jeudi 30 juillet 2009

Suave qui peut!



Trop, c'est trop. L'effondrement du système immanent est imminent et notre professeur de philosophie à la mode du monde médiatique pérore et parade. Dans l'interview qui suit, Raphaël Enthoven montre qu'il ne comprend rien à quelque chose. Tel un symptôme, il psychosomatise et s'agite comme une marionnette. Ne rien comprendre pour un nihiliste, c'est un compliment, un singulier compliment, un compliment dévoyé. Enthoven pense en ultralibéral de gauche, soit en progressiste - de l'ultralibéralisme. Autant dire : il croit dans le progrès, à condition que le progrès en question désigne le progrès de l'ultralibéralisme. Autant dire qu'Enthoven (se) trompe sur toute la ligne, car aux dernières nouvelles, ce professeur de philosophie se présentait de gauche.
C'est dire l'époque frelatée et déliquescente dans laquelle on se meut. La gauche BHL - sans doute! Soit : la gauche caviardée, grand corps malade à la renverse, puisque la gauche caviar était l'apanage de Mitterrand et Consorts. Déjà la fausse gauche, remplacée depuis par la gauche moribonde. Enthoven est donc un pseudo-socialiste qui explique sans rougir qu'il ne croit pas dans les idéologies collectivistes et qu'il cautionne au nom du réalisme et du pragmatisme la loi du marché capitaliste. Attendez (comme serine l'impatient) : je sais bien que le suave Enthoven, qui psalmodie quand il s'exprime, est un ami de promotion de Barbier de Gaza, le sympathique directeur-propagandiste de l'hebdomadaire L'Express, la droite à l'écharpe rouge, la ganache (pâtissière) Bruni, les admirateurs du travail à l'antillaise et de la vie à la palestinienne.
Malgré tout ce que je sais et comprends de l'entourage et de la mentalité du sieur Enthoven, ces propos sont plus mensongers encore qu'impudents. Un socialiste antisocialiste, qu'est-ce que ça veut dire? Ca veut dire : un socialiste de l'ère Sarko - un ultralibéral qui s'inscrit à la sauce antiraciste pour faire bien? Effet Dray garanti. Nul décalage horaire. Dealer : coke en steak. Puis un tartuffe, qui vit en germanopratin et qui ne comprend rien aux réalités du monde? Se rappelle-t-on des portraits de philosophes de cour dans Molière? Tel est Enthoven, qui sur ce point comme tant d'autres pose en digne héritier de BHL et de ces nouveaux philosophes périmés dont la principale caractéristique est de se dépenser pour prou penser.
Aujourd'hui, BHL en est venu à enregistrer des vidéos de propagandiste dél-Iran et d'imitateur postmalrucien (déjà un cocaïnomane/mythomane?). Enthoven est ce ventriloque sinistre qui minaude et galvaude sans se rendre compte qu'il profère des énormités incoulables. Pourquoi perdre son temps à interviewer un faux-penseur, filosophe de son état, qui au mieux ne rendra compte que de l'opinion superfétatoire de l'ambiance Saint-Germain? Parce que les élites sociales françaises ne recoupent plus les élites intellectuelles ou qualitatives et qu'elles sont coupées du reél?
Vrai médiocre et faux diamant, Enthoven a commis récemment un livre de redite à la sauce Nietzsche. L'Endroit du Décor est l'envers de la pensée. L'enfer de l'impensé. Comment dit-on foncer dans le décor? S'il a l'honnêteté de se présenter comme professeur de philosophie et non pas philosophe, notre Junior communautariste (engoncé entre Sion et Ulm) ne craint pas d'expliquer qu'il a rendu la philosophie accessible à tous. Ses devanciers mégalomanes sur le même segment de marché apprécieront la rengaine.
Au fait, je croyais Enthoven ennemi de l'égalitarisme, du collectivisme et de la gauche historique? Y aurait-il une exception en philosophie? Démocrate et ultralibéral, c'est possible? Dépassant en sioniste aveuglé cette contradiction déjà énorme, Enthoven en rajoute une couche - à la louche. Il n'hésite cette fois pas à affirmer que l'économie de marché est éternelle (un renoncement à l'économie de marché est utopique). Diamonds forever. J'aimerais rappeler aux oreilles pédantes du sieur Enthoven que ce fait est historiquement faux : le libéralisme et le capitalisme n'ont pas toujours existé. Au plus tôt, on peut les faire remonter à la Renaissance, surtout autour du siècle des Lumières. Il coule de source que ce qui n'a pas toujours existé n'existera pas toujours.
Il coule encore plus de source qu'après l'effondrement de l'idéologie communiste comme phare du collectivisme, nous assistons vingt ans plus tard à l'effondrement irrémédiable de l'idéologie soi-disant antithétique et ennemie, le libéralisme. Enthoven a plus d'un wagon dans son sac, puisqu'il est incapable de penser l'universel en dehors des codes finis de son temps et qu'il en est encore à opposer le défunt collectivisme au moribond (et incurable) libéralisme. Raphaël, encore un effort! Encore un effet? Penser comme un manche?
Au lieu de vivre sur les mites de votre temps, accédez à la vraie universalité : si vous voulez dépasser les modes, changez de codes! Au lieu de citer une description visionnaire de Tocqueville à propos de l'homme contemporain engoncé dans l'individualisme libéral et le nihilisme terminal comme quintessence de la nature - de l'homme, confrontez-vous à la difficulté. Ce qui est pour vous inacceptable et douloureux, voilà ce qui vous fera avancer. Le reste n'est que perte de temps. Oubliez l'ultralibéralisme travesti en progressisme, Christophe le Barbier, le cabotinage, l'élitisme, le narcissisme, les mondanités, le sionisme, toutes ces billevesées savantes et affriolantes qui mentent et qui condamnent - le con est damné.
Un dernier détail : oubliez le postulat typique du nihiliste moderne, formulé par le progressiste Schopenhauer (sur ce coup le vrai modèle d'Enthoven et de son maître-ès-philosophie Clément Rosset). Ce n'est pas parce que le monde de l'homme ne sera jamais idéal qu'il ne change pas. Au contraire : il change, tout en n'étant pas idéal. Ce n'est pas parce que l'idéal n'existe pas dans le sensible que toutes les valeurs se valent. Au contraire : il faut penser en nihiliste pour cautionner les arguties de l'immanentisme en putréfaction - et c'est en dévoilant sa mentalité d'expert immanentiste de facture terminale qu'Enthoven coule à pic. Joker. Cocker.

http://www.latribune.fr/actualites/economie/france/20090730trib000405529/raphael-enthoven-l-economie-de-marche-restera-la-dot-de-la-democratie.html

"Raphaël Enthoven : "L'économie de marché restera la dot de la démocratie"

Dans notre série d'été Visions de l'après-crise, "La Tribune" a interrogé le philosophe Raphaël Enthoven. Ce dernier explique qu'il ne croit guère que la crise apportera des changements réels, ni dans l'économie de marché, ni dans les valeurs dominantes.
Raphaël Enthoven, philosophe

"Le monde ne sera plus jamais comme avant", dit Nicolas Sarkozy. Selon vous, quels changements la crise est-elle susceptible d'apporter ?

Qu'appelez-vous "réels changements" ? Un renoncement collectif à l'économie de marché ? Une moralisation du capitalisme ? Le premier est utopique, le second est un contresens… Renoncer à l'économie de marché suppose que les hommes abjurent collectivement l'égoïsme individuel pour se tourner, comme un seul homme, vers l'idéal de solidarité. Autant demander à tout un chacun de penser à autrui avant de penser à lui-même ! "L'homme, dit Kant, est fait d'un bois si courbe qu'on ne peut y tailler des poutres bien droites. " Mieux vaut assumer l'égoïsme individuel et spéculer sur ses vertus collatérales que parier sur une réforme introuvable de la nature humaine. Même en temps de crise, l'homme n'est pas à la hauteur de ceux qui lui veulent du bien. J'en veux pour preuve le fait qu'historiquement toute abjuration de la loi du marché débouche sur des massacres de masse et la tutelle d'un État policier. Pour le meilleur et le pire, l'économie de marché est la dot de la démocratie dont l'égoïsme individuel est paradoxalement à la fois le pire ennemi et la meilleure garantie. Quant à l'expression de "moralisation du capitalisme", qui méconnaît l'hétérogénéité du cœur et de la raison ("le cœur a ses raisons, dit Pascal, que la raison ne connaît pas"), elle repose sur le cercle carré d'une production de la morale par une logique de l'intérêt. Cela ne veut pas dire que le capitalisme récuse toute forme de morale, mais qu'il l'adopte en fonction, et en fonction seulement, de l'intérêt qu'il y trouve. Intérêt considérable, aujourd'hui, puisque, grâce à la crise, la morale elle-même est devenue un argument de vente.

Alors la crise va-telle rebattre les cartes des valeurs dominantes ?

Mais de quoi parle-t-on ? Tantôt le mot valeur désigne des principes inestimables, tantôt il désigne des valeurs relatives et mesurables. Si vous parlez de valeurs absolues, alors elles ne sont pas tributaires de l'époque. Aucune crise n'entame le désir magnifique de liberté ou d'égalité entre les hommes. Quand vous parlez d'un changement de valeurs, sous-entendez-vous que la compétitivité céderait le pas devant la fraternité ? Mais c'est déjà le cas ! Qui oserait dire qu'il vaut mieux être compétitif que fraternel ? Mais quel patron, à l'inverse, serait assez irresponsable pour faire prévaloir la fraternité dans la loi de la jungle ? Ceux qui le font ne le font, encore une fois, que parce que la fraternité est aujourd'hui, provisoirement, l'aliment de la compétitivité. Qu'on les brandisse sincèrement ou non, l'authenticité, la vertu et, de façon générale, toutes les valeurs inestimables ont, pour l'heure, plus de valeur (marchande) que tout ce qui s'achète. Aucun changement notable, donc, à mes yeux, sinon l'effet de mode d'un vertuisme patronal qui escompte, en vérité, les dividendes d'une morale d'emprunt.

Toutes les leçons auront-elles été tirées ?

Je ne vois aucune leçon à tirer de la crise, sinon, d'une part, la nécessité renouvelée de juguler par la loi (et non par la morale) les comportements erratiques d'un certain nombre de patrons et, d'autre part, la nécessité de comprendre les mécanismes d'une crise avant de désigner des "coupables" qui ne sont, pour la plupart, que des boucs émissaires. Il y a un double paradoxe du discours révolutionnaire qui, tout en exhibant des mécanismes, culmine sottement dans la haine des "coupables". Et qui, tout en étant matérialiste, en appelle (comme toute théologie) à un "autre monde possible". Ce mélange d'intelligence et de morale est la raison pour laquelle aucun parti n'est plus conservateur ni moins utile aux causes qu'il défend que le NPA, dont la prospérité repose sur les méfaits de l'économie marchande. De là le mépris des révolutionnaires pour des "réformes" sociales dont il dénonce ouvertement le manque d'ambition, mais dont il redoute, plus secrètement, qu'elles rendent inaudible son discours. Le business du discours révolutionnaire entre en crise dès que l'injustice régresse.

Voyez-vous de nouveaux risques émerger ?

Hormis l'alliance d'un discours xénophobe et d'un discours progressiste, telle qu'elle est apparue au moment du référendum de 2005 sur le traité constitutionnel européen, je ne vois aucun risque nouveau. Je vois, en revanche, "une foule innombrable d'hommes semblables et égaux qui tournent sans repos sur eux-mêmes pour se procurer de petits et vulgaires plaisirs, dont ils emplissent leur âme. Chacun d'eux, retiré à l'écart, est comme étranger à la destinée de tous les autres : ses enfants et ses amis particuliers forment pour lui toute l'espèce humaine ; quant au demeurant de ses concitoyens, il est à côté d'eux, mais il ne les voit pas ; il les touche et ne les sent point ; il n'existe qu'en lui-même et pour lui seul… " Le fait que Toqueville, qui a écrit cela entre 1835 et 1840, ait toujours raison prouve que notre époque n'a rien de singulier.

Bio express : ce professeur de philosophie, âgé de 33 ans, enseignant à l'École polytechnique et à Sciences po, est connu pour avoir rendu la philosophie accessible à tous. Dans ses émissions sur France Culture et sur Arte, "Philosophie", il décortique et fait vivre les grands concepts, témoignant ainsi de l'actualité toujours brûlante de la philosophie. En 2009, il a publié "l'Endroit du décor" (Gallimard)."

Aucun commentaire: