jeudi 28 janvier 2010

La République d'Afrique

La prochaine Renaissance sera africaine.



Vous pouvez perdre tout le temps que vous voulez, divertir et illusionner, vous n'empêcherez pas le monde de tourner. Peu importe par où je commence, car je reviendrai ici, a énoncé Parménide. L'homme vient d'Afrique. Il est normal qu'il y retourne. L'avenir de l'homme se situe en Afrique. C'est lors de la phase terminale que les membres d'un ordre estiment participer au moment le plus haut de sa manifestation. L'impérialisme occidental est parvenu depuis le millénariste an 2000 chrétien à son stade terminal.
Désillusionnons l'esprit occidentalisé : je n'entends nullement verser dans l'idéalisme béat qui définirait l'Afrique actuelle comme le cadre satisfaisant et définitif du renouveau culturel. Gogo - raciste : l'état présent de l'Afrique est catastrophique. Il est autant raciste d'estimer que cet état est immuable que de prétendre que cet désétat est néanmoins positif.
La vérité est que cet état totalitaire est d'une négativité quasi totale, qui va évoluer : la transformation de l'Afrique interviendra à partir de l'effondrement inéluctable de impérialisme occidental. C'est au nom du sens de l'histoire que l'on peut concevoir l'inconcevable pour un esprit frotté de conceptions impérialistes, racistes et coloniales. Sans avoir lu leur Hegel, les Occidentaux partent du principe que les Africains ne sauraient changer parce qu'ils baignent dans une naïveté étrangère à l'histoire.
L'acmé de cette conception confusionnelle réside dans le discours de Dakar prononcé par le Président de l'ancien Empire français Sarkozy - inspiré par le conseiller décolonialiste Guaino (26 juillet 2007). Si l'on rappelle l'évidence que les cultures africaines sont plongées dans l'histoire, alors l'histoire de l'Afrique est limpide : sa décrépitude connaît un déclin passager. Déclin relatif et non différence relativiste : est-il admissible de considérer que l'état actuel de l'Afrique exprimerait des trésors de sagesse cachés à la déconsidération occidentale? Vivre de manière archaïque et pauvre serait l'incompréhension du fou moderne à l'égard des sociétés de demain?
Faudrait-il en venir aux billevesées oligarchiques travesties en décroissance et retour aux racines? Prendre de la boue pour de l'or recèle son nom. C'est de la mauvaise foi de pirate. Demandez aux esclavagistes. Ils payaient en monnaie de singe. Le relativisme culturel ressortit du racisme angélique. Seul l'universalisme lutte contre le racisme de l'égalitarisme déculturel. Selon les termes de l'universalisme, l'Africain a droit aux mêmes progrès et aux mêmes changements que l'actuel homme dominant d'Occident.
L'avenir de l'homme ne se situe déjà plus dans les relations transatlantiques. L'Occident s'effondre sous les coups de buttoir de la désindustrialisation et de la maladie de l'écologie décroissante. Oublions l'Occident. L'essor transpacifique annonce le renouveau de l'Afrique. Pour ce faire, comprenons que l'ordre actuel africain, si proche du désordre, n'est pas l'indicateur de ce que sera l'Afrique prospère et novatrice du futur.
A l'heure actuelle, les Africains sont enserrés dans l'enfer du schéma oligarchique et impérialiste. Il n'est pas question de définir autrement (avec hypocrisie) les sociétés africaines actuelles, qui ont subi quatre cents ans d'esclavage, de colonialisme et d'impérialisme : les peuples africains sont détruits par ce régime (dans tous les sens du terme). Entre quelques élites oligarchiques transversales, qui collaborent objectivement avec les impérialistes occidentaux, et l'insigne majorité des Africains, qui sont détruits et qui manifestent un individualisme exacerbé et aveugle, force est de constater que l'Afrique ne se relèvera pas avec ces générations apathiques, acritiques et déstructurées.
Le système oligarchique détruit profondément, à commencer par ses victimes. Aussi paradoxal et scandaleux que ce constat puisse paraître, les victimes sont les plus fervents soutiens de la mentalité qui les asservit et qui les brise. Les Africains sont les premières victimes de l'impérialisme occidental qui les domine. Incapables de s'opposer, ils manifestent au contraire un remarquable empressement à appuyer ce schéma de servilité. Il n'est pas plus oligarchique, impérialiste et esclavagiste qu'un Africain à l'encontre des autres Africains à l'heure actuelle.
L'exception conformant la règle, ce curieux état de faits, selon lequel la victime est le premier bourreau de sa condition, explique l'incapacité des peuples africains à se relever du joug en tous points raciste et humiliant imposé par l'Occident, qui a remplacé le colonialisme politique par le colonialisme économique sous prétexte de décolonisation et autres appels rhétoriques à la vertu. Le mot du chanteur Alpha Blondy n'est que trop lucide : "Les ennemis de l'Afrique, ce sont les Africains."
Les plus grandes impérialistes sont les victimes de l'impérialisme. Les plus grands oligarques sont les victimes de l'oligarchie. Les plus grands esclavagistes sont les victimes de l'esclavage. Pourtant, ce constat sombre n'est ni désespéré, ni paradoxal : c'est du sein de la tragédie africaine que l'homme en crise de succès va se relever. Nous nous trouvons à un époque de grand changement, que peu constatent à sa juste mesure. Pour le dire en peu de mots, l'impérialisme occidental s'effondre.
Les Africains vont se trouver libérés de leur esclavage moins par leurs propres mains que par l'épuisement de leurs maîtres injustes et moralistes. L'Occident sous sa forme impérialiste se meurt - et c'est une bonne nouvelle. Place à l'Afrique. Pas l'Afrique présente. Pas l'Afrique oligarchique. Pas l'Afrique impérialisée et impérialiste. L'Afrique du futur. L'Afrique du changement. L'Afrique du progrès. Les peuples africains sont les fers de lance de l'humanité renaissante. La prochaine Renaissance sera africaine. Les Africains sauveront l'espèce. Ils emmèneront l'homme dans l'espace. Ils assureront la continuité du principe républicain, qui passe par le dépassement du mondialisme sclérosé et par l'édiction de nouvelles formes d'États-nations : de niveau planétaire.

mercredi 27 janvier 2010

Isréel



Le défi : fin du déni.

Dans un pays qui n'est plus en phase avec le réel, il est normal que le ministre de l'information désinforme. Cette constatation antirépublicaine s'applique à tous les pays occidentaux, qui confrontés à la désagrégation inexorable de leur comportement impérialiste lui opposent le déni implacable et accommodant. Le déni passe par l'acceptation de la désintégration. Pareil avec l'information : la transparence chère aux Anglo-saxons s'accommode mal des faits. Pendant que notre Empire financier s'échine à imposer sa décrépitude en détruisant son monde pour le niveler à sa domination déclinante, nos propagandistes des satrapies se glorifient d'accompagner le processus putride en expliquant pompeusement que le déclin n'est pas du déclin, mais le renouveau du progrès.
Le cœur actuel de l'impérialisme occidentaliste se situe (symboliquement) dans la satrapie d'Israël. Pas étonnant : si l'impérialisme consiste à dominer, Israël est l'excroissance décoloniale emblématique de l'Empire financier. Israël ne cesse depuis sa création récente de croître en violence et en déni. C'est logique : son existence repose sur le déni conjugué à la haine de tout ce qui est réel. Plus Israël s'impose, plus sa violence grandit. Son déséquilibre repose sur le soutien de l'Occident, qui utilise Israël pour mieux contrôler - l'or noir.
Le cabinet Netanyahu est engagé dans une opération de propagande fondue visant à refuser le rapport Goldstone. Goldstone : la pierre en or? La pierre de touche? Qui a dit que la pierre d'angle serait celle que le bâtisseur refuse? La Ka'ba contre la cabale? Retour du réel contre les Érinyes? Et si c'était une bonne nouvelle - la fin du fantasme de toute-puissance? Bonne nouvelle : le retour au réel sonne le retour en grâce. Grâce à Goldstone. Selon les termes de ce rapport bienveillant, Israël a commis des crimes de guerre et contre l'humanité lors de la bucolique opération Plomb durci, intervenue entre la fin 2008 et le début 2009. Un cadeau de Noël pour les Palestiniens?
C'est le ministre de l'Information israélien, le nuancé Youli Edelstein, qui justifie l'injustifiable (410 enfants morts) par le déni carabiné. L'excuse est convenue : il s'agit de protester contre l'antisémitisme qui s'abat contre la colombe Israël. Fidèle à l'esprit de la guerre contre le terrorisme, les Israéliens expliquent sans ciller que toute critique contre leurs (ex)actions s'apparentent à une vulgate islamisto-fasciste. Le terrorisme intellectuel serait-il le terreau du terrorisme?
Après avoir anéanti 1315 Palestiniens lors de leur dernière expédition punitive contre Gaza, les Israéliens ne se rendent plus compte. Ils ne se rendent plus compte qu'ils doivent rendre des comptes. Ils s'enferrent dans les décombres des décomptes. Il se placent au-dessus de la loi. Au secours, Moïse! 410 enfants! Ils perdent la face. 410 enfants! Ils dénoncent l'augmentation des actes antisémites en Occident (environ 500)! Et pourquoi pas 1500? Ça ferait balançoire! Tu balances? C'est ce qui s'appelle l'innocence? De la déréalisation? Les Israéliens sont-ils des délirants qui dérivent vers leur désir d'Hyperréel? Déjà, le terme antisémitisme n'a jamais voulu rien dire, singulièrement quand il est utilisé par des Israéliens à l'encontre des Palestiniens; alors le refus de la critique travesti en lutte vertueuse contre l'antiracisme bancal devient perversion prophétique digne des sophistes.
Heureusement que c'est la Victime Éternelle de la Shoah qui se conduit de la sorte. Bientôt éconduits : qu'est-ce que le repoussoir iranien prendrait s'il se permettait le quart du dixième de ce que s'arrogent les Intouchables! Nous en sommes au point où le déni ressort avec une virulence qui tache. Le deux poids deux mesures de la diplomatie israélienne indique qui sont les Israéliens par-delà le symptomatique cabinet Netanyahu : des faucons qui pratiquent sans discernement la loi du plus mort. Ils sont tellement aveuglés par leur puissance qu'ils en oublient les règles élémentaires des rapports de force : n'humilie pas ton ennemi, sans quoi tu risques d'en payer le prix - fort.
Refuser la critique est le signe d'une fuite irresponsable face au réel. Le déni se solde par la cuisante défaite. Le ministre de l'Information pratique la désinformation caractérisée. De la propagande carabinée. Pour la Seule Démocratie Régionale, c'est un paradoxe cocasse. Israël à bout de souffle : la désinformation ne fonctionne plus. Israël a achevé le procédé d'impunité critique. Pierrot n'en pouvait plus de crier au loup : Israël hurle à l'antisémitisme. L'antisémitisme inepte affranchirait-il de la légalité? L'antisémitisme est-il la formule magique qui provoque le miracle du dépassement de la loi et du réel?
A force de traiter de noms d'oiseaux les jugements qui condamnent la politique de violence, Israël s'est déconsidéré. Les justes sont des antisémites! Israël subissait l'opprobre inexpugnable de ses voisins déterritorialisés? Désormais, les populations d'Occident commencent à se rebiffer. Les Occidentaux, qui sont des artichauts, n'ont pas le cœur à la besogne. Ils en a assez de se faire manipuler. Assez que les impérialistes leur tiennent des discours anti-impérialistes. Assez que les racistes leur donnent des leçons d'antiracisme. Assez de l'anti-terrorisme. Assez des massacres. Assez de ce Goliath proche-occidental qui se présente en petit David chétif.
Le discrédit de Job est prévisible, mais : à force de tirer sur la corde, les Israéliens ont usé leur crédit. Ils ont oublié que dans une épreuve de force, la force ne saurait prévaloir sur le principe de réalité. Plus que contre les Palestiniens ou quelque peuple que ce soit, les Israéliens ont engagé un bras de fer dément contre le réel. Le réel finit toujours par l'emporter - et avec usure. Les Israéliens ont cru qu'ils pouvaient défier le réel en toute impunité.
Le réel se charge de les rappeler à son ordre. A sa raison. Contre le réel, il n'y a rien à faire. Il s'entête à vous rappeler (à) sa loi. Les Israéliens ont voulu nier le réel - imposer en lieu et place leur État irréel, création idéologique postjuive. Les Israéliens ne peuvent justifier de leurs agissements. Seule la propagande permettait d'imposer leur loi du talon. Las! Cette politique est suicidaire en ce qu'elle ne fonctionne que durant un terme fort réduit.
Nous sommes au terme du terme. Détestés et méprisés, les Israéliens voient arriver l'addition. Soit ils transforment leur brutalité sioniste en un État unique et laïque; soit ils périront dans des massacres effroyables, Golem de pacotille lâché par leur Goliath occidental. Face au défi des victimes de son déni, Israël n'a d'autre choix que d'évoluer vers le réel. Soit il accepte la critique; soit il s'entête dans l'autodestruction. Les campagnes de désinformation n'y pourront rien changer. La loi est la loi. Le réel est le réel. Isréel est condamné. L'impérialisme est condamné. Le décolonialisme est condamné. Si ce n'est en cette vie, la condamnation se commue en damnation. Demandez à Ariel.

lundi 25 janvier 2010

Les pirates de la croissance

La réaction de la rédaction.

L'animateur Zegut, personnage médiatique haut en couleurs, cite une déclaration du guitariste du groupe de rock anglais Radiohead : "J’ai un problème quand j’entends : "Le piratage tue l’industrie, ça nous écartèle". Je n’y crois pas du tout..." Effectivement, les pirates ne se situent pas où l'on croit. Suivez mon regard - du côté des paradis fiscaux et des héritiers financiers de Sir Drake, pirate emblématique de l'Empire britannique. Le loquace gratteux O'Brien enfonce le clou : "Le business a changé (...). C’est le problème des dix dernières années, nous en sommes là car rien n’a été fait avant".
http://zegut.blogspot.com/2010/01/radiohead-lindustrie-du-disque-est.html
O'Brien rappelle une évidence - là où les chanteurs qui réussissent se taisent pudiquement, rappelant que le show-business est avant tout business. L'industrie musicale n'a pas su s'adapter à la révolution Internet. Les récentes lois pour empêcher le piratage Internet et pour contrôler l'outil révolutionnaire Internet servent à empêcher le changement véritable, soit à protéger les outils Gutenberg de l'évolution inévitable - vers Internet.
L'immobilisme réactionnaire qui prévaut dans l'approche d'Internet est emblématique de la volonté d'immobilité et de fixité qui imprègne le monde de l'immanentisme et qui tend au nom de l'Hyperréel à scléroser le réel. Notre époque désirerait geler le temps, parvenir à une sorte de Même répétitif et roboratif, suivant le modèle énoncé par Nietzsche dans son histoire tarabiscotée d'Éternel Retour du Même. Le refus du changement et l'indexation du temps au désir humain sont des caractéristiques sordides et lancinantes de l'immanentisme.
Si l'on parcourt les modes de notre époque désaxée, on constate que le refus du changement n'est pas que la caractéristique spécifique de l'industrie musicale. Les méthodes de l'industrie musicale rejoignent en fait une mentalité de prédation financière qui refuse le changement et qui considère que dans un réel fixe et fini, les ressources s'épuisent tragiquement. L'industrie musicale identifie comme des pirates ceux qui loin de contrevenir à la loi permettent de changer la norme et d'avancer les paradigmes.
Dans une inversion de toutes les valeurs chère aux nietzschéens majoritaires, ignares et discrédités, les sclérosés deviennent les conservateurs - les révolutionnaires les pirates. Dans un sens voisin, la question de l'édition livresque se révèle proche parente de la question de l'édition musicale. Dans ses expressions, Gutenberg se trouve confronté à Internet. Les éditions Gutenberg tentent par tous les moyens de figer l'évolution pour la ramener vers leurs propres standards. Ils n'y arriveront pas. Les plus lucides le savent. Quelques demi-lucides, se faisant fort d'être des habiles alors qu'ils ne sont que des demi, essayent d'exploiter l'innovation Internet à leurs profits exclusivement matériels.
Je pense à un Nabe dans le genre de l'auto-édition Internet. Nabe le pionnier Gutenberg a déjà un train un de retard. Être en avance sur le milieu Gutenberg n'est pas un gage d'avance sur son temps - contre le principe de la gratuité Internet. Gutenberg est tellement ringardisé qu'on peut être en avance sur son paradigme tout en se montrant en retard par rapport au nouveau paradigme. On peut passer pour un trublion dissident en demeurant dans les clous du modèle critiqué. On est un contestataire mou et incohérent à l'intérieur du paradigme contesté. Pas touche au grisbi griffé! On reste soigneusement dans le système que l'on incrimine et l'on empêche furieusement le changement véritable qui est le changement systémique.
Les Nabe de l'auto-édition n'ont pas compris le sens de la révolution Internet. Ils n'ont pas compris qu'en faisant la moitié du chemin, ils défaisaient leur travail de Pénélope diurne. Nabe montre à quel point il s'est égaré en se vantant par provocation d'empocher plus d'argent en supprimant les intermédiaires traditionnels de l'édition. Certes, mais - la question n'est pas là. C'est comme quand on pose l'édition musicale Internet avec le prisme réducteur et déformé de l'édition traditionnelle. Si vous tenez à comprendre le problème de l'édition musicale, élargissez-le au problème politique : vous aurez l'écologie. Si vous le posez en termes religieux, vous tomberez sur le problème de l'immanentisme.
On en arrive à prôner la vente de produits dérivés, les concerts, les sites de vente par Internet... L'essentiel n'est pas là. L'essentiel est déformé. Réformez! On ne peut parvenir à cerner le sens d'Internet si on le mire avec des yeux de Gutenberg ébaubis et ébahis. Franchissez le Rubicond. Avec ses propositions en apparence novatrices et subversives, O'Brien est en retard d'une guitare. Nabe, O'Brien - même combat. Des faux progressistes, des anarchistes en désordre. Gutenberg, c'est fini. Nouvelle mélopée : à télécharger gratuitement - ou presque. Internet, c'est la gratuité en lieu et place du mercantilisme bourgeois - façon Gutenberg.
Façonnez les contrefaçons - vous arriverez aux nouvelles façons. Des nouveaux standards apparaîtront, mais la création artistique suivra le processus de croissance qu'Internet définit. C'est contre la croissance que notre époque se distingue - par une sclérose réactionnaire typique des mentalités d'arrière-garde et des esprits vermoulus. Dans un sens ontologico-religieux, c'est le même processus de contre-sens qui est à l'œuvre dans l'écologie. D'une manière enfin symptomatique, le discours écologique traduit en l'universalisant les cas éparpillés et fragmentés de la musique ou du livre.
L'écologie désigne le discours sur la maison, dans une curieuse redondance étymologique avec l'économie, qui désigne la loi de la maison (patrimoine). L'économie dominante a vite décliné en monétarisme - réduisant le réel à un ensemble clos et fixe. L'écologie se présente comme le masque réducteur de l'économie monétariste. De la réduction à l'intérieur de la réduction. Le progressisme écologique n'est rien d'autre qu'un discours ultra-réactionnaire - ou le progrès de la réaction. L'écologie annonce dès son étymologie la couleur : elle sera simple discours, simple exercice rhétorique, sans aucune prétention à la loi ni au jugement.
L'écologie discoure à partir de la conception de la maison finie, établie, définitive. La maison est la maison. Discourons. Vite! Courons aux abris! Cette écologie-là n'est pas au service de l'homme; elle est au service de la conception réductrice de l'homme à son désir complet et immédiat. Ne surtout pas changer : slogan de l'écologie. Une maison est construite en tant que donné inchangé. Un patrimoine est géré en tant qu'ensemble constitué qualitativement stable. Dans cette antidynamique de type entropique, l'homme est réduit à une conception fatale, qui le conduit vers de moins en moins d'être et de moins en moins d'avoir - vers la considération exclusive de ses désirs les plus immédiats et les plus limités.
A partir du moment où l'on remplace l'être par l'avoir, on se condamne à un déclin quantitatif inexorable. On refuse le changement pour adorer l'immobilité. On est fier d'être réactionnaire, car la réaction prémunit de l'action. La faillite de l'écologie est la faillite d'un système qui commence par réduire le religieux au politique, le politique à l'idéologique, l'idéologique à l'économique, l'économique à l'écologique. Après, c'est le néant, la disparition - au nom de l'immobilisme harmonieux. Tragédie écologique : pour avoir refusé d'évoluer, l'homme se condamne à la régression décroissante.
Ce constat implique que la révolution Internet soit bien plus que la locomotive qui ouvre de nouvelles portes à la question de l'expression. L'expression domine. L'expression indique le changement. Internet est le baromètre qui mène vers les cultures postmondialisées. Internet annonce que la mondialisation n'est qu'un étape. Le slogan de Zegut sur son blog : "La musique c'est comme la vie, ça se respire." Effectivement, Zegut : on vit pour croître. On respire pour croître. Pas pour décroître. Dans le cas de l'homme, cet animal croissant, décroître, c'est (dé)périr. On est condamné à mourir ou à vivre - la mort n'est pas la fin de l'homme.
C'est la fin de l'individu. L'action individuelle se poursuit au travers du sens universel qu'elle a initiée et qui la dépasse - de très loin. Quand on respire, on expire. Expirer n'est pas un mal fatal, car l'expiration précède et conditionne l'inspiration. C'est quand tu as l'inspiration que tu crées. C'est quand tu expires que tu meurs. Sans mort, pas de vie. Sans mort, pas de renouveau. Sans mort, pas de changement. Le faux changement est dans l'inspiration.
Le vrai changement est dans l'expiration. La mort définitive correspondrait à une expiration définitive. Utopie funeste. Idéal macabre des décroissants. C'est l'idéal puéril des adolescents. Les décroissants seraient-ils des adolescents attardés? Des ados rebelles qui refusent de grandir? Pas de changement! Pas de croissance! Éternelle adolescence! La décroissance correspond au goût rance de la mort qui ne passe pas. Heureusement, l'adolescence passe. Heureusement, la pose ne dure guère. Les goûts éternels s'avèrent des sentiments vite dépassés. Les décroissants seraient-ils des has been? Des passéistes dépassés, dont le catastrophisme sinistré engendrera le rire à venir?
En tout cas, parions sur la croissance! Misons sur le progrès - du sens. Sur le changement. Sur Internet. Démasquons les faux changements, les demi changements, les changements pervers! En musique, le faux changement se nomme plateforme payante. En littérature : auto-édition. Les décroissants symbolisent le changement pervers, soit le changement retourné. Au lieu de suivre la direction naturelle (la croissance), on retourne le sens - vers la décroissance. Bien entendu, on s'en glorifie et l'on magnifie. On dore la mort. Ôte-toi de ma lune! L'homme surfe déjà sur Internet. Il lorgne déjà vers l'espace. N'en déplaise au parti de la réaction, vive la création. L'homme vaut mieux que la récréation des pirates.

dimanche 24 janvier 2010

Pourquoi les crimes reviennent toujours

La dernière fois je suis tombé sur une recension de livre alléchante et prévisible.
http://ecodemystificateur.blog.free.fr/index.php?post/2018/01/02/Pourquoi-les-crises-reviennent-toujours
Je donne le lien de la recension critique, pas le titre de l'ouvrage, car c'est une propagande typique et prévisible en faveur du modèle néo-keynésien appelé à sauver le monde de la crise économique systémique qui sévit. A vrai dire, la recension pseudo-critique ne vaut pas mieux que l'ouvrage encensé. Pardon : recensé. Je m'y suis arrêté pour deux raisons :

1) Le livre empeste la propagande pompeusement baptisée du doux nom de néo-keynésien.


Quand je pense qu'on nous présente Keynes en Occident comme un progressiste en oubliant soigneusement de nous préciser quel type de progressiste il est : un progressiste impérialiste qui produit une théorie économique en faveur de son cher Empire britannique. Keynes manifesta avant la Seconde guerre mondiale de l'admiration pour la politique de Schacht, le ministre de l'Économie du Troisième Reich entre 1934 et 1937. Keynes travaille en faveur de l'Empire britannique, pas du progressisme authentique.
Quel néo-progressiste que celui qui milite aujourd'hui en faveur d'un Nouveau Keynes! Krugman est une sorte de représentant expert du courant impérialiste progressiste : bardé des plus prestigieuses distinctions, dont l'ineffable Prix Nobel d'économie 2008, il est une voix autorisée des factions financières de l'Empire britannique. Le Nobel (au passé si chargé) s'est définitivement grillé en remettant sa dernière attribution pour la Paix au néophyte belliqueux et atlantiste Obama.
Là n'est pas le signe le plus manifeste : dans l'article Wikipédia qui lui est consacré avec une forme de détachement complice, nous apprenons que notre bon Krugman a enseigné à la London School of Economics (l'antre des théories financières de l'Empire britannique) et qu'il appartient au groupe des trente, une organisation caritative désintéressée, financée par les cartels de la finance internationale et présidée par le monétariste P. Volcker (l'ancien président de la FED de 1979 à 1987 et récent directeur du Conseil pour la reconstruction économique d'Obama). Rien à voir avec le cinéma.
Arrête de te tourner des films! Vous êtes étonné par l'absence de clivage politique chez ces experts infaillibles et sentencieux? C'est normal : un Krugman est rien moins qu'un théoricien impérialiste progressiste stipendié par les factions financières impérialistes apolitiques et apatrides pour ajuster aux goûts du jour la politique impérialiste. Le goût du jour tournant autour de la crise systémique et de l'effondrement de l'Empire, Krugman plaide en faveur de mesures qui ne feront que progresser l'Empire : gouvernement mondial, commerce mondial, contrôle mondial des produits financiers...

2) Le livre propose rien moins qu'un monétarisme échevelé en guise de remède contre la crise systémique du libéralisme.


C'est logique dans la mentalité d'un impérialiste déguisé en progressiste. Le monétarisme est la mesure technique économique impérialiste fondamentale selon laquelle la création d'argent engendre la création de richesses effectives. C'est le centre de la théorie économique de Keynes. C'est aussi le cœur de la politique économique actuelle d'un Bernanke, lui aussi ancien professeur à la London School of Economics, qui y a gagné le sobriquet d'Helicopter Man en proposant d'arroser généreusement de devises les marchés financiers en cas de crise. On voit que les adages populaires ont toujours plus de lucidité que les jugements experts et savants.
C'est la politique prônée par les théoriciens impérialistes britanniques et c'est la politique suivie par les démocraties occidentales depuis le démarrage de la crise, dont on nous promet tous les six mois une fin imminente grâce à cette politique monétariste enfin adaptée et perspicace. On voit quel économiste novateur et intelligent est Krugman. Il reprend sans honte des faux remèdes qui non seulement ne fonctionnent pas mais en plus sont des recettes de grimoires impérialistes remontant aux Pères fondateurs du libéralisme britannique, Smith, Ricardo et Bentham. On y ajoute une pincée de von Mises, une louche de Friedmann et l'on se présente encore comme progressiste après cette entourloupe grossière?

Bien entendu la seule solution que Krugman présente pour la fin de la crise est une progression de mesures impérialistes, soit un accroissement de la destruction économique fardé en l'appellation vague et ambivalente de progrès. Quel progrès? Le progrès favorable au système en place ou le progrès comme alternative remplaçant ledit pouvoir? Dans le second cas, qui est la seule possibilité viable, ne cherchez pas en un Krugman des solutions. Ce type d'expert sert à rassurer les peuples ébranlés et craintifs en laissant entendre que des solutions internes existent et que des représentants distinguées travaillent ardemment en ce sens.
Krugman distille le poison le plus rance derrière des professions de fois fausses et encourageantes. La politique conservatrice et systémique du progressiste président Obama s'explique par le soutien de pareils garants. Le système est gangrené par une mentalité diffuse et prégnante qui empêche le bon sens de revenir et de rappeler qu'on ne ranime pas un grand corps malade, fût-il à la renverse. On peut à la rigueur prolonger son agonie. C'est ce qu'on fait actuellement avec le système économique international, sur lequel repose ce qu'on appelle la mondialisation.
Si l'on veut vraiment parvenir à un état de globalisation terrestre heureuse, il faut en finir avec le libéralisme impérialiste et il faut s'engager vers la conquête spatiale. Il faut en finir conjointement avec le règne croissant et orwellien de ces experts d'autant plus reconnus qu'ils sont médiocre et insignifiants, d'autant plus encensés qu'ils sont multiples et interchangeables, d'autant plus prestigieux qu'ils servent la même soupe aveugle et fade, des aristocrates de l'esprit qui minent la démocratie et empêchent que ce soient les citoyens qui gouvernent. Sinon nous aurons des médecins-empoisonneurs comme ce bon Docteur Krugman qui regretteront que les crises reviennent toujours dans le meilleur des mondes, le monde de l'impérialisme libéral et démocratique...
N'est-ce pas Aristote? N'est-ce pas l'oligarchie?

samedi 23 janvier 2010

Jusqu'où veut-on des cendres?

Hallucinant : la grande messe du vingt hères, le rituel compassé, l'officiel théâtral, la componction tragique, s'est commuée en une caisse de résonance pour la propagande oligarchique à tendance people. La télévision française a toujours répercuté les opinions au pouvoir. Maintenant que l'effondrement systémique est à son acmé, la télévision répercute sans fard ni uppercut l'effondrement terminal du sens. La nouveauté, c'est l'officialisation de cet officiel de pacotille. L'Hyperréel traduit la distance de plus en plus prégnante entre le désir qui se prend pour la réalité et le réel qui s'écarte du désir. Nous en sommes à un point d'outrance où l'outrage devient risible.
Que l'on en juge par l'événementiel le plus nauséabond. Le tremblement de terre d'Haïti a causé la mort d'un nombre incalculable de personnes dans cette île pauvre, largement victime de l'impérialisme occidental. Les reporters affluent pour dispenser leur voyeurisme empreint de pathétique auprès de téléspectateurs larmoyants et dépassés. Les stars de Hollywood et d'autres fonds de commerce s'engagent en faveur de la Nouvelle Grande Cause. On avait le Soudan, on avait le tsunami de 2004, désormais, on a le tremblement de terre de Haïti.
Après Lisbonne 1755, Haïti 2010. Ça donnes des chiffres ronds. Au fait, le clown bellâtre au sévice de la cause soudanaise a-t-il songé à s'engager pour l'Irak? A-t-il divulgué la présence fortuite d'un pipeline passant près du Darfour, entre Doba (Tchad) et Kribi (port camerounais)? Pour un philanthrope, c'est fort en café, cette omission mazoutée. What else? Le couple glamour et tout à fait spontané Brad Pitt/Angelina Jolie a-t-il songé à dénoncer le martyr de Gaza au lieu de pratiquer la charité par adoption? On continue? Par réelle charité, on va s'arrêter.
Sous de Gaulle, le vingt heures de l'ORTF était déjà orienté côté pouvoir. Ce n'est pas la propagande qui a changé. C'est le ton. Oligarchique et élitiste. Antirépublicain et ultra-libéral. On loue le célèbre, on célèbre comme l'essentiel du pouvoir ce qui auparavant n'était que manifestations périphériques et superficielles de mondanités et de spectacles. Cette fois, que voit-on? Carla Bruni-Sarkozy, que des mauvaises langues ont baptisé Première Dinde de France, rapplique dare-dare avec sa guitare pour soutenir les familles françaises qui dans leur bonté infinie adoptent des enfants haïtiens. Serait-ce que Carla cherche le moyen d'éviter la censure que des conseillers lucides lui auraient imposée pour préserver l'image de la République?
Il semblerait plutôt que Carla soit dépêchée avec sa guitare en représentante de charme de la République. Écoutons le message du journaliste dépêché toutes affaires cessantes pour nous entretenir de cet événement grave et capital.

Les informations qui appartenaient à des revues people pour vieilles grands-mères désœuvrées sont-elles devenues le menu courant de la politique? "Carla Bruni est venue offrir dit-on le premier cadeau de la République française : sa beauté et sa guitare, au travers de ses musiques douces et magnifiques"." Véridique! Tu parles d'un cadeau. Qualitativement, c'est un fardeau. Que s'est-il passé pour que des journalistes reconnus sombrent dans le potin mondain le plus stupide qui soit? Quelle dérive s'est emparée de la République pour qu'on l'utilise à des fins antirépublicaines et clairement oligarchiques?
Non, vous n'avez pas été la victime d'une hallucination sardonique. Aussi hilarant que le canular paraisse, Carla Bruni est présentée comme une grande compositrice. Pour que l'on présente la Première dame de la République France comme une chanteuse people et caritative, il s'est passé quelque chose. Une dégringolade effarante? Une subversion évidente? Le glissement de sens qui nous emmène insensiblement de la république démocratique vers le totalitarisme aristocratique? Comme un indice, le journaliste s'appelle Loïc de la Mornais. C'est un nom qui s'accommode de la dérive oligarchique, incluant la récupération des anciens patronymes de l'aristocratie.
Le reporter Mornais serait passionné par les questions d'espace. Mornais a-t-il accouché d'un rêve mort-né en redescendant de la Lune vers la boue? Comment passe-t-ton de la conquête spatiale à Carla Bruni? Vers la conquête spectrale? Qui maque-t-on? Eh bien, nous tenons là un signe tangible du fonctionnement oligarchique. De l'évolution de la république vers l'oligarchie. Les médias sont une caisse de résonance. L'ordre actuel est à la promotion de l'oligarchie financière, avec sur le devant de la scène des personnages de moins en moins influents et de plus en plus benêts. Cas de Carla B., plus que jamais en défilé utile?
Le système se porte tellement mal qu'il ne trouve à dépêcher que des cas de nullité, confondant politique, art, show-business et peoplisation. L'indice de l'état du système se mesure à la valeur des représentants présentés. Le journal de vingt heures qui s'aligne sur l'actualité people des magazines de la presse à ragots chic, c'est consternant. Il ne faut plus s'étonner que les journalistes consentent à propager des contre-informations énormes. Ce sont de vulgaires bas-parleurs. Au lieu de nous entretenir de l'histoire esclavagiste de Haïti ou de l'existence de techniques à tremblements de terre, les journalistes nous abreuvent d'actions caritatives, de dames patronnesses et de folies bergères.
A force de nous abreuver, ils nous mèneront vers l'abattoir. C'est vil, c'est triste, c'est pervers. Si l'on comprend que dans cette logique de caste, les people représentent le peuple, c'est encore plus triste : le degré de bêtise en dit long sur la stratégie des élites financières au pouvoir. Utiliser des paravents exhibitionnistes qui déconsidérés déconsidèrent. Confondre le désir avec le réel. Jouer sur la pitié la plus médiocre pour promouvoir le Nouvel Ordre Oligarchique. On sait que l'idéal cadavérique ne tiendra pas : cette nullité consommée, c'est une sommation sans poudre.

jeudi 21 janvier 2010

Gazavant-garde

« Vous n’attristerez et vous n’affligerez pas l’étranger, parce que vous avez été étrangers vous-mêmes dans le pays d'Égypte. »
Exode 22 : 21.

Quand on contre l'opinion versatile et grandiloquente de l'époque, on définit Gainsbourg comme le raté qui a réussi. Gainsbourg le piètre. C'est comme Michael Jackson : louer le génie d'un médiocre en dit plus long sur l'époque que sur le médiocre. Verdict? Gainsbourg est - l'inverse : le réussisseur qui a raté. C'est de sa réussite qu'il s'est désespéré, le sioniste, pas de ses ratés. Pour réussir, il importe de rater. Pour rater, il convient d'avoir réussi. Gainsbourg a réussi : il est devenu autiste business, Gainsbarre translucide. Ce chanteur avait tant à boire avec l'or de l'argent, le tant de son temps, l'épique de son époque, l'air de son ère...
Laissons Gaisnbourg à son imposture comèremorée. Si Gainsbourg vaut un film, Jackson vaut une danse. Un pas, un gant, un chapeau... Vous avez entendu la malopée où Gainsbourg nous serine sa fredaine de propagande pour l'armée israélienne? Les paroles ne valent pas le déplacement, même si la chanson n'est pas seulement nulle. Elle est un blasphème, tant elle parodie des airs juifs sacrés pour amalgamer sionisme et judaïsme.
Sacré pervers : un composteur de chansons retourné pour endoctriner - conférer au militarisme des Six Jours (1967) une dimension spirituelle. Résultat : Gainsbourg fait pitre que Gainsbarre. Déjà il nous tord le cou de la javanaise. Javanaise sioniste, marseillaise reggae : il chuinte, il hoquète, il nasille. Il torpille et il pompe. De la répétition en bourre. De la légionellose de fantasque. Il recracherait ses pitreries aujourd'hui, Serge? Il se ferait chambrer, remballer, brocarder. On l'accuserait d'être de l'impérialisme, du colonialisme, du militarisme... Ce qui passait est dépassé? Qu'est-ce qui ne tasse plus?
Comme les choses ne se sont pas améliorées, ni en un jour, ni en six, une évidence : le sionisme est de l'impérialisme. Ce n'est pas un impérialisme juif oriental. C'est un impérialisme occidental. C'est le prolongement de l'impérialisme occidental en terre de Palestine. Israël n'est pas la seule implantation coloniale en terre orientale. La liste serait oblongue. Oubliez les histoires de listes. Revenez à l'histoire impérialiste.
Aujourd'hui, il n'est plus à la mode de soutenir Israël. Caprice, c'est fini. Il est immode de soutenir les souteneurs sionistes. La cause est cassée. La chose est faussée. On explique crescendo que sans soutien US, pas d'Israël. Sans soutien occidental, pas d'US. Un Galloway anglais indique le vent frit de l'impérialisme : les rangs aputrides du paradis fiscal. Pimper's paradise?
1967 : année erratique. Les martyrs juifs valaient bien une terre. Le coup du martyr pour compenser. Déshabiller Yasser pour rhabiller Ariel. T'as empoisonné Sabra? Le châtiment de Chatila? Crime et chatoiement. La générosité impérialiste : la loi du plus fier accouche d'une justice des plus faibles. D'une justice partiale. D'une justice perverse. D'une justice injuste. Justice, nique sa terre! Arrête tes gazaries!
Gainsbourg ressortirait-il sa chanson en 2009? Un jubilé pour Gaza? 2010, année incestueuse. On dit massacre de Gaza. On ne dit plus guerre. On se terre et on s'enterre. En Occident, on occit. A mesure que la muse occidentale s'effrite, l'impérialisme israélien s'effronte. Il est de mauvais ton de présenter sioniste. La dynamique a viré dynamite. Netanyahu hait au pouvoir. Le visage postcolonial du sionisme fait scarface. L'impérialisme du sionisme est sa verrue décroissante. Sa vertu excroissante? Le sionisme est une idéologie comme les autres.
Qui s'affiche sioniste de nos jours? Les ringards, les réactionnaires, les extrémistes, les ultras. Ceux qui ont mal tourné. La roue tourne. La Shoah n'enlève pas la justice, le sens, la loi. Pourquoi le reconnaissance de l'impérialisme sioniste met-elle ce temps? Ce n'est pas un problème juif, c'est un problème occidental. Le sionisme est plus une excroissance idéologique occidentaliste qu'une production judaïque.
Un peu de bon sang : la reconnaissance prend son temps parce qu'elle ne concerne pas Israël. Si tel était le cas, depuis longtemps les populations occidentales seraient remontées contre. Quelle différance entre sionisme et Israël? Israël n'est que la conséquence déterritoriale de l'idéologie sioniste. Le sionisme vient d'Occident. Le sionisme est un accident de l'Occident. Le sionisme éperdure. Le sionisme rejette ton Zeus. Vérité douloureuse du miroir. Vérifiez la vérité. Avé ripé. Si le sionisme prolonge l'impérialisme occidental, alors l'Occident est impérialiste.
La lucidité devient œdipienne. Vite une Charlotte au Serge! Tu veux te crever les yeux? Va écouter un Gainsbairg. Gainsbargh cynique, Gainsbarque sinistre, qui brûle Pascal parce qu'il est un scalpel. Maintenant, vous savez. Il est préférable de ne pas se crever les yeux. Il est préférable de ne pas être impérialiste. Il est préférable de comprendre le lien entre le sionisme et l'Occident. Pour boucher la boucle, il est préférable de comprendre la mutation : nous en sommes au décolonialisme financier. Le site systémique de l'impérialisme : la si peu citée City. Écoutez Galloway le galopin d'Égypte. Écoutez les distinctions distinguées de David Miliband, secrétaire d'État britannique des affaires étrangères et du Commonwealth.
Ah bon? On m'aurait menti? Israël est du Commonwealth? Israël - une affaire étrange? Come on, well! Pourquoi Israël jouit d'une telle toute-puissance, d'une pure impunité, d'un saint soutien? C'est pas parce qu'Israël domine le monde? Je connais quelques cyniques, taxés de stratèges, qui doivent se taper sur les cuisses en voyant la réussite de leur manipulation. Ils jubilent en Jupiter? Dégonflons leur baudruche : c'est fini. La fiction est éventée. Story lying. L'impérialisme occidental s'effondre, le prolongement sioniste suinte. Logique, c'est peureux. A Gaza, on est arrivé au contrepoint. Même en Occident, on commente. On en a marre des terroristes terrorisés, marre des lapidés lapidaires, marre de l'injustice.
Maintenant qu'il est d'arrière-garde d'être sioniste, l'avant-garde n'est plus à la critique d'une idéologie de plus en plus. L'avant-garde soigne l'impérialisme qui étrangle notre monde. Le modèle israélien se dirige en TGV vers l'apartheid. Même quand on ferme les yeux, on sait qu'Israël ne se comporte pas en démocratie. L'avenir de l'Occident est à Gaza. L'avenir de Gaza est en Afrique. L'avenir de l'Afrique est dans l'espace?

mercredi 20 janvier 2010

L'anti-impérialisme

En reconnaissant une demi-vérité, on entérine un mensonge et demi.

Il arrive qu'il y ait plus de vérité satirique dans une parodie que dans une expression sérieuse et conformiste. La preuve.



Pourquoi le spectateur occidental est-il toujours confronté à de la désinformation d'autant plus efficace qu'elle est partielle? Spectateur - à entendre dans une optique de téléspectateur. Je m'explique : on convoque dans des émissions télévisées des analystes, critiques et experts en stratégie géopolitique pour vous délivrer un message considéré comme rebelle, contestataire, critique alors que ce message n'est contestataire que dans la mesure où il se garde bien de contester le fonctionnement du système. Dans la mesure où il conforte le système en n'en critiquant que les aspects superficiels. L'une des caractéristiques de cette technique rhétorique irritante consiste à omettre d'identifier le vrai adversaire critiqué pour lui donner une identité superficielle ou hypertrophiée, faisant ainsi le jeu des propagandistes critiques de la théorie du complot, emmenés en France par l'ineffable Taguieff.
J'ai sélectionné trois interventions qui évoquent ce fonctionnement déformant. Elles sont centrées autour de la crise du Yémen, où l'hydre providentielle al Quaeda aurait encore frappé d'une de ses tentacules aussi invisibles que miraculeuses. Al Quaeda au Yemen est un bon moyen de comprendre l'entreprise de réduction critique. Qui croit encore en al Quaeda? Al Quaeda - la pieuvre qui suit les déplacements des forces militaires atlantistes? C'est une coïncidence plus que redondante. Après l'Irak, le Yémen... Les métastases d'al Quaeda se propagent. Obama est le bon docteur. Docteur Folamour? Docteur Mabuse? Docteur Jekyll?
En parlant de Jekyll, passons à Mister Hyde. Hyde Park. Hideux parc. Le terroriste yéménite venait de la pépinière en terrorisme la plus fructueuse et la plus féconde au monde. Afghanistan? Pakistan? Iran? Liberia? Non - Londonistan. On ne parle jamais dans les médias officiels du Londonistan - et c'est bien dommage, car on y découvrirait la clé des champs de bien des tentatives explosives et expérimentales. Le terrorisme est-il un phénomène sociologique hasardeux et spontané - ou obéit-il à des manipulations institutionnelles et retorses?
Je crains fort que le Londonistan nous apporte le genre de réponse que nos analystes critiques des grands médias officiels feignent de ne pas voir : non seulement le terrorisme n'est pas un phénomène sociologique spontané, mais en plus il ne vient pas en définitive des lieux que l'on désigne d'ordinaire par paresse, superficialité ou souci de diversion. Des montagnes désertiques. Des grottes improbables. Des îles fantomatiques. Des no man's lands terroristes... Pourquoi ne parle-t-on jamais de l'Empire britannique? De l'Empire britannique historique - mais aussi de sa mutation décolonisatrice en factions financières apatrides et fiscalement paradisiaques?
On comprendrait bien mieux la marche du monde, si tant est que l'on se souvienne que pour faire sens, il faut partir des bonnes causes et suivre les bons processus interprétatifs. On pourrait même à partir de questions politiques embrayer sur des questions d'ordre philosophique et religieux : l'impérialisme, l'oligarchie, le nihilisme... Demandez à Aristote et à Platon. Au lieu de mettre sur la table les cartes, qu'on dicte et qu'on vérifie, qu'on croise et qu'on recoupe, non, on se contente de pokers menteurs - complets comme la nébuleuse gaguesque al Quaeda - ou de demi-jeux comme l'impérialisme américain ou l'impérialisme sioniste. Quand on est en forme, on croise les deux hybrides et on propose l'axe impérialiste américano-sioniste. Tout le monde il est content?
Tout le monde en parle? Évidemment, ce n'est pas faux, mais c'est encore plus fou : car en reconnaissant une demi-vérité, on entérine un mensonge et demi. Quand on ne montre qu'une partie du réel, c'est pour mieux cacher l'autre - parti. Que veut-on cacher? Pourquoi produit-on des analyses tronquées et forclusives? C'est qu'on veut bien critiquer une partie du système occidentaliste - surtout pas les fondements ni le fonctionnement véritable (et vérifiable) du système.
Écoutons la critique d'Emmanuel Todd, le rebelle démographe-statisticien qui annonce la chute des Empires, en ce moment de l'Empire américain, dénonce le mythe de la guerre contre le terrorisme ou défend des valeurs désuètes, voire sulfureuses, comme le protectionnisme (injustement taxé de nationalisme par les libres-échangistes souvent ignares). Qui est Todd? Un expert qui incarne la contestation modérée, le cœur du système qui conteste le système. Que Todd ne nous conte-t-il point les conceptions anti-impérialistes du grand économiste allemand List, qui avait identifié la méthode prédatrice de l'Empire britannique au début du dix-neuvième siècle?
Qu'il est rassurant de contester au cœur du système! Todd n'est pas le premier médium du nom à dire oui. Todd serait-il un béni-non-non? Comme dans n'importe quel bon système oligarchique qui dysfonctionne, Todd Jr. est le fils de - le journaliste Olivier Todd. Olivier-Oliver - car notre journaliste so smart est anglais par sa mère. Olivier est un proche du propagandiste atlantiste Revel et collabora lui-même pour l'OTAN. Todd Jr. a-t-il de qui tenir? Notre rebelle consensuel se présente comme protectionniste diacritique de l'impérialisme américain.
Nous y sommes : le protectionnisme que prône Todd amènera-t-il notre brillant analyste à énoncer l'alternative viable au libre-échangisme, qui n'est jamais qu'un impérialisme outrageux dans lequel les pays les plus forts imposent leurs droits aux pays les plus faibles? Je veux parler des idées économiques et politiques du philosophe Leibniz. Des politiques comme Lincoln ou F.D. Roosevelt constituent le vrai rempart à l'impérialisme déguisé en libre échangisme.
Dès lors, la contestation de Todd est superficielle en ce qu'elle ne peut jamais identifier le vrai ennemi impérialiste. Pas l'Empire américain mâtiné de sionisme, pas le sionisme tout-puissant et diabolique, mais l'Empire britannique, qui s'est commué en factions financières et qui a engagé avec les États-Unis un combat à mort. A partir du moment où les États-Unis se sont libérés du joug impérialiste véritable, ils sont traversés par de puissants réseaux impérialistes britanniques, qui recoupent en gros les milieux confédérés.
Vraie question subversive et constatataire : pourquoi ne parle-ton jamais de l'Empire britannique? Pourquoi ne dénonce-t-on jamais l'existence du vrai empire ? Pourquoi nous divertit-on avec l'Empire américain, l'Empire américano-israélien ou ce genre d'élucubrations approximatives? Quel jeu jouent les contestataires revendiqués qui prétendent décoder l'actualité et dénoncer les erreurs des versions officielles propagées par les médias officiels? Quand comprendra-t-on qu'à l'heure où le système impérialiste s'effondre, le seul moyen de sortir du système putride et gangrené, de susciter le salutaire changement est de dénoncer la vraie face du système ?
Question pour un champion : les rebelles systémiques qui dénoncent l'Empire américain en lieu et place de l'Empire britannique cherchent-ils à couvrir l'Empire britannique par la définition divertissante (dans tous les sens du terme) et approximative de leur faux impérialisme? Penchons-nous sur le cas d'un analyste sans doute plus contestataire et moins mainstream, le géopoliticien gourmé et précis Pierre Hillard. Récemment, on a pu l'entendre sur la radio Ici et maintenant commencer à infléchir les analyses géopolitiques antiaméricaines en rappelant l'histoire de l'Empire britannique et le fait que toutes les institutions américaines impérialistes découlent de fondements britanniques avec lesquels elles sont en lien (je pense à l'action du think tank CFR, qui dicte la stratégie américaine depuis la fin de la Seconde guerre mondiale et qui dépend du RIIA mère).
Hillard aurait-il enfin décidé de comprendre - de briser le tabou politique de notre temps? Comment lutter contre l'impérialisme si l'on se garde de le définir adéquatement? Comment lutter contre des idées inadéquates, interrogerait le poli Spinoza? Non seulement Hillard reste sur le pas de sa porte et évite soigneusement de sauter le pas, comme tous les demi habiles chez Pascal; mais en plus sa conception de la société humaine le rend incapable de lutter contre l'impérialisme et l'oligarchie de quelque nature qu'ils soient. Hillard explique selon sa vision anthropologique que c'est toujours un petit nombre d'élus qui façonnent le pouvoir.
On pourrait entériner - mais il y a un hic : ces élites agissent au nom de leurs intérêts mal compris. Cette constatation est d'importance. Quand des élites agissent au nom de leurs intérêts spécifiques, elles se coupent de la volonté générale et elles obéissent à un principe oligarchique. En général, leur influence s'effondre avant la fin de leur génération. Les individus qui ont le plus marqué l'histoire ont agi de manière universelle. En politique, on appelle cette action du républicanisme. Il ne sera besoin que de citer Jésus - et la caravane passe.
Je veux dire : Hillard se présente comme catholique (d'obédience traditionaliste? Monarchiste? Ancien Régime?). Quand on est catholique et qu'on suit les dogmes des Pères de l'Église, de Saint-Augustin entre autres, on est républicain. On est universaliste. On est monothéiste. On partage le même idéal que Platon. Comme dirait l'aristocrate oligarque Nietzsche, on est du côté du troupeau. La vision de l'histoire, du fonctionnement social et de la géopolitique de notre expert Hillard est fort peu calquée sur le modèle de Jésus et tout à fait sur les conceptions oligarchiques de l'Empire romain.
Hillard serait-il un impérialiste qui admire l'impérialisme traditionnel incarné à ses yeux par les valeurs catholiques? S'opposerait-il à l'impérialisme britannique comme à des valeurs qu'ils désapprouvent parce qu'elles sont révolutionnaires à l'intérieur de l'impérialisme? Je pense à la mutation financière de l'impérialisme depuis la décolonisation. Hillard désapprouverait-il l'impérialisme financier tout en appuyant l'impérialisme au nom du fonctionnement nécessaire et inévitable de l'homme? Toujours est-il que Hillard n'est pas plus capable de nous sortir de l'ornière impérialiste britannique qu'Emmanuel Todd.
Reste pour poursuivre sur une note comique la sortie pleine de panache (ou de ganache) de l'ami Cantona. Canto était un bon footballeur qui fit les beaux jours de Manchester United et quelques dégâts divers. Comme il était d'un naturel bagarreur et caractériel, on l'estampilla rebelle et intellectuel, ce qui ne correspond pas du tout à son développement mental effectif. Depuis qu'il a pris sa retraite, il s'est lancé, entre autres activités marginales et contestataires, dans la carrière d'acteur taiseux et incompris. Venu récemment promouvoir sur un plateau télévisé son dernier film, qui apparemment parle de mafia, il a voulu se lancer dans une critique radicale et passablement confuse du pouvoir occidental, qui ressemblerait selon lui de plus en plus à un repaire de mafieux.
Résultat des courses : la mafia qui par définition se tenait en périphérie du pouvoir aurait investi le cœur du pouvoir et rendrait invivable la société humaine. C'est une constatation de bon sens, qui devrait suffire à produire quelques bons films du genre à Hollywood - en représentant les représentants mafieux sous les traits de représentants institutionnels ou financiers, célébrés par les ors des palaces. Creuse : Cantona s'égare et égaye en dressant l'apologie de la résistance individuelle, violente, mafieuse, marginale contre le pouvoir - mafieux. C'est dire qu'il convient selon cette conception irrationnelle, épidermique et incohérente de lutter contre la violence par la violence. Contre impérialisme, de l'impérialisme. Contre l'oligarchie, de l'oligarchie. Contre du terrorisme, du terrorisme. Contre de l'illégalité, de l'illégalité.
Serait-ce la raison pour laquelle les peuples d'Occident ont tant de mal à critiquer efficacement les dérives des élites oligarchiques d'Occident? Parce qu'ils tendent vers le même modèle? L'impérialisme acritique et servile?
Pour finir sur une note d'espoir, la preuve que l'on peut sortir une chanson dérangeante en étant dérangé à la marijuana - dans un état psychiatrique très inflammable. Peter Tosh exprime la voix des esclaves africains qui ont subi en Jamaïque le régime impérialiste britannique et qui ont expérimenté dans leur chair ce que signe un décret impérialiste. Les rastas désignent l'impérialisme sous l'expression biblique de Babylone. On pourra critiquer tant qu'on voudra l'apologie mystico-allumée de l'herbe; l'incohérence théologico-politique; la violence paranoïaque et hantée, à la manière du bluesman Robert Johnson (d'ailleurs meilleur chanteur que Tosh). On ne pourra que sourire de sympathie devant cette prestation scénique décalée et terriblement second degré. Quand verra-t-on fumer l'impérialisme britannique?

dimanche 17 janvier 2010

Sion : la branche

On est en train d'assister à la chute d'Israël. Chute Israël? Israël chute et l'on voudrait soit hurler à l'antisémitisme impropre (dans tous les sens du terme); soit se délecter de la fin jouissive du sionisme. Évidemment, l'on pourrait applaudir à cette fin grotesque car après tout, l'existence de cet État oscillant entre le racialisme et le communautarisme populisto-religieux est un scandale véritablement antisémite. Pourquoi se désoler de la fin d'un État qui n'a cessé d'empiler les crimes depuis sa jeune et artificielle création et qui défie toujours plus les lois internationales? Pourquoi s'attrister de la fin prévisible d'un État qui promeut une démarche suicidaire et impossible, consistant à prendre la place de et à refuser les normes du réel? C'est simple : que l'on se réjouisse ou que l'on s'attriste de la fin d'Israël en tant qu'entité idéologique promue à l'état d'État-nation impossible et grotesque, la réaction disproportionnée et inopportune indique que l'on se positionne par rapport au processus impérialiste.
L'on ne peut pas se réjouir de la fin d'Israël car la destruction d'Israël signifie des morts, du sang, des larmes. Il n'est jamais bon de souhaiter le mal, même au pire des criminels. L'on ne peut pas s'attrister, car la faillite d'Israël n'est pas la faillite d'un État-nation. C'est la faillite d'un projet idéologique, impérialiste et criminel. Cruel. Sanguinolent. Toutes les idéologies détruisent et ne fonctionnent pas. Pourquoi le sionisme échapperait à cette règle? La seule solution repose sur la création d'un État laïque unique, qui engloberait les Israéliens et les Palestiniens. Pour les contrariés du rêve sioniste, désolés, mais on ne s'attriste pas de la disparition inéluctable des Boers d'Afrique du sud. On se rassure du fait qu'ils ne seront pas égorgés comme des moutons et qu'ils ne subiront pas le destin kamikaze de la vengeance.
L'affaiblissement latent d'Israël ne vient pas de l'affaiblissement interne à l'idéologie sioniste - ou de l'affaiblissement direct du grand frère américain. L'affaiblissement d'Israël vient de l'affaiblissement de ses racines. De sa matrice. De sa protection. Si vous voulez comprendre la prospérité surnaturelle d'Israël et l'impunité miraculeuse d'Israël, ne cherchez pas d'explication fondamentale du côté des États-Unis ou du sionisme. Vous n'arriverez qu'à des parcelles de vérité. Revenez à l'histoire récente et constatez : la réalisation du rêve sioniste découle directement du soutien des élites impérialistes britanniques. La création d'Israël découle de facto du protectorat britannique.
Le soutien de l'Occident à Israël ne s'explique que parce que l'Occident prospère sous la tutelle de l'Empire britannique. L'Empire britannique n'est plus une puissance coloniale et maritime d'ordre politique. La décolonisation signifie la colonisation financière. Les pirates des Caraïbes opèrent désormais depuis les paradis fiscaux et ressemblent plus à des affairistes en cols blancs qu'à des héritiers conformes de Sir Drake. Cet Empire a soutenu Israël dans la logique des désaccords de Sykes-Picots, qui fixaient l'instabilité de la région proche-orientale et la mainmise de l'Occident impérialiste sur les richesses de la région, en particulier le fameux or noir.
Les Israéliens ont servi le rêve impérialiste occidental. Les desseins impérialistes britanniques. Les Israéliens ont du sang sur les mains. L'Occident affaibli et divisé se détournera bientôt de sa marionnette désaxée, violente et terroriste. Quand on commémore avec raison le massacre de Gaza de Noël 2008, il est cohérent d'accuser les responsables israéliens à condition d'expliquer que leurs actes impardonnables et abjects n'ont pu être commis sans l'aval de l'Occident. Le grand frère défraie en faux frais - l'effroi. A cet égard, la chronique obscure et sinistre de Christophe Barbier - "Une guerre juste, juste une guerre" -
http://www.lexpress.fr/actualite/monde/proche-orient/une-guerre-juste-juste-une-guerre_731650.html
n'est pas seulement un modèle de cynisme aveugle.
C'est aussi la caution lucide et maladroite de la propagande du médium journalistique envers son protecteur l'impérialisme occidental qui se lave les mains en cautionnant les agissements criminels de son prolongement. Barbier le porte-voix de la propagande impérialiste britannique à tendance française cautionne les crimes d'Israël en expliquant tranquillement qu'ils sont inévitables. Barbier légitime les actions impérialistes de l'Occident, soit la férule financière de l'Empire britannique. Barbier est un porte-parole survolté des ultra-libéraux de gauche qui de DSK à Bruni en passant par Kouchner ne cessent de rappeler que Sarko l'ultra-libéral de droite est allé se prosterner en compagnie de son mannequin-sandwich sioniste devant la reine d'Angleterre.
Tout est dit dès les premières lignes. "C'est par-delà l'horreur qu'il faut réfléchir", nous explique Barbier pour mieux expliquer dès le sous-titre que "Israël a raison de mener cette guerre". Plus fourbe ou plus lucide, Barbier le ventriloque médiumnique confesse brutalement et trivialement que "Israël a raison de mener cette guerre et il le fait aussi pour notre tranquillité." C'est qui, nous? Plus fort ou plus fou, Barbier annonce les desseins impérialistes occidentaux en Israël. La petite nouveauté stratégique est que la France devient pro-sioniste : "Deux États en coexistence armée, séparés par des murs s'il le faut, aux économies viables : tel demeure l'objectif. " Barbier l'a annoncé, Sarko l'a déréalisé. Il suffit de lire cette brève pour s'en aviser :
http://www.voltairenet.org/article163396.html
Les militaires français aident à construire le fameux Mur de séparation qui dans le prolongement du modèle sud-africain des bantoustans espère prendre la relève du Mur de Berlin. Problème : le cynisme politique de Barbier est digne de la stratégie visionnaire des néo-conservateurs dans le cadre mensonger de la catastrophique guerre contre le terrorisme. Ces fadaises sont promises à l'échec parce qu'un mur ne saurait en aucun cas régler le problème - d'Israël : la fin de l'idéologie, la fin de l'Hyperréel, la fin de l'impérialisme.
C'est quand l'impérialisme britannique occidentaliste s'effondre que les lézardes apparaissent dans le mur - israélien. C'est quand l'impérialisme occidental s'effondre que ses marionnettes s'affrontent. Si l'impérialisme occidental est transformé en stratégie républicaine par des forces institutionnelles conscientes que le jeu de dupes ne peut se poursuivre, l'Occident a une chance de s'en sortir. Il se transformera, il cohabitera avec les puissances pacifiques qui montent en régime - mais il survivra. L'avenir du monde est en Asie, puis en Afrique. Il n'est pas en Occident. Si l'on se penche sur le miroir du Proche-Orient : l'avenir du monde est à Gaza. Il n'est pas en Israël, en Égypte ou en Arabie saoudite.

jeudi 14 janvier 2010

Nababcodinosaure

Il faut être bien dans le système pour condamner le système tout en reprenant les valeurs du système.

Seul ce qui est gratuit est profond.

J'aime bien Nabe parce qu'il a écrit le Vingt-septième livre, qu'il a une bonne plume, qu'il aime Oum Kalsoum et qu'il défend les Palestiniens. Est-ce que j'aime tout Nabe? Voyons, voyons... Pas si sûr. Pas si grave. Après tout, la critique rend dynamique. Nabe veut sortir de la norme pour être au-dessus de la norme? Du moment que la norme (bourgeoise) est sauvegardée... Du coup, Nabe ne veut pas changer de norme, mais préserver la norme pour mieux la dépasser, dans un schéma hégélien très nihiliste. Nabe est rebelle dans la mesure où le rebelle est la figure du minoritaire supérieur. Le minoritaire supérieur a besoin de la majorité des ploucs pour dépasser la norme instituée. Nabe fait son commerce littéraire du dépassement de la norme en ce qu'il ne veut surtout pas changer cette norme et qu'il la renforce sous prétexte de la contester.
Deux exemples de cette anarchie très systémique :
1) sa détestation revendiquée des conspirationnistes, qui le rapproche de Taguieff et qui montre qu'il est prêt à critiquer le système en s'installant contre le système - surtout pas en adoptant la position qui appelle à changer le système. Nabe est pour les musulmans, pour les Irakiens, pour les Palestiniens, pour Oussama, pour tout ce qui est contre le système occidental dominant, à condition de provoquer sans la changer la norme bourgeoise occidentale. Nabe serait véritablement en faveur du changement (de la vraie rébellion) s'il osait lancer avec sa virulence talentueuse que le 911 est un complot systémique ourdi par le cœur du système impérialiste occidental. Arme fatale? Pourquoi Nabe ne peut-il endurer cette vérité criante d'anticomplotisme et gorgée d'un complot crevard et suicidaire? Nabe ne perdrait pas son temps à critiquer le complotisme, qui n'est jamais que la maladie dérivée des complots véritables et vérifiables - et qui sous la plume de propagandistes retors comme Taguieff permet d'amalgamer les complots authentiques avec les théories du complot paranoïaques.
2) sa révolution surévaluée de l'auto-édition avec sa plate-forme littéraire de format Internet. Nabe a la haine contre le milieu littéraire parisianiste qui l'a exclu. Exclusion assez relative, puisque Nabe continue de vendre ses toiles à des stars du système médiatique et qu'il continue à être invité sur les plateaux médiatiques par des figures médiatiques comme son ami Taddeï. On a déjà contemplé exclusion plus radicale. Nabe est-il l'exclu du système? Non, Nabe est l'un des exclus du système médiatique, à condition de comprendre que le système médiatique est le mirage aux alouettes du système politique et que le petit monde des médias a besoin de figures d'exclus. Le compère Soral joue une autre partition, lui encore plus en colère contre le système - à condition que le système désigne le seul système médiatique dont il a été banni? Nabe devrait se trouver honoré par cette exclusion, tant un écrivain qui est détesté par Savigneau ou Beigbeder ne saurait être foncièrement mauvais.
Ne reste plus à Nabe qu'à démasquer l'imposture Sollers et la boucle sera bouclée. Encore que. Il me revient à l'esprit que Nabe a envoyé au diariste Matzneff, précurseur de l'auto-fiction, écrivain sous-gidien à tendance pédophile-érotomane (voire mensongère), un petit mot de remerciement admiratif. Nabe ferait mieux de s'en prendre à un écrivain authentique et mineur comme Matzneff qu'à des éditeurs-écrivains ou à des hommes de lettres. Nabe a conçu son système d'auto-édition comme système d'anti-édition : contre la république des lettres et contre le système édiroial de Gutenberg. Il a racheté ses droits d'auteur et il vend à des prix peu modiques ses anciens ouvrages. Mieux : il publie sur ce format d'auto-édition Gutenberg son nouveau roman moyennant un prix assez élevé. Nabe note qu'avec ce système, il devient écrivain-éditeur, ce qui lui permet d'empocher des marges plus importantes (environ 70%) et de devenir le véritable gérant/garant de son œuvre.
Même si on comprend sa réaction outragée, vu la liste interminable des édités du petit milieu Gutenberg qui ne lui arrivent pas à la cheville, les médiocres primés et autres perroquets désavants, on reliera l'incompréhension par Nabe de ce que représente le phénomène Internet avec le contresens que Nabe entretient au sujet du 911. Il faut être bien dans le système pour condamner le système tout en reprenant les valeurs du système. Il faut être bien dans le système pour croire que des musulmans révoltés par l'Occident ont commis le 911. L'Islam n'est pas le terreau du terrorisme. Il faut être bien dans le système pour sortir de l'édition parisianiste tout en important avec importance les valeurs marchandes du système Gutenberg sur un site Internet.
Si Nabe voulait vraiment écrire par amour de la littérature, il publierait ses œuvres pour rien, gratuitement, parce que seul ce qui est gratuit est profond. Il demanderait peut-être un petit quelque chose, une contribution, un don, une obole, au sens où le don dépasse le caractère fini de la somme d'argent. Nabe se meut-il dans l'infini, dans la littérature, dans l'art? Qu'il lâche les dollars! Qu'il revienne à l'art! Qu'il intègre l'ère de l'art! Qu'il se place au niveau de la révolution de son époque! Qu'il externe Internet! Allah est dans Internet! L'or de l'art est dans Internet! L'infini est dans Internet. Pas Sollers. Pas Oussama. Pas Nabe?

mardi 12 janvier 2010

Gare au ghetto de Gaza



Tu ne gazeras pas Gaza. La gaze est à Gaza. A Gaza les gazelles. A Gaza les hirondelles. A Gaza les colombes. Ça jase quand tu gazes. Gaz à oui? Nous arrivons à un moment de l'histoire où l'on ne peut plus ne pas être au courant. Les Gazaouis n'ont plus de courant? Les Gazaouis n'ont plus d'eau courante? Les Palestiniens sont devenus les emblèmes de l'oppression impérialiste, de la folie furieuse qui conduit les colons à vouloir la disparition pure et simple des colonisés, des opprimés à qui ils ont pris la terre et le nom. Les Israéliens ont pris aux Palestiniens le nom : ils se déclarent les Sémites, si sémites que les critiques seront bientôt de l'antisémitisme, dans un terme aussi fou que faux.
Non, nous ne sommes pas antijuifs ou judéophobes. Nous sommes vraiment antiracistes. Nous sommes vraiment anticolonialistes. Nous sommes vraiment anti-impérialistes. Désolé. Nous ne sommes pas antisémites, si tant est que ce terme ait un sens : car en défendant les Palestiniens, nous défendons bien plus que des Sémites. Nous défendons une conception de l'homme qui combat l'impérialisme, le colonialisme et ses formes dérivées contemporaines comme le décolonialisme. Actuellement, les masques tombent avec une fulgurance prophétique : après le terrible massacre à Gaza de Noël 2008, où 410 enfants ont perdu la vie, les impérialistes ont perdu la vue.
Aveuglés par leur toute-puissante minable et terrifiante, véritablement diabolique, ils poursuivent leur course folle et éperdue vers la destruction autodestructrice. Qu'on se le tienne pour dit : Israël est engagé dans une politique suicidaire qui mènera cet État si bizarre vers la furie vengeresse. A présent, ce ne sont plus seulement les extrémistes colons israéliens qui sont pris sur le fait de leur politique jusqu'au-boutiste. Ce ne sont plus seulement les politiciens de plus en plus corrompus et extrémistes qui témoignent qu'Israël élit des représentants démocratiques de plus en plus proches des cercles ouvertement fascistes. Bibi est le fils du secrétaire de Jabotinsky, un sioniste fasciste proche de Musssolini.
L'histoire bégaie-t-elle ou effraie-t-elle? Nous en sommes à un point où la formule de Victor Schoelcher prend son sens le plus lucide : "Les victimes d'hier sont les bourreaux de demain." Notre époque a sacralisé l'épisode abject de la Shoah au point qu'on peine à intégrer que les sionistes utilisent l'aura que leur confère le précédent de la Shoah pour pratiquer une politique criminelle, colonialiste et impérialiste. Invraisemblable : c'est au nom de la reconnaissance du statut de la victime et de la dénonciation de la violence injuste que les Israéliens ont construit une politique impérialiste. Aujourd'hui, ils ont assiégé, affamé et bombardé les fameux territoires occupés. Et que voit-on?
Les masques tombent. Les marques tondent. Les tombent s'entrouvrent. Israël serait la seule démocratie de l'Orient encerclée de régimes totalitaires et corrompus qui lui seraient défavorables? Israël la douce serait opposé aux terroristes de l'islamisme? Cheikh Yassine et la Compagnie des Barbus Barbares? Eh bien, l'Égypte de Moubarak soutenue par les États-Unis a fermé sa frontière avec les territoires occupés exsangues et pratique une politique de censure en empêchant que quelques justes d'Occident emmenés par le député britannique Galloway se rendent dans les territoires occupés. Bientôt, on ne pourra plus pénétrer dans le sanctuaire maudit. C'est ça, le discours du Caire de Black Obama? Le Messie noir américain? Le Nouveau Moïse? Le Nouveau Malcom X teinté de Luther? Le Nouveau King?
Après le King of Pop, le King of Kong? Encore un King mal blanchi? Bientôt, on sera interdit de territoires occupés. Le tabou de la Palestine est tel qu'il contraint les responsables israéliens à intensifier leur déni œdipien. Ont-ils oublié le destin qui attend tôt ou tard les disciples d'Œdipe? Las! Moubarak n'est pas le seul allié objectif des Israéliens. On pourrait mentionner la passivité complice des Jordaniens, mais il sera encore plus démonstratif d'évoquer le jeu pervers des Saoudiens qui s'érigent en gardien de l'orthodoxie wahhabite alors qu'ils sont les bailleurs du massacre de Gaza et qu'ils sont les soutiens financiers des Israéliens.
Quel cataclysme va frapper Gaza depuis que l'Égypte de Moubarak joue le jeu dur des Israéliens? Quelle tempête désertique attend les victimes du discours du tendre et modéré ministre de la Défense actuel? Décidément, Barak, Barack et Moubarak - les Barak ne sont pas les amis des Palestiniens... Quelles souffrances attendent les Palestiniens coupables d'exister face aux vampires de la décolonisation et de l'Hyperréel? C'est simple : ils sont les martyrs de notre temps si tant est que le martyr désigne la figure cardinale et ultime du témoin. Bientôt, il sera évident que les alliés les plus solides des Israéliens ne sont pas les États-Unis mais les Saoudiens. Bientôt le vrai visage de Moubarak sera synonyme de masque au monstre de la duplicité.
Bientôt, le vrai soutien d'Israël apparaîtra. Il serait temps de rappeler l'histoire. Temps de parler des accords de Sykes-Picot (1916). Temps d'évoquer l'Empire britannique. Un Empire tout d'abord politique, puis, avec la décolonisation, des factions financières qui siègent symboliquement à la City de Londres. Remember the time. Tant qu'on ne parlera pas de l'influence dominante de l'Empire britannique, on ne pourra démanteler l'impérialisme né des accords de Sykes Picot. L'impérialisme israélien. L'impérialisme saoudien. Qu'on arrête de pointer du doigt l'impérialisme sioniste ou l'impérialisme américain comme les responsables ultimes. Ce ne sont que des sous-produits d'une chaîne dont la tête de pont réside dans les factions financières de l'Empire britannique.
Israël est le produit satrapique de l'Empire britannique. Israël est né de l'influence synarchique des factions financières occidentalistes. Les Palestiniens payent les pots cassés de cette situation ubuesque et colonialiste. Les Palestiniens sont les autochtones. Les Palestiniens sont les victimes de l'impérialisme occidental. Les Palestiniens sont les juifs actuels de l'Occident. Les seuls juifs? Non, les juifs emblématiques. Toutes les victimes de l'impérialisme sont les victimes de l'Occident. Pour rendre un peu de dignité au vilain mot d'un journaliste parisien, nous sommes tous des enfants de Gaza.

Espèce d'espace!

En attendant que les gens comprennent que l'Empire britannique existe sous forme de factions financières apatrides et aveuglées, dont le centre symbolique gît à la City de Londres, la vraie question du moment affronte le vrai intérêt du moment : comment sortir de l'ornière de l'impérialisme? Connexement : comment sortir de l'impérialisme moderne dont la spécificité tient dans l'impérialisme financier, c'est-à-dire monétariste? On domine en monétarisant?
On domine en spéculant? Quelle spéculation qu'une spéculation monétariste! Ça veut dire que le monétarisme est la spéculation immanentiste - selon laquelle le monde est fini, tellement fini qu'il est réductible au désir humain. Si l'on veut sortir de l'Hyperréel, il importe d'opposer la solution antimonétariste : dans l'état actuel des choses, il convient de revenir à la lecture de Leibniz. Contre le monétarisme qui estime que la création d'argent crée de la valeur, l'économie physique lie la valeur réelle à la production économique physique.
On ne sortira de l'impérialisme monétariste qu'en trouvant une option physique, antispéculative - au sens financier. Il est illusoire de chercher une solution dans les provinces attitrées de l'Empire britannique, soit en Occident. Le seul recours se situe dans la relation entre l'Occident et le Pacifique, en particulier dans la relation entre les puissances pacifiques émergentes et les États-Unis. Développer le continent eurasiatique est le nouvel enjeu. Sortir du monétarisme passe par l'option transpacifique. Et l'impérialisme, me direz-vous? L'impérialisme est vieux comme le monde. Il n'est pas spécifiquement monétariste, encore que la prégnance monétariste constitue toujours un fil rouge.
Le monétarisme est devenu la définition moderne de l'impérialisme, quand autrefois il en était un produit important, mais - mineur. Le seul moyen d'éradiquer l'impérialisme est contenu dans la définition ontologique de l'impérialisme, telle que la fournit notamment Aristote : le réel est fini. Seule une conception finie du réel peut amener à l'idée stupide et dépravée de l'impérialisme. Par définition, dès son avènement, l'impérialisme est assuré de disparition, car il repose sur une conception fausse du réel. Pour en arriver à une politique impérialiste, la conception ontologico-religieuse qui guide l'appétit inconséquent et déraisonnable de domination provient du nihilisme atavique.
Pour se montrer nihiliste, il faut une bonne raison. Nous la tenons en ce moment, nous la prolongions avec Nietzsche, nous la vérifiions avec Spinoza - pas pour rien un disciple radical de Descartes. Dans tous les cas, que l'on remonte à Aristote, aux sophistes, aux matérialistes pré-socratiques ou aux conceptions égyptiennes, mésopotamiennes, hindoues, le constat est le même : c'est en période de changement religieux que le nihilisme pointe le bout de son museau.
Quel changement? Quand le changement semble impossible, c'est-à-dire quand l'horizon de la représentation humaine semble épuisé et qu'il coïncide avec le réel. On connaît le symptôme du kantisme, qui pose un faux problème dans le prolongement de l'irrationalisme impérialiste de Hume. Moralité (religieuse) : pour que le monde de l'homme tourne, il convient que le réel excède la représentation. Pour que le réel excède la représentation, il importe que l'homme reconnaisse l'infini.
L'ordonnation de tout monde de l'homme est finie. De ce point de vue, la représentation est finie. Une représentation finie ne saurait coïncider avec le réel quand la définition du réel renvoie à l'infini. Cas d'un Platon. Cas bien entendu du monothéisme. Quand la représentation coïncide avec le réel, c'est la crise. Crise monothéiste aux temps d'Aristote, crise scolastique débouchant sur le protestantisme aux temps de Spinoza, crise laïque aux temps de Nietzsche, crise terminale aux temps de Rosset. En ces temps-là.
C'est quand un certain système en vient à être périmé que la coïncidence s'opère. La cadence s'accélère. Quand le changement d'importance devient nécessaire - c'est-à-dire quand il faut changer les axiomes d'un système donné, que ce soit au niveau logique, ontologique, artistique ou religieux. Le changement implique en fait que l'on repousse les limites du réel pour que le fini donné ne coïncide jamais avec le réel, en particulier avec la notion essentielle que doit porter le réel et qui diffère radicalement du donné : l'infini.
La définition de l'infini évolue au fur et à mesure que l'horizon de l'homme s'agrandit,
http://aunomduneant.blogspot.com/
mais le principe est que l'infini excède toujours le donné de telle manière que l'horizon paraisse infini. A chaque fois que le donné rejoint le réel, à chaque fois que l'infini est nié, à chaque fois qu'on le définit comme le néant, alors la crise systémique est proche. Le nihilisme point, l'impérialisme politique devient une force destructrice paroxystique et surchauffée. La casse est proche, la chasse approche. A l'époque de Platon et consorts, le tremblement vient du changement interne au transcendantalisme entre polythéisme et monothéisme. Aujourd'hui, le tremblement est vraiment de terre : c'est tout le tertre transcendantaliste qui est à changer.
Le seul moyen de sortir politiquement du transcendantalisme passe par le repoussement des frontières actuelles du monde de l'homme, et, en conséquence, du réel donné et exsangue. Concrètement, si l'on veut effacer la crise immanentiste et cesser l'impérialisme monétariste, le développement des échanges transpacifiques ne sera pas suffisant. Au mieux, ils constituent une propédeutique prometteuse. Si l'on veut en finir avec l'impérialisme monétariste qui gangrène la constante extension de l'homme, il faut en finir avec le concept débilitant de mondialisation qui encercle et enserre l'homme dans sa gangue terrienne jusqu'à promouvoir des conceptions dégénérées et dégénératrices comme la transparente décroissance.
Tu crois que l'homme croît quand il décroît? Seul moyen de sauver l'espèce : rompre avec les espèces. Seul moyen de sauver l'espèce : l'espace. Si tu veux que l'espèce paisse, espace le pèze. Pèse l'espace. Laisse passer l'espiègle. L'homme doit aller dans l'espace. C'est son nouvel horizon. Si l'on veut en finir avec l'impérialisme monétariste, l'espace seul permettra de repousser les limites humaines et de changer les axiomes périmés du système actuels. Et si l'on veut comprendre les nouvelles formes religieuses qui adviennent pour succéder au transcendantalisme :
http://aunomduneant.blogspot.com/
Servez-vous, tiens, c'est cadeau. Yes papa.

dimanche 10 janvier 2010

A votre santé

http://www.bastamag.net/spip.php?article805



Selon cet article, on assiste au démantèlement programmatique, sinon programmé, des services de santé. Services de santé institutionnels et étatiques qui assurent la communauté de la solidarité et de la générosité - de la charité. Qui s'échine à démanteler les services de santé? Des cabinets de stratégie, d'analyse et de droit au service des élites oligarchiques concernées par le secteur de la santé. On commence par bosser au service des groupes de laboratoires et autres industries médicamenteuses, puis on se rend compte bien vite que tous les secteurs industriels et financiers sont concernés par cette logique de l'oligarchisation de la santé.
Au passage, il est important de constater le rôle primordial de ces cabinets d'intrigues qui ont pris la place des boudoirs et des alcôves de l'Ancien Régime. C'est dans ces cabinets que les cercles oligarchiques recrutent leurs stratèges, leurs prévisionnistes et leurs analystes. En France, un porte-parole de ces milieux est l'ineffable Baverez (cabinet Gibson, Dunn & Crutcher LLP), selon qui la diminution du temps de travail aboutit inévitablement et tragiquement pour le petit peuple à une augmentation de l'alcoolisme et des violences conjugales. Ergo...
Il est vital (pour l'homme) de connecter les velléités ultra-libérales de démantèlement de la santé avec la mentalité oligarchique qui a compris que l'effondrement inévitable du système de domination impliquait la mise en place de programmes malthusiens pour mieux contrôler la domination par temps de crise, soit par temps de dégringolade. Au passage, on notera le lien pour le moins frappant entre malthusianisme et décroissance. C'est une correspondance troublante et terrifiante, car d'ordinaire on présente les adeptes de la décroissance comme les opposants au système dominant, comme ceux qui veulent enfin rationaliser le système politique et économique, le capitalisme, le libéralisme...
En réalité, les décroissants sont les idiots utiles et les promus opposants des malthusiens explicites - qui pensent aux sévices des cercles oligarchiques. On a les opposants qu'on peut, mon Prince! Les décroissants sont les opposants des croissants une fois que l'on a compris que la croissance en crise menait vers la décroissance et la croissance malthusienne. Le démantèlement de la santé est un point cardinal du malthusianisme en ce qu'il permet de détruire les États-nations nés de la Paix de Westphalie et les digues antioligarchiques et républicaines.
Au fait, si l'on en croit le sociologue Alphonse d'Houtaud, que veut dire santé? La santé renvoie au salut. La santé est ce qui sauve. Détruire la santé est ainsi détruire ce qui sauve. Détruire le salut. Je sais bien que quand on analyse sérieusement et lucidement ce qui signifient décroissance et malthusianisme, on arrive à la conclusion que leurs zélateurs complémentaires et antagonistes sont favorables à la destruction de l'humanité et à tous les antonymes du salut - sous couvert chaque fois de sauver l'humanité du péril écologique irrémédiable et urgentissime.
Une fois de plus, l'étymologie est un redoutable révélateur contre les innombrables campagnes de propagande favorable au système (tout comme la mode marginale et anticonformiste, la propagande se présente toujours comme opposée au système au pouvoir et comme rebelle). Le déni et la mauvaise foi empêcheront sans doute les décroissants de comprendre en fin qu'ils font le jeu trouble et pervers des malthusiens. Ils s'abriteront derrière les discours scientifiques (scientistes?), la condamnation noble et courageuse du capitalisme ou la critique de l'impérialisme. Ils avanceront leur argument-massue d'un monde mieux contrôlé par l'homme et enfin compatible avec la nature polluée, souillée et détruite par les exactions humaines. Ils fustigeront la méchanceté rousseauiste de l'homme.
Las! Tout projet de décroissance n'est pas seulement un projet évident de destruction programmé et incontrôlable (par définition). La décroissance n'est pas seulement incompatible avec la structure de développement humain. Soit l'homme croît; soit il disparaît. L'homme n'est pas capable de fixité, car sa représentation du réel n'est pas celle d'un réel fixe et stable, ainsi que voudrait nous le faire accroire un Aristote, chef de file des nihilistes contre le maître Platon. L'homme se meut dans un réel qui est dynamique et en constante évolution.
L'homme a seulement le choix entre croître et décroître. Je sais bien que l'entropie est l'antienne anthropique à la mode, mais la vérité, c'est que l'univers est de forme antientropique... Dans cette configuration qui indique que notre époque est nihiliste, plus précisément immanentiste, avec comme clé de voûte le cartésien radical Spinoza, le démantèlement de la santé a valeur de slogan subliminal. D'avertissement aussi. Démanteler la santé, c'est rien moins que démanteler le salut. Démanteler ce qui sauve l'homme. Vous voilà prévenus. Si vous refusez d'entendre, désolé.

Justice nique sa terre!

On rend le réel invisible.

Si ça continue, on va finir par entériner les slogans les plus simplistes du rap français, un garni de chansons déclamatoires, au bas mot récupéré par l'industrie du spectacle et la mentalité de capitaliste frustré. Du style :

Pour parodier le refrain-rengaine de ce facétieux exercice de scratch provocateur et faussement rebelle :
"Justice, nique sa terre, le dernier haut représentant de l'ONU que j'ai vu avait plus de vice que le cadi de ma rue."
J'apprends par une dépêche qu'Israël a décidé d'indemniser l'ONU suite au massacre de Gaza qui s'est déroulé entre le 27 décembre 2008 et le 19 janvier 2009.
http://www.alterinfo.net/Israel-$10-millions-et-l-ONU-accepte-d-effacer-l-ardoise-pour-Gaza_a41194.html
Sans blague. 1315 civils palestiniens et 13 Israéliens assassinés plus tard, dont 410 enfants de Gaza, Israël reconnaît ses crimes abjects et ineffaçables en indemnisant l'ONU. On pourrait rire de cette duplication hallucinatoire, selon laquelle le bourreau ignore la victime pour mieux indemniser en lieu et place un tiers. C'est une décision assez emblématique de la mentalité oligarchique mondialiste et occidentaliste.
Selon cette mentalité typiquement corporatiste et élitiste, il s'agit de traiter des questions décisives entre meilleurs. Les meilleurs se situent dans les instances internationalistes et mondialistes cooptées par la sacrosainte communauté internationale, qui n'est rien d'autre que l'émanation de l'Occident. De ce qui se fait de meilleur en Occident. De ce qui se fait de plus oligarchique en Occident. De ce qui se fait de pire? Justement, Israël appartient à cette conception postcoloniale et dévoyée, selon laquelle la justice occidentale postcoloniale se fait au nom d'injustices postcoloniales effectives tenues pour inexistantes.
Dans cette mentalité, les Palestiniens n'existent tout simplement pas, puisque les Palestiniens appartiennent aux rangs des colonisés et des faibles. L'injustice faite aux Palestiniens depuis la création d'Israël n'existe pas, puisque les Palestiniens n'existent pas. Israël reconnaît ses erreurs par rapport aux effectifs et aux biens de l'ONU, parce que l'ONU appartient à la communauté oligarchique. Israël ne reconnaît pas ses crimes vis-à-vis de Gaza parce que les territoires occupés, comme leur nom l'indique, n'existent pas.
C'est bien entendu une conception abominable et raciste de l'existence. Cette conception sera châtiée dans un futur assez proche par le fonctionnement même du réel. On dit que le réel s'impose toujours avec usure. C'est particulièrement le cas dans les affaires de déni, où l'on refuse de reconnaître le réel sous prétexte qu'il dérange. Il me souvient que l'écrivain noir américain Chester Himes évoquait le statut d'invisibilité qui caractérisait les anciens esclaves noirs aux États-Unis, soit dans une société postesclavagiste refusant de reconnaître les fautes de l'esclavage.
C'est exactement ce qui se produit avec les Palestiniens, qui sont devenus invisibles. Invisibles aux yeux des Israéliens qui peuvent les massacrer et les affamer tant qu'ils veulent. Invisibles aux yeux des Occidentaux qui ferment les yeux et cautionnent les tueries sanguinaires. Invisibles aux yeux des hauts fonctionnaires des instances internationales qui acceptent des réparations en lieu et place des institutions palestiniennes - pourtant les premières visées (c'est le cas de l'écrire!).
Renversement consternant, qui est un renversement du sens. Renversement étymologiquement et strictement pervers. On retourne le sens en rendant les Palestiniens invisibles. On rend le réel invisible. On ne reconnaît que les productions dévoyées et aberrantes de l'Hyperréel. En l'occurrence, seules les réalisations du postcolonialisme ont de la valeur. Israël qui est un État postcolonial artificiel existe bel et bien - a le droit de traiter avec l'ONU. Les Palestiniens qui sont un État bancal n'existent pas et sont invisibles.
Cette approche du réel est totalement à côté de ses pompes et cause des dégâts irréparables dans le seul domaine existant - je veux parler du réel. Il suffira de citer ce rapport stratégique de la CIA alliée, qui interroge les conditions d'existence d'Israël dans vingt ans. Vingt ans, c'est court. Vingt ans, c'est lourd. Tout postcolonial qu'il soit, le postcolonialisme n'en est pas moins du colonialisme. Le régime d'Israël ressemble de plus en plus à un pur et simple régime d'apartheid. Apartheid démocratique? Apartheid capitaliste? Apartheid libéral? A part Ted.
http://ism-france.org/news/article.php?id=11437&type=communique&lesujet=Rapports

C'est ainsi que l'on crée des conditions d'injustice inexorable au nom de la justice perverse et hyperréelle. C'est ainsi que l'on fomente les révolutions et les rages - qui viendront du Sud et qui se dirigeront contre le Nord colonialiste et impérialiste. Rage contre la machine. N'oubliez pas qu'Israël est le laboratoire de l'Occident. Au départ, vous commencez par semer le chaos en Israël. Tel un boomerang imparable, le bordel vous revient en pleine figure : eh oui, petits Frankenstein, vous avez monsantonisé le KO en Occident. Inconscients.