mercredi 1 avril 2009

C'est quoi, ça?

"Vraiment oui, de la conscience à un Turc !"
Molière, Les Fourberies de Scapin.

En me rendant sur le site Alterinfo, j'apprends que le directeur de la publication de ce site Internet subit des ennuis judiciaires assez sérieux. Rions un bon coup. Tendons le cou. Zeynel Cekici, c'est son nom. C'est quoi, ça? Il a fait quoi? Il a violé une grand-mère sans défense? Pire que ça, il est accusé d'antisémitisme. Antisémitisme? Tête de Turc! Heureusement que notre homme n'est pas Saoudien, sinon je m'extasierais. Rendez-vous compte : un Sémite accusé d'antisémitisme! Oyez, oyez, bonnes gens : que diable ce Turc de Cekici allait-il faire dans cette galère?
Je visite régulièrement le site d'Alterinfo et je n'ai jamais rien lu de répréhensible ou de choquant. Sec ici. Alors, venons-en aux faits. Cekici, il est pédophile? Zoophile? Pornophile? Dans une époque où l'on peut télécharger librement des films de cul dégénérés, violents et sataniques, notre pervers Cekici est accusé d'antisémitisme... Gare au gorille! Bientôt, les singes seront antisémites! Les poules auront des dents. Cekici sera un ET dégénéré. En attendant, pas sûr que ce soient les putatifs antisémites qui soient les ânes de la fable. Moi, j'aime bien Alterinfo. J'ai tout faux. J'ai la mauvaise info. L'idée d'un portail Internet de l'information alternative me plaît. Ca change des matrices de la presse officielle. Des stéréotypes et des discours de propagande. C'est ça, antisémite?
Après tout, Internet pour le meilleur, c'est la liberté d'expression et de ton qui devrait être encouragée... Banco! Pour le pire, je crois bien que c'est la tentative de moraliser et de censurer Internet. Pas le nouvel antisémitisme d'Internet - et autres fadaises pour cerveaux retournés par la phobie de la pédophilie. L'arrière-cour de la Cour. L'espace d'échange, d'expression et de communication le plus innovateur est sans doute trop peu formaté pour ne pas susciter les velléités de contrôle règlementaristes appliqués aux médias traditionnels. On veut formater l'espace d'Internet avant de formater l'espace intergalactique. Tout espace qui sauve l'espèce est un danger potentiel pour les espèces?
Les médias classiques sont contrôlés. Ils dispensent une parole de liberté censurée et formatée. Ils plongent tel un joueur de football mesquin dans le spectre dérisoire de l'accusation d'antisémitisme. Qui n'est plus antisémite parmi ceux qui ont le malheur de contester l'Occident? Quand se rendra-t-on compte que l'accusation infamante d'antisémitisme sert à protéger l'Occident, soit le ventriloque d'Israël? Que les Juifs se passeraient bien de pareils avocats? On est antisémite quand on critique l'Occident. Crime de Cekici : avoir osé critiquer l'Occident. Cekici est-il d'Occident ou d'Orient? Un Occidental oriental ne critique pas l'Occident. Il fait des mauvais sentiments. Des mauvais centimes.
Le Tibet, la Chine, la Tchétchénie, la Géorgie... Résultat des courses (au trot) : les premières victimes sont les Juifs que l'on prétend défendre. Cekici, s'il te plaît, fais pas ton Juif! Perversité, quand tu nous tiens : Cekici du ghetto de Mulhouse. Un jour, l'antisémitisme ne voudra plus rien dire, sera un vocable disqualifié car trop souvent utilisé, comme l'histoire du berger chez Esope qui crie au loup pour s'amuser et que plus personne ne secourt quand pour de bon le loup montre le bout de son nez carnassier. Faut dire déjà que l'antisémitisme au sens étymologique ne veut pas dire grand chose. C'est un peu comme si l'on accusait d'antioccidentalisme quelqu'un soupçonné de propos antifrançais.
Moralité : cessez d'accuser d'antisémitisme les contestataires, car les antisémites existent bel et bien, eux. Cessez d'instrumentaliser l'antisémitisme, car la Shoah a eu lieu, elle. Au nom des vraies victimes, cessez la victimisation. Au nom des Juifs, cessez l'antiantisémitisme. En ce moment, maudits procéduriers, en harcelant le riche Cekici, vous lui accrochez une nauséabonde étoile au revers de son veston. Par pitié, offrez-lui un kebab! Chiche! Qu'on enterre la hache de la discorde et qu'on se fende la gueule!
Les arguments du même tonneau sentent le frelaté. Le vinaigre. A force de sombrer dans le hors sujet comateux, plus personne ne mordra à l'hameçon des antiantisémites amatueurs, au sens où l'on parle d'antiracistes professionnels. On considérera le propagandiste BHL à l'image du Dray antiraciste compulsif. Touchez pas à ma montre! Remettez les pendules à l'heure! Hein, Foucault?
Maintenant, le texte : cela tombe bien, je ne l'ai pas lu. L'ignorance m'évitera les préjugés. Il est aberrant de reprocher à un portail d'information alternative d'avoir laissé passer un article qui pourrait être antisémite. A ce compte, on attaque tout le monde surtout la bonne foi, à moins de s'en tenir à une ligne d'une telle prudence qu'elle frise la censure. C'est peut-être là le problème : confondre antiantisémitisme et censure. Après tout, n'est-ce pas ce que fait la presse officielle, qui ne critique plus et se contente d'égratigner, en prenant bien soin de ne pas toucher aux lignes de pouvoir et de s'en prendre aux méchants désignés par le pouvoir? Les mafieux, les violeurs, les pédophiles : la médiocrité s'en tient aux sujets privés. Pas de politique, pas de critique, pas de religion.
Le titre de l'article que je n'ai pas lu parle de lui-même : "L’impérialisme du capital juif". Moi, je comprends : l'auteur énonce que le capital juif est impérialiste ou pourrait montrer des signes allant en ce sens. En aucun cas, il n'est dit que le Juif est impérialiste ou capitaliste. Que tous les capitalistes juifs sont impérialistes. L'accusation de racisme, soit d'antisémitisme selon l'appellation impropre en vigueur, ne tient pas la route selon le titre. Si l'on avait une formule du style : "L'impérialisme du capital français", eh bien, il coulerait de source que l'attaque n'est ni raciste, ni dirigée contre le peuple français.
Ca suffit, les clowns! Stop aux clones! Face à ce faux débat, à cette parodie de morale, on a savonné la planche (à billets) : Internet est le véhicule du nouvel antisémitisme. La rengaine est bien connue. Au passage, elle émane d'un penseur comme Pipes, qui propage des idées proches des néoconservateurs et de W. De l'extrême-droite? Je laisse juge sur la dérive de l'Occident : après Pipes, c'est maintenant la presse généraliste faussement gaucho qui s'empare de la formule. Désemparés, Barbier de Séville. L'Express au galop : avouez qu'il y aurait de quoi verser dans le jeu de mots. Le feu de maux.
En tout cas, l'attaque contre Alterinfo et son directeur antisémite exprime bien les tentatives de contrôle que les groupes médiatiques officiels aimeraient opérer face à un outil d'expression qui les dépasse et qui a l'insigne mérite d'opposer la critique véritable face à leur critique encadrée et encartée. La fausse critique enrage face à la vraie critique. La fausse innocence face à la vraie. Rien n'est plus insupportable pour un escroc que le spectacle de l'honnêteté outragée.
Critique de propagandiste professionnel. Au lieu de (dé)bloquer sur les défauts d'Internet, matons les errances d'Alterinfo. On pourrait aligner les arguments qui montrent (aussi) ses vertus, en particulier le fait que la ligne idéologique qui y est dispensée ne se retrouve nulle part ailleurs dans les médias officiels. Nul par ailleurs. Ligne antisioniste, en gros. Mais l'on sait que Pipes et les censeurs travestis en antiantisémites aimeraient que l'antisionisme soit assimilé à de l'antisémitisme.
Et l'antisémitisme devenu un délit fait le lit... Cekici honore sans doute, dans tous les sens du terme, les premiers plâtres de la salve répressive. Il a le mérite de personnaliser une critique qui touche au tabou de notre époque : la critique d'Israël. Mazette! Gazette! Gaza! Je sais bien que le sujet est sensible et complexe, mais la bêtise ne fait rien à l'affaire. Dans le traitement que Cekici subit, et dans le procès qui l'attend, la bêtise a frappé. Toujours en premier. Les premiers seront les derniers, il faudra l'expliquer à Barbier. Je suis désolé, mais Barbier à mes oreilles, ça sonne creux comme Barbie. Pas le tortionnaire nazi, hein, mais la poupée. Gonflable, il va sans dire. Barbier, il fait pschitt. Il se défgonfe en prenant le parti du plus fort.
Il croit que l'Histoire se répète, mais ce sont les principes qui se répètent. Les injustices ne touchent pas toujours les mêmes. Heureusement ou malheureusement? Barbier, un nom qui en dit long sur sa mouture démocratique : la censure. Arrête ta tirade, Barbier. C'est Cekici qui a le rôle principal. Tu veux jouer les jeunes premiers, mais tu n'as pas la carrure. La gueule de l'emploi. Tu incarnes le censeur démocratique censurant au nom de la démocratie.
J'aimerais quand même qu'on se souvienne que dans notre époque trouble, Barbier le directeur direct de l'Express ou BHL le chroniqueur chronique du Point ont pu écrire des formules atroces à propos des massacres de Gaza, de la guerre juste d'Israël... Face aux mastodontes normaliens, normal que ce soit le petit Cekici qui trinque : il est musulman. Cekici qui rince. Qu'il grince! Le temps ne fait rien à l'affaire : on s'en prend toujours aux faibles, aux démunis, aux opprimés. «Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir».
Pas besoin d'en dire plus sur le sujet et sur la justice de notre temps, au sens platonicien du terme. Pas de chance, Cekici n'est pas aussi bien vu en cour que Barbier, et c'est ce qui explique ses tracasseries. Cekici serait-il le Juif de son temps, au sens où l'on a persécuté les Juifs du fait de leur religion ou de leur culture? Cekici serait-il un Dreyfus? Un martyr? Un Juste injustifié? Qui est juste : le puissant ou l'honnête? Qui est bafoué? Qui est brimé? A-t-on jamais contemplé une crapule martyrisé?
Cekici d'Internet victime de la censure. La censure d'Occident. La censure libérale. Le centaure de la censure. Que Cekici se souvienne que la roue tourne, surtout celle du jugement! Cekici sera réhabilité comme toutes les victimes et les humiliés. L'erreur est de croire que le pire châtiment est d'être condamné. Demandez à Fiodor. Le pire est de ne pas l'être. Surtout quand on a fauté. Crime et châtiment. Con et damné. L'erreur crasse? L'erreur qui casse?
Expliquer finalement que les déboires d'Alterinfo sont dus au manque de professionnalisme journalistique d'Internet. L'expression de journalisme amateur est particulièrement mal choisie. Car elle laisse penser qu'Internet n'est que la pâle copie des journalistes professionnels qui s'expriment dans les médias officiels. La norme résiderait dans le journalisme. Tout faux!
Tout au contraire! Les ennuis de Cekici sont emblématiques d'une nouvelle forme d'expression, que l'on tente de bâillonner parce qu'elle dérange. Tout ce qui dérange mérite attention. Ce qui dérange porte l'évolution. Révolution. Internet vieillit le journalisme. Internet détruit les journalistes comme porte-paroles de la pensée officielle. Internet interne les journalistes dépassés. Internet vaut mieux que le journalisme, qu'on se le dise! Internet supplante le formatage, l'amalgame, le stéréotype, le mimétisme, le copié-collé. Internet est original et créatif, et c'est cette évidence que l'époque sclérosée ne saurait endurer.
Vite! Un procès! Vite! Des tracasseries! De la procédure qui dure! Du longtemps! Le temps ne conserve que la qualité. L'académisme? L'arrivisme? Les perroquets? Les lèche-bottes en touche? Les tordus droits dans leurs bottes? Un exemple : la vérité sur le 911 bat en brèche la version officielle. C'est dérangeant. Terriblement irritant pour ceux qui aimeraient enterrer le scandale et assurer l'héritage de l'Occident occis. Une question : les mensonges dispensés dans l'assassinat de JFK auraient-ils été possibles avec Internet? Sans Internet, qui serait au courant pour le 911?
Internet est une tempête de liberté dans un monde de vent. Éventez la fausse liberté! Il est normal que les censeurs essaient de bâillonner la voix sans maître. Que les pionniers de l'information non journalistique, que les amateurs de la matrice tiennent bon : on ne peut rien contre la vérité. On ne peut rien contre la vanité. Contre les amatueurs du journalisme. Les professionnels tueurs à gages. La vérité engage. L'Avé ripé en rage. Et si l'on objectait qu'il faut combattre les calomnies, les propos haineux, les intolérances, les outrecuidances, Internet la Maléfique, je répondrai posément que la plus sûre réponse tient dans l'argumentation. Pas dans la procédure judiciaire. La censure. Sang sûr. Les propos imbéciles se détruisent d'eux-mêmes. Nul besoin de détruire Internet pour s'en prendre à l'imbécilité!
A ce compte, à quand la disparition de la presse officielle sous prétexte qu'elle aurait menti une ou deux fois? A quand l'apologie de l'amalgame et des procès en sorcellerie? Raison pour laquelle Cekici mérite notre soutien et notre respect : le procès d'Alterinfo n'est pas le procès d'Internet. Il est le procès des médias officiels, méthodes de propagande, méthodes de contrôle, méthodes de censure, travesties sous les atours séduisants de la tolérance, la liberté, l'antiracisme... Que Cekici tienne bon : on a toujours tort d'avoir raison. Et si l'on doutait de ce paradoxe évident, en voici un autre : nul n'est prophète en son pays. Cekici le Turc français. Le musulman démocrate. L'étranger étrange. C'est ça qui dérange?

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