mercredi 26 janvier 2011

Le monde du sophiste


Le sophisme consiste à réfuter les différences au nom de l'antagonisme initial entre être et néant. Soit c'est différent, et au fond c'est rien; soit c'est de l'être, et au fond, c'est toujours la même chose. Un bel exemple de sophisme nous est donné à notre époque fin de partie par les propagandistes officiels du système, qui prennent le nom de journalistes pour nous déverser sans honte la gloire inconditionnelle et désaxée du système moribond. Ainsi s'ingénient-ils contre l'évidence à nous seriner que la VO du 911 serait vraie au nom de l'absence de vérité et que toute contestation relèverait d'une déviance mentale estampillée, le complotisme (ou conspirationnisme).
Un journaliste intervenant sur le plateau de l'animateur mondain français Durand nous explique sans rire qu'il serait naïf parce qu'il soutiendrait sans sourciller la VO du 911. L'emploi du terme naïf est bien choisi : il exprime le caractère non pensé de la position choisie. En l'occurrence, si le dénommé Bonnaud n'a pas pensé son soutien à la VO du 911, on peut comprendre son erreur manifeste et fracassante. Mais alors, même avec cette excuse, il se moque des téléspectateurs : car s'il n'a pas pensé le 911, que nous abreuve-t-il de son avis à l'emporte-pièce?
Bonnaud fait face à l'animateur cynique et sinistre Ardisson et l'on se demande qui des deux larrons présente la mine la plus atterrée. Ardisson a l'air d'un zombie; Bonnaud d'un clown. Entre les deux, le bal de l'hypocrisie a déjà commencé. Au lieu de nous donner à entendre des avis plus autorisés, comme celui du journaliste d'investigation Eric Laurent, le choix d'un Durand est emblématique de la dissimulation qui règne dans les médias français : toujours choisir des jugements incompétents et triviaux parmi des peoples.
Le cas d'Ardisson est un exemple grotesque, car si Ardisson personnalise la liberté d'expression jusqu'aux interdits brisés, autant arrêter de suite les frais. Ardisson est pour la liberté d'expression à condition qu'elle fasse scandale et qu'elle s'accommode de la loi du plus fort. Mais Bonnaud qui est moins influent qu'Ardisson et qui pratique une sorte de surenchère irresponsable n'hésite pas à verser dans le sophisme le plus grossier. Pour répondre aux doutes d'Ardisson, il se livre à une démonstration totalement théorique, dans le pire fil de la tradition cartésienne la plus contestable : sous prétexte de faire usage d'esprit critique, n'aborder les hypothèses que de manière abstraite et éthérée, de telle sorte que le juge est certain de se tromper, au mieux d'en rester à des banalités informelles.
Bonnaud qui soutient sans conidtion la VO archi fausse du 911 selon une approche a prioriste se condamne à se tromper de la plus certaine des manières :
"Mais rien ne m'étonne dans cette histoire puisque comme c'est un événement, par essence il est étonnant! C'est ça, l'histoire du conspirationnisme. C'est que comme tout événement, ça n'aurait pas dû avoir lieu, comme tout vrai événement, et justement ça a eu lieu... A partir de là, on peut délirer, mais..."
Coupons ici la prose insipide de Bonnaud, le terroriste de la pensée qui terrorise les journalistes. Bonnaud illustre vraiment la mauvais esprit cartésien qui en France pousse le soi-disant intello de télé à prouver une expérience de manière tout à fait abstraite. Du coup, outre qu'il n'y aura jamais aucune vérification pour un propos aussi charlatanesque, surtout, c'est le meilleur moyen de glisser l'erreur dans l'absence de vérification.
Quelle est l'énorme erreur que contient le propos de Bonnaud? Elle se situe quand il énonce pompeusement qu'un événement est étonnant. L'événement est ce qui advient. N'en déplaise à Bonnaud, un événement est donc la normalité dans le cours du réel. Ce qui peut être tenu pour étonnant n'est pas qu'il y ait des événements, mais que des événements soient. Propos d'un Platon, mais Bonnaud illustre le glissement du sens vers la mentalité immanentiste, qui consiste à s'étonner, non plus que les choses soient, mais qu'il y ait des choses. Engoncé dans l'immanence, on devrait s'étonner du caractère étonnant de l'événement immanent.
La démarche immanentiste de Bonnaud le condamnait de toute manière à l'erreur. L'étonnement dont il se réclame constitue une contradiction manifeste, puisqu'on ne peut s'étonner d'un événement à l'intérieur du déroulement événementiel. On ne peut s'étonner de l'événement qu'en tant que l'événement contient de l'être, soit qu'il existe une extériorité à l'événement.
Dans ces conditions, Bonnaud pratique le sophisme au sens platonicien puisqu'il abolit la différence entre l'extraordinaire et l'ordinaire A l'en croire, tout devient surprenant à l'intérieur de l'événement. Ce mensonge grotesque pourrait être interprété comme une manifestation d'imbécilité de Bonnaud, à notre époque de délitement social et culturel, où les diplômes scolaires et académiques délivrent une forme de mimétisme qui enseigne à bien répéter, mais qui conduit directement du mimétisme servile au mimétisme imbécile.
Rien d'étonnant par la suite à ce que Bonnaud, après avoir légitimé l'extraordinaire et coupé les barrières entre le normal et l'étonnant, explique benoîtement (naïvement, corrigerait-il) que l'étonnant est ce qui a lieu. L'étonnant est le nécessaire. On pourrait ironiquement lui suggérer que l'étonnant, c'est le détonnant, mais ce serait un vilain jeu de mots à propos du 911 (le naïf Bonnaud risquerait de ne pas comprendre). Le conspirationniste distinguerait des conspirations en réfutant le caractère étonnant et extraordinaire de l'événement. Le complotisme serait délirant au sens où il réfuterait la normalité de l'extraordinaire.
Bonnaud en est venu à un point de distorsion du réel où il raconte n'importe quoi. Il suffit de prendre la peine de décrypter son discours empli de non-sens, de contradiction et d'impossibilité pour se rendre compte qu'il procède par projection (comme la plupart des gens) : reprochant aux conspirationnistes de délirer alors que c'est son discours qui délire en amalgamant l'ordinaire et l'extraordinaire. Bonnaud se situe dans une tradition d'immanentisme conservateur à tendance extrémiste où l'on en vient à refuser le réel au nom de l'extraordinaire, alors que les conspirationnistes jouent le rôle d'immanentistes contestataires se rendant compte que cette stratégie jusqu'au-boutiste est suicidaire et qu'il faudrait en revenir à un immanentisme modéré reconnaissant que l'étonnant est l'anormal.
Bonnaud se présente comme un naïf, ce qui pourrait être interprété comme la reconnaissance tacite de son erreur, mais qui au contraire s'explique par sa conception immanentiste : il est naïf parce qu'il en reste à la surface des choses jusqu'à l'obstination obtuse. Un événement se caractérise par ce que l'on dit de lui, par ce qu'il nous montre immédiatement. Après, fermez le rideau. Le complotisme est déjà une hérésie, qui consiste à rappeler qu'il existe des possibilités que l'événement diffère dans sa production de la manière dont il apparaît en surface. Pourtant, le complotisme se situe dans la sphère de mentalité de l'immanentisme, mais d'un immanentisme plus progressiste que l'immanentisme infect et prétentieux qu'affiche un Bonnaud.
Le complotiste entend tout expliquer par des complots, soit en rester à l'explication par le désir, mais avec la reconnaissance que le désir peut être caché et anormal. Le complotisme reconnaît que le désir peut comporter des dysfonctionnements, quand le conservateur (même progressiste déclaré) comme Bonnaud réfute la possibilité d'un dysfonctionnement. Pour Bonnaud, l'idée de complot est intolérable parce qu'elle détruit l'agencement de son beau joujou. Portant, nous nous situons à une époque d'effondrement systémique qui devrait l'inciter à plus de prudence dans ses propos. Mais pareil aux plus zélés thuriféraires d'un système, il ne lui est plus possible de reculer.
Notre falot naïf a été trop loin dans la défense inconditionnelle du système en faillite pour être en mesure de faire marche arrière. C'est dommage pour lui, car les populations d'Occident, qui se sont compromises dans l'apologie taiseuse et hypocrite du système occidental (le libéralisme sous toutes ses formes), reconnaissent à une large majorité que le 911 est l'événement catalyseur qui marque le passage d'un système qui fonctionne encore à peu près à un système qui s'effondre et qui pour faire face ment effrontément. Les Américains savent maintenant dans leur tréfonds que la VO du 911 est un mensonge. Et un sondage en Allemagne traduit cette tendance de fond qui s'appliquerait peut-être à la France pourtant conservatrice et refusant de voir l'évidence :
http://www.reopen911.info/News/2011/01/25/90-des-allemands-ne-croient-pas-a-la-version-officielle-sur-le-119/
Presque 9 Allemands sur 10 réfuteraient cette version. Dès lors, on pourrait s'en prendre sévèrement à ces moutons veules incapables d'agir, qui, se rendant compte qu'on leur ment gravement, restent pourtant pétrifiés dans leur coin, à attendre piteusement le naufrage du navire dans lequel ils sont embarqués. Sans doute les populations occidentales, qui sont confrontées de plus en plus aux mensonges de leurs dirigeants élus et à la couverture médiatique propagandiste, ne disposent pas des moyens et des ressources pour empêcher l'effondrement systémique. Pour agir, il ne faut pas être un mouton. Ce n'est pas en bêlant qu'on fera s'éloigner les loups, à moins d'un miracle. Bonnaud croit aux miracles?

Aucun commentaire: