lundi 4 août 2008

Tout va très bien...

"Allô, allô James !
Quelles nouvelles ?
Notre château est donc détruit !
Expliquez-moi
Car je chancelle
Comment cela s'est-il produit ?

Eh bien ! Voila, Madame la Marquise,
Apprenant qu'il était ruiné,
A pein' fut-il rev'nu de sa surprise
Que M'sieur l'Marquis s'est suicidé,
Et c'est en ramassant la pell'
Qu'il renversa tout's les chandelles,
Mettant le feu à tout l'château
Qui s'consuma de bas en haut ;
Le vent soufflant sur l'incendie,
Le propagea sur l'écurie,
Et c'est ainsi qu'en un moment
On vit périr votre jument !
Mais, à part ça, Madame la Marquise,
Tout va très bien, tout va très bien."
Ray Ventura et ses Collégiens, Tout va très bien (madame la marquise).

Un des raisonnements favoris que tiennent les Occidentaux qui ne veulent pas trop se casser la tête (les médiocres immanentistes) est simple : le système fonctionnera toujours, puisqu'il a toujours fonctionné. Au pire, le système présent sera remplacé par un autre système.
Pour tenir un raisonnement aussi simpliste, il faut forcément se douter dans le fond que le système ment et que la version officielle du 911 en apporte une confirmation éclatante et sinistre. Vu l'étendue du mensonge, peut-être serait-il temps de rappeler aux zélateurs de leurs petits intérêts immédiats que la situation contemporaine présente un notable changement par rapport aux situations historiques précédentes.
Que d'autres système se soient effondrés, certes; cela s'est fait avec de notables souffrances, mais aussi parfois dans une relative et surprenante indifférence, comme si l'effondrement était si important que les contemporains ne pouvaient en saisir la gravité. Mais à la différence notable des précédents situations, l'actuelle comporte la particularité d'être la première situation où le système est unique, où le système coïncide avec l'homme.
Pour la première fois, le mythe de la Tour de Babel est opérant. Souvent, on entend parler du retour de Babel avec le Nouvel Ordre Mondial. Mais historiquement, la reprise biblique de ce mythe fameux était à son époque fallacieuse : ce que l'homme de Mésopotamie ou de Méditerranée nommait système ou monde ne correspondait qu'aux limites de sa connaissance géographique.
Aujourd'hui, le monde est unifié et unique. Quand jadis les systèmes s'effondraient, ils pouvaient d'autant plus être remplacés par de nouveaux qu'ils n'étaient pas seuls. C'est ainsi que l'effondrement de l'Empire romain a donné lieu à de nombreux soubresauts, mais que l'Empire romain, malgré son orgueil et sa dimension, n'était pas le seul Empire. Il existait même des empires et des royaumes inconnus des Romains, et d'autres si éloignés que la connaissance en était parcellaire.
La technique a aboli ces difficultés et a permis d'aboutir à l'unité tant attendue. Pourtant, au lieu de déboucher sur l'harmonie et la concorde, le Nouvel Ordre Mondial est la situation la plus explosive que l'homme ait connue, à tel point que l'homme n'a jamais été autant menacé de disparition. Si c'est le cas, et c'est l'évidence, le 911 n'est pas l'attentat monstrueux sans conséquence qui endeuille notre quotidien et qui ne regarde que les familles des victimes, et pas les innocents heureux vaquant à leurs occupations ailleurs en Occident, le 911 indique l'effondrement du système. L'égocentrisme signe aussi l'aveuglement le plus rance.
Et si l'effondrement du système est proche, alors le raisonnement déculpabilisant en apparence est terrible parce qu'il est faux : le système qui s'effondre étant le seul, son effondrement risque par voie de conséquence de traduire la disparition de l'homme. C'est aussi simple qu'une lettre à la poste et cette constatation évidente permet de relativiser le raisonnement faussement serein qui tend à défendre le système qu'on sent en danger.
Au contraire d'un raisonnement aussi biaisé, pour ne pas dire foireux, il faut rappeler que le seul moyen de sauver l'unique système à la dérive est de changer de système. Celui-là part en charpies. Et il serait temps de noter que l'unité du système signifie aussi sa perte certaine. Le fonctionnement structurel de l'homme indique qu'il a toujours besoin d'extériorité. Les précédents systèmes qui s'écroulaient étaient remplaçables parce qu'ils possédaient une extériorité qui les protégeait et garantissait leur remplacement. Tel n'est plus le cas aujourd'hui.
Dans sa grande folie, l'homme a cru que l'unité signifiait la prospérité. Enfin! C'est l'inverse qui est vrai et c'est au nom de la loi de l'extériorité que l'on peut démentir les propos faussement rassurants indiquant qu'il n'y a pas lieu de s'en faire et qu'il ne faudrait surtout pas céder au catastrophisme des pessimistes et de ceux qui se font mousser sur le malheur d'autrui. Ouvrez-les yeux, bande de veaux veules voire vils!

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