lundi 29 août 2011

L'an pire

Beaucoup de gens en Occident ont compris les symptômes (mensonges, propagande et impérialisme); il leur reste à comprendre le processus d'ensemble.

La libération de DSK est un signe que l'oligarchie galopante (et terminale) s'est emparée de la société. Notre brillant directeur du FMI s'est trouvé libéré parce que l'accusation ne pouvait (d'après elle) établir le viol dont se plaignait Nafissatou. Donc il s'agit d'un témoignage contre un témoignage - parole contre parole. C'est faux : le rapport médico-légal corrobore les dires de la jeune femme et incrimine de manière grave DSK. Verdict médical : viol. Ce n'est pas parole contre parole, mais parole d'oligarque contre parole d'immigrée (africaine, la coupe est pleine). Cette justice oligarchique ne discrédite pas seulement la justice américaine (qui n'en est pas à son premier coup en matière de manipulation politique), pas davantage que la Justice démocratique d'Occident. Elle est une preuve éclatante de la justice oligarchique, selon laquelle un pauvre Noir accusé de viol aurait été séance tenante emprisonné pour le restant de ses jours, quand un riche Blanc français, sioniste et haut placé dans le monde de la finance se trouve libéré malgré sa culpabilité évidente (sauf pour les gens de mauvaise foi qui refusent de se renseigner). Le contrepoint de cette affaire sordide réside dans l'observation de l'oligarchie en tant que milieu de requins : nos caïmans ne s'entendent entre eux que pour dominer la majorité; dès qu'ils ont des conflits entre pairs, ils s'entre-déchirent. DSK a été la victime des factions du monde financier qui sont opposées au renflouement des institutions financières par les peuples. Pas du fait de son comportement répréhensible pénalement à l'encontre des femmes qui lui résistent, mais du fait de sa politique oligarchique.

La colonisation (antonyme de libération) de la Libye par l'Occident (qui agit militairement par l'entremise de l'OTAN) est un deuxième signe de l'oligarchie qui s'empare des esprits (fascination en Occident, mais aussi dans le restant du monde). Comment croire une seconde à la propagande déversée par l'OTAN, qui nous explique que des rebelles inexpérimentés auraient pris la Libye contre l'armée régulière? Kadhafi paye certes son refus de passer d'une fédération-État intertribaliste (nommée Jamahiryia) à un Etat-nation (dont la cohérence et les résultats seraient supérieurs). Quelles que soient les critiques que l'on puisse intenter au modèle libyen et à son fondateur le Colonel Kadhafi, nous assistons à la preuve éclatante de la propagande antidémocratique que nous infligent les médias d'Occident (désinformation militaro-jounalistique); et des procédés coloniaux que l'Occident inflige à ses colonies selon la loi du double standard - et qui se trouvent inspirés par la loi du plus fort. Les mensonges et les manipulations médiatiques, en discréditant la déontologie des journalistes, indiquent que l'Occident vit dans un monde de fascisme orwellien (qui se retournera contre lui et finira comme en Libye dans le chaos).
Tous ces symptômes peuvent dégénérer en dérivatifs quand l'on oublie qu'ils émaillent le processus d'oligarchisation, dont la forme essentielle (déniée, quoique patente) tient à la faillite financière (monétariste) de l'Empire britannique. DSK est un oligarque classique qui dirigeait le FMI et qui servait notamment à renflouer les banques sur le dos des peuples. DSK est une courroie de transmission bureaucratique non élue entre les pouvoirs financiers et les peuples. Quand il a nui aux intérêts des factions financières défavorables aux renflouements, il a sauté : on lui a collé son accusation de viol pour mieux le blanchir injustement ensuite (c'est cela la justice de la loi du plus fort). S'il avait été innocenté, que ne récupère-t-il son poste de directeur du FMI?
Kadhafi est un satrape de l'Empire britannique qui fricotait récemment avec des représentants comme Blair, sir Allen ou lord Jacob Rothschild, mais qui leur a nui en prétendant fonder les limbes du panafricanisme. Ces milieux d'affaires (louches) de la City et de Wall Street (l'oligarchie efficiente qui sert l'aristocratie historique, notamment britannique) se sont débarrassés de lui comme d'un vulgaire pantin. Dans ces deux histoires rances, on en revient toujours, si l'on cherche fondamentalement, à l'Empire britannique, soit aux factions financières qui le composent depuis la décolonisation politique et son remplacement par un néo-colonialisme qui ne dit pas son nom - ou qui a pour nom le NOM.
Ne pas se focaliser sur le scandale DSK (sa libération) ou la barbarie libyenne importée par l'OTAN (colonisation pure et dure), pire encore, sur la réduction du cas libyen au cas Kadhafi, c'est comprendre qu'on ne peut résoudre les injustices oligarchiques patentes et révoltantes que par la résolution du fondement du problème. Le problème de DSK, c'est que la justice américaine en est arrivée à une telle oligarchisation rampante et croissante qu'elle peut désormais commencer par inculper de viol un puissant, puis abandonner les poursuites criminelles sans pour autant l'innocenter. Le deux poids deux mesures est arrivé à son comble et risque d'être la goutte d'eau qui fera déborder le vase.
Idem avec l'OTAN qui sous couvert d'intervenir dans les pays pour établir la démocratie s'emparer de ce prétexte pour justifier ses guerres coloniales. On a vu le résultat précédemment, en Afghanistan ou en Irak (même principe), maintenant c'est au tour de la Libye de subir la politique de démantèlement et de chaos. Quand arrêtera-t-on de prendre des vessies pour des lanternes? Il y a ceux qui en Occident cautionnent, par aveuglement le plus souvent, plus rarement par collaboration active, les agissements impérialistes; et puis il y a ceux qui sous couvert de lutter contre l'impérialisme réduisent le problème impérialiste à des phénomènes morcelés, qui ne sont au mieux que des éruptions ou des phénomènes pris séparément, isolés, sectionnés, camouflant quand on se focalise sur eux l'ensemble du phénomène, du processus, de la dynamique.
En l'occurrence, DSK ou la Libye sont des symptômes, aussi révoltant soient-ils, d'un phénomène qui les produit et les excède de loin : c'est l'impérialisme de taille mondialiste (souvent présenté à tort comme l'Empire américain ou américano-sioniste). Et cet impérialisme comporte une particularité actuelle notoire : il est en effondrement, en désintégration. Pour s'ajuster à sa perte d'influence et de puissance (de domination), il n'a d'autre choix que de semer le chaos, la zizanie, la destruction, la mort. C'est exactement ce qui se produit en Libye, où le satrape Kadhafi est tombé, à force de croire qu'il pouvait s'en sortir en jouant double jeu ou en établissant une paix intertribaliste sur la force et non sur le principe de la raison.
Mais si l'on veut lutter en se focalisant seulement contre quelques phénomènes épars de la désintégration impérialiste, l'on s'égarera sur des fausses ombres dissimulant la caverne, soit sur les pièces détachées d'une dynamique, la partie d'un ensemble - soit la synecdoque. Alors que si l'on parvient à identifier l'intégralité de la manifestation, l'on pourra seulement prétendre résoudre les phénomènes particuliers qui tels des effets découlent toujours de la cause. Ceux qui à l'heure actuelle croient aiguiser leur esprit critique et manifester leur anti-impérialisme en tempêtant et vitupérant contre les injustices (flagrantes) de l'affaire DSK ou de l'affaire libyenne s'égarent au sens où ils prennent des phénomènes isolés pour le tout, alors que s'ils reliaient ces phénomènes morcelés au processus, qui n'est pas le tout, mais qui constitue l'ensemble et la cause du problème, ils pourraient faire montre d'efficacité. En l'occurrence, il convient d'affronter théoriquement et politiquement l'Empire britannique, soit la forme véritable et vérifiable de l'impérialisme dominant, dont les manifestations sont multiples et l'existence précaire - voire agonisante.

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