mardi 31 mai 2011

Pornographique 2.0

Le beauf pornographique a remplacé le beau esthétique.

Si le beauf 2.0 est assurément le fils d'autant plus légitime de ses parents qu'il entend rompre avec eux, en écoutant par exemple du rap mâtiné de sauce R&B new wave, au lieu du rockmâtiné de pop, le terrain d'expression de la beaufitude 2.0 s'est déplacé des anciens médias de masse comme le disque - vers le lieu fort riche de créativité et d'innovation qu'est Internet. Au moment où nous vivons une période de grand changement, qui implique sans doute de la souffrance et des douleurs, il est significatif que se développe un grand changement dans l'expression (la communication en langage publicitaire) et que l'on passe du système Gutenberg au système Internet.
Par rapport au parchemin, Gutenberg apportait une virtualité et une audience supérieures; mais Internet progresse encore de manière anti-entropique sur ces deux points capitaux : le virtuel d'Internet est vraiment une vertu au sens où ce virtuel est utilisé par les facultés réflexives humaines pour accroître sa faculté d'expression. Telle est la vertu du virtuel : se trouver au service de l'évolution anti-entropique de l'homme, qui passe par le domaine abstrait avant de se répercuter (de manière simultanée d'un point de vue chronologique, suivant une antériorité d'un point de vue qualitatif) dans le domaine physique.
Mais cette virtualité peut tout aussi bien se commuer en vice si l'on se souvient que dans un palier ou une plateforme quantitative, isolée du restant de son processus, la majeure partie de sa production quantitative est consacrée à la loi du plus fort. La dégradation explicite que subit la pornographie depuis sa commercialisation massive au début des années soixante-dix pour raison de liberté d'expression et de libération sexuelle est consternante - comme significative.
Même ses défenseurs attitrés du départ, des libertaires comme le journaliste Joignot, commencent à s'émouvoir de la banalisation d'horreurs violentes et dégénérées comme le gonzo et toutes ces scènes qui sous couvert de montrer du sexe libéré tendent furieusement vers le viol implicite, la torture suggestive et sensuelle, voire l'assassinat tacite (sans aller jusqu'aux folies supputées du snuff movie). L'aveuglement face à la liberté est la folie idéologique qui s'est emparée de tous ceux qui ont cru que le libéralisme offrait une nouvelle fenêtre à la liberté. L'illusion se retourne toujours contre la liberté, tant il est devenu patent que la définition de la liberté que propose le libéralisme est une supercherie.
Liberté finie, statique et reposant sur l'harmonie de la main invisible, soit la négation réductrice du deux ex machina cartésien en terrain purement commercial. Du coup, toute liberté libérale constitue un oxymore en ce que cette liberté se révèle au service de la loi du plus fort - de l'impérialisme. Les véritables ultralibéraux, à la sauce Friedmann, comme Bolkenstein, sont pour la légalisation universelle de tout objet, étant entendu que la main invisible rééquilibre les rapports de force. L'argutie permet de légitimer la légalisation destructrice pour les plus faibles des drogues ou de la pornographie.
C'est dès le départ que la liberté libérale est viciée - dès ses fondements; c'est dès le départ que la pornographie se trouve viciée, - rien d'étonnant, plutôt de détonant, à ce que la pornographie modérée et pudibonde des débuts soit devenue au fil des décennies la gradation d'impitoyables scènes gonzo oscillant entre torture et viol suggérés.
De la même manière que la liberté impérialiste n'est pas la liberté, sinon pour une petite caste d'oligarques repus et infects, de même la pornographie ne correspond en rien à la libération sexuelle, mais à la transposition pure et simple de la loi du plus fort dans le domaine sexuel. Machisme unilatéral ou presque, mensonge quant au réalisme des scènes, absence totale de pensée au profit de la célébration fasciste du corps triomphant (jusqu'au dopage), la pornographie présente par bien des aspects des points communs avec le sport, du moins dans son expression médiatique, dite populaire.
Mais de même que le sport de masse est destiné à la contemplation écrasante, pour ne pas dire exclusive, de quelques athlètes aussi méritants que dopés et manipulés, de même la pornographie profite moins à ses acteurs, sauf quelques stars ridiculisées et reluquées avec soin, qu'à ses spectateurs. Bien que certains médias essayent laborieusement d'accorder une attention respectueuse aux producteurs (absolument pas créateurs) de la pornographie, ils ne sauraient y parvenir, car la pornographie se limite à la production purement mimétique et répétitive d'un bien mercantile, nul sur le plan artistique.
Un film pornographique n'est pas un film artistique, mais un pur bien commercial, ce qui correspond peut-être au critère ultraréducteur de l'ultralibéralisme de Friedmann, mais pas à la capacité de création de l'homme. Autant dire que l'échec de la pornographie indique l'échec des critères de l'ultralibéralisme, comme le gonzo est la gradation du porno soft des seventies. L'échec de la pornographie exprime l'échec de l'esthétique de Schopenhauer, qui opère un décentrement de l'esthétique de l'acteur, pour se focaliser sur l'esthétique du spectateur.
Cette révolution esthétique de type néo-kantien, survenant chez un postkantien admirateur inconditionnel de la Critique de la raison pure première partie (et de son introduction fameuse louant le décentrement de la perception a priori), exprime l'absence de créativité qui s'élabore déjà chez Aristote d'un point de vue métaphysique (néologisme posthume, quoique fidèle à la démarche antiplatonicienne et nihiliste de cet ontologue d'un genre un peu particulier) : le Premier Moteur abolit dans l'espace du réel fini et physique toute créativité. Chez Descartes, la créativité serait l'intervention irrationnelle de Dieu dans l'espace physique rationnelle et nécessaire.
Chez le disciple cartésien et hérétique Spinoza, la créativité s'accommode avec la loi du plus fort (la liberté s'accroît avec la puissance), lançant la spécificité de l'immanentisme comme avatar du nihilisme moderne. Cette tradition sera reprise chez Nietzsche avec son projet de l'artiste créateur spécifique de ses propres et exclusives valeurs. Mais chez le maître philosophique du jeune Nietzsche, l'idéalisme immanentiste et postromantique de Nietzsche, qui culmine dans son mythe du Surhomme capable d'accepter le réel tel qu'il est, est réfuté : Schopenhauer préfère l'absurde coexistant avec l'abolition du désir (la volonté étant le fondement aveugle de l'univers).
Cette primauté du donné sur le jugement esthétique indique que l'imitation est jugée première et prioritaire et que la création devient secondaire, voire un dérivé du donné mimétique. Schopenhauer opère un condensé des doctrines successives de Kant, Spinoza et Aristote pour fonder son esthétique. Cette esthétique échoue parce qu'elle n'explique en rien la créativité, ni l'acte créateur de l'artiste qui selon Schopenhauer agirait pour satisfaire le spectateur de ses pulsions de désir. Cette conception moderne de l'esthétique, propre à l'immanentisme cherchant à se réaliser après différents échecs, notamment celui de Spinoza, ne fera que grader par la suite, car Nietzsche échoue à son tour - et l'alternative que propose Schopenhauer est un leurre et une fuite en avant.
La pornographie survient en pleine idéologie ultralibérale, comme la traduction de l'échec de l'ultralibéralisme, dont nous avons la confirmation définitive de nos jours. Il s'agit non seulement de confirmer que la création n'existe pas; mais que l'art sert une esthétique du spectateur. Le spectateur n'est pas actif dans sa contemplation passive; il devient passif dans son rôle esthétique - doublement passif, puisqu'il se sert de cette contemplation médiocre, non pas pour soulager sa libido, mais pour exister en vain.
Cette esthétique qui est condamnée à leurrer le spectateur concerne non plus les spectateurs éduqués esthétiquement au jugement du beau; mais des spectateurs méséduqués par leurs critères beaufs. Le beauf pornographique a remplacé le beau esthétique. Ou plutôt : le beauf 2.0. Car le beauf tradi, celui moqué par Cabu, Renaud et consorts, incarné dans l'imagerie populaire par Johnny Hallyday, tient le social pur la fin du réel; quand le beauf 2.0, le beauf version Internet, est en passe de réduire encore de manière viscérale et cette fois douloureuse le social au sexuel.
Heureusement, le réel qui serait le seul sexuel n'est pas supportable, car le sexuel contrevient même à la définition du plaisir selon Spinoza : l'accroissement de la puissance. Le sexuel exprime plutôt une puissance purement physique qui est donnée une bonne fois pour toutes et qui ne peut que régresser avec la vieillesse (comme l'exprime magistralement et névrotiquement le fondateur et maître de l'autofiction Doubrovsky). Dans la plateforme qui aurait été dessinée par la modernité et qui signalerait une gradation qualitative du monde antientropique de l'homme, nous sommes arrivés à exténuation et plus nous insistons, plus nous gradons dans la destruction et l'autodestruction.
La pornographie intervient à la fin de cette élévation quantitative (à la fin de la plateforme) du monde de l'homme, où l'on commence par découvrir de nouvelles frontières physiques, puis où l'on s'affaisse peu à peu dans l'idéologie consumériste du désir. Au départ, le désir est triomphant, complet, plein. Puis il devient absurde et ennuyeux. Enfin, il agonise en figure de la passivité contradictoire et jamais satisfaisante, soit en contradiction de la prétendue complétude du désir de type spinoziste. Du point de vue social, apanage du beauf naïf, le snob veut toujours se hisser tel la grenouille de La Fontaine; quand le beauf est content d'être tel qu'il est à condition de préciser qu'il est à jamais incomplet, pour ne pas dire grotesque.
Content d'être nul. Beauf et con à la fois. Cette incomplétude du beauf s'oppose à la complétude revendiquée par le fondateur malsain de l'immanentisme, ce Spinoza qui proclamait que le désir ne vaut que dans l'accroissement de la puissance. Pour ceux républicains comme les platoniciens et néo-platoniciens authentiques, voire pis, égalitaristes comme les marxistes, la complétude de Spinoza signifie que seuls les plus forts pourront atteindre cette complétude - et que l'on ne peut tous y parvenir à la fois (en même temps).
La différence critique est sociale : alors que c'est le dominateur, l'oligarque qui accroît sa puissance dans le cadre de l'immanentisme fondateur de Spinoza; dans la pornographie, la beaufitude se manifeste par le fait que c'est le dominé qui se trouve visé dans le cadre d'une incomplétude de son désir. On est passé d'un programme inégalitariste et complet à un programme incomplet et massificateur. Alors que l'esthétique de la contemplation selon Schopenhauer ne pouvait impliquer qu'une petite élite d'initiés, l'esthétique beauf entend rassembler la plupart des individus - mais par le bas.
Il s'agit de s'adresser aux gens par leur désir le plus bas, l'expression sociale, spécifiquement dans la pornographie, où le social se réduit encore en sexe. Cette démocratisation par le bas, démagogie, voire populisme dans son sens le plus nauséabond, s'explique par la faculté à laquelle le beauf s'adresse : le désir - et non pus l'intelligence. Du coup, autre conséquence tragique, quoique peu remarquée, alors que les néo-platoniciens, comme l'immense Plotin, insistaient tant sur le caractère primordial de l'Un (au point de lui accorder une valeur supérieure à l'Etre, en l'identifiant au Néant supérieur, pas à la matière imparfaite), les tenants de la contre-culture beauf remplacent la valeur suprême de l'unité par la multiplicité.
Le réel devient morcelé et sans lien entre ses différentes parties. Cette conception remonte à Aristote, étant entendu que c'est Aristote (dans ce que nous connaissons) qui théorise le premier la multiplicité de l'être qui s'expliquerait par la multiplicité du non-être. Avant Aristote, les nihilistes comme les atomistes produisaient des systèmes théoriques qui étaient contradictoires et multiples, mais alors que le non-être était défini comme paradoxalement uni, sinon un (ainsi du vide chez Démocrite). C'est dans ce contexte métaphysique que Spinoza propose un désir complet seulement pour les plus forts. Il ne révolutionne pas vraiment la conception philosophique et politique antique par cette proposition, car Aristote se montrait déjà un partisan inconditionnel du système tyrannique le plus oligarchique.
Les contre-cultures au sens où il n'existe plus d'unité dans l'hypothétique contre-culture sont forcément multiples et segmentées, démultipliées. Ce qu'on appelle la culture beauf est un synonyme de la contre-culture. Cette multiplicité des contre-cultures beaufs se retrouve à l'intérieur de chacune d'entre elles. La pornographie, aussi médiocre et consternante soit-elle, charrie une conception nihiliste du réel, avec cette spécificité que, contrairement à l'héritage d'Aristote ou de Spinoza, elle s'adresse non plus à l'élite des plus forts, mais à la masse des beaufs, le bas peuple, à la vulgarité.
Sans doute est-ce pour lutter contre l'émergence des ces myriades de foyers de contre-cultures vulgaires et beaufs que Solon et d'autres théoriciens républicains ont créé les classes moyennes. Les classes moyennes, surtout quand elle s'enrichissent économiquement, et, ce qui va de pair, encore davantage quand elles se cultivent, sont le rempart contre l'effondrement culturel et économique du peuple, où de plus en plus de personne deviennent vulgaire, déstructurées, pauvres et ignares.
Le beauf, par sa revendication de vulgarité, se montre en faveur de l'effondrement culturel et de la multiplicité contre-culturelle. La pornographie relaye ces deux tendances consternantes, puisqu'on ne s'adresse plus à l'homme au sens générique, mais à l'homme au sens sexuel, et encore, au sexuel purement sexuel du mâle, soit à ce qui est de plus bas en l'homme (domination et destruction). On avait remarqué dans les contre-cultures musicales le caractère ethnique de la multiplicité vulgaire : le rock était une musique de beaufs blancs occidentaux, quand les musiques blacks ciblaient leur correspondant chez les immigrants africains venus s'installer en Occident. Aux Etats-Unis, les Afro-Américains ont une musique spécifique, avec plusieurs sous-genres musicaux, comme la soul, la funk, le blues... On pourrait trouver des correspondances chez les Blancs. Si toutes ces expressions musicales ne sont pas nulles, tant s'en faut, aucune d'entre elles, ou quasiment, n'est destinée à perdurer au-delà d'une génération.
La pornographie va encore plus loin que la chanson populaire (populiste?) dans cette démultiplication contre-culturelle, parce que la chanson s'adresse aux sens physiques les plus développés, quand la pornographie baisse encore d'un ton et cible le sens le plus éloigné de la raison et de la connaissance : le sexuel. Du coup, nous avons une ethnicisation fragmentée et caricaturale qui verse dans le racisme le plus stéréotypé. Il s'agit en effet d'attribuer à chaque couleur de peau une spécificité sexuelle. Les Noirs, hommes ou femmes, se trouvent ainsi, de manière ambiguë, plus proches de la sauvagerie et de la sensualité brutes, ce qui implique que les hommes soient dotés de pénis plus importants et les femmes d'une libido débordante, en lien avec leurs attributs sexuels (fesses massives et cambrées, musculature saillante...).
Les Arabes sont des cibles idéales de la perversion, du fait que l'on peut y transgresser le Coran monothéiste, en particulier pour les Beurettes (un idiome du beauf 2.0). Du fait de l'importance de la virginité, le sexe pornographique avec des Beurettes permet de transgresser cette frontière et d'y ajouter un autre tabou de la sexualité, en particulier de l'homosexualité masculine : le sexe anal (où l'on voit que la pornographie se réclamera de la tolérance invraisemblable au nom de cette fusion confuse entre hétérosexualité et homosexualité). Les Asiatiques sont des êtres sexuels raffinés et pervers, tous fins experts en Kama Sutra, parfaits maîtres de leur appétence pour le sexe (que l'on retrouve aussi dans l'univers plus intello et mystérieux des traditions asiatiques autour du tantrisme).
On affinera l'étude avec la distinction ethnique de l'univers pornographique, où le morcellement du corps, confiné au sexe (de manière métonymique) engendre le morcellement social en domaines ethniques et le morcellement du réel en oligarchie, avec la domination implicite des Blancs. Je m'amuse de certains stéréotypes médians, comme la représentation des Latinos, tout spécialement des femmes, en particulier des Brésiliennes. Le Brésil incarnant un pays de liberté sexuelle, alors qu'il est particulièrement pudibond et chrétien (peu importe), les clichés pornographiques s'en donnent à coeur joie (à corps joie).
On pourrait poursuivre cette liste des clichés ethnico-géographiques, par exemple les Blondes plus ou moins suédoises, les Slaves pauvres et donc ouvertes (on appréciera l'humanisme de la considération) ou les matures des plus expérimentées (l'acronyme MILF anglo-saxon signifie en toute inceste Mother I'd Like to Fuck). Les MILF n'ont jamais de cheveux blancs et font plus jeunes que leur âge (parfois dotées d'une forte poitrine pour l'attirance sexuelle). Il arrive fréquemment qu'elles jouent leurs scènes pornographiques avec des plus jeunes. Le filmAmerican Pie, qui n'est pas un film pornographique, quoiqu'il serve à banaliser certaines représentations sexuelles dans l'univers cinématographique de la comédie de moeurs et dans la vie sociale, révèle le personnage de la MILF.
L'usage croissant de la MILF dans la vie des différents acteurs de la contre-culture actuelle serait intéressante : de nombreux films et séries y font référence, mais aussi des chanteurs et chanteuses de premier plan. Je pense au représentatif rappeur nord et noir américain Snoop Dogg, qui se targue de son attrait pour le goût pornographique et qui entre autres exploits particulièrement vulgaires, ou carrément abjects, ne trouva rien de mieux que d'aider ses soeurs à sortir du ghetto en proposant aux plus jolies de jouer dans des scènes pornographiques.
Ce racisme tous azimuts de la pornographie est parfait pour qualifier le beauf 2.0, celui qui désormais se situe sur Internet et qui a universalisé à la société mondiale les canons du beauf national. Aucun des acteurs de la pornographie ne se réclame du racisme, tant s'en faut. Les acteurs de la production pornographique, comme les spectateurs des films, qui sont la plupart occasionnels, voire intermittents, même si certains développent une addiction caractéristique et inquiétante, se montrent racistes en ce qu'ils essaient d'instaurer un essentialisme racialiste à l'intérieur de l'homme, ainsi qu'y invitait spécifiquement Aristote avec ses théories métaphysiques du multiple et politiques de l'oligarchie.
Pour être oligarque, il convient de considérer que nous ne sommes pas tous de la même appartenance sociale, soit de tenir le social pour la fin. Mais les oligarques dominent le jeu purement social, tandis que les beaufs sont dominés par le jeu social. L'oligarque ne s'adonne pas à la pornographie, ou alors de manière superficielle, voire hasardeuse. On notera la dégradation de l'immanentisme au travers du symptôme de la pornographie : si la pornographie n'exprime pas l'intégralité de la beaufitude fin de règne, de l'acmé de la dégradation du cycle immanentiste, tant s'en faut, il est intéressant que le volet de la pornographie, qui n'est qu'une sous-culture parmi tant d'autres, une sous-culture beauf parmi tant d'autres, exprime cette dégradation terminale, au sens où l'immanentisme, qui a commencé par l'apologie inconditionnelle et débridée du désir complet, finit par louer le sexuel partiel.
La reconnaissance de l'échec de l'immanentisme terminal se manifeste dans le partiel pornographique, notamment dans l'aveu selon lequel la contemplation esthétique dans la pornographie passe désormais non plus par une élite d'initiés au sens artistique et culturel, mais une cohorte abondante et vile de beaufs. La popularisation de l'art passerait par sa négation et sa massification. Aveu d'échec consternant qui en dit long sur l'échec du programme d'extension de la culture par la beaufitude. L'échec du beauf en fait son caractère attachant. Car avant d'être le crétin qui s'adonne à la pornographie et à toutes les tentations vulgaires à portée de son désir gratuit, le beauf est une catégorie sociale en voie de disparition et vouée à l'échec.

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