mercredi 16 décembre 2009

Reviens, Valtaire, reviens

"Nous sommes représentants. Parce que nous parlons à la place des gens. Comme dit Deleuze, l’écrivain parle pour les bêtes."
Philippe Val cité par Pierre Rimbert, propos tenus en octobre 2008 devant les élèves du Conservatoire national supérieur d’art dramatique de Paris (Le Monde diplomatique, juin 2009).



Déjà, Val est connu pour être un Monsieur Jourdain des cercles oligarchiques, en particulier ceux qui se tiennent autour des formats intellectualistes de la rue d'Ulm, avec des réseaux sionistes et atlantistes - des BHL, Enthoven père et fils, Christophe Barbier - dit le Barde de Gaza... La liste des esprits de plomb serait longue. Récompense de sa bêtise servile et idéologicomique, Val a obtenu un strapontin officiel à France-Inter après avoir réussi l'exploit de transformer un hebdomadaire libertaire en outil de propagande atlantiste avec des employés courageux comme l'inénarrable Fourest.
Sérieux, la transformation factuelle de Val en cerbère atlantiste est sidérante. Autrefois, on a connu ce troubadour peu charismatique chantre de la statue stéréotypée de brave type libertarien, dans la veine des enfants du professeur Choron (provocateur qui amuse modérément). Si l'on veut s'en aviser, que l'on parcoure un ouvrage : Les éditocrates, publié par Mona Chollet, Olivier Cyran, Sébastien Fontenelle et Mathias Reymond.
Qu'est-il arrivé à sir Val? Say captain? A-t-il bêtement perdu la tête? Est-il méchamment embrigadé? Des experts en techniques de bourrage de crâne lui auraient-il retourné le cerveau (laid)? En tout cas, j'aimerais que l'on revienne sur le cas Val en courant, au sens où la bêtise de la plupart de ses propos est déconcertante. C'est très mauvais signe pour le pouvoir, de nommer de pareils nominés. C'est limite dégradant si cela illustre le niveau de nos élites au pouvoir. Au jeu de la bêtise, Val est un thuriféraire inégalable.
Il plastronne au nom de l'érudition. Il joue au cultivé, à l'autodidacte. Que ces poses sont prévisibles et minaudées! C'est toujours au nom du savoir et de l'académisme que la bêtise recrute. C'est toujours au nom de l'intelligence. Bouvard et Pécuchet le savaient bien. Le problème, c'est que Val est pire qu'un archétype manipulé.
C'est un pantin pathétique qui a remplacé son mauvais comique par un sérieux snob et vulgaire. A chaque fois que Val case une idée personnelle, c'est d'une maladresse affligeante et transie. Val est lourdaud d'esprit comme les traits de son visage sont abrupts et autoritaires. Soit ses comparses se marrent goguenards en l'écoutant répéter les fadaises qu'ils lui ont soufflées, soit ils sont aussi gogos que lui. Sont-ce des énergumènes du tonneau d'un Pierre Brochant dans le Dîner de cons? Des êtres aveuglés et méprisants, qui se croient au-dessus des autres à cause de leurs diplômes et qui s'organisent en coteries mondaines autour de Saint-Germain?
Marcel Proust, au secours, les petits-enfants du clan Verdurin sont devenus fous! Après tout, les amis dont se vante Val dans la presse sont des éditeurs au profil proche du prototype cinématographique Brochant - attristant, sadique et célèbre éditeur parisien. Prenons le cas de l'intellectuel misanthrope et ermite BHL. C'est un cas de libre penseur honnête et indépendant, profond et drôle... Euh... Pas plutôt un propagandiste atlantiste, mythomane avéré, héritier inconditionnel de la cause sioniste et des intérêts des grands patrons?
A vous de choir. L'autre poto à Valo (son surnom chez les lilis), c'est Enthoven Jr. qui indique le niveau de la relève. C'est un authentique penseur, un créateur féru de concepts... Ça recommence... Je veux dire : un historien de la philosophie creux, qui remplace les idées par les jeux de mots conformistes et sirupeux. Une nullité intellectuelle qui incarne la relève après BHL? Il était marié à sa fille, avant de piquer la maîtresse Carla B. à son papa éditeur... Ladite Carla serait la grande amie de Val. Le père éconduit est ô hasard un éditeur célèbre - grand ami du Nouveau philosophe BHL.
Jean-Paul Enthoven est un autre chef-d'œuvre (assumé) de mythomanie insouciante. Écoutons l'anecdote émanant du romancier adulescent et anodin : un jour, Alexandre Jardin, qui se flatte des mœurs légères de sa famille, contacte par téléphone son éditeur attitré, un certain Jean-Paul Enthoven, pour qui manifestement l'édition est un métier à succès. Réponse navrée de l'éditeur au nez creux (comme son style) : «Excuse-moi, Alexandre, je ne peux pas te parler, je fais du ski au Chili.» Quelques minutes plus tard, Alexandre croise Enthoven sans skis, boulevard Saint-Germain, lequel ne se démonte pas : «Mon cher Alexandre, si tu as plus foi en tes yeux qu'en ma parole, nous ne pouvons pas avoir de rapport de confiance.»
http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/278993/faire-la-cour-cote-jardin
Cette anecdote dépeint à la perfection ces élites germanopratines matinées de sionisme qui croient en leur supériorité au motif qu'elles ont congédié la vérité. Au final, la supériorité ressemble à s'y méprendre à la dégénérescence des familles patriciennes de l'Empire romain tardif. Enthoven Sr. au-dessus du mensonge finit en amant cocufié - par son fils.
Est-ce la morale de cette fable? Qu'on se rassure : il s'agit seulement du tableau synoptique des amis de Val. C'est très vil. C'est très veule. Consternant comme une satire de Flaubert ou une réminiscence de Proust. Il est vrai que Val nourrit un cheval de bataille qui le rapproche de ses milieux intellectuels. C'est la démocratie. Val, sans doute à cause de la proximité patronymique, est un admirateur transi de Voltaire. Résultat : il a recopié les défauts du maître sans prendre une seule de ses qualités. Pas de style, de la propagande ultra-libérale!
Val est un démocrate très particulier, qui parle de tolérance dans la lignée de son maître : la démocratie est le pseudonyme assuré pour l'oligarchie financière. Écoutons une première sentence sentencieuse de Val l'éditorialiste à listes :
«La démocratie a toujours été mon échelle de valeur. Ma lutte n’a pas changé.»

Que c'est beau! Que c'est original! Qui a soufflé ce chef-d'œuvre de concision divinatoire? Un néocon(servateur)? Un social-démocrate suicidaire? Un parodiste alterfasciste? Un farceur aviné? Val seul comme un grand, droit comme un Z. Les impérialistes réactionnaires ou crypto-fascistes nous refont le coup de la cohérence désintéressée et rationnelle. Si l'on en croit la Compagnie des Bruckner&Pipes, c'est au nom de la démocratie que l'Occident envahit (l'Afghanistan ou l'Irak). C'est au nom de la démocratie que l'Occident mène la guerre au terrorisme.
Pourtant, à chaque fois que l'on approfondit, on trouve chez cette démocratie-là une saveur rance et fétide d'élitisme, de mépris social, de haine inégalitariste et de propagande ultra-libérale. C'est le cas chez Val, sauf que Val dit tout haut ce que ses mentors pensent tout bas. Plus précisément : les autres ont la perversité pudique de parler de meilleurs ou de liberté chérie; quand Val s'emporte assez vite contre les « ploucs humains obtus, rendus courageux par la vinasse ou la bière locale qui leur gargouille dans le bide » (Charlie Hebdo, 14 juin 2000).
Les refrains contre la populace bête et méchante sont toujours connotés en tant qu'apanage déshonorant d'un certain élitisme monarchiste et fasciste. Malheureusement, il n'y a pas qu'un prétendant suranné au trône français pour s'emporter de la sorte. On a aussi un spécimen du monde des affaires, un certain chroniqueur Baverez : "Le temps libre, c’est le versant catastrophe sociale. Car autant il est apprécié pour aller dans le Lubéron, autant, pour les couches les plus modestes, le temps libre, c’est l’alcoolisme, le développement de la violence, la délinquance, des faits malheureusement prouvés par des études."
http://autourdureel2.blogspot.com/2007/07/bave-et-rsidu.html
Véridique! Désormais on a en plus le perroquet (carné) des milieux néo-conservateurs francophiles, qui commencent par prôner des valeurs gauchistes vagues et contestataires avant de finir la révolution du côté du progressisme ultra-libéral, soit du progrès du libéral vers ses franges les plus extrêmes.
Mais le words of du meilleur ami de n'est pas encore atteint que Val débite une de ces petits phrases démasquantes et profondément naïves comme il en a le secret. Désolé, mais ce n'est pas la première fois que Val est attrapé la main dans le suc, en posture d'islamopohobe ou de raciste patenté. Que l'on consulte certaines de ses envolées pour le vérifier. Cette fois, pourtant, c'est la bêtise qui expire, comme si notre pauvre troubadour était décidément trop limité pour réussir à débiter son texte mal appris par cœur. Il bégaye, il se trompe, il commet des lapsus, des erreurs logiques, des aveux pathétiques...
Cette fois plus que jamais, Val s'affiche pourtant plein de bonnes intentions. Il veut rompre avec son image polémique et agressive. Il veut s'afficher sous son soir consensuel. On a dû lui conseiller cette posture médiatique. N'est-il pas grand patron fédérateur? Il lui suffit jouer la carte de l'homme à paix, du polémiste pacifique, de l'islamophile à fleur de peau, de l'écolo tendre et bucolique, de l'érudit autodidacte et humble, de l'homme simple et joyeux... N'en jetez plus! Chassez le naturel, il revient au galop!
Val ne comprend pas ce qui s'est passé. Il a fait de son mieux et voilà le piteux résultat :
"On veut tous la paix contre les territoires occupés."
Philippe Val, FOG, France 5, 10-01-2009.
C'est dit, c'est terrible et c'est révélateur de la mentalité de ces gauchistes ultra-libéraux, passés avec armes et bagages dans le camp de Sarko en déchirant le voile de la belle abeille - Maïa.

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