jeudi 13 mars 2008

Démo-niaque

Tant que le système n'est pas attaqué, le système démocratique et libéral tolère toutes les critiques, y compris les plus osées. En fait, le système démocratique se prévaut de la liberté d'expression et de la liberté tout court dans la mesure où les crises qu'il traverse le conforte. Les citoyens qui composent le système démocratique finissent par se représenter le système comme une structure d'ensemble indépendante et éternelle, qui remplacerait presque la superstructure du réel. Mais que se produise une crise systémique, c'est-à-dire une crise qui remette en question le système dans ses fondements, et l'on verra de quel bois se chauffe le système démocratique. Subitement, ce n'est plus le même son de cloche. Le système démocratique ne supporte en fait pas, fondamentalement, que l'on remette en question sa structure systémique se faisant passer pour superstructure éternelle et incréée. En fait, ce que le système ne supporte pas, c'est qu'on attaque sa démesure.
Le système se montre mesuré tant que l'on ne débusque pas les signes de sa démesure. Le système se présente comme supersystème/superstructure. La faiblesse de la démocratie est de ne pouvoir considérer les oppositions qu'en terme d'intériorisation et d'assimilation. Toutes les crises qui lui sont intérieures sont acceptées. La démocratie y survit. Les crises sont structurelles. Que l'assimilation ne soit plus possible et surgit la faille majeure de la démocratie : la démocratie est incapable de faire face à son destin, au déclin, soit : à la crise systémique. Pour cacher cette faiblesse, la démocratie invente la parade : c'est comme si le système qu'elle structure n'était pas un système humain interne aux productions humaines. C'est comme si le système se confondait avec le réel. La démocratie fait parade de ses atours dans la mesure où l'on accepte son postulat qui est sa faille : qu'elle est la structure qui non seulement est le réel, mais qui inspire le réel.
Comprend-on maintenant l'avènement actuel de l'Hyperréel, le mirage aux alouettes de la représentation médiatique par opposition à la scène théâtrale? Comprend-on que la démocratie autorise toutes les critiques à condition que les critiques soient ses critiques, c'est-à-dire : que les critiques acceptent son postulat systémique de superstructure démiurgique et quasi transcendante. J'ai bien dit quasi. Car le statut du démiurge démocrate n'est pas de présenter une inspiration transcendante, soit invisible et insaisissable. C'est de se targuer au nom du principe de réalité de productions de fondements immanentistes, soit définissables et désignables. Comprend-on dès lors pourquoi attaquer le système est un sacrilège? C'est qu'il n'est pas question que l'attaque systémique révèle que les fondements immanentistes sont en fait une supercherie reposant sur le toc et le hic. A quand l'estoc morale de l'éthique?

Aucun commentaire: