samedi 1 novembre 2008

Marchand concluant

Ce qui se passe à l'heure actuelle, c'est la prise de pouvoirs des factions et la destruction des nations par les factions. Les factions sont d'ordre économique et financier. Pour reprendre la classification de Dumézil, ils correspondent dans l'ordre indo-européen originel et classique à la caste des marchands, qui a pris le pouvoir et qui commande les prêtres et les guerriers.
N'oublions jamais que dans cet ordre social, quand les marchands commandent, la destruction de l'ordre est assurée.
Les marchands se sont assurés de la collaboration servile des guerriers et ils se sont institués marchands, à tel point que de nos jours les prêtres sont des banquiers et qu'ils célèbrent la religion de l'immanentisme, qui est la religion de la négation de la religion ou la religion de la sortie de la religion.
Les marchands ne peuvent se satisfaire de l'ancien ordre parce que tout ordre classique se fonde sur la notion d'échange, qui consiste sans cesse à relier l'absolu au fini. L'ordre prévaut quand l'absolu est converti en fini et régénère le fini. Cette conception implique fondamentalement que les marchands soient dominés par les prêtres et les guerriers car la guerre et la politique sont sœurs et le rôle du prêtre constitue le lien ou le médiateur entre le fini et l'absolu.
La politique est l'incarnation de ce lien spirituel, ce qui fait que les politique sont des guerriers et que les prêtres sont des politiques et des guerriers. Nul besoin de recourir à des exemples historiques qui montrent la proximité et la parenté des structures politico-guerrières et religieuses.
Selon cette conception de l'ordre, la caste des marchandes est essentielle, car l'économique est ce qui désigne la norme de l'environnement. C'est tout à fait cette réalité de l'économique à laquelle il faut insister : l'échange économique est vital mais il est circonscrit à la sphère du fini. L'échange économique est un échange typiquement et strictement fini. Il ne peut en aucun cas se substituer à l'échange classique.
L'échange marchand au contraire conduit à la destruction et au remplacement de l'échange classique. C'est ce à quoi on assiste avec l'immanentisme, qui est la religion des marchands et de tous ceux qui estiment que l'échange absolument fini doit remplacer l'échange classique entre l'absolu et le fini. L'économique ne peut qu'accoucher d'une religion nihiliste comme l'immanentisme. C'est tout l'effort des cultures que d'éviter cet ordre immanentiste ou nihiliste et d'instaurer la hiérarchie classique qui inféode le marchand au politique/guerrier et au religieux.
Quand les marchands prennent le pouvoir, c'est pour instaurer l'alternance gnostique fini/néant. Ce n'est pas contre la faction qu'il faut s'élever, mais contre ce que représente l'alliance de la faction et de l'ordre marchand. La faction détruit le lien classique ou l'échange classique pour lui substituer l'échange purement fini.
De ce fait l'ordre des factions est dangereux quand l'ordre des nations inscrit au moins la politique et la société dans la durée et la pérennité. Il est facile de critiquer à bon droit les nations ou toute manifestation classique de transcendantalisme, mais quand on constate que les critiques émanent la plupart du temps de la libération immanentiste et du progrès immanentiste, on comprend que ce progrès et cette libération instaurent et instituent des ordres pires encore. Au moins l'avantage du transcendantalisme est d'inscrire l'homme dans le sens de la durée. L'immanentisme au nom du progrès promet à l'homme la mort et l'anéantissement.
Si l'histoire montre que l'homme a toujours évité les formes politiques du nihilisme qui privilégient les factions, c'est parce que le régime politique marchand engendre sans cesse l'instabilité et la crise. Normal : si la règle de l'échange réside sur la constance du fini, alors le fini ne cesse de s'autodétruire et de se dévaler. Ajoutons aussi que la crise et l'instabilité sont à comprendre en perspective avec la destruction : voilà qui implique que la crise soit comprise comme croissante et soumise à cette constante sinistre.
Si l'on fait toujours mine de ne pas cerner le problème de la crise actuelle et de l'immanentisme, comme si la stratégie de la destruction relevait d'une erreur manifeste voire pathologique de l'interprétation, que l'on se figure la stratégie du parasite. Le parasite logé dans le cœur d'un morceau de bois se rend-il compte que sa stratégie de parasite le conduit à scier littéralement la branche sur laquelle il est assis?
Autrement dit, la politique explicitement suicidaire des parasites s'explique par le fait que toute politique parasite est suicidaire et que la nécessité du parasite est de se comporter en tant que parasite comme un suicidaire. Il est impossible pour un parasite de transformer son comportement de parasite. Il en va de même avec l'immanentiste et avec le banquier mondialiste : ces parasites marchands sont incapables d'évoluer et de changer de comportement.
Il serait aberrant de déduire du fait que la stratégie marchande est aberrante au fait que l'aberration ne saurait être. Il serait tout aussi aberrant d'attendre d'un banquier une stratégie qui ne soit pas marchande ou qui ne soit pas parasite. L'immanentiste fonce dans le mur parce qu'il n'a pas d'autre choix que celui de la nécessité désaxée.
Par son identité de marchand, le banquier immanentiste ne peut que détruire les nations. Bien entendu que ce faisant, il se détruit à terme, après avoir détruit son environnement, ce qui est le comble de l'économiste - n'est-ce pas. Il serait incompréhensible d'attendre des marchands des raisons d'agir rationnelles ou conséquentes. Le propre de l'immanentisme est de se montrer inconséquent. Les fondements marchands appliqués non aux échanges marchands, mais aux échanges généraux sont promis à la destruction et bancals. On songera à offrir à ces tristes saurs un bocal.

Aucun commentaire: