dimanche 11 mai 2008

"Le football est aussi une forme d'esclavage moderne"

http://www.7sur7.be/7s7/fr/1510/Football-Etranger/article/detail/272461/2008/5/11/Le-football-est-aussi-une-forme-d-esclavage-moderne.dhtml

Le football est bien le lieu de l'Hyperréel en tant que sport et en tant que mythe colporté par les médias, en particulier le mirage aux alouettes par excellence que constitue la télévision. D'une certaine manière, on peut affirmer que le football professionnel contemporain est le miroir grossissant et fidèle de la société de consommation. Il illustre les dérives graves et concordantes de l'Hyperréel, si bien que l'évolution du football (mais aussi du sport professionnel) est un précieux indicateur pour comprendre, de manière métonymique (et même synecdoquique!), vers où va le monde.

"Prenant à contre-pied l'euphorie montante à l'approche de l'Euro 2008 de football (7-29 juin en Autriche et en Suisse), un sociologue français, du centre de recherches viennois ICCR, considère ce sport aussi comme "une forme d'esclavage moderne" qui vit sur "des mythes". S'inspirant des travaux de deux autres sociologues français, Jean-Marie Brohm et Marc Perelman, auteurs de "Le football, une peste émotionnelle", il donne dans la capitale autrichienne une série de conférences sur les facettes moins reluisantes du ballon rond.

Q: Le football n'est donc pas un monde merveilleux...
R: "Quand on voit ce qui se passe dans certaines écoles de football en Afrique, on s'aperçoit que c'est aussi une forme d'esclavage moderne. Les agents vont voir les familles, promettent des contrats en Europe, les convainquent de s'endetter pour payer le billet d'avion. Cela se termine à Londres, où il ne faut pas nécessairement un contrat de travail pour entrer. Un sur cent végète dans un club de 2e division, les autres finissent dans la rue. Le football et les marques comme Nike avec le football de rue entretiennent le mythe de la réussite comme celle du Brésilien Ronaldo".

Q: Vous ne croyez pas à l'intégration par le sport ?
R: "L'intégration par le sport ne fonctionne pas, elle crée de la ségrégation. Les gens jouent entre eux. Il y a eu une étude à Berlin qui a montré que cette politique a mené à plus de clubs turcs ou serbes. Pour un Ronaldo, on a des dizaines de milliers de jeunes dans la misère. Quand la France a gagné la Coupe du monde en 1998, on a glorifié le modèle d'intégration, la France Black-Blanc-Beur. Cela n'a pas empêché les crises dans les banlieues. La marmite est toujours bouillante. La réussite d'un Thierry Henry ou d'un Zinédine Zidane, c'est la France bling-bling".

Q: Le football sans dopage, c'est aussi un mythe ?
R: "Les instances ne font pas beaucoup dans ce domaine. On n'est pas prêt à perdre le moindre supporter. Celui du cyclisme, il ne compte qu'au mois de juillet, lors du Tour de France. Le supporter de foot, c'est toutes les semaines. Il vaut plus cher. Les supporters ne sont pas non plus prêts à entendre que certains sont dopés: la FIFA (Fédération internationale de football) a été conspuée quand elle a suspendu Diego Maradona".

Q: Vous parlez du football comme instrument de contrôle social dans le Tiers-Monde, est-ce valable aussi pour les pays présents à l'Euro ?
R: "Complètement. Une ville comme Saint-Etienne, qui a un taux de chômage élevé, dépense plus pour la réfection de son stade que pour celle des logements sociaux. C'est un choix politique, une manière de calmer les gens". (belga/7sur7)"

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