dimanche 12 octobre 2008

Partir en martyr

Je propose pour W. la figure du martyr. On sait que le martyr est un témoin. W. est un martyr de l'immanentisme tardif et dégénéré, c'est-à-dire qu'il est le martyr de ceux qu'il sert, les puissants et les forts. Dans l'immanentisme, les puissants et les forts, ce sont les marchands. Les commerçants, les financiers et les banquiers.
Le martyr immanentiste est une structure inversée, car le monde marche sur sa tête. Le martyr classique est celui qui combat les puissants. Généralement on le présente comme du côté des faibles et faible lui-même, mais c'est souvent une (re)présentation idéalisée. Souvent, il s'agit d'un fort qui s'est retourné contre ses propres alliés en se rendant compte de leur impéritie et de leur folie. Cas de Jésus, cas de Moise, pour ne prendre que deux exemples de la religion juive et désormais des trois monothéismes reconnus comme tels.
Dans le cas de W. comme paradigme de l'immanentisme, il s'agit d'un retournement saisissant car W. est la figure d'un faible qui appartient aux puissants et qui se trouvent du côté des puissants. Cependant, il demeure bien un martyr car il est manipulé par ses alliés et qu'il est totalement sous leur coupe. Les puissants se servent de ce faiblard comme d'une proie facile que l'on peut tourner et retourner à sa guise.
Le grand critère, c'est l'attitude face aux puissants. Jésus était contre les pharisiens, W. est du côté des banquiers. Tout est dès lors dit et il ne reste plus qu'à comprendre que ce qu'a dit Nietzsche est vraiment une parole profonde : il faut toujours défendre les forts contre les faibles. Car le fort n'est certainement pas le fort physique ou le fort social. Il arrive que le fort physique cache un faible de caractère et ce trait est tout aussi évident avec le fort social.
Dans le chambardement et le charivari de l'immanentisme, les faibles et les forts finissent par se mélanger avec une telle diversité qu'il devient impossible d'accorder du crédit au pouvoir, aux institutions, à l'officiel. Il apparaît préférable de comprendre qu'à une époque où W. peut être président de la première puissance démocratique, c'est le signe que les élites ainsi représentées sont des croûtes irréfutables dans leur ensemble et que le fort est devenu le faible. Mieux : le lien social est totalement déstructuré et la notion de réussite et d'exemplarité ne signifie plus grand chose.

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