mercredi 17 juin 2009

Le délire du déni

L'essentiel : le pire de la crise est à venir, estiment deux experts en économie de l'Union européenne. Ceux qui annoncent avec triomphalisme que la crise est déjà terminée sont des menteurs. Le raisonnement est simple : les sommes accumulées pour renflouer le système monétaire international sont si colossales qu'elles ne peuvent être remboursées. Le système est en faillite, qu'on le veuille ou non.
Maintenant, le discours des deux ex-pairs montre pourquoi les experts ne peuvent sortir la société mondialiste et ultralibéralisée de la crise. Leur formation intellectuelle les rend incapables de s'affranchir de la cause de la crise parce que leur savoir impressionnant repose sur le mimétisme - et l'erreur de raisonnement : en économie, cette erreur se nomme spécifiquement monétarisme.
Le monétarisme est le raisonnement pseudo-scientifique qui consiste à postuler que la création de monnaie engendre la création de biens et de richesses. C'est la logique tentatrice du diable, selon laquelle on fait quelque chose à partir de rien, par la volonté ou le désir. Logique cautionnée par Smith le classique ou Friedman le moderne ultra, mais aussi par le Grand Homme qu'on invoque pour sortir de la crise ultralibérale quand on se présente comme progressiste, le fort pervers et fort impérialiste Keynes, qui est la caution économique et philosophique des sectateurs de la gouvernance mondiale. La caution des ultralibéraux de gauche.
C'est ainsi que nos deux experts :
a) continuent à attribuer la bonne marche du fonctionnement systémique à des sentiments comme la confiance qui ressortissent de l'ordre du désir. C'est le monde de l'Hyperreél qui considère que le désir humain a pouvoir de prendre la place du divin, soit de créer le reél. On en paye les conséquences aujourd'hui. C'est ce qu'on appelle payer les pots cassés ou renflouer les banques.
b) continuent d'affirmer que la méthode américaine serait la bonne. Or c'est la méthode monétariste qui mène tout droit à l'hyperinflation : renflouer les déficits abyssaux par l'émission artificielle ou ex nihilo de monnaie. Oser valider cette méthode est proprement monstrueux d'un point de vue moral et incompétent d'un point de vue logique.
c) reconnaissent l'invraisemblable déni, qui exprime l'inadéquation entre l'Hyperréel et le reél. A partir du moment où l'on postule la complétude du désir, comme Spinoza, Nietzsche ou Rosset aujourd'hui, on engendre une partie qui se prend pour le tout, comme la grenouille de la fable. Confronté à la réalité de son incomplétude, le désir moderne n'a d'autre choix que l'autodestruction ou le déni. Il est plus facile (ou plus lâche) d'opter pour le déni dans un premier temps. Cependant, le déni ne fait qu'aggraver la crise du désir, dans un cercle vicieux qui est aussi spirale infernale.
Conclusion : nos experts se montrent très ambigus, car s'ils reconnaissent l'existence d'un problème, ils s'empressent d'occulter les causes réelles et d'en appeler à ces causes viciées pour guérir le problème - engendré par ces causes! C'est l'empoisonneur appelé à guérir du poison qu'il a inoculé ou le meurtrier diligenté pour mener l'enquête criminelle et retrouver le coupable! Nos deux experts ne se rendent apparemment pas compte qu'ils reproduisent le déni qu'ils dénoncent - ou font mine de dénoncer.


http://www.google.com/hostednews/afp/article/ALeqM5iG8Y6Lh9JDtv4abH7UzJtumtDyww

"Le pire de la récession est à venir, selon le chef économiste de la BERD.

Le pire de la récession est à venir, a estimé lundi le chef économiste de la Banque européenne de reconstruction et de développement (BERD), Erik Berglof, lors d'une conférence en Écosse, appelant à plus de transparence du système bancaire, notamment en Europe.
"Je ne pense pas que le pire soit derrière nous", a indiqué M. Berglof lors d'une conférence à Gleneagles à laquelle participait également la commissaire européenne à la Concurrence Neelie Kroes. "Nous n'avons pas encore tout vu", a-t-il ajouté.

Mme Kroes a estimé "que le monde bancaire n'avait toujours pas confiance", et que les banquiers "réalisent qu'il y a toujours quelque chose de pourri dans le placard".
M. Berglof a renchéri : "Il semble que nous ne sachions toujours pas ce qu'il y a dans notre système bancaire (en Europe, ndlr), et il y a besoin non seulement de le découvrir mais aussi de le rendre public comme on l'a fait aux États-Unis". Il a estimé que la méthode américaine était "la référence et avait certainement aidé à stabiliser le système".

Mme Kroes a noté de son côté que les représentants du secteur bancaire qu'elle avait pu rencontrer récemment se rejetaient la responsabilité des problèmes, et que "beaucoup déniaient ce qui se passait dans leur propre institution".
Elle a appelé les banques à prêter pour permettre aux petites entreprises de fonctionner : "Elles ont besoin de prêts, ni plus ni moins", a-t-elle dit, estimant à son tour "qu'on n'était pas au bout des conséquences de cette récession".

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