dimanche 1 novembre 2009

Post-scriptum sur la loi du plus mort

Le libéralisme est démasqué comme un impérialisme qui travestirait sa fin irrationnelle de domination sous l'équilibre providentiel de la main invisible.

Pourquoi grand-papa Mandeville s'est-il livré à l'apologie des vices?

Petit codicille sur la loi du plus fort : méditez cet extrait du grand Jean-Jacques, assurément le plus pénétrant penseur des Lumières, loin devant Kant : "Le plus fort n'est jamais fort pour être toujours le maître, s'il ne transforme sa force en droit et l'obéissance en devoir. De là le droit du plus fort ; droit pris ironiquement en apparence et réellement établi en principe. Mais ne nous expliquera-t-on jamais ce mot? La force est une puissance physique; je ne vois point quelle moralité peut résulter de ses effets. Céder à la force est un acte de nécessité, non de volonté; c'est tout au plus un acte de prudence. En quel sens pourra-ce être un devoir?
Supposons un moment ce prétendu droit. Je dis qu'il n'en résulte qu'un galimatias inexplicable, car sitôt que c'est la force qui fait le droit, l'effet change avec la cause. Toute force qui surmonte la première succède à son droit. Sitôt qu'on peut désobéir impunément, on le peut légitimement; et, puisque le plus fort a toujours raison, il ne s'agit pas de faire en sorte qu'on soit le plus fort. Or qu'est-ce qu'un droit qui périt quand la force cesse ? S'il faut obéir par force, on n'a pas besoin d'obéir par devoir ; et si l'on n'est plus forcé d'obéir, on n'y est plus obligé. On voit donc que ce mot de droit n'ajoute rien à la force, il ne signifie ici rien du tout." (Du contrat social I, 3).
Si l'on garde cet extrait en tête, on se rend compte que la légitimation de la loi du plus fort se révèle la plus pertinente sous la plume du philosophe politique Hobbes. Ce n'est pas vers les théories plus tardives comme le libéralisme qu'il faut chercher la meilleure conception de la loi du plus fort. Hobbes explique que "la loi du plus fort incarné par l'État permet d'assurer la sécurité des citoyens et de garantir leurs droits" (Wikibéral).
Selon Hobbes, dans son ontologie finie, seul le mal régente les actions humaines. Le grand renversement de toutes les valeurs ne date pas de Nietzsche. Le mal individuel qui se transforme en bien collectif, c'est aussi Mandeville et sa Fable des abeilles : les vices privés accouchent du bien public. Le collectif transforme le mal individuel en bien général sous le principe d'une annulation des antagonismes interindividuels. Théorie simpliste et fausse. L'État serait la transformation de la violence individuelle en paix sociale.
L'homme n'est pas un animal social (comme Wikilibéral en donne un délicieux contresens magnifiquement orienté) au sens d'Aristote, mais un individualiste forcené qui n'agit que sous les impulsions de sa raison. La raison individuelle n'accepte l'assemblement qu'au nom d'une amélioration de ses conditions individuelle. Ce n'est pas la notion de bien collectif qui engendre la société et l'État - c'est l'individualisme le plus forcené. Le bien naît du mal. Seule la culture intensive du mal permet d'engendrer le bien, un peu comme Mandeville notait en toute candeur que la vertu menait à la pauvreté quand le vice conduit vers la richesse.
Cette théorie est conséquente dans un univers où le donné est fini. Hobbes est un matérialiste de tradition nominaliste. Dans une ontologie où l'avoir remplace l'être, l'éloge des vices privés et de l'individu est corrélatif d'une conception de l'homme comme un animal individualiste. La fin de l'homme, c'est l'accroissement de l'individu, ce qui traduit la spécificité de la raison et de l'homme : accroître signifie moins une croissance et une extension qu'une domination.
Croître signe la domination dans une conception de l'ontologie matérialiste et finie, ce que répercute le lien entre avoirs et avoir. L'enrichissement mène à la domination économique, pas à une vision ontologique classique. L'idée que le mal est un bien signifie rien de moins que l'hypothèse selon laquelle l'individu est le fondement du réel. Dans cette acception réductrice, la domination est le moindre des maux, soit le plus utilitaire des biens.
L'ouvrage le plus célèbre de Hobbes s'intitule le Léviathan, référence à un monstre marin biblique. Le monstrueux accouche de l'harmonieux. A une condition : que le monstre soit le fondement. En identifiant le fondement dans l'individu, on ne peut que louer le principe du mal, puisque la vertu individualiste passe par l'apologie des vices privés. En effet, la vertu publique suppose une conception classique de l'ontologie qui vise au transcendantalisme et remplace l'avoir par l'être.
Si l'on se reporte à l'analyse de Rousseau, le droit des plus forts est un irrationalisme exacerbé. Hobbes est un irrationaliste en ce que sa conception serait juste si elle s'appuyait sur une ontologie valable. Comme tel n'est pas le cas, Hobbes s'empresse d'évacuer l'eau de l'ontologie pour se concentrer sur le bain politique. Las! Il ne résout pas le problème initial en le supprimant avec lâcheté et empressement.
La conception politique de Hobbes ré-duplique la conception ontologique latente de ce matérialiste qui se veut conséquent et qui n'est conséquent qu'au sein de son inconséquence. Rousseau montre que la loi du plus fort n'a aucun sens sauf dans l'immédiat et le très court terme. La notion d'individu-fondement de Hobbes ne repose que sur un postulat indémontrable et indémontré hors duquel tout son système s'effondre.
Mais Hobbes est le plus conséquent des matérialistes. Son système indique que dans cette grille de lecture, un État fort est le plus sûr moyen pour l'individu de développer une certaine pérennité. Par la suite, l'idéologie libérale ne fera qu'empirer la présentation de Hobbes en la fardant d'atours enjôleurs.
Selon les théoriciens du libéralisme qui sont tous des penseurs très inférieurs à Hobbes, les surcotés Smith, Ricardo, Malthus, Bentham, Hayek, von Mises , Hayek ou Friedmann, la loi du plus fort est incompatible avec la loi libérale, qui revendique avant toute chose la loi du meilleur. La main invisible sert à favoriser du mieux possible l'amélioration des individus les meilleurs. Le bien collectif passe par l'amélioration individuelle. Le libéralisme serait le refus de la loi du plus fort au nom de l'amélioration de l'individu.
Sitôt après avoir récusé comme le contresens des contresens l'amalgame fallacieux de la loi du plus fort avec le libéralisme, Wikilibéral écrit : "La loi du plus fort ne doit pas être confondue avec la loi du meilleur." Qu'est-ce que le meilleur? "Celui qui remporte la compétition a quelque mérite, et notamment dans le domaine économique car les parts de marché se conquièrent par une plus grande satisfaction du client, par un meilleur service de la communauté."
Le meilleur est le plus performant au sens fini. La distinction entre le meilleur libéral et le plus fort est une duplication fantasmatique et fantasmagorique. Le meilleur est le plus fort, puisqu'il est celui qui domine. Le libéralisme est démasqué comme un impérialisme qui travestirait sa fin irrationnelle de domination sous l'équilibre irrationnel et providentiel de la main invisible.
Puis on tombe sur un postulat qui est un vrai coup de force logique : "Que l'intérêt personnel soit l’aiguillon de la performance n’est pas contestable." Oh que si! Ce qui est incontestable est sitôt le plus contestable. Ce n'est que dans le galimatias libéral que l'incontestable devient contestable. La logique se trouve affectée au service de la loi du plus fort. Enfin, on a un petit refrain digne de Hobbes et de Mandeville, et surtout d'une conception stéréotypée et injustifiable du donné fini : "Mais l’intérêt personnel guide toutes nos actions, et il ne peut jamais ignorer l’existence et les intérêts des autres."
Enfin tombe la conclusion magistrale : "Le libéralisme ne conduit pas à la loi du plus fort, mais, au contraire, au respect et à la promotion du plus méritant, c’est-à-dire de celui dont les efforts bénéficieront à tous". Pourtant, il y a mensonge - et fieffé. Rousseau l'a relevé en expliquant que "[l']on voit donc que ce mot de droit n'ajoute rien à la force, il ne signifie ici rien du tout." La force est ici remplacé par des expressions plus acceptables comme le plus méritant ou le meilleur. Cependant, on ne voit pas en quoi les efforts du plus méritant profiteraient à tous.
C'est le même argument que décrypte Rousseau quand il explique que "la loi du plus fort n'est pas un droit ni un devoir et qu'elle ne saurait profiter à tous puisqu'elle s'affranchit nécessairement de la notion de droit". Le libéralisme est moins conséquent que Hobbes dans son inconséquence. Hobbes légitime l'État comme force interindividuelle négative, quand le libéralisme en demeure à l'individualisme pur et se garde de résoudre les supercomplications insolubles. Quand on observe l'évolution du libéralisme, on constate que le libéralisme ne suit pas du tout la courbe harmonieuse et édulcorée de la providentielle main invisible, le deux ex machina produit par la Compagnie des Indes.
Foin de la fin de l'histoire si chère à Fukuyama et théorisée par un autoritariste autrement plus conséquent que ses épigones dégénérés, le célèbre et obscur Hegel. Loin de parvenir aux effets harmonieux dont il se vante, le libéralisme verse dans l'ultra-libéralisme. L'ultra-libéralisme n'est le Léviathan du libéralisme que parce qu'il est sa conséquence prévisible et nécessaire à partir du moment où l'on identifie la faille du libéralisme - que l'on peut résumer ainsi : le libéralisme est la doctrine légitimant l'impérialisme britannique.
L'ultra-libéralisme est sans doute l'expression radicale du libéralisme qui consiste à confondre l'utilité et la liberté comme fin. Mais cet irrationalisme assumé n'aurait pas été possible dans les cadres d'une théorie conséquente. On trouve dès les pères fondateurs les éléments qui permettent le glissement du libéralisme classique vers l'ultra-libéralisme. Un des pères de l'ultra-libéralisme n'est autre qu'un tuteur de la Société du Mont-Pèlerin, une société de l'école britannique regroupant les théoriciens qui prétendent imposer l'ultra-libéralisme au nom du libéralisme : von Mises. Ce faisant, nos libéraux radicaux ne se rendent pas compte qu'ils louent le totalitarisme contre le totalitarisme.
Bel exemple d'inconséquence où l'on retrouve la main invisible de l'emblématique et tutélaire Calliclès. Que dit von Mises? "Le libéralisme économique ne se bat pas en faveur des intérêts de ceux qui sont riches aujourd'hui. Au contraire, ce que le libéralisme économique veut, c'est laisser les mains libres à quiconque possède l'ingéniosité pour supplanter le riche d'aujourd'hui en offrant aux consommateurs des produits de meilleure qualité et moins chers. Sa principale préoccupation est d'éliminer tous les obstacles à l'amélioration future du bien-être matériel de l'humanité ou, dit autrement, à la suppression de la pauvreté." (Liberté économique et interventionnisme).
On notera le glissement de sens du politique à l'économique, qui tend à montrer que la suppression de la politique en faveur de l'économique indique la radicalisation du matérialisme implicite dans la théorie libérale. Un libéralisme économique ne veut rien dire : non seulement il omet de considérer l'ontologie (et la religion sous-jacente), mais encore il dénie la dimension politique qui réside dans la représentation collective, alors que l'économique ne renvoie plus qu'à des considérations environnementales d'ordre privé et individuel.
Toute la supercherie réside dans l'ambiguïté sémantique du mot riche. Mises ne dit nullement que "le libéralisme économique ne se bat pas en faveur des intérêts de ceux qui sont riches ". Il dit : les riches d'aujourd'hui. Mises développe cette conception profondément inégalitariste sous un vernis de préoccupation sociale : "Ce que le libéralisme économique veut, c'est laisser les mains libres à quiconque possède l'ingéniosité pour supplanter le riche d'aujourd'hui en offrant aux consommateurs des produits de meilleure qualité et moins chers". Ainsi donc les mains libres sont des mains sales : la liberté accordée à bribes abattues aux meilleurs ou aux plus forts.
Ce dont Mises se flatte, c'est de se tenir contre la fixité sociale qui interdirait le renouvellement des plus forts. Ce qu'il oublie de poser, c'est que la reproduction sociale encourage fortement le droit des plus riches d'aujourd'hui à produire dans leurs rangs les plus riches de demain. Au niveau académique où Mises se situe, soit il se montre de mauvaise foi, soit c'est un usurpateur obvie. Ce n'est pas tout. Notre défenseur du droit des plus forts travestis en droit des meilleurs poursuit en accumulant les contradictions : "Sa principale préoccupation est d'éliminer tous les obstacles à l'amélioration future du bien-être matériel de l'humanité ou, dit autrement, à la suppression de la pauvreté"
L'expression "éliminer tous les obstacles" signifie l'appel au massacre des plus faibles au nom de l'amélioration des races (thème constant de l'eugénisme, de Malthus et de Darwin), des meilleurs ou des plus riches. Pis, Mises justifie cette morale immorale (ainsi que le note Rousseau) en confondant l'amélioration future du bien-être matériel avec la suppression de la pauvreté. On nage dans la confusion la plus complète. Pour commencer, la matérialité n'est pas synonyme de bien-être, ce qui indique que Mises postule les conceptions qui l'arrangent quand bien même ces conceptions ne sont pas rationnelles.
Ensuite, ce que Mises appelle "l'amélioration future du bien-être de l'humanité" désigne le droit des plus riches ou des meilleurs à s'améliorer. Droit fort peu juste et fort tordu - en somme. Comment cette conception élitiste et inégalitaire pourrait-elle conduire à la socialiste suppression de la pauvreté? Il y a plus qu'une faille épistémologique. Il y a un vice dans la cuirasse théorique, qui explique peut-être que grand-papa Mandeville se soit livré à l'apologie des vices.
Selon Mises, argument ultra-libéral par excellence, seule l'amélioration des plus riches conduit à la suppression de la pauvreté. C'est ce qu'il appelle "l'amélioration future du bien-être de l'humanité". Mais cette amélioration oligarchique (typiquement) ne saurait conduire en aucun cas à la suppression de la pauvreté générale. Si j'ai loupé un épisode doctrinal, que l'on veuille bien me le rappeler... La pseudo-amélioration ne peut que conduire à une hypothétique et exclusive amélioration des élites, étant rappelé que l'élite définit une acception purement matérielle.
La perception d'un von Mises émane d'un partisan du libéralisme qui précède de peu l'immanentisme terminal. Elle n'est déjà plus celle d'un immanentiste tardif et dégénéré qui se débat encore dans des problèmes inhérents à un libéralisme florissant. Plus la société se désagrège, plus le libéralisme monte son vrai visage. L'ultra-libéralisme est le stade qui admet la conception de l'État de Hobbes. Dans le libéralisme, l'État est subordonné aux prérogatives de la liberté individuelle. L'État possède un rôle juridique qui estompe toute approche ontologique, religieuse et existentielle.
Dans ce joyeux jeu de massacre, Hobbes est le plus conséquent des pères du libéralisme. Dès le départ, il a vu que le libéralisme était le masque de l'impérialisme et que l'impérialisme n'était compatible qu'avec une société individualiste, sécuritaire et violente. Pas avec les arguties sur la liberté individuelle, l'échange commercial et autres billevesées rassurantes. Dans cette optique, le meilleur moyen de comprendre la direction politique d'un État qui commence par prôner le libéralisme est de lire Hobbes, en particulier de comprendre que dans une conception ontologique matérialiste, il n'est d'autre direction que celle de Hobbes.
C'est de toute manière vers Hobbes que finira un État matérialiste qui a commencé à prôner le libéralisme du temps de sa splendeur industrielle. Hobbes n'est pas libéral, mais un père du libéralisme. C'est un matérialiste qui pense en termes politiques et qui remplace le mythe de la main invisible par le substitut pragmatique et négatif de l'État fort et violent.
Hobbes est le père du libéralisme en ce qu'il indique ce qu'est le libéralisme : une idéologie matérialiste qui s'est tellement débarrassée de toute forme de considérations oiseuses qu'elle ne traite plus les questions que sous un angle économique. En réalité, derrière ce vocabulaire de censure (ontologique), un matérialiste veille. Il est austère, il est conservateur, il est intransigeant. Hobbes : rien à voir avec la grenouille sautillante et céréalière qui inspira un jour de confusion hilarante un ami bachelier.
Hobbes est moins consensuel que Smith. Hobbes est un matérialiste conséquent (dont le matérialisme est inconséquent) qui promeut un visage conséquent de l'impérialisme (un État fort) quand le libéralisme arrive après Hobbes et enrobe la doctrine de Hobbes sous un fard acceptable. C'est la main invisible, quand Hobbes a la franchise de s'en tenir à une théorie (fausse) de la transmutation négative des vices individuels en vertu étatique. Dans cette généalogie symbolique, la résurgence de l'impérialisme apparaît sous son vrai visage : l'impérialisme a besoin d'un État fort et autoritaire, au service des plus forts, des plus riches, des meilleurs.
Au départ de l'impérialisme, les pays impérialistes connaissent une période de prospérité qui se manifeste par des révolutions industrielles et politiques. Dans cette configuration surgissent les idéologies qui peuvent se subdiviser en deux grandes conceptions : la pragmatique et la progressiste. Le pragmatisme explique qu'il faut laisser faire les choses et qu'elles s'équilibrent par l'intervention d'une providence miraculeuse dont on n'a pas à s'occuper (qui est cette providentielle providence? Un dieu? Une force? Rien?).
Le progressisme considère que l'amélioration ne peut venir que d'une intervention humaine qui se substitue au concept irrationnel de la main invisible. Ce sont les théories qui sont centrées autour de la pensée de Marx. Marx appartient à l'école britannique d'économie monétariste et reprend les postulats de cette école pour les améliorer. Il garde telles quelles leurs erreurs magistrales. L'échec prévisible du communisme intervient parce que c'est un matérialisme idéaliste qui prétend dans une folie confuse voire furieuse que l'impérialisme peut être l'apanage de tous.
Il est logique que la faillite du dernier homme nietzschéen conduise vers des acmés de violence ou des déflagrations de chaos. Le fascisme est l'expression de cette furie vengeresse qui estime que le meilleur moyen de sauver le monde du nihilisme consiste à tout casser, à tout détruire, à tout brûler. Le fasciste est la réponse au dernier homme, au sens où la faillite des idéologies engendre une réaction aussi cataclysmique que désespérée.
Si l'on voulait produire une chaîne simplifiée et symbolique représentative de l'immanentisme politique, soit d'une approche matérialiste qui n'est rien d'autre qu'une compréhension nihiliste du monde, on aurait trois éléments à la chaîne, dans un bel élan mécaniste et figé :
1) les autoritaristes
2) les idéologues (libéralisme, communisme, etc.)
3) les extrémistes (réaction sous-idéologique comme le fascisme).
Ce que l'on appelle l'idéologie n'est central que lorsqu'on ignore le vrai processus qui sous-tend l'apparition de l'idéologie. L'idéologie est un baume qui permet d'occulter que le vrai visage politique de l'immanentisme est l'oligarchisme. Quand cet oligarchisme se porte bien, il prend le visage plus ou moins serein et prospère des idéologies qui prétendent d'une manière ou d'une autre à un système viable. Comme il est inévitable que le système oligarchique s'effondre, il montre in fine son vrai mécanisme, qui repose sur l'autoritarisme tel qu'il est théorisé (notamment) par Hobbes.
Quand les débordements sont inévitables, les explosions et les gerbes de rage, le matérialisme politique se commue en sous-idéologie et en système de destruction : ce que l'on croit être l'inexplicable phénomène fasciste, avec sa délirante forme nazie, n'est rien d'autre que le pus d'un système oligarchique faisandé reposant sur le mensonge. On a coutume d'opposer le fascisme à la liberté. En réalité, ils sont les cousins complémentaires. Le dernier homme génère son parent.

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