vendredi 2 avril 2010

L'impératif qualitatif

Qu'est-ce qui légitime l'impérialisme? A force de remarquer que l'impérialisme est une forme récurrente dans l'histoire, on en arriverait presque à estimer, comme certains médiocres confusionnels étourdis par la puissance et ébaubis par la force (l'admiration émue de la lopette devant le considéré plus fort), que l'impérialisme est nécessité. Nécessité est le grand mot de ceux qui veulent légitimer par le manque de raison la supériorité inexplicable quoique évidente de la force. "C'est peut-être très mauvais, mais c'est le seul choix - nécessaire" : rengaine des impérialistes.
Bien entendu, les principes qui meuvent l'histoire ne sont pas impérialistes, mais ancrés dans le religieux qui instille la croissance (dont la croissance économique n'est que la conséquence). L'impérialisme n'est que la dégénérescence quantitative du principe qualitatif du républicanisme. Mais pourquoi cette forme dégénérée, prévisiblement prégnante, suscite-t-elle autant d'engouement, voire de fascination?
L'idée d'ordonnation permet de saisir (sur le grill) cette caractéristique aussi scandaleuse (étrange) que récurrente. L'ordonnation dans la conception néanthéiste désigne le fait d'intégrer un certain ordre, un certain donné - parmi une infinité de donnés, non coexistants, mais successifs et dérivés. Demeure le substrat/noyau du néant incomplet et existant. L'impérialisme est ainsi la mentalité dévoyée et caricaturale qui tend à figer l'ordonnation à un seul donné unique et inchangeable, dans une fixité et une stagnation qui évoquent l'eau (ou l'huile) rance.
L'impérialisme déforme le mécanisme de l'ordonnation, le simplifie et le réduit. La crise transcendantaliste subsume la déformation immanentiste/impérialiste et met à jour la carence transcendantaliste : le transcendantalisme comprend la croissance dans une logique d'augmentation quantitative, à laquelle l'impérialisme (immanentiste) oppose son principe de décroissance efficiente. Pour intégrer l'erreur du transcendantalisme en la conciliant avec le principe religieux compatible (le développement humain), il convient de tenir compte du fondement erroné immanentiste tout en le corrigeant avec le principe néanthéiste (en faveur de l'homme).
La crise impérialiste mondialiste n'est qu'une étape dans l'évolution humaine de type néguentropique. Le malaise passe pour être surmonté par la compréhension que la diminution qualitative génère une augmentation quantitative. S'exprimer en termes purement quantitatif comme le fait l'impérialisme moderne (diminution décroissante) constitue une arnaque et une supercherie. La légitimation classique de l'impérialisme s'appuie sur la compréhension dégénérée du processus qualitatif (son remplacement arbitraire et injustifiable par un processus quantitatif).
Le succès moderne de l'impérialisme accentue l'erreur d'ordonnation transcendantaliste et indique que la concpetion transcendantaliste de l'ordonnation (comme prolongement) mérite d'être remplacée par la conception innovante de l'ordonnation comme enversion et incomplétude. La logique impérialiste profite de la crise profonde de sens pour accroître sa légitimation en dénonçant l'erreur transcendantaliste du prolongement. Du coup, il détiendrait la vérité nécessaire quoique difficile.
En réalité, l'erreur impérialiste qui s'appuie sur l'erreur immanentiste redevient ce qu'elle est (une erreur énorme) à condition que l'on renouvelle la définition du qualitatif (par enversion plus que prolongement) et que l'on rende caduques d'un point de vue théorique les prétentions de l'impérialisme à remplacer l'interprétation politique classique du trascendantalisme chancelant et dépassé. Dans le langage religieux, quoique dénié, il s'agit des prétentions de l'immanentisme à remplacer le transcendantalisme alors que la démarche pérenne consiste à remplacer le transcendantalisme carencé par le néanthéisme mieux adapté au spatialisme. Poursuivre l'aventure religieuse afin de poursuivre l'aventure humaine.

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