vendredi 19 septembre 2008

Inquisition

Concernant actuellement les voix perverses qui font diversion en criant à l'hallali, elles claironnent et déclament pour nous faire oublier leurs fautes et leurs responsabilités. En gros, leur argumentaire travesti consiste à observer que notre période de crise trouvera un bouc émissaire et que ce bouc émissaire sera forcément innocent. Bien entendu, le cas des Juifs est immédiatement repris par ceux qui craignent qu'après l'antisémitisme, la bouc émissarisation obtienne un nouveau coupable tout désigné.
Disons franco de port les choses : ceux qui établissent le parallèle entre l'antisémitisme et notre période ont peur que les banquiers et les financiers soient les boucs émissaires de l'effondrement systémique qui se profile et dont nous percevons les premiers prémisses frétillants. Il est comique de tracer le parallèle entre les banquiers et les Juifs. Car si les Juifs sont aussi innocents que les banquiers, il y aurait de quoi douter de leur innocence!
Il serait temps de connaître un tant soit peu l'histoire, afin d'éviter les arnaques à répétition, reposant sur la même structure d'ignorance et de mauvaise foi. Le mensonge est facilité par l'ignorance. Quand on évoque la Shoah, les Juifs innocents déportés et massacrés étaient pour la plupart des humbles et des innocents. Tel n'est certainement pas le cas des banquiers contemporains et des financiers, qui sont des carnassiers, des prédateurs et qui sont responsables du système oligarchiques qui se présente en démocratie et en mondialisation.
Le parallèle historique est faux. Par ailleurs, les circuits d'influences de la banque et de la finance essaient de refaire le coup de la bonne planque ou de la diversion : se cacher derrière un groupe de martyrs pour insinuer que le statut de martyr autorise toutes les actions et délivre tous les blancs-seings. En gros, les Juifs sont une identité tellement vague (un peuple? une religion? des communautés? le sionisme? Israël?) qu'ils permettent à des manipulateurs de s'abriter en toute tranquillité derrière ce paravent commode et à usurper une identité dans tous les cas fallacieusement utilisée et quoi qu'il en soit profondément subverti au sens de perverti.
Derrière cette remarque grave, je vise les liens entre les Juifs et les banquiers. Le parallèle édifiant entre la Shoah et les banquiers insinue que toute accusation contre les banquiers serait monstrueuse. Il suffit pourtant de remarquer que les liens entre la banque/finance et certains groupes juifs sont indiscutables et qu'il ne s'agit pas d'aboutir à des amalgames antisémites, sur le mode : tous les Juifs sont des banquiers.
Il est amplement suffisant de constater que les factions juives qui sont dans la banque n'ont aucun droit à utiliser les valeurs du judaïsme pour se prévaloir de l'histoire martyrisée des Juifs dans le monde et en particulier en Occident. Car ces banquiers/financiers juifs n'ont pas agi en tant que Juifs, mais en tant que dominants de l'immanentisme (la domination immanentiste s'exprimant dans la sphère de l'économique et en particulier de la finance).
C'est le même raisonnement sain qui prévaut dans l'amalgame entre terrorisme et Islam : si jamais des musulmans se réclamaient de l'Islam pour effectuer des actes terroristes, il serait évident qu'aucune valeur islamique n'autorise des crimes terroristes et que lesdits terroristes n'auraient pas agi en tant que musulmans.
Pis, si l'on se rappelle un peu les valeurs que charrient la guerre contre le terrorisme, la lecture de Huntington ou de Bernard Lewis, deux éminents propagandistes de la guerre des civilisations, on est en droit de se rendre compte que les circuits de la banque et de la finance ont financé les cercles de réflexion et les programmes d'analyse de la guerre contre le terrorisme, comme ils ont sciemment avalisé le 911. En conséquence de quoi il est comique et tragique de constater que ceux qui s'émeuvent de possibles campagnes de persécution à leur endroit sont ceux-là même qui ont orchestré en toute connaissance de cause ces campagnes de persécution contre les musulmans.
C'est le discours du deux poids, deux mesures de la mauvaise foi en action. Pourtant, en accusant les exactions des milieux de la finance et de la banque, il n'est pas plus question d'appeler au massacre des banquiers et des financiers que d'établir un parallèle amalgamant entre tous les banquiers/financiers et tous les Juifs. Il s'agit de se montrer calme, posé, rationnel et lucide. Les extrémistes surgissent et acquièrent du pouvoir quand les modérés n'ont pas été entendus et que la colère et l'appétit de vengeance se situent à leur zénith rougeoyant.
Les extrémistes arrivent au pouvoir dans les périodes de crise et installent des phénomènes de lynchage. C'est ce qui se produit en ce moment avec la crise immanentiste qui a désigné comme coupables les Irakiens ou les Afghans. Le phénomène israélien de colonisation immanentiste avait déjà fourni le lynchage des Palestiniens. Les vrais boucs émissaires de l'immanentisme, en attendant la chute prévisible de l'immanentisme, sont les monothéistes les plus authentiques, soit les musulmans.
Au lieu de sombrer dans des discours hystériques, l'accusation a pourtant un rôle extrêmement positif à jouer : appeler, non à la violence, mais au jugement démocratique et judiciaire. Pendant qu'il en est encore temps. Avant qu'il ne soit trop tard. Les révoltés de l'immanentisme, bientôt les quatre cinquièmes de la planète, risquent de faire payer au prix fort les dirigeants immanentistes si aucune action judiciaire n'est intentée à leur encontre.
A une période où l'on prétend instituer des tribunaux internationaux pour juger et condamner les tyrans sanguinaires, il serait temps qu'on inclue dans la liste des dictateurs les dictateurs des démocraties occidentales. Si ce geste de bon sens n'est pas réalisé, il sera trop tard; les extrémistes prendront le relais et le pouvoir; les condamnations les plus sanguinaires pleuvront comme autant d'actes de vengeance et de furie.
Au lieu qu'une décision démocratique permettrait d'éviter la vengeance. Les banquiers et les financiers auraient-ils peur que l'on finisse par découvrir leurs manigances et leurs déviances inavouables? Ce n'est pas de boucs émissaires que l'homme a besoin pour sortir de l'immanentisme. Le système du bouc émissaire est justement le moyen d'offrir aux immanentistes un prolongement provisoire et une légitimité dérisoire. Ce dont l'homme a besoin pour sortir de l'immanentisme, de cette tutelle des banques et de la finance folle, ce n'est pas de sang et de larmes. C'est de justice - dans tous les sens du terme.

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