mardi 5 avril 2011

Contresens

Contresens cardinal : l'histoire de la philosophie n'est pas la philosophie.


Je lis l'ouvrage que le duo Cohen-Halimi/Faye consacre à l'histoire du nihilisme : L'histoire cachée du nihilisme. Derrière le titre provocateur, avec une visée intellectualiste censée dépasser l'interprétation simpliste, réductrice de type complotiste, nos brillants agrégés de philosophie et universitaires entendent proposer une interprétation qu'ils nommeraient peut-être cartographie en hommage postmoderne à Deleuze (voire Foucault) et qui détrônera efficacement l'unicité classique philosophique de nature transcendantaliste par la production d'un nouveau mode de raisonnement philosophique dont la figure contemporaine pourrait être exprimée par le rhizome cher à ce Deleuze si charismatique du moment postmoderne.
Qu'est-ce que le rhizome? Une plante à multiples racines, qui correspond à l'éloge de la multiplicité théorique en contradiction avec l'unicité classique. Deleuze oppose à la cause de l'un la cause du multiple. Ce faisant, il se montre moins spinoziste ou nietzschéen qu'aristotélicien, puisque c'est Aristote le premier qui innove dans le nihilisme et qui déduit la multiplicité de l'être de la multiplicité indémontrée (et indémontrable) du non-être. Le monisme plus ou moins prêté à Spinoza qui affirmerait, point faible ou point fort, un être incréé et immanent en synonyme de l'infini et en alternative avec l'être transcendant, n'est pas le monisme de Parménide.
C'est un monisme immanent qui s'oppose au monisme transcendant et ontologique. Le monisme immanent propose que l'être coexiste implicitement avec le non-être puisque l'incréation est un tour de passe-passe conceptuel permettant de cacher le non-être derrière l'indéfini. L'incréation spinoziste renvoie à l'incohérence contradictoire de Démocrite, selon lequel l'être infini des atomes côtoie le non-être infini du vide. Chez Spinoza, l'être est incréé et cette incréation est censée recouvrir pudiquement la question du non-être.
Sur la carte conceptuelle, Cohen-Halimi et Faye sont des parfaits parangons disciplinés et brillants de la moins bonne et pourtant fort répandue histoire de la philosophie, eux qui confondent la philosophie avec l'histoire de la philosophie. Parce qu'ils sont des sujets érudits et diplômés de l'histoire de la philosophie, ils s'imaginent qu'ils sont désignés comme tels pour faire de la philosophie, alors que la création philosophique n'a rien à voir avec le savoir de l'histoire de la philosophie. Du coup, ils répètent des savoirs en les recyclant au goût du jour et passent à côté de l'essentiel : créer, ce n'est pas frimer, c'est montrer un angle de réel que l'on n'a pas encore vu en élargissant la perspective et en modifiant la configuration générale. Au contraire, répéter sclérose la représentation et finit par la déformer au point de produire des faux sens et des contresens savants et érudits.
Le piège de l'érudition ne doit jamais conduire à l'éloge de l'ignorance voulue, mais au fait que jamais la fin de la connaissance ne recoupe le savoir le plus étendu. Quand on en vient à confondre savoir et connaissance, on juge que le savoir le plus haut est la connaissance; alors que tout savoir, aussi étendu soit-il, se trouve au service de la connaissance - développe l'entreprise de connaissance. Quand Cohen-Halimi et Faye proposent que l'histoire du nihilisme repose sur une configuration souterraine, labyrinthique et complexe, dont l'observateur ne pourrait jamais que subsumer et relier quelques points apparents, ils sombrent tout simplement dans l'apologie de l'irrationalisme rationaliste et de l'ignorance savante.
De beaux oxymores en perspective. Le principal danger est le plus inattendu : c'est l'irrationalisme - venant de deux beaux spécimens en érudition, voire pédantisme philosophiques. Cet irrationalisme s'ancre sur la confusion entre histoire de la philosophie et philosophie. Il s'agit de briller à partir d'un texte, étant entendu que le texte passé représente la fin de tout horizon de pensée. On retrouve ce travers typique dans l'histoire postmoderne avec la démarche de déconstruction propre à Derrida, qui consiste à produire du commentaire de texte original avec une démarche de commentaire des plus banales - supercherie tout à fait caractéristique de la démarche universitaire contemporaine de l'histoire de la philosophie.
Faire du neuf avec de l'ancien : Derrida serait-il un historien de la philosophie bobo qui recycle de vieilles recettes sorbonnardes et scolastiques en les faisant passer pour nouvelles et originales? La seule véritable originalité de Derrida passerait presque pour de la supercherie : laisser entendre que l'interprétation devient révolutionnaire à partir du moment où l'on s'attache à déconstruire les marges d'un texte, soit à faire des particularités d'un texte les nouveaux enjeux de la pensée. D'où : faire du majeur avec du mineur.
Il semblerait que le duo deleuzien Faye/Cohen-Halimi (qui en plus d'être érudit romprait avec le phallogocentrisme mâle, voire machiste du duo Deleuze-Guattari?) se contente d'une démarche plus classique, sinon modeste, à l'intérieur du giron de l'histoire de la philosophie. Loin de chercher à rendre les marges soudain centrales, nos deux écrivains se contentent d'un entre-deux entre classicisme et postmodernisme. Il s'agit à la fois de conserver la méthode du commentaire (typique de l'histoire de la philosophie) et de lui adjoindre une tournure postmoderne d'inflexion néo-derridienne en proposant l'accent irrationaliste et explicitement arbitraire du sens caché/souterrain/labyrinthique et néanmoins découvert à certains endroits.
Mais le classicisme de la démarche de type "commentaire universitaire à norme normalienne" de la philosophie ressort clairement dans le choix du sens retenu : dans une gradation typique de la technique de la dissertation, où, oscillant entre l'hégélianisme mal digéré et l'excroissance pathologique et positiviste d'un Comte (parent de Victor Cousin?), il s'agit de surmonter en environ trois parties (parfois deux, plus rarement quatre) la thèse initiale, nos deux brillants professeurs de philosophie se trouvent transformés pour l'occasion en philosophes érudits et en références incontestables.
Donc : on part de Cloots (parfait inconnu politique pour le lecteur), on progresse vers Bakounine (plus connu agitateur politique de tendance anarchiste), on augmente encore l'intensité en passant à un romancier russe et fameux, Dostojevski. A ce stade, une pause : premièrement, Dostojevski est abordé sous son plus mauvais jour : le critique du nihilisme à tendance antisémite; deuxièmement, un romancier, aussi brillant soit-il, ne saurait en aucun cas constituer l'acmé de la conception philosophique. Dostojevski est un brillant romancier, qui en prétendant que la littérature surmonte la philosophie, s'égare doublement (dans l'antisémitisme et dans l'antiphilosophisme).
Heureusement, le mouvement proposé par Cohen-Halimi surmonte ce troisième moment (la littérature non philosophique ayant traité la question du nihilisme) pour finir avec le parachèvement du nihilisme : le grand Nietzsche, qui lui est un philosophe. Cohen-Halimi en élève studieuse, spécialiste de philosophie allemande, entend faire savoir que Nietzsche est pour elle sa référence, et qui plus est le phare de la philosophie. Comme elle est sortie du giron purement scolaire et de la dissertation classique en trois parties, elle propose quatre temps et une déconstruction en rhizome pour finir en apothéose puérile avec Nietzsche. L'intervention de Faye verse encore plus dans l'histoire que l'histoire de la philosophie, puisqu'il s'agit de proposer une critique extrêmement méticuleuse et rigoureuse de l'intervention de Heidegger, entre son commentaire de Nietzsche, et son engagement provisoire, quoique dévastateur (car jamais révoqué), en faveur du nazisme et de ses thèses.
Faye remplace assez abruptement l'interprétation par la production néo-positiviste de faits, une accumulation aussi impressionnante que dérisoire : car plus aucun sens n'apparaît dans ce procédé rhétorique d'accumulation. Faye n'ajoute pas un mot nouveau à l'intervention de Cohen-Halimi et corrobore cette lecture du nihilisme, qui ne serait pas seulement la lecture de Cohen-Halimi, mais la lecture philosophique officielle et reconnue (quasi irréfutable) : comme si l'histoire du nihilisme débutait en sourdine avec Cloots et se parachevait en fanfare avec Nietzsche. Par la suite, nous avons affaire à une dégradation dans tous les sens du terme, une décroissance fatale et inexorable, dont le nazisme pourrait être le symptôme le plus significatif, mais qui peut prendre d'autres formes encore plus déclinantes et postérieures.
Nietzsche n'a-t-il pas prophétisé de manière dionysiaque que nous nous situerions après lui dans une phase de nihilisme de plus en plus radicale (n'en déplaise aux gourmands, ce serait le désert qui croît)? Nous avons affaire à un livre consacré au sujet du nihilisme qui se voudrait d'autant plus original qu'il proposerait en somme une lecture typiquement sclérosée d'histoire de la philosophie travestie en philosophie postmoderne : une opération de gradation rebattue travestie en innovation jargonnante, avec Nietzsche en fard de la pensée (alors qu'un historien classique aurait proposé Kant, mettons).
Le plus savoureux dans cette démarche des plus confuses, au sens où elle s'arc-boute sur la rigueur du savoir pour distiller la confusion de la connaissance, c'est qu'elle présente, de manière ironique, tous les symptômes du nihilisme : irrationalisme en premier lieu; mais aussi : positivisme, pédantisme, parole gelée (au sens rabelaisien). Rien d'étonnant dès lors à ce que ce texte donne l'impression tenace que les auteurs cherchent à briller à partir des références qu'ils citent, soit qu'ils remplacent la créativité des idées par la brillance de leur technique répétitrice (et jargonnante) de filiation sorbonnarde et scolastique. Nos auteurs seraient-ils de contemporains sophistes?
Bien entendu, ces erreurs de démarche et d'interprétation aboutissent au plus beau des faux sens : pour nos auteurs, le nihilisme reste confiné à son acception étymologique et moderne. Etre bon élève, c'est se montrer réducteur, comme si la myopie d'ensemble engendrait le souci du détail et de la rigueur. Pourtant, une véritable histoire de la philosophie de type nihiliste devrait reconnecter ce nihilisme moderne et explicite avec l'histoire du non-être depuis l'Antiquité. C'est à cette tâche autrement plus significative et riche que s'emploient de véritables historiens de la philosophie dans l'ouvrage collectif Du néant (aux PUF Epiméthée), avec un résultat autrement plus probant.
Car en en restant au sens le plus littéral et restreint du nihilisme, nos auteurs Cohen-Halimi et Faye proposent un travail finalement assez pauvre en sens, et dont la pauvreté sémantique s'explique par le caractère de réductionnisme forcené. Tandis que le véritable travail d'un historien de la philosophie consiste à relier des interprétations inattendues. De la même manière que nous l'enseigne l'histoire du positivisme, on ne peut jamais en rester aux faits sous peine de proposer du réel un visage des plus faméliques. Leçon pour les historiens de la philosophie quand ils décident (de plus en plus) de se présenter en philosophes originaux et profonds.
Le réel est toujours de nature interprétative. L'historien de la philosophie interprète au sens où il connecte entre eux les faits. Produire un travail fécond d'historien implique que l'on connecte des éléments historiques inattendus. Que dirait-on d'un historien qui s'acharnerait à détailler les moindres vétilles d'un sujet d'études étriqué et minuscule? C'est à ce travail de fourmi que parviennent nos modernes Bouvard et Pécuchet - Cohen-Halimi et Faye. Ils cloisonnent un champ d'étude des plus minces, en cinq étapes, de la Révolution française au nazisme, de Cloots à Heidegger, et ils s'attachent à mettre en valeur leur idole, Nietzsche.
Dans le jargon méthodologique de cette discipline-reine (l'histoire de la philosophie) passant pour la philosophie et outrepassant son statut effectif d'histoire de la philosophie, le contresens interprétatif revient à faire preuve de rigueur. A la rigueur, je n'ai rien contre la rigueur. Mais là, franchement, en pleine journée, je préfère largement un bon demi. Ainsi pourrait s'exprimer le chantre de la vulgarité tintinesque, l'hilarant et improbable assureur Séraphin Lampion. La rigueur est le fait de se montrer extrêmement précis et de suivre l'ordre du réel à condition que le réel soit fini, limité, délimité. Plus le cadre d'étude est limité, plus l'analyste se montre rigoureux, comme un studieux chercheur en laboratoire.
A trop vouloir se montrer rigoureux, on en vient à raccourcir le réel dans des dimensions aussi restrictives que contraignantes - étouffantes. Dans le cas du nihilisme, au lieu de connecter le nihilisme moderne à connotation explicite avec l'histoire du non-être qui court depuis au moins l'Antiquité, on en vient à réduire le champ de l'analyse historique à un nihilisme aussi étriqué que facile à délimiter et à analyser. Du coup, on est certain de passer à côté de la riche histoire du nihilisme (ou de ses synonymes comme le non-être), surtout si cette histoire venait à se révéler déniée et encore inaperçue. C'est l'angle d'analyse et d'attaque que je défends notamment, avec un nihilisme qui est très répandu dans l'Antiquité et qui depuis son maître antique Aristote court durant toute l'histoire moderne, en particulier avec l'immanentisme fondé par Spinoza et prolongé notamment par Nietzsche.
Réduire le nihilisme à un sens historique et sémantique restreint et moderne : tel est le contresens opéré par deux historiens de la philosophie qui entendent du fait de leurs titres apporter des renseignements précis et fouillés et qui pêchent par factualisme et positivisme. Le contresens est un passage obligé quand on suit une méthode qui vous condamne pour briller à briller sur le dos d'auteurs passés. On commence par subsumer un sens caché de type rhizomique, qu'il est glorieux de déterrer - mettre en évidence; puis on propose un sens puéril et simpliste à cette histoire biaisée et réductrice (vive Nietzsche le pionnier qui joue en ce moment le rôle du philosophe subversif et interdit, alors qu'il est l'emblème de notre époque libérale et profondément nihiliste.)
En cherchant comment l'on faisait pour écrire autant sans proposer d'idées véritables, à part quelques reprises congelées (et encore), je ne m'en suis pas seulement tenu à constater la faillite effrayante de l'académisme qui remplace de plus en plus la créativité par les diplômes (la parole érudite et universitaire gelée). La faillite culturelle d'un système politique se manifeste par l'échec de l'académisme, qui se montre de plus en plus incapable de créativité et de pertinence.
Briller à partir de textes passés : telle est la démarche d'historiens de la philosophie du tonneau de Cohen-Halimi et/ou Faye, qui apportent leur savoir congelé et leur technique complexe aux textes passés qu'ils commentent. La caractéristique la plus éloquente de ce nihilisme qui se baptise du doux nom d'académisme reste le sens figé. On fige le sens dans le passé, comme pour le cas de Nietzsche, et l'on commente à partir du présupposé (préjugé) que le sens est une valeur figée et passée. Cette manière de penser par préjugé (de dépenser) ne peut qu'aboutir à la sclérose réflexive et au contresens fâcheux (évoqué plus haut). Le sens figé implique que l'on tourne en rond dans un donné et que l'on sombre bientôt dans l'autodestruction de ce milieu artificiellement défini comme le réel.
L'histoire de la philosophie propose une démarche qui n'est tout simplement pas viable à partir du moment où elle prétend passer de son statut d'histoire de la philosophie à celui de philosophie (création), outrepassant ses prérogatives et usurpant ses droits. Cette option fondamentale du sens figé engendre l'usage de deux types de sens au service de sa sclérose :
1) Le sens dérivé qui consiste à dériver à partir d'un sens passé qui joue le jeu de la référence (toujours multiple, selon la veine de l'immanentisme moderne et le rhizome postmoderne). On ne crée jamais rien à partir de références, on s'en tient à la reproduction de répétitions à partir du référent, ce qui crée un effet accru et typique de sens figé ou de fixation.
2) Le sens saturé, qui consiste à verser dans la grandiloquence postromantique (dont le jargon de Derrida offre un artifice de métastases bariolées et prodigues, dans un style architectural et sculptural qui s'apparenterait au superrococo), au sens où le son saturé détruit l'harmonie du son - le son saturé détruit le son. La saturation du sens détruit le sens en le rendant fixe et figé, puis en lui conférant une intensité telle que soit il explose, soit il appelle à l'explosion. L'irrationalisme est le trait typique de ce sens saturé versant dans l'autodestruction. Comme je retrouve un extrait de ce recours rhétorique chez Cohen-Halimi, je m'empresse de le citer, en précisant que mille autres passages pourraient servir d'exemples emblématiques :
"Sans doute faut-il parfois tolérer le raccord impossible. Ou postuler simplement qu'il existe aussi pour le langage des phénomènes karstiques. Comme un fleuve peut plonger dans les strates les plus souterraines du sol et refaire surface à une telle distance géographique du lieu de sa disparition que plus personne ne songe à considérer qu'il s'agit du même fleuve, de la même façon le "nihilisme" va désormais s'enfoncer dans les strates invisibles, à peine dicibles, du langage pour laisser peu à peu affleurer les bribes d'une continuité, rompue par des conflits d'interprétation. Soit une ligne apparemment brisée dont il est possible que des figures s'extraient, sautant hors de la trame qui les compose : nous postulons que les coupes peuvent se recouper jusque dans l'impossibilité d'un strict raccord. Une sorte de travail de couture qui convertit au récit du vocable chacune des opérations de forage. Sans effet de surplomb. Cette lecture par l'espacement est donc l'ébauche d'une méthode de mise en lisibilité de l'histoire. A l'envers de ce qui vient..." (p. 60).
La saturation passe par la technique ampoulée de l'indicible dont on ne pourrait que négativement dire l'impossibilité; et par le recours à la comparaison (l'analogie au sens plus large) la plus allusive et la moins porteuse de sens : ainsi de ces références vagues et mystérieuses au karstique. Sens dérivé et sens saturé aboutissent au sens fondamental fixe qu'emploie avec fierté et virtuosité l'historien de la philosophie, qui domine d'autant mieux un sujet qu'il brille à partir d'une référence passée et qu'il en vient à réduire son sujet à un sens étriqué - d'où l'inévitable quoique prévisible contresens. Paradoxe significatif de cet oxymore figure du nihilisme : le sens se révèle d'autant plus saturé qu'il est réducteur.
La grandiloquence ne peut saturer le sens qu'à l'intérieur d'un périmètre restreint. Pour le lecteur qui s'intéresse à l'histoire du nihilisme, a fortiori pour le lecteur qui pense le nihilisme en tant que processus anticréateur et antidynamique, on se trouve contraint, suite à la lecture de ce livre d'académisme pompier, de s'en tenir à une histoire du nihilisme aussi pauvre que terriblement réductrice en sens. Non seulement notre panégyrique soi-disant érudit et fouillé s'en tient à ce qui est factuel (et connu), mais encore à ce qui est explicitement reconnu sous le vocable spécifique de nihilisme, sans jamais opérer le rapprochement, pourtant évident, entre nihilisme moderne et non-être. Un livre pauvre en sens, un style nihiliste, qui illustre la dégénérescence d'une part majeure de l'histoire de la philosophie en une répétition aussi savante que réductrice (ratiocinante) - et l'imposture de cette discipline qui après avoir contrôlé l'académisme universitaire prétend amalgamer création philosophique et répétition historienne sous l'attrait de la référence aussi bien historique que symbolique.

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