jeudi 27 mars 2008

Le combat final : mode d'emploi

Evidemment, on peut considérer que le principe du transfert montre de la légende ou du mythe d'Oussama ben Laden, beaucoup plus que l'homme, derrière le personnage insaisissable, les scénaristes qui façonnent sa marionnette-repoussoir emblématique du système. Effectivement, on peut considérer que ce sont des scénaristes/analystes qui s'occupent de tailler dans la barbe du Grand Inquisiteur wahhabite les contours qu'ils entendent lui prêter. Après tout, Tim Osman n'est pas n'importe qui. C'est aussi le frère d'une grande fratrie dont certains furent les associés de la franchise très hypocrite des Bush.
Pas de mise en bouche. L'image d'Oussama montre certes quelle représentation dévalorisée et caricaturale se font les promoteurs de la franchise Oussama, calquée sur son double mimétique, la franchise W. Oussama, c'est le sésame qui ouvre toutes les portes de l'islamisme terroriste, donc de l'islamisme tout court, donc de l'Islam en général. CQFD. Les concepteurs du scénario Oussama Grand Prêtre satanique de l'Hyperréel sont des immanentistes qui détestent profondément l'Islam et l'Orient. Ils perçoivent ces approches plus ou moins fumeuses de la guerre des civilisations comme la vérité sur le monde. Le Bien contre le Mal.
La Croisade contre le terrorisme cache mal la haine de l'Islam qui ne peut venir que de chrétiens fondamentalistes ou de Juifs fondamentalistes, soit de sionistes juifs ou chrétiens, profondément, viscéralement fanatiques et intolérants. Mais il serait réducteur je crois de ne considérer l'affrontement d'Oussama contre W. et les États-Unis que comme l'opposition du monothéisme véritable (le judéo-christianisme) contre le monothéisme hérétique et dégénéré (l'Islam). Soit dit en passant, quand on considère le profil des bons contre les dégénérés, on a des furieuses envies d'appartenir au camp du Mal.
Ce n'est pas le camp du Bien contre le camp du Mal, dans le sens monothéisme valable contre monothéisme négatif (forme positive contre forme identique négative). Ce n'est pas de manichéisme ou de gnose dans le sens où il faut introduire une rupture plus radicale et insidieuse entre immanentisme et monothéisme, entre la vraie religion (l'immanentisme) et le religieux dépassé. L'Islam représente le religieux dépassé, celui qui s'est figé et sclérosé aux temps du monothéisme, qui plus est hérétique et mal dégrossi.
L'immanentisme englobe toutes les conceptions qui ont su s'abstraire de leurs cultures et de leur religion d'appartenance, pourvu qu'elles valident la mondialisation, l'élitisme et l'occidentalisme universaliste. Mieux vaut un animiste immanentiste qu'un musulman piétiste et convaincu. Justement, Oussama sert de repoussoir à cette croyance religieuse archaïque, celle qu menace l'immanentisme. L'immanentisme dévalorise toutes les conceptions religieuses qui ne reconnaissent pas la rupture immanentiste parce que l'immanentisme se veut une religion qui a su dépasser la religion. Oussama est le paradigme symbolique qui représente le repoussoir religieux opposé à l'immanentisme comme mutation dévoyée de la religion. La religion est ce qui préserve la culture humaine.
L'immanentisme est ce qui prétend délivrer des préjugés religieux dan la mesure où il précipite l'homme vers sa disparition. La représentation de ben Laden signifie que l'islamisme radical est le repoussoir choisi pour y opposer non le vrai monothéisme, mais la vraie religion, la religion qui refuse la religion, l'immanentisme. Si bien qu'il est erroné et incompréhensible d'opposer le christianisme à l'Islam. Cette opposition permet surtout de ne rien comprendre au réel antagonisme.
Non pas tel monothéisme contre tel monothéisme, mais la projection de l'immanentisme sur le paradigme du religieux dépassé, je veux dire sur le paradigme Oussama en tant que figure archétypale ramassant, tel un balai poussiéreux et peu sérieux, tous les défauts et les cache-misères du phénomène religieux archaïque : le fanatisme, l'aveuglement, la folie homicide, la destruction et l'anéantissement. Bref, toutes les caractéristiques bien comprises du religieux mutant, dépassé et dénié, l'immanentisme en forme de miroir peu ragoutant.

P.S. : cette remarque conclusive m'amène en passant devant mon écran à m'apercevoir que le combat hypothétique W. vs. Oussama se meut de surcroît dans l'Hyperréel. W. est le représentant du Bien immanentiste, atlantiste, mondialiste, élitiste et occidentaliste; Oussama son repoussoir absolu et caricatural. Si bien qu'Oussama n'est jamais que le paradigme du religieux dépassé intégré à l'Hyperréel. Double mensonge en quelque sorte : non seulement Oussama n'existe pas, mais en plus Oussama triche sur ses convictions. Tout un programme.

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