vendredi 5 novembre 2010

Aux bas mots

Une interview instructive de l'historienne américaine Huffington, à l'heure où l'on désinforme tant en Europe à propos de la situation catastrophique aux Etats-Unis, laissant entendre que la crise est presque finie et que les clivages politiques actuels vont perdurer comme si de rien n'était. Notre fameuse citoyenne démocrate rappelle en creux ou à rebours de ses affirmations de bon sens à quel point mentent nos médias concernant la tension aux Etats-Unis : non, la crise n'est pas passée; non, Obama n'a pas résolu les problèmes structurels (croissants).
Maintenant que les démocrates ont subi un revers politique historique, il convient de comprendre que dans la situation actuelle, ce n'est pas une défaite électorale anecdotique, fût-elle cuisante, mais que la terrible crise financière révèle que cette crise est de nature culturelle. Tant que les Etats-Unis ne se débarrasseront pas de cette mentalité dégénérée, ils ne seront pas en mesure de repartir du bon pied.
Les républicains ne pourront pas relancer l'économie avec leurs mesures conservatrices, eux qui ont montré sous W. qu'ils étaient inféodés aux dogmes ultralibéraux colportés par l'Ecole de Chicago (d'où vient le sieur Obama?). Obama de ce point de vue incarne le soft power cher à son mentor Brzezinski, soit le fait de prodiguer des mesures en apparence plus progressistes que celles des conservateurs, alors qu'elles demeurent en faveur des plus riches, spécifiquement des financiers de Wall Street. Fondamentalement Obama est un ultralibéral, apparemment, c'est un progressiste - un ultralibéral progressiste, quoi.
La critique contre Obama n'est pas suffisante, car elle réduit le problème mondial à la personne d'Obama, voire à l'ultralibéralisme conçu à l'intérieur des Etats-Unis. Ce qu'il faut comprendre, c'est que les Etats-Unis sont le jouet d'une lutte historique entre les républicains au sens premier (favorables à l'intérêt général) et les oligarques, qui servent les factions financières autour de l'Empire britannique. Huffington ne le mentionne jamais, ce qui condamne sa critique à la stérilité politique et théorique.
Obama n'est que le pantin de cet ultralibéralisme, qui ne peut être extirpé seulement par des initiatives américano-américaines. Il convient d'engager une lutte contre l'Empire britannique. Il convient de se rendre compte que les réseaux financiers qui forment l'Empire britannique existent bel et bien, sous la forme de la décolonisation historique, sur le même modèle que la défunte Françafrique (les restes financiers de l'ancien Empire français ayant rejoint les intérêts britanniques, ce qu'illustre l'élection de Sarkozy en France et son allégeance à l'Empire britannique).
De la même manière qu'on ne comprend pas bien l'identité de Sarkozy si l'on juge qu'il sert en définitive les Américains ou les Israéliens, on ne peut définitivement pas comprendre l'identité d'Obama ou ce qui se passe aux Etats-Unis si l'on oublie l'affrontement entre la république et l'oligarchie sur le sol américain. Cet affrontement s'est incarné de manière paroxystique avec la guerre de Sécession, mais il continue depuis, et il a gradé depuis la mort de Frank D. Roosevelt et la nomination de Truman (un homme faux).
L'affrontement est aujourd'hui porté à son paroxysme, si bien que les mensonges autour des Tea Partys (qui seraient avant tout des extrémistes libertariens ou ultraconservateurs, alors qu'ils sont surtout des contestataires d'expression populaire) ou le silence à propos du taux d'abstention (encore un indicateur du ras-le-bol du peuple) indiquent simplement que l'on ne peut pas comprendre que les Etats-Unis sont en train de sombrer sous la coupe d'une politique impérialiste qui ne provient pas d'une frange élitiste de nationalité américaine, mais qui se trouve téléguidée depuis la City de Londres.
Faites attention : bientôt des dictateurs apparaîtront. Ne jamais oublier que le délirant Hitler fut élu suite à la crise des années vingt de nature hyperinflationniste. Eh bien, c'est vers cette issue dramatique que l'on se dirige (en pire encore, car depuis lors le monde s'est mondialisé). Catastrophe. Huffington n'en souffle guère mot alors que la politique de la FED, chapeautée par Bernanke dit l'Hélicoptère pour sa politique monétariste débridée face à la crise, mène droit vers l'hyperinflation.
Voilà une nouvelle plus importante que le revers électoral, voire électoraliste, d'Obama. Si Obama est le jouet des intérêts financiers mondialistes, regroupés aux Etats-Unis sous la bannière de Wall Street et téléguidés depuis la City, alors la politique hypermonétariste et hyperinflationniste de la FED est plus importante que l'affrontement politique à l'intérieur d'un système qui s'étiole et s'effondre. Se désagrège.
C'est ce qu'il faut au final comprendre de ce revers électoral : ce n'est pas la sanction des démocrates ou le triomphe des républicains - qui importe. C'est le désaveu populaire envers un système oligarchique et impérialiste qui spolie les plus faibles pour enrichir les plus forts. C'est l'annonce que tous les membres de ce système sont liés pieds et poings et que leurs différences internes, réelles, sont de plus en plus ténues.
Le seul moyen de sortir de cette situation pourrie est de changer. Changer de système politique. Changer de fondement culturel. La crise n'est pas économique. Elle est culturelle. Raison pour laquelle jamais les peuples n'ont paru si désorienté. Il n'est pas facile ni anodin de comprendre le changement. On a tôt fait de l'identifier avec la violence, et soit de s'en détourner comme d'une calamité, soit de l'embrasser de manière extrême.
Le changement fait peur. Pourtant, face à ce conservatisme contradictoire et paradoxal, qui prétend sortir de l'ornière tout en réfutant les moyens effectifs d'en sortir, il n'est d'autre moyen que de choisir des alternatives et des propositions qui sont à l'heure actuelle largement controversées, ignorées, rejetées, calomniées et caricaturées. Vous voulez du changement? Ces élections ne veulent pas dire grand chose, sauf que le système s'effondrant, les représentants au pouvoir sont désavoués.
Les républicains ne valent guère mieux, en moins hypocrites que l'administration Obama; les autres courants sont de faux opposants, internes, alors que l'on a besoin de changement d'ordre externe. Beaucoup d'abstention, beaucoup de désaveu, une hyperinflation probable dans les mois qui viennent : les Etats-Unis ont besoin du changement. Et comme les Etats-Unis sont le pays le plus puissant du monde, ils concentrent :
- l'affrontement entre l'Empire britannique et les cercles républicains;
- et la violence du changement, qui oscille entre deux tentations :
1) les impérialistes qui ont compris que le changement était inexorable misent fermement sur une oligarchisation du monde, à commencer par la zone transpacifique, qu'ils espèrent piller, peut-être suite un déménagement de leur antre de la City;
2) les républicains qui ont compris que le seul moyen d'éviter que le monde se replie sur lui-même (d'où la propagande en faveur de l'idéologie de la décroissance) était de croître en se rendant vers l'espace.
Entre ces deux grandes tendances, tentation de repli ou espoir de conquête, espérons que l'hésitation ne sera pas trop longue, car elle risquerait de nous mener vers des abîmes pires encore que ceux que l'Europe (et l'Asie) ont traversés durant la crise du XIVème siècle - par exemple. Les effondrements systémiques ne sont jamais bénéfiques ou valorisants pour l'homme (seulement pour quelques factions dégénérées et diaboliques). Je joins à ce commentaire le lien et le texte de l'interview de l'historienne démocrate Huffington.
J'ajoute un lien concernant les réductions drastiques intentées par le gouvernement Cameron en Grande-Btetagne. L'austérité contre le peuple, pour la City. C'est le résultat que vous voulez en France? Vous pensez vraiment que les faillites d'Etats concerneront les autres peuples et que les politiques malthusiennes menaceront les autres - voire pour les plus pervers qu'elles vous avantageront dans vos petites affaires, comme certains désaxés se régalaient de la Collaboration? Réveillez-vous!

http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2010/10/31/arianna-huffington-les-etats-unis-se-delabrent_1432812_3222.html

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"Deux ans après l'élection de Barack Obama et la vague d'optimisme qu'elle a suscitée, le titre de votre livre – Third World America, (L'Amérique du tiers-monde) – fait l'effet d'une douche froide.


C'est un titre volontairement provocateur, tant les mots Amérique et tiers-monde paraissent contradictoires dans une nation convaincue de tout temps d'être la plus noble, la plus riche, la plus puissante et la plus généreuse du monde. Mais les signaux sont au rouge et je sonne l'alarme tant qu'il est encore temps de contrecarrer cette chute vers le tiers-monde.
Lorsque j'étais en Grèce, mon héroïne favorite était Cassandre, dont les Troyens ont ignoré les avertissements ; ils l'ont payé de leur vie. J'espère avoir davantage d'écho. Notre pays se délabre : industrie, écoles, infrastructures. La pauvreté gagne partout du terrain (+ 25 % entre 2000 et 2008 dans les banlieues des grandes villes). L'ascenseur social n'est pas en panne, il redescend !

Près de 100 millions d'Américains vivent dans des familles aux revenus inférieurs à ceux de leurs parents au même âge. Les enfants de parents fortunés qui ne font pas d'études ont plus de chance d'être riches que les enfants de parents pauvres qui, eux, ont entrepris des études. La classe moyenne, sur laquelle a reposé l'essor économique de ce pays, est une espèce en voie de disparition.

L'une des promesses-clés de l'équipe Obama, pendant la campagne de 2008, était pourtant qu'il "n'oublierait pas la classe moyenne".

Eh bien, c'est fait. Elle est dévastée. Et sa disparition est bien plus menaçante pour la stabilité à long terme de ce pays que la crise financière, qui a vu 3 000 milliards de dollars d'argent du contribuable versés à Wall Street. Des chiffres ? Depuis la fin de 2007, nous avons perdu plus de 8,4 millions d'emplois. Un Américain sur 5 est sans emploi ou sous-employé.

Un crédit immobilier sur 8 mène à la saisie. Un Américain sur 8 vit de bons alimentaires. Chaque mois, plus de 120 000 familles se déclarent en faillite. La crise économique a balayé plus de 5 000 milliards de fonds de retraite et d'économies ! Je ne comprends pas que Washington n'ait pas conscience de l'urgence absolue d'agir.

D'autant que, parallèlement, des coupes budgétaires massives ont affecté nombre de services publics.

Quel paradoxe ! C'est au moment où les familles sont les plus vulnérables, menacées par la misère, qu'on leur supprime les services et les aides dont elles n'ont jamais eu autant besoin ! Au moins 45 Etats ont opéré des coupes dans des services vitaux pour les plus faibles : enfants, personnes âgées, handicapés, malades, sans-abri. Sans parler des étudiants, systématiquement affectés.

Le diable est dans les détails. La Californie vient de supprimer CalWORKs, un programme d'assistance financière aux familles dans le besoin : 1,4 million de personnes affectées, dont deux tiers sont des enfants. Le Maine a sévèrement diminué ses bourses scolaires et les dotations aux foyers pour sans-abri.

L'Alabama a aboli les services qui permettaient à 1 100 seniors de rester chez eux plutôt que d'aller en maison de soins. Le Michigan, le Nevada, la Californie et l'Utah ont supprimé le remboursement des soins dentaires et ophtalmologiques pour les bénéficiaires de Medicaid, l'assurance-maladie des plus pauvres. Je pourrais continuer l'énumération. Et, pendant que la misère s'installe dans le pays, on continue de dépenser des milliards dans des guerres inutiles.

Encore le signe, selon vous, d'une mentalité de pays du tiers-monde ?

Comment ne pas penser à la Corée du Nord, obsédée par son entrée dans le club nucléaire alors que le peuple meurt de faim ? Notre engagement en Afghanistan n'a plus aucun sens.

Nous avons perdu la bataille des cœurs et des esprits en tuant accidentellement de nombreux civils, on y soutient un régime corrompu, on y engloutit des fortunes qui seraient bien plus utiles dans nos écoles, nos services sociaux, nos infrastructures.

Selon l'historien Arnold Toynbee, les civilisations ne meurent pas d'assassinat mais de suicide. Il est plus que temps de faire preuve de bon sens et d'inverser nos priorités si nous ne voulons pas mourir de notre propre main.

Dans les priorités, vous insistez sur l'importance d'investir massivement dans de grands travaux d'infrastructures.

C'est l'urgence absolue ! Nos infrastructures, qui furent autrefois la force de ce pays, sont dans un état lamentable. Le système de canalisations date de la guerre de sécession ! Le réseau électrique est largement insuffisant, d'autant que la demande d'électricité a augmenté de 25 % depuis 1990.

Un tiers du réseau routier peut être considéré comme insuffisant, voire médiocre. Le système ferroviaire n'a cessé de régresser depuis 80 ans et paraît grotesque en comparaison des trains ultrarapides qui traversent la France, le Japon, la Chine.Un quart des ponts est, selon le département des transports, "structurellement déficient", ou "fonctionnellement obsolète". Nos réservoirs – plus de 85 000 – présentent un réel danger.

Non seulement il nous faut réparer ces installations archaïques, mais il faut investir dans des infrastructures qui nous maintiennent dans la course pour les enjeux du futur. Ce serait une formidable occasion de créer des dizaines de milliers d'emplois, de relancer des industries, de stimuler notre économie.

Le plan de "stimulus" d'Obama, signé au tout début de son mandat, n'avait-il pas cet objectif ?

On l'avait espéré. A l'époque, Tom Friedman du New York Times avait même écrit que les mois suivants seraient "parmi les plus importants de l'histoire américaine". Mais Obama a raté son moment. Il n'a pas osé. Il n'a pas su faire preuve de l'audace, de l'indépendance et du charisme d'un Roosevelt qui, en pleine dépression, avait lancé un programme de travaux gigantesques dont les bénéfices se ressentent encore aujourd'hui.

Chamailleries partisanes, lobbies, démagogie électoraliste ont eu raison d'un vrai plan de relance. Sur les 787 milliards du plan, seuls 72 ont été alloués aux projets d'infrastructures. Navrant.

Où en sont les écoles ?

C'est le secteur le plus dévasté ! Je ne parle pas du triste état des bâtiments publics. Je parle de ce qui se passe en classe.

Rien n'accélère davantage notre glissade vers un statut de tiers-monde que notre échec à éduquer convenablement nos enfants. C'est pourtant par l'école que passait le rêve américain ! Et pour la classe moyenne, la route vers le succès ! Mais des études montrent que parmi 30 pays développés, les Etats-Unis se situent au 25e rang pour les maths, au 21e pour les sciences. Des résultats lamentables.

30 % des lycéens quittent l'école sans diplôme. Or on ne cesse de licencier des professeurs, de réduire le nombre d'heures de cours, voire de jours d'école. Des bourses sont supprimées alors que les frais pédagogiques augmentent.

Pendant ce temps-là, des prisons ont essaimé un peu partout à une vitesse que même McDonald's pourrait envier. Trop d'écoles américaines préparent plus à la prison qu'à l'université. Quel échec !

La fin du rêve américain ?

Oui, pour des dizaines de millions d'Américains, le rêve est brisé.

Qui l'a tué ?

Beaucoup pointent un doigt vengeur vers Washington. Et accusent notre système politique de paralysie à cause d'une classe politique clivée en deux camps irréductibles, incapables du moindre consensus.

Je crois, moi, que les deux partis sont tombés exactement de la même façon dans la poche des maîtres de l'industrie, des banques et des affaires qui remplissent leurs coffres de campagne. Le principe démocratique fondateur, "un homme, une voix", a été remplacé par l'arithmétique de la politique des groupes d'intérêts. Les lobbies et leur déluge de dollars ont envahi Washington. Une vraie prise de pouvoir. Et le gouvernement fixe ses priorités au milieu de ce bazar de trafic d'influence.

Savez-vous qu'en 2009, plus de 13 700 lobbyistes enregistrés ont dépensé un record de 3,5 milliards de dollars, le double qu'en 2002 ? 26 lobbyistes par membre du Congrès ! Etonnez-vous après cela que les plans ambitieux pour réformer Wall Street, le secteur de l'énergie ou la sécurité sociale aient dérapé ! Que les réformes aient été tuées dans l'œuf ! La classe moyenne n'a pas la chance de disposer, elle, de bataillons de lobbyistes capables d'inonder de cash Congrès et Maison Blanche. Il n'existe pas de lobby du rêve américain…

Vous dénoncez particulièrement la collusion entre Washington et Wall Street.

Ah, on peut dire que les grands patrons de Wall Street ont fait très fort ! Au lieu d'assiéger ou de combattre ceux qui faisaient la loi, ils les ont rejoints, investissant eux-mêmes les postes de pouvoir à Washington et intégrant les cabinets de décideurs et législateurs. Y compris l'équipe économique d'Obama !

C'est ainsi que la pensée Wall Street est devenue la pensée dominante, comme une composante génétique de nos dirigeants. Les banques ont remplacé le peuple au centre de l'univers économique. Au point que, lorsqu'elles ont été menacées de s'effondrer, le peuple des contribuables a été prié de leur porter secours de toute urgence. A coups de milliards. Et surtout : sans conditions !

Faites-vous partie des déçus d'Obama ?

Son élection restera historique. Et c'est un homme brillant. Mais il a dramatiquement sous-estimé la crise. Dans son équipe, il a pris des gens comme Larry Summers ou Tim Geithner, qui voyaient le monde avec les yeux de Wall Street et pensaient que le reste du pays suivrait si l'on sauvait Wall Street. Quelle erreur !
Ils n'ont pas compris que le problème de l'emploi est structurel, et n'ont donc pas pris les mesures adéquates. D'autre part, et contrairement à ses promesses de campagne, Obama n'a pas changé le système grâce auquel fonctionne Washington. Et je regrette son profond respect pour l'establishment. Cependant, je dois admettre qu'il n'y a pas d'alternative. Car les propositions des républicains sont carrément risibles.

Quel est le sentiment qui prévaut actuellement dans le pays ?

La peur. Peur du déclin. Peur que les emplois soient perdus pour toujours. Peur de ne plus toucher de retraite. Peur de ne plus pouvoir se soigner ou d'avoir à choisir entre payer ses médicaments ou manger. Peur de voir sa maison saisie. Peur de voir l'Amérique divisée en deux classes : les riches et tous les autres, ceux qui ont et ceux qui n'ont pas. Peur enfin que le pire ne soit pas passé.

Est-ce ce qui explique la montée du Tea Party ?

La peur cède légitimement à la colère, laquelle se retourne contre le président, le parti au pouvoir, l'establishment. Il faut toujours des boucs émissaires !

Dans les années 1880, en pleine crise économique, on s'en est pris aux immigrants chinois du chemin de fer, accusés de pervertir le moral de la jeunesse, dégrader les villes, voler le travail des "vrais" Américains. Dans les années 1930, c'est aux Américains d'ascendance mexicaine qu'on s'en est pris et qu'on a déportés.

Pas étonnant qu'une paranoïa apparaisse aujourd'hui, et que les plus anxieux, excités par des démagogues de tout poil, soient prêts à croire les rumeurs les plus extravagantes et malsaines : Obama musulman, Obama communiste, Obama nazi… C'est fou, terriblement dangereux. Mais cela témoigne surtout d'une angoisse et d'une insécurité économique majeure dont il est plus que temps de prendre la mesure.

Propos recueillis par Annick Cojean (envoyée spéciale à New York)."

http://www.google.com/hostednews/afp/article/ALeqM5hC13_6Vyh7O2pF4wyA-DfiN1m_ag?docId=CNG.80a8445e51d886afefa28c216e00c852.121

"Grande-Bretagne: plan d'austérité sans précédent, 500.000 emplois supprimés

De Philippe VALAT (AFP) – 20 oct. 2010

LONDRES — Le gouvernement britannique a livré mercredi ses arbitrages sur un plan d'austérité sans précédent, qui entraînera près de 500.000 suppressions d'emplois publics et des coupes drastiques dans les dépenses sociales, dans l'espoir de venir à bout d'un déficit record.

Le ministre des Finances conservateur George Osborne a révélé devant la Chambre des Communes les secteurs où allaient tomber "les coups de hache" budgétaires, selon l'expression de la presse britannique.

Ce plan d'austérité est indispensable pour "éviter la faillite" du pays et "l'éloigner du précipice", a assuré d'emblée M. Osborne, après des semaines de tractations au sein de la coalition conservatrice/libérale démocrate arrivée au pouvoir en mai, après 13 années de règne travailliste.

M. Osborne a rappelé que son plan -considéré comme le plus sévère des grands pays de l'Union européenne- visait à trouver 83 milliards de livres (95 milliards d'euros) d'économies en moins de cinq ans.

Combiné à 30 milliards de livres (34 milliards d'euros) de hausses d'impôts, il vise à faire tomber le déficit public de 10,1% du Produit intérieur brut cette année à 1,1% en 2015.

La mesure la plus spectaculaire est la suppression de 490.000 emplois de fonctionnaires -sur environ six millions- en moins de cinq ans, pour la plupart par des départs naturels à la retraite.

M. Osborne a insisté sur la volonté du gouvernement "de supprimer le gaspillage et de réformer l'Etat providence", annonçant des milliards de livres de coupes dans les budgets sociaux: allocations chômage, allocations logement ou aides aux handicapés seront sérieusement réduites.

L'augmentation à 66 ans de l'âge du départ à la retraite, dont le principe était déjà arrêté, sera mis en oeuvre dès 2020, plus tôt que prévu.

Pour bien montrer que tout le monde sera mis en contribution, le budget de la Maison royale diminuera de 14%.

Parmi les ministères les plus touchés figurent la Justice, l'Intérieur, l'Environnement et la Culture.

Quant à la BBC, elle devra faire face à un gel de la redevance pendant six ans et financer elle-même son célèbre World Service radiophonique jusque-là pris en charge par le ministère des Affaires étrangères, lui aussi durement frappé par les coupes.

En revanche, le service national de santé, qui vient à peine d'être redressé, et l'aide extérieure au développement, ont été épargnés, conformément aux promesses électorale du Premier ministre David Cameron.

"Si nous ne nous occupons pas maintenant de ce déficit record, encore plus d'emplois seront menacés", a plaidé M. Osborne devant les députés, en qualifiant son plan de "sévère mais juste".

Le gouvernement compte sur le secteur privé pour recréer les emplois perdus, et les milieux d'affaires lui ont apporté leur soutien en estimant la cure d'autérité indispensable pour sortir le pays de l'ornière, après la crise financière qui l'a frappé de plein fouet.

M. Cameron peut aussi se prévaloir du soutien appuyé du Fonds monétaire international, qui a jugé ses engagements budgétaires "forts et crédibles".

Les travaillistes ont immédiatement dénoncé quant à eux une politique "injuste" qui frappera les plus faibles et un "masochisme économique" qui pourrait mettre le pays à genoux.

Reprenant l'opinion de certains experts, le leader de l'opposition Ed Milliband a accusé le gouvernement de prendre le risque de "faire replonger le pays dans la récession" au moment où la reprise donne de sérieux signes de faiblesse.

Copyright © 2010 AFP. Tous droits réservés."

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