mercredi 9 septembre 2009

Sans interdit

Des analystes intelligents et violents comme Alain Soral en France l'ont constaté : le tabou suprême résiderait dans l'antisémitisme. Le problème avec ce genre de constatation uniciste, c'est qu'elle est fausse. Les bien-pensants d'Occident sont incapables de remettre en question l'antiantisémitisme, qui prospère sur les ruines des conséquences désastreuses et apocalyptiques de l'antisémitisme, notamment la maudite Shoah. L'antiantisémitisme ressortit de la réaction stupide et amalgamante. Tel l'antiracisme primaire et idéologique, promu par la bande à BHL en France, l'antiantisémitisme supprime la possibilité de la critique au nom de la démocratie.
Alors que l'antiracisme primaire consistait à hurler au racisme à chaque critique intentée contre une "race" différente (à supposer qu'on adhère moralement à cette conception des races à l'intérieur de la race humaine), l'antiantisémitisme consiste à prôner l'antisémitisme à chaque critique contre un juif, selon la ligne de conduite des cercles atlanto-sionistes comme ceux d'un Pipes et son fumeux nouvel antisémitisme (CFR américain). Pour sortir de l'obsession antisémite, et retomber sur une autre forme d'obsession, on peut protester contre l'attitude de Mouloud sans amalgamer Mouloud avec les musulmans ou les Arabes, les Maghrébins - ou que sais-je. C'est du bon sens, de la lucidité et de la nuance.
Idem avec les juifs : on peut critiquer (c'est même signe de bonne santé!) BHL sans amalgamer ce Lévy peu orthodoxe, fort peu juif et fort atlanto-sioniste, avec les juifs, les Israéliens - ou les sionistes. J'aimerais rappeler les arguments qui rendent le terme antisémite non seulement impropre, mais encore tout à fait partial et pervers. Le but de l'antisémitisme n'est pas de dénoncer un certain type de harcèlement religieux - ou raciste. C'est d'encourager l'amalgame et d'attiser le conflit pour mieux servir les intérêts occidentalistes.
Vous en doutez? Vous haussez les épaules en prétextant que le terme est étymologiquement faux, mais qu'il est le terme usuel - et que rien ne sert de changer un usuel? Ah bon? Si sous le vocable d'antioccidentalisme, on définissait non les raisonnements antioccidentaux, mais les raisonnements spécifiquement et exclusivement antifrançais, que penserait-on? A quelle forme de manipulation sémantique se livrerait-on?
Les mots ont un sens, ne l'oublions jamais. Quand on commence à déformer la langue et à tirer le sens clair vers des directions confuses et amalgamantes, c'est qu'on poursuit un but - inavouable. Un but de confusion, de chaos et d'amalgame. Le but de l'antisémitisme n'est pas de lutter contre les pulsions haineuses de nature antijuive. Il va de soi que toute forme de violence à l'encontre d'un juif est méprisable, non parce qu'il s'agit d'un juif, mais parce qu'il s'agit d'un religieux. Il convient de protéger les religions et les religieux.
Alors rappelons brièvement en quoi l'antisémitisme est sémantiquement un terme pervers et dévoyé, qui en dit long sur la perversion et le dévoiement de la mentalité qui meut l'insigne majorité des Occidentaux. Vous protestez? Eh bien, voyez la perversion occidentaliste à la lumière de la perversion sémantique du terme antisémitisme - qui permet d'agiter l'épouvantail de l'antiantisémitisme, plus stupide encore que l'antiracisme primaire, dont on voit l'aboutissement avec la consternante affaire française de l'antiraciste compulsif Dray.
1) les Sémites ne sont pas les juifs.
2) Le judaïsme renvoie à une religion, quand le sémitisme renvoie à une origine géographique, au départ autour de la Mésopotamie.
3) Les Israéliens contemporains ne sont pas majoritairement des Sémites, plutôt des communautés occidentales converties durant le premier millénaire chrétien à une religion sémite, le judaïsme - au contraire des Arabes, qui sont des Sémites, même s'ils n'en sont qu'une partie.
4) L'annexion du sémitisme par le judaïsme est la conséquence du sionisme, qui est une idéologie, pas une religion.
5) L'amalgame est double : le religieux est amalgamé au tribalisme géographique et le religieux est amalgamé à l'idéologie.
Le point capital de cet amalgame sémantique et historique grossier, c'est l'identification abusive et fallacieuse d'une religion avec une tribu. Dans une tribune engagée, le propagandiste atlanto-sioniste BHL a expliqué que la critique des religions était illimitée, alors que la critique des peuples était interdite. Notre pécheur impénitent désignait par peuple, terme polysémique, l'origine géographique - nullement l'identité religieuse. Derrière le raisonnement pervers et fou d'un intelectuaillon français dont les écrits partent en lambeaux avant leur rédaction, heureuse justice immanente, un romanquêteur qui ne dure que par la grâce de ses soutiens logistiques et financiers, la caractéristique majeure de ce discours désaxé et incohérent est d'amalgamer la religion et la géographie. La religion disparaît derrière la géographie.
L'amalgame peuple/religion implique que l'on décide de faire d'Israël un peuple et de muter l'histoire religieuse du judaïsme en histoire géographique et tribaliste. L'antisémitisme implique que l'on ait décidé, dans les rangs du bailleur de fond du sionisme, l'Empire britannique, d'encourager la mutation idéologique du religieux. En quoi? Dans la mentalité immanentiste, le religieux classique n'a plus de valeur. Il est dépassé. Par l'idéologie. L'idéologie est adaptée au traitement nihiliste de l'idée, qui passe d'un statut absolu et suprême, comme c'est encore le cas chez Platon, à un statut purement pragmatique et fini, comme c'est le cas chez les idéologues, au sens littéral d'abord, puis au sens courant et figuré, avec notamment le libéralisme et le marxisme en figures de proue.
Les experts d'aujourd'hui incarnent le stade terminal de l'idéologie, où l'idée a tellement dégénéré que le sensible ne sert plus le réel, mais où le réel équivaut au sensible. Dans cette mentalité, l'idée est exclusivement au service du politique, ce qu'annonçait déjà Marx, et le statut sensible de l'idée inféode l'idéation (les processus réflexifs) aux émotions, soit à des formes primaires de vie, qui débouchent de surcroît sur l'irrationalisme, soit l'idée que la raison est au service des émotions.
Pourquoi cette mutation du religieux en idéologie? Pourquoi aussi le choix du sionisme pour incarner cette mutation du judaïsme? Dès le départ, le judaïsme occupe un statut bien à part dans l'histoire religieuse. Il n'est pas question de dénier au judaïsme sa légitimité religieuse ni d'encourager des persécutions stupides à son encontre. A l'encontre de certaines réactions violentes, la noblesse de la laïcité, ce qui ne légitime en rien son fond de mouvement immanentiste, consiste à instaurer des lois de tolérance qui protègent les juifs comme n'importe quelles communautés religieuses minoritaires des persécutions et des vengeances.
Sans verser dans l'antijudaïsme primaire, ainsi qu'un Nietzsche, qui consiste à accuser le judaïsme de péchés de religiosité ou de monothéisme, commençons par constater. Comprendre. Le judaïsme n'est pas une forme de religieux classique. Dans l'histoire du transcendantalisme, le judaïsme occupe une place si particulière que l'on ne parvient pas à reconstituer la genèse de son avènement. Qui étaient les juifs? Le récit biblique littéral ne tient pas la route. Les juifs ne sont pas ce peuple esclavagisé et déporté en Égypte par les Égyptiens. Par ailleurs, les recherches archéologiques les plus récentes accréditent la thèse de populations bien plus restreintes que les grandioses descriptions données du peuple hébreu, sous Moïse ou Salomon, pour ne donner que deux exemples.
Qui était Moïse? Vraie question. Quant à Salomon, il ne serait qu'un roitelet à l'influence locale assez contestée et mineure. Nous voilà bien loin des munificences d'un grand Roi des rois au rayonnement éclatant. Il en va de même pour le judaïsme. La grandeur du judaïsme est incontestable si l'on étudie la qualité des textes des diasporas antiques. Mais cette grandeur n'a acquis son rayonnement actuel que par le truchement de l'histoire ultérieure du monothéisme, en particulier des christianismes. N'excluons pas l'Islam du champ de l'influence.
La grande caractéristique du judaïsme est d'être une religion de l'entre-deux. Pas de ne pas être une religion, mais d'être une religion de la transition et d'une certaine ambigüité. Ce n'est pas que le judaïsme vaut religieusement moins qu'une autre religion, une religion plus stable ou plus établie, moins persécutée et mieux définie, c'est que ses formes sont typiquement celles de la transition transcendantaliste. C'est aussi la raison pour laquelle le judaïsme frappe autant les esprits, tant il est certain que son impact sur les mentalités dépasse de loin son rayonnement culturel effectif.
1) Entre-deux entre le polythéisme et le monothéisme.
2) Entre-deux entre le tribalisme et l'universalisme.
L'histoire du transcendantalisme est vue par le petit bout de la lorgnette, le prisme déformateur du monothéisme, qui exprime la phase finale du transcendantalisme. On a beaucoup sous-estimé et déprécié le polythéisme, en oubliant de préciser que l'immense majorité de l'histoire transcendantaliste a été polythéiste et que le polythéisme occupe la part la plus solide et stable du transcendantalisme. Le judaïsme n'est plus vraiment un polythéisme, sans être encore tout à fait un monothéisme. Dans son histoire sacrée, cette évolution se traduit par l'emploi (notamment) d'Elohim (les Nuées) qui cède peu à peu le pas à Yahvé (le Dieu des juifs).
Le monothéisme véritable suppose le passage du tribalisme à l'universalisme. De nos jours, cet universalisme est incarné par les deux grands monothéismes universalistes, l'Islam et le christianisme. L'historien israélien Sand nous informe que durant les premiers siècles de l'ère chrétienne, le judaïsme procédait lui aussi à des conversions de type universaliste., l'instar du concurrent chrétien, qui d'ailleurs se différenciait mal du judaïsme (les premiers chrétiens se présentaient parfois comme des juifs). Le judaïsme a-t-il ambitionné de se commuer définitivement en monothéisme sous la pression du succès du christianisme naissant?
En tout cas, soit sa mutation a échoué du fait du succès du christianisme, soit le christianisme incarne l'universalisation réussie et achevée du judaïsme, ainsi qu'il se présente d'ailleurs explicitement (poursuivant cette évolution, l'Islam se présente quant à lui comme le couronnement définitif du judaïsme et du christianisme, quelque chose comme l'achèvement du monothéisme). La régression du judaïsme au stade de l'intermédiaire perpétuel, de la religion de l'entre-deux, entre monothéisme et polythéisme, universalisme et tribalisme, fait du judaïsme une religion pour le moins ambigüe. Propice à toutes les récupérations et les manipulations identitaires. C'est ainsi que l'on a pu gloser sur l'élitisme de cette religion qui ne retient qu'un seul Dieu et qui le réserve cependant pour un seul peuple (au grand dam de la mentalité polythéiste).
Allons plus loin : historiquement, ainsi que Sand le démontre de façon irréfutable, la filiation des juifs avec les Hébreux de la Bible est fausse. C'est dire que l'élitisme du judaïsme s'appuie sur un mensonge identitaire, qui est le mensonge religieux par excellence, et qui consiste à se présenter sous les traits conjoints de l'identité impossible (identité de l'entre-deux) et de l'identité fausse (filiation spirituelle controuvée). C'est sans doute la raison pour laquelle le judaïsme a été retenu pour incarner la nouvelle identité immanentiste, qui découle directement de l'idéologie sioniste et de l'incarnation ad hoc de l'Etat d'Israël en tant que projet de coloniser le reél par le désir d'Hyperréel.
Evidemment, toute intention antijuive ou judéophobe est déplacée, puisque la pratique religieuse du judaïsme n'est pas en cause tant qu'elle se montre modérée. Mais il est plus que temps de distinguer le judaïsme du sionisme, le religieux de l'idéologie. Il est urgent de discuter de l'identité juive sans accepter les attaques anticritiques et intolérantes utilisant le cheval de Troie de l'antisémitisme. Antisémitisme : il est temps de rendre ce terme caduc. L'antisémitisme charrie autant de mensonges que de malentendus. Il ne possède aucune réalité. Quand on parle de racisme à l'encontre des Arabes, qui sont des Sémites indiscutables, eux, que n'use-t-on pas de ce terme réducteur et amalgamant?
Puisque l'on évoque l'islamophobie plus que latente depuis la guerre contre le terrorisme et le mensonger 911, que l'on oublie la confusion de l'antisémitisme et que l'on emploie en lieu te place le terme rigoureux de judéophobie, ainsi que le fait par exemple un propagandiste notoire du sionisme, le fort alambiqué Taguieff. On peut aussi évoquer l'antijudaïsme, qui serait un synonyme de judéophobie. On utiliserait ainsi un terme qui désigne l'acception religieuse, la seule définition cohérente du judaïsme, et qui cesserait les malentendus et les mensonges implicites. Bien entendu, le judaïsme ne possède qu'une place mineure dans le monothéisme, une place fort passionnante, qui ne vaut qu'en lumière des monothéismes universalistes ultérieurs. Pas de judaïsme sans christianisme ni Islam.
Si le terme d'antisémitisme a pris une place aussi importante, ce n'est pas parce que le drame abject et ignoble de la Shoah a eu lieu. Si c'était le cas, les autres génocides seraient promus à l'unisson et l'on ne pourrait guère évoquer le problème des Arméniens et de la Turquie européenne sans provoquer des tollés médiatiques et des manifestations monstres dans les rues des capitales occidentales. C'est faire montre d'une grande naïveté sur la bonté humaine, spécialement dans les affaires politiques et le règlement des conflits internationaux. Au lieu de quoi l'exclusivité du syndrome estampillé Shoah et de son dérivé la damnation de l'antisémitisme indique la disporprotion et la véritable intention du remue-ménage frisant parfois l'hystérie mensongère.
Au lieu d'estimer que la publicité disproportionnée faite à l'antisémitisme n'est plausible que parce que les sionistes dominent le monde, et derrière les sionistes les juifs, en tout cas certaines familles, des dynasties par exemple de financiers et de banquiers, examinons l'histoire récente. Nous découvrons que ce sont des impérialistes occidentaux, des Français et surtout des Britanniques, qui ont orchestré la monté du sionisme et qui sont les pères fondateurs de l'Etat d'Israël. Pas des juifs. Les premiers sionistes sont des chrétiens issus d'hérésies protestantes. Vous protestez? La manipulation patente de l'antisémitisme émane ainsi moins des cercles putatifs du judaïsme que des maîtres des juifs : les impérialistes occidentaux.
Les antiantisémites sont les bras armés doctrinaires des occidentalistes. Les juifs sont instrumentalisés par les impérialistes d'Occident qui se sont servis de certaines élites juives pour mettre en place leur politique de domination et empêcher les critiques. Comment critiquer une victime sans être bourreau? C'est la rengaine complaisante que l'on entend derrière les couplets de l'antisémitisme et les complaintes des antiantisémites qui sont des censeurs propagandistes et idéologiques.
De la même manière que les populations occidentales sont les marionnettes de leurs factions oligarchiques occidentalistes, les populations juives sont les marionnettes des factions oligarchiques sionistes qui leur donnent une publicité indécrottable et détestable en croyant tirer la couverture à eux et sortir les marrons du feu. Encore convient-il de préciser que les factions oligarchiques juives sont les marionnettes des factions occidentalistes et que dans ce jeu de dupes les plus visibles sont les moins influents : les factions juives sont des valets des oligarques véritables.
Dans ce jeu de dupes toujours, les factions juives croient monter en grade et en influence, à l'image de certains sionistes de l'époque américaine triomphale comme le grotesque Maurice Greenberg ou son ami le dévoyé Henry Kissinger. Un peu de sérieux. Quelles ont été les premières victimes de la terrible crise financière qui s'est abattue sur les États-Unis depuis l'affaire des subprimes? Les financiers sionistes en premier lieu. Avec en symbole médiatique l'ancienne star des traders, l'ironique saint Bernard Madoff. Le phénomène du bouc émissaire risque de se reproduire à cause de l'instrumentalisation du judaïsme par le sionisme, à cause du statut ambigu de l'identité religieuse juive et à cause du mensonge contenu dans le sens d'antisémitisme. Les populations juives sont instrumentalisées en premier lieu par ceux qui se prennent pour leurs élites, leurs hérauts et leurs réussites.
C'est toujours ainsi que les trahisons se passent : ce sont les proches qui vous dégomment. Demandez à César ou à Sankara. S'il va de soi que les juifs dans leur immense majorité ne sont pas responsables de l'instrumentalisation idéologique qui est faite de leur religion et de leur identité, ils sont responsables en ce qu'ils se taisent et qu'ils adoptent la politique de l'autruche. Proches en cela des Occidentaux, dont ils sont les frères, les familiers et les apparentés, ils se conduisent comme des moutons de Panurge, sans se rendre compte que le berger est un guide aussi pervers qu'irresponsable. Il indique à ses brebis ébaubies la direction de l'eau, non parce que leur mort sert son plan sardonique, mais parce que sa barque prend l'eau de toutes parts - irrémédiablement. Diablement.

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