c'est qu'on existe en lieu et place d'institutions préexistantes et viables.
Dès lors tout est dit : exister en lieu et place revient en effet à détruire le préexistant pour s'installer à la place. J'ignore si c'est ce qu'on fait totalement les Européens qui ont émigré en Amérique du Nord, mais en tout cas les vénérables Peaux Rouges n'existent plus qu'à l'état de lambeaux. Quand à l'État d'Israël, moi qui aime tant l'histoire des peuples juifs, j'espère que certains de leurs héritiers extrémistes et vindicatifs n'auront pas raison du peuple palestinien et du peuple libanais, sans quoi ils en payeront le prix. Qu'on se le tienne pour dit : le peuple israélien porte sur sa tête le destin du peuple palestinien. Je ne veux pas polémiquer, simplement m'alarmer de ce monde fou qui file vers l'abîme et passera de peu à côté du précipice.
J'en reviens aux pirates. Il est certain que ces profiteurs notoires non seulement prennent la place et détruisent les institutions existantes; mais encore ne peuvent vivre sans leur concours. Autant dire que le pirate est parasitage en ce qu'il détruit ce dont il ne peut se passer. Autrement dit : le piratage est destruction et aberration en ce qu'il représente un système qui n'est pas du tout viable. Le problème est que le parasite vit à condition qu'il demeure largement minoritaire. Il vous tiendra toujours des discours enflammées et aguicheurs pour vous expliquer qu'il a trouvé un art de vivre noble et décalé et que son rejet s'explique par l'incompréhension qu'il endure et subit.
Voire. En vérité, le parasite/coucou/pirate serait la première victime d'un système dans lequel il représenterait l'élite dominante et le pouvoir officiel. Comment exercer le pouvoir quand votre processus intime vous intime de détruire pour dominer? Grave et insoluble question, à laquelle pourtant il serait temps que certains esprits étroits et carriéristes répondent. Bientôt, il sera trop tard. La 911 annonce et expose d'une certaine manière, d'une manière catastrophiste, le lourd prix qui en coûte quand on confie le pouvoir à des pirates et que ces derniers sont persuadés de détenir un mode de fonctionnement viable.
Le système pirate n'est pas un système. Il conserve les caractéristiques parasitaires de la piraterie la plus classique. Son destin est de déchoir et de détruire. Au final, il ne restera que des ruines fumantes et branlantes et les mêmes esprits qui trouvaient formidables et terriblement innovants le système pirate, qui ne ressemblait à aucun autre système (et pour cause), se lamenteront et se demanderont comment l'homme a pu en arriver là et tomber si bas. C'était pourtant prévisible : on ne confie pas les clés du navire à une escouade de mercenaires qui prétendent conduire le vaisseau à bon port grâce à de nouvelles techniques de pilotage, alors que nos gentils corsaires ne sont jamais que des bandits de grand chemin.

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