lundi 23 novembre 2009

Version diplomatique

Quand on pose les mauvaises questions, on n'arrive pas aux bonnes réponses.

«A un certain niveau du gouvernement, à un moment ... il y a eu un accord pour ne pas dire la vérité sur ce qui est arrivé.»

John Farmer, avocat de la Commission parlementaire 2004 sur le 911.


L'article critiqué se trouve à ce lien :
http://www.monde-diplomatique.fr/2006/12/COCKBURN/14270


A la demande d'un ami, je vais répondre à certaines failles de cet article. Je n'ai pas critiqué toutes les erreurs, pourtant nombreuses, et me suis attaché à démontrer l'entreprise de propagande et d'éloignement des faits qui entache cet article présenté comme critique. J'ai essayé de ne pas écraser le lecteur sous des faits trop lourds à porter. Celui qui voudra se renseigner le pourra par ailleurs. En préambule, je voudrais rappeler que l'avocat général de la Commission parlementaire 2004 , un certain John Farmer, a reconnu que la VO était fausse et que le gouvernement américain avait été obligé de mentir.
Si l'on veut plus de détails sur ce point éloquent de l'affaire, que l'on consulte un article de mon blog qui renvoie à d'autres articles précis :
http://aucoursdureel.blogspot.com/2009/04/selon-lavocat-de-la-commission-sur-le.html
Discuter de la véracité de cette VO est un combat d'arrière-garde réactionnaire, puisque la VO est reconnue par le président et le vice-président de la Commission 2004 comme fausse. Ce pseudo-débat illustre le caractère idéologique et propagandiste de tous les points de vue qui défendent la VO au nom de la critique du complotisme. Voilà qui en dit long sur les débats qui fleurissent avec retard en France, où l'on fait mine de donner la parole à des critiques de cette VO délirante. En particulier, c'est la faillite manifeste des positions gauchistes qui est ici mise en lumière, surtout avec quelques années de retard, puisque l'article en question date de 2006. Au nom de l'appartenance de cette gauche radicale au système purulent et détraqué qui a ourdi et/ou cautionné le 911, la gauche radicale s'est discréditée quant à un point majeur : la critique systémique ne saurait critiquer le cœur du système. D'une manière philosophique, on parvient à une constatation : quand on pose les mauvaises questions, on n'arrive pas aux bonnes réponses.


Le complot du 11-Septembre n’aura pas lieu
: parodie d'un titre célèbre, d'un usage douteux. On laisse entendre que la VO ne repose pas sur un complot alors que c'est faux (al Quaeda qui attaque les symboles US, c'est un complot typique!). Derrière cette erreur grossière, on a la conception du gauchiste US. Il s'agit de critiquer l'impérialisme américain à l'intérieur du système impérialiste. Autrement dit, il s'agit de critiquer les complots et d'assimiler insidieusement complot et complotisme.

L’idée que les attentats du 11-Septembre auraient été manigancés par la Maison Blanche a fait son chemin : telle est la réduction mono-critique et amalgamante de la critique complotiste en tant que critique unique et simpliste de la VO. Inside job indique en effet que soit on adhère à la VO unilatéralement ou presque; soit que l'on estime que le 911 a été commandité par la Maison Blanche. C'est un raccourci grossier, qui ne tient pas compte des faits subtils et qui en appelle à la bêtise du public.

Alexander Cockburn, figure marquante de la gauche radicale aux États-Unis : l'avis de Cockburn laisse entendre que ce grand contestataire exprimerait la meilleure des contestations possibles, alors que l'on verra que le point de vue de Cockburn est systémique et idéologique. Il ne tient pas compte des faits. Encore de la désinformation sous couvert de réflexion. Cette faillite illustre surtout la démission intellectuelle et morale des élites américaines dans leur ensemble, en particulier de ceux qui incarnent la rébellion, les gauchistes.

Une forme d’hébétement devant la puissance américaine, alors même que celle-ci échoue dans des entreprises bien moins herculéennes que l’éventuelle réalisation (puis la dissimulation) d’un tel complot : la grande faille théorique du raisonnement est de décréter in abstracto que la contestation de la VO est fausse sous prétexte qu'elle serait formellement contestable. C'est le talon d'Achille du raisonnement en présence : évacuer les faits au profit de la logique interne. On gomme les faits pour envisager le problème d'un point de vue idéologique. C'est une démarche inquiétante et un terrible aveu de faiblesse. Ensuite, c'est historiquement faux, avec moult exemples à la carte. Je ne prendrai que celui de l'assassinat de JFK, dont on sait aujourd'hui de manière irréfutable (notamment avec la Commission HSCA de 1979) qu'il a été réalisé et dissimilé avec la complicité active et/ou passive de certaines factions américaines. Où étaient les médias, les gauchistes, les intellectuels en 1963? Et depuis? Pourquoi ce qui a fonctionné en 1963 devrait rater en 2001? Parce que la puissance US décline? C'est un argument qui n'est que fortement partiel et qui au surplus est démenti encore par les faits : effectivement, la contestation est plus forte pour le 911, ce qui indique un affaiblissement des commanditaires effectifs. Mais les mêmes causes engendrent les mêmes effets. En outre, le raisonnement est faux, car on voit mal pourquoi si des institutions américaines sont incapables de commanditer, réaliser puis couvrir le 911, une nébuleuse aussi douteuse qu'al Quaeda serait elle capable de cette exploit herculéen! Pour finir, on part d'un postulat faux (inside job) et l'on poursuit sur cette veine grossière et déformante.

Mobiliser contre la guerre d’Irak : alors que l'auteur veut jouer aux activistes courageux, le point de vue qu'il prend (condamnation de la guerre en Irak) prête à sourire. La guerre en Irak s'appuie sur les mobiles de la guerre contre le terrorisme - qui reposent sur le 911. Si les mobiles de la guerre en Irak sont faux (et ils le sont), les causes de cette guerre deviennent au moins contestables. Le raisonnement de Cockburn est vicieux, puisqu'il utilise l'effet pour détourner de la cause. Diversion pour le moins spécieuse.

Prouver qu’on était en présence d’un complot intérieur fomenté par MM. George W. Bush et Richard Cheney ou (variation du même thème) par des puissances obscures dont les locataires de la Maison Blanche furent les simples porteurs d’eau : comme la vérité finit toujours par ressortir, Cockburn édicte cette vérité dans le deuxième terme de sa phrase ("des puissances obscures dont les locataires de la Maison Blanche furent les simples porteurs d’eau"). Cependant, il se livre à un amalgame grossier entre la version de l'inside job, selon laquelle c'est l'administration W. qui a commandité les attentats, et la version des puissances non gouvernementales qui auraient contraint l'administration à couvrir cette VO mensongère et contradictoire. Cockburn opère de nouveau l'amalgame et la désinformation. Ça commence à faire beaucoup pour un travail de rebelle. Je penche plutôt pour de la propagande travestie en contestation. C'est pourtant cette hypothèse raillée par Cockburn que défend implicitement l'avocat général Farmer de la Commission 2o04 quand il explique que l'administration W. a menti pour couvrir la vérité. Dans un livre paru en août 2006 et ignoré par l'impartial Cockburn, Kean et Hamilton reconnaissent eux aussi les entraves à la justice.
Je cite le lien Wikipédia : "In the book, Kean and Hamilton write that the 9/11 Commission was so frustrated with repeated misstatements by officials from The Pentagon and Federal Aviation Administration during their investigation that they considered a separate investigation into possible obstruction of justice by Pentagon and FAA officials."
http://en.wikipedia.org/wiki/Thomas_Kean#cite_note-14
Pourquoi Cockburn tait-il ce témoigange qui contredit son argumentaire orienté et qui est capital? Qui a le pouvoir de bâillonner les institutions américaines sur le plus grand attentat de leur histoire et sur événement qui a changé la politique depuis lors?


Des théories du complot qui perçoivent dans les méfaits de la classe dirigeante non pas la crise d’accumulation du capital, ou la recherche d’un taux de profit plus élevé, ou les rivalités interimpérialistes, mais des manigances ourdies dans des lieux donnés : notre gauchiste se montre marxiste zélé, ce qui est son droit. Outre que la lecture de Marx donne lieu à de nombreuses critiques et réserves, il est intéressant de constater que Marx cautionne les postulats de l'École d'économie de l'Empire britannique (en prétendant les corriger et les achever au moyen du communisme). Bizarrement, Cockburn qui défend Marx ne voit pas que ce sont les factions financières de l'Empire britannique qui ont commandité ces attentats. En outre, on voit mal en quoi l'existence de complots (qui foisonnent dans l'histoire) serait incompatible avec la critique marxiste du capitalisme. Verdict : argument fallacieux et décalé.

Un des traits caractérisant les adeptes du complot est qu’ils ont une foi absolue dans l’efficacité américaine : l'erreur formaliste de Cockburn confine à la supercherie. Il va nous divertir longuement par une énumération de faits nous montrant que les structures américaines ne sont pas infaillibles. Problème : personne n'a jamais dit le contraire, surtout pas le dénommé Griffin sus-cité. Que l'on lise ses ouvrages au lieu de noyer le poisson. Les critiques de la VO constatent que le délai de réaction des autorités civiles et militaires, notamment de la FAA et du NORAD, n'est pas explicable sans de graves incompétences et des lacunes telles qu'elles en sont invraisemblables. La lecture du livre du grand reporter Laurent (La Face cachée du 11 Septembre) l'explique assez. Au lieu de nous divertir avec des arguments purement formalistes, Cockburn ferait bien d'examiner les faits. Je me contenterai de citer sur ce point le président Kean de la Commission 2004, qui n'hésite pas à critiquer le travail de sa Commission en affirmant (en 2006) : "Aujourd’hui, nous ne savons toujours pas pourquoi le NORAD [commandement de la défense aérienne des USA] nous a dit ce qu’il nous a dit. (...) C’était tellement éloigné de la réalité... C’est l’une de ces questions sans réponses qui n’ont jamais été refermées." Pourquoi Cockburn omet-il en décembre 2006 de tenir compte de ce point de vue pourtant capital? Cockburn serait-il de mauvaise foi dans son entreprise de démonstration? Afin de corriger la phrase caricaturale de Cockburn, on pourrait affirmer : Un des traits caractérisant les adeptes de la critique du complot officiel est qu'ils n'ont pas une foi absolue dans l'efficacité américaine. Une fois que l'on a constaté cette évidence, l'on a rien dit. Cockburn s'éloigne tellement des faits qu'il empêche son lecteur de les analyser en détail et avec recul. Il opère un travail grossier qui aboutit à une démarche anticritique et antifactuelle. Pour un critique, c'est assez inquiétant.

Nombre d’entre eux partent même d’un postulat raciste, qu’on retrouve dans certains de leurs écrits, en vertu duquel des Arabes n’auraient jamais pu mener à bien ce genre d’attentat : c'est exactement l'argument qu'emploie l'écrivain anarchiste français Nabe. C'est un argument qui est déconnecté des faits et qui en outre les déforme. Il ne s'agit pas de dire ou de ne pas dire que les Arabes sont incapables de fomenter ces attentats. Il s'agit d'affirmer que la VO est fausse et qu'en aucun cas Oussama et/ou al Qaueda ne sont les commanditaires et les exécuteurs de ces attentats sophistiqués et spectaculaires. En outre, au vu des éléments de la VO, il est impossible que 19 pirates de l'air novices et paumés, soutenus par des structures pour le moins erratiques, aient pu réussir ces attentas mythiques sur le sol américain. Cockburn n'analyse toujours pas les faits et se livre en outre à de la désinformation constante.

Le chauffeur du véhicule d’où je suis sorti à ce moment précis l’a vu avec tant de précision qu’il a même distingué les visages terrifiés des passagers aux fenêtres : Cockburn cite un témoigange qui accrédite la VO concernant le Boeing écrasé sur le Pentagone. Ce témoignage est une galéjade qui indique le sérieux de la critique de Cockburn. En effet, depuis combien de temps peut-on distinguer les visages terrifiés des passagers d'un Boeing lancé à des centaines de kms/h contre la façade du Pentagone? En outre, Cockburn se garde bien de discuter des manquements factuels gaves de l'enquête du FBI, notamment sur l'absence d'images sérieuses et irréfutables de l'attentat, la disparition des corps et de l'avion, les distorsions physiques, les chaleurs invraisemblables des incendies, des témoignages plus que dérangeants, le profil des pirates de l'air qui conduisaient ce vol...
http://aucoursdureel.blogspot.com/2009/08/annie-anne-your.html
La démarche de Cockburn s'apparente à une galéjade qui engendre une victime collatérale : l'esprit critique.

D’ailleurs, à quoi bon utiliser un missile quand on dispose d’un avion et – si l’on suit la thèse des adeptes du complot – qu’on a déjà réussi à faire s’écraser (grâce à une commande à distance...) deux appareils contre des cibles beaucoup plus difficiles à atteindre, les deux tours de New York ? : encore une question formaliste. De surcroît, c'est une question rhétorique totalement mensongère. La question laisse entendre qu'un avion serait aussi facile à utiliser comme cible contre le Pentagone qu'un missile. C'est archi-faux. Cockburn prend ses lecteurs pour des imbéciles et montre qu'il est au mieux très mal informé. L'attentat contre le Pentagone n'est pas du tout du même type que les attentats contre les Twin Towers. Cockburn se livre à une métaphore propagandiste et fausse. Les cibles des Twin Towers sont bien entendu plus faciles à atteindre que le Pentagone, ne serait-ce que du fait de leur taille et de l'absence de défense spécifique, contrairement au bâtiment miliaire ultra-protégé du Pentagone.

M. Oussama Ben Laden a revendiqué les attentats ? : c'est plus que contestable. Cockburn ce faisant montre qu'il porte une critique très orientée dans le sens de la fausse critique. Son travail est lamentable. En tout cas manipulateur. En effet, la première vidéo dans laquelle Oussama revendiquerait la paternité des attentats (vidéo du 9 novembre 2001) est extrêmement contestée : cet Oussama de gala (ou de pacotille?) se contente au surplus de louer les attaques. En outre, dans au moins trois déclarations antérieures (12 , 17 et 28 septembre 2001), Oussama a nié être l'auteur des attentats. Il n'en assumera la paternité vague que le 2 novembre 2004, et encore! Si l'on souhaite des détails sur cette question de la revendication des attentats du 911 par Oussama, je renvoie à ce lien bien ficelé :
http://onegus.blogspot.com/2008/07/ben-laden-t-il-revendiqu-les-attentats.html
Cockburn reprend sans les critiquer les éléments de la VO. C'est un défenseur zélé et grossier de la VO qui prétend critiquer les critiques de la VO. La supercherie est éventée...

Prouver que MM. Bush et Cheney sont capables de tout ? : encore une question rhétorique qui renforce la thèse de l'inside job. Décidément, la critique de Cockburn utilise des techniques sophistiques ultra-orientées.

En cherchant à nous convaincre de la dangerosité inédite de l’administration au pouvoir, les adeptes du complot contribuent à alimenter le fantasme qu’une nouvelle administration – Clinton, Gore ou une autre – s’emploierait à poursuivre des politiques beaucoup plus humaines que celles de l’actuelle : affirmation gratuite et fausse. En effet, si l'on suit le raisonnement tortueux de ce Cockburn dont je commence à me demander s'il n'est pas un agent de désinformation, tout critique virulente contre l'administration W. reviendrait à défendre l'administration suivante. Aujourd'hui qu'il est certain que les exactions de l'administration W. ont conduit à des politiques illégales inédites et dangereuses (notamment avec les prisons secrètes, la torture et les crimes de guerre...), l'argument présenté dépasse de très loin l'indécence. L'administration Obama n'arrive pas à quitter l'Irak, à fermer Guantanamo et renforcerait la présence militaire en Afghanistan - et notre critique gauchiste emploie un argument retors pour critiquer la critique contre W. au motif qu'elle empêcherait la critique ultérieure. Non seulement Cockburn est démenti par les faits en 2009, mais son argumentation devient perverse.

Nous savons pourtant depuis Machiavel qu’une machination court d’autant plus le risque d’être dévoilée qu’elle fait appel à un nouveau complice : la citation de Machiavel donne une caution intellectuelle probante. Pourtant, sous son vernis avantageux, elle est totalement déconnectée des faits et est démentie en outre par les nombreuses machinations d'État américaines et occidentales qui n'ont jamais donné lieu à des révélations contemporaines. Encore une fois, Cockburn se moque du monde avec un argument intellectualiste (faux) et il utilise la caution du prestige intellectuel pour asseoir son propos pourtant grossier.

Or, dans le cas du 11-Septembre, le recours à l’hypothèse des charges explosives n’est absolument pas nécessaire pour comprendre la chute accélérée des tours, y compris la tour 7 non percutée par un avion. Un ingénieur a disséqué les raisons pratiques qui rendent la théorie des explosifs à ce point improbable qu’elle en devient absurde : alors là, je tombe sur le QI. Je ne félicite pas Le Monde diplomatique de nous servir une soupe aussi indigeste. Honte à la faillite des médias reconnus! D'après la note 5 de l'article, l'auteur Cockburn renvoie à un étude "technique" anticomplotiste et pro-VO dont il est le coauteur. C'est dire que Cockburn ne se livre pas à un travail de critique, mais de propagandiste explicite dans lequel il est juge et partie. Les masques tombent. Quel crédit accorder aux propos de ce Cockburn qui est un partisan déclaré de la VO et qui se présente comme la chauve-souris de la fable en tant qu'activiste gauchiste critique? Que dire des rédacteurs du Monde diplomatique qui reprennent un tel auteur avec sa caution de gauchiste radical qui colle à la ligne éditoriale de l'hebdomadaire? C'est proprement affligeant. Le pire est qu'on puisse prendre à ce point des lecteurs pour des imbéciles. La faillite des médias est totale, quel que soit le point de vue politique à l'intérieur du système. En 2009, nous possédons des éléments qui au bas mot permettent de douter fortement de la VO concernant l'effondrement des Tours. Je n'en cite qu'un seul :
http://www.reopen911.info/News/2009/11/20/wtc-demolition-controlee-par-ab/
Que le lecteur se renseigne et il verra qu'il y a un très gros problème concernant cette question spécifique. La légèreté de Cockburn le spécialiste technique masqué en activiste faussement critique pour aborder ce sujet est saisissante. Que l'on relise le présent article de propagande et de commande de Cockburn dans vingt ans et l'on verra comment l'on s'y prend pour manipuler et divertir les peuples.

Il y a aux États-Unis nombre de vrais complots. Pourquoi en fabriquer de faux ? : cette question est aberrante d'un point de vue logique en ce qu'elle part de prémisses justes pour conclure sur une question fausse et indémontrée. C'est consternant de médiocrité. En outre, si Cockburn reconnaît l'existence de complots pour mieux faire semblant de réfuter la critique de la VO du 911, il se contredit dans son propre argumentaire puisqu'en introduction il ne reconnaissait pas la VO comme un complot authentique. Cockburn fait preuve de mauvaise foi et de légèreté dans son propos à double entente.

Car la théorie du complot naît du désespoir et de l’infantilisme politique : cette affirmation gratuite et partisane assimile la théorie du complot à la critique de la VO. Pourtant, la VO est un complot et la critique de ce complot officiel ne débouche nullement sur une théorie du complot, mais sur une hypothèse d'un complot officiel. De qui Cokburn se moque-t-il, sinon de la logique de ses lecteurs? D'autre part, les arguments qu'il déploie sont tout sauf contestataires. Ce sont des arguments conservateurs en ce qu'ils soutiennent la version officielle et la démarche officielle sous prétexte de proposer une critique pertinente. Je rappelle que les néo-conservateurs ont commencé par être des trotskistes et qu'à ce rythme un gauchiste soi-disant radical est en train d'expliquer comment l'on passe du camp de la rébellion au cap de l'extrémisme conservateur.

Et Aldrich ajoute : « Si les journalistes d’investigation et les spécialistes de l’histoire contemporaine consacrent tout leur temps aux questions à la fois inextricables et usées jusqu’à la corde, on les verra moins sur les terrains où ils ne sont pas les bienvenus : si l'on en croit cette citation qui évoque à l'appui l'assassinat de JFK, certains sujets sont considérés comme indécidables et inextricables. Cockburn semble nous lancer un avertissement doctrinal : le 911 est cité au rayon des crimes parfaits, comme du reste l'affaire JFK. Cockburn appartiendrait-il au courant des postmodernes qui réfutent la vérité et qui évacuent le sens, notamment les nombreux apôtres américains de la déconstruction chère à Derrida et ses épigones? On mesure en quoi la théorie spinoziste et nietzschéenne de l'absence de vérité est dangereuse. Elle fait disparaître le factuel et conforte le droit des plus forts. Si la vérité n'existe pas, à quoi bon chercher la vérité d'un événement? Cockburn est cynique et défend l'impérialisme. D'ailleurs, il cite les techniques de manipulation des services secrets de l'Empire britannique. Il brûle, notre gauchiste impénitent! Si l'on suit le raisonnent pervers de Cockburn, critiquer la VO du 911 revient à conforter la tactique de désinformation du pouvoir américain! Ben voyons! C'est comme si on nous disait de ne pas embêter Nixon avec le Watergate sous prétexte que les critiques confortent le pouvoir américain! N'importe quoi! De pire en pire! Comment un journal qui se veut de critique élevée peut distiller de pareilles fadaises?

Plus fondamentalement, le philosophe Theodor Adorno a estimé, dans Minima Moralia, que « le penchant pour l’occultisme est un symptôme de régression de la conscience » : pour faire bien, notre prévisible déconstructeur de complotisme faisandé finit par citer un philosophe contemporain. Adorno est comme par hasard un représentant des persécutions nazies contre les intellectuels juifs et un exilé vers l'Angleterre et les États-Unis. Les choix de Cockbun seraient-ils assez orientés? En outre, cette conclusion ne fait que renforcer le malaise concernant les méthodes de propagande de Cockburn. En effet, après avoir assimilé la critique du complot à la théorie du complot, après avoir dénié la VO comme complot typique, voilà maintenant qu'il assimile le complot à l'occultisme. C'est tout à fait confus, hallucinatoire et mensonger. Que penser après la lecture d'un tel article, sinon que les gauchistes sont manipulés, retournés et que les médias sont infestés par une intensité de propagande qui nuit gravement à la qualité de leurs articles, en particulier quand ils se prétendent intellectualistes et contestataires? Verdict : les médias en tant que représentants du pouvoir institutionnel sont en faillite quel que soit leur bord et en particulier quand ils traînent une réputation de contestation. Voilà qui en dit long sur l'état de décomposition du système politique occidental et sur l'état de la culture occidental, notamment de l'esprit critique. Car si l'esprit critique était au rendez-vous, un article aussi lamentable aurait soulevé des protestations considérables.

Pour finir, je ne peux que renvoyer mon ami lecteur à deux articles que j'ai rédigés sur le sujet du 911. Ces deux notes offrent des pistes autrement plus sérieuses que les arguties propagandistes déployées par Cockburn dans cet article et reprises par un hebdomadaire prestigieux francophone :
http://aucoursdureel.blogspot.com/2009/09/credit.html
http://aucoursdureel.blogspot.com/2009/07/decidement-en-ce-moment-les-pseudo.html
C'est la faillite des médias à laquelle nous assistons dans le 911. Cet article partial participe de cette faillite béante. Les médias officiels ont couvert une VO intenable. Le paroxysme de cette faillite est illustrée par la position absurde de critiques gauchistes qui se prétendent opposés au pouvoir en place alors qu'ils le défendent outrageusement et de manière partiale. Cette faillite des contestataires gauchistes en dit long sur l'état de décomposition du système et sur le crdéit à accorder à leurs positions idéologiques.
J'aimerais analyser l'amalgame grossier auquel Cockburn se livre quand il oppose de manière manichéenne et simpliste la VO avec la thèse anti-VO de l'inside job. Appelons la VO A et l'antithèse B. B est déjà un amalgame extrêmement réducteur puisqu'il faut être désinformé pour croire que seulement deux thèses s'opposent sur un schéma simpliste thèse/antithèse. De surcroît, Cockburn assimile grossièrement B avec un C qui est quasiment ramené à un B'. Ce C désigne selon lui "des puissances obscures dont les locataires de la Maison Blanche furent les simples porteurs d’eau."
Pourtant, l'amalgame de C à B est mensonger puisque C diffère notablement de B. Il ne s'agit donc pas d'une "variation du même thème", ainsi que le présente comme si c'était une évidence Cockburn. On a vu que Farmer penche du côté de C, comme Kean le président de cette Commission.
Je penche également du côté de C, sans approuver les positions prudentes et floues de :
1) Farmer;
2) Kean;
3) les critiques de la VO qui se contentent d'appeler à une Commission enfin impartiale sur le modèle de la Commission Sartre/Russell de 1966/67 sur le Vietnam sans jamais proposer des pistes alternatives précises;
c'est-à-dire que j'estime que les commanditaires des attentats du 911 ne sont pas l'administration W., mais des factions financières centrées autour de la City de Londres, de Wall Street et de leurs dépendances (notamment les paradis fiscaux).
Je ne penche nullement du côté de B pour autant.
http://aucoursdureel.blogspot.com/2009/09/le-complot-du-sens.html
Verdict de cet article :
1) c'est un article de propagande qui détruit la critique au nom de l'usage de la critique.
2) c'est un article qui signe la faillite des médias, en particulier de ceux étiquetés gauchistes et contestataires, alors que sur les sujets systémiques, ils travaillent explicitement à la propagande du système.
Il est certain que la VO du 911 est fausse. Il est tout aussi certain que les critiques qui cautionnent cette VO sont fausses.

Aucun commentaire: