mardi 20 septembre 2011

Mercenaires sous fausse bannière

http://www.alterinfo.net/notes/Le-chef-militaire-de-Tripoli-veut-des-excuses-de-Londres-et-des-USA_b3243299.html

Cette nouvelle cocasse parmi tant d'autres pourrait servir d'introduction à une des révélations qui ont émaillé le conflit libyen (qui ne fait que commencer, puisque la destruction coloniale de la Libye lance une politique du chaos dans la région, avec guerres intertribales interminables et privatisation de la guerre à la solde de hordes faméliques et massacrées, à l'instar des loufiats d'al Quaeda). Que se passe-t-il en Syrie? On le sait mal, mais des tentatives de déstabilisation diverses (notamment via Internet) sont appuyées sur le terrain par des mercenaires islamistes et par des snipers, eux bien mieux entraînés.
En Libye, les hordes en hardes d'al Quaeda servent soit de chairs à canon, soit de prétexte médiatique pour légitimer la rébellion de la population libyenne contre son horrible dictateur. Encore une fois, il ne s'agit nullement de défendre Kadhafi de ses exactions, mais de constater que son régime de la Jamahiryia est victime d'un coup monté de nature impérialiste et que dans ce dessein les puissances impérialistes se sont servies d'al Quaeda comme de vulgaires mercenaires juste bons à crever au combat, en première ligne - présence d'al Quaeda que d'ailleurs le Colonel affirmait au début du conflit, bien qu'il ait été moqué par tous les médias-propoagandistes occidentaux.
En Libye, nous avons assisté à l'improbable retournement de situation stratégique de nature mondialiste. En 2001, le 911 exactement, al Quadea et son improbable chef Oussama sont devenus les ennemis publics numéro 1 Mondiaux. Ils avaient osé défier la première puissance politique, économique et militaire du monde. Ils avaient réussi l'incomparable exploit de détruire les Twin towers et le Pentagone avec quelques pirates-kamikazes et des avions peu remplis de passagers. Si cette VO est vraie (heureusement elle est fausse), pour le coup Allah ne pourrait que se trouver du côté de pareils planificateurs géniaux et démunis, des charlots géniaux. Les troubles attentats du 911 nous ont appris que la responsabilité d'al Quaeda était d'autant plus invraisemblable que c'était dès le départ une organisation paramilitaire sous la coupe des services secrets saoudiens et de leurs alliés occidentaux (atlantistes), contrôlée régionalement par l'ISI.
Mais le sujet n'a pas vraiment été creusé, du moins par les médias dominants, qui il est vrai servent plus de courroie de transmission à la pensée officielle occidentale que de véritables contre-pouvoirs menant des enquêtes subversives et courageuses. Un journaliste allemand, l'excellent Elsässer, avait pourtant prévenu de la nature des mercenaires d'al Quaedea : en gros, ils combattaient en Bosnie aux côtés de l'OTAN (déjà) et l'on pouvait trouver un lien sulfureux et inavouable entre les pirates de l'air du 911 et les opérations d'al Quaeda en Bosnie.
http://www.voltairenet.org/Jurgen-Elsasser-La-CIA-a-recrute
On parle beaucoup de la CIA, du Mossad ou des services secrets soaudiens derrière al Quaeda, ce qui est vrai; on aborde moins le sujet des liens entre les services secrets britanniques et al Quaeda. Pourtant, services secrets américains et britanniques sont jumelés par des accords depuis la fin de la Seconde guerre mondiale, Oussama possédait un studio à Londres d'après une tenace rumeur - et les services secrets français ont protesté contre la pépinière terroriste du Londonistan, complaisamment entretenue au nom du droit d'expression inaliénable du libéralisme. 
En Bosnie ou en Tchétchénie plus tard, les mercenaires d'al Quaeda se retrouvent du côté de l'OTAN, plus ou moins indirectement. Dans le cas de la guerre de Yougoslavie, c'est directement que nos mercenaires islamistes font le jeu de ceux qu'ils sont censés combattre et repousser - où l'on vérifie que les discours anti-occidentaux d'Oussama sont au mieux des effets de façade. Et puis survient l'opaque  911, qui montre le vrai visage des dirigeants de l'Occident impérialiste en phase terminale : pas les politiciens démagogues et véreux à la solde de, mais les financiers (autour du Groupe Inter-Alpha, créé autour des accords de 1971 marquant la fin du Bretton Woods et la dématérialisation du dollar).
Les attentats du 911 inversent de manière manichéenne la tendance des mercenaires de la légion islamiste alliés de fait à l'OTAN. Désormais, ils deviennent les ennemis ultimes qu'il convient d'abattre et une menace terrible pour la civilisation (rien de moins). On donne à tout ce fatras idéologique une cohérence à peu de frais (historique notamment) en ressortant les discours plus ou moins poussiéreux et retouchés d'Oussama contre l'Occident - en particulier les Etats-Unis. On oublie généreusement de rappeler comment l'hydre al Quaeda fut créée, à quel point Oussama est un piètre théologien musulman, par contre un flamboyant mercenaire au service de la CIA ou des services secrets saoudiens commandés de main de maître par le prince Turki. L'alliance d'al Quaeda et de l'OTAN en Bosnie devient inaudible, tout comme la présence d'Oussama dans un hôpital militaire américain sous assistance de la CIA en juillet 2001, deux mois avant les attentats qu'on lui prête contre ses ex futurs alliés/parrains. On a juste oublié de préciser qu'Oussama est un mercenaire qui dirige une base de données mondialiste, non circonscrite à l'Afghanistan initial, de mercenaires islamistes, faciles à manipuler et idéaux pour réaliser les plans machiavéliques de l'OTAN ou d'autres organisations atlantistes.
Pendant dix ans, première décade du nouveau siècle chrétien, la guerre contre le terrorisme s'est braquée contre l'ennemi introuvable d'al Quaeda. Pour cause : al Quaeda et son chef Oussama sont des marionnettes des dirigeants de la guerre contre le terrorisme. Un moyen sûr pour manipuler, c'est de s'assurer que l'ennemi vous renvoie une animosité viscérale emplie de négativité et dépourvue de toute positivité. C'est le cas avec le "message" creux et haineux d'al Quaeda qui ne comporte aucune originalité ni aucune nouveauté, simplement de la haine et de la violence rances. Si quasiment aucun musulman ne souscrit au message d'al Quaeda, c'est bon signe : l'Islam irait encore plus mal si le refuge pour sa foi se résumait à des messages aussi simplistes, voire simplets. Au passage, le wahhabisme est déjà une interprétation littéraliste particulièrement ridicule de l'Islam et que la "doctrine" d'al Quaeda se trouve soutenue par des cercles proches de ceux qui régentent la foi wahabbite dans le royaume saoudien (contenu tellement simpliste qu'il opère une simplification du wahhabisme qui soit prioritairement accessible aux conceptions occidentales populaires). Sans doute existe-t-il une correspondance entre le wahhabisme déjà primaire et le quaedaisme carrément décérébré.
Et voilà que patatras, 2011 odyssée de la théodicée, on annonce la mort de l'introuvable Oussama au Pakistan, en pleine garnison militaire pakistanaise (merci l'ISI?), dans une banlieue cossue, avec d'autres personnes également assassinées (no problemo, on ne fricote pas avec le diable). Mort plus que suspecte puisque l'on n'obtiendra aucune preuve de cet assassinat présenté comme une vengeance légale (selon la norme du plus fort, certes). La mort d'Oussama annonce que la guerre contre le terrorisme est enterrée au profit de son successeur stratégique, la politique du chaos. Comme l'impérialisme s'est encore effondré d'un cran notable pendant ces dix ans de guerre contre un ennemi invisible (et pour cause), on passe au chaos, à la zizanie, au plus simple appareil du vieil adage impérialiste "diviser pour régner".
C'est ici qu'interviennent les contre-révolutions arabes, qui agissent pour contrer les révolutions populaires du "Printemps arabe" et qui sont fomentées depuis l'Arabie saoudite (dont le rôle était déjà stratégique dans le 911, via le prince Bandar - toujours déjà). On retrouve le prince Bandar et la clique royale pour le compte de laquelle il agit. En 2010, on apprend que les réseaux terroristes que dirige le prince ont recruté d'importants contingents de mercenaires en Asie mineure (pas seulement en Afghanistan). On avait auparavant appris grâce au scandale al Yamamah que les réseaux Bandar recelaient des milliards de dollars de trésor de pirates pour financer les mouvements terroristes qui l'arrangent, comme en Afrique, en particulier les mercenaires d'al Quaeda.
Lors de la guerre colonialiste et impérialiste de Libye, surprise magistrale : l'ennemi s'est commué en allié de l'OTAN. Depuis la mort d'Oussama, il faut croire que de l'eau a coulé sous les ponts. Pour preuve, outre les nombreux califes islamistes institués arbitrairement dans les régions de l'est libyen, la nomination comme commandeur à Tripoli d'un certain Belhadj, ancien commandant d'al Quaeda et d'un groupuscule islamiste libyen, torturé notamment à Guantanamo et en Libye par le MI 6. Attendez, comme sifflent les imbéciles offusqués : si le MI 6 s'est occupé sous le régime Kadhafi de traiter Belhadj, cela prouve le double jeu de l'OTAN (des Britanniques en particulier) dans ce dossier, où ils ont renversé leur ancien allié Kadhafi et où ils ont installé en lieu et place celui qu'il torturait il y a encore peu de temps.
La supercherie de l'ingérence démocratique n'éclate pas seulement (où l'on voit que cette contradiction dans les termes, véritable oxymore, permet d'accoucher des pires duplicités). Al Quaeda est passée du statut d'ennemi public mondialiste à celui d'allié dans l'affaire libyenne. Du coup, on se rend compte que les combattants regroupés sous la bannière d'al Quaeda ne forment aucune force militaire ou religieuse (plutôt idéologique que religieuse d'ailleurs) cohérente et indépendante, mais désigne des mercenaires qui sont déployés par l'OTAN et qui peuvent être retournés sans protestation par les services secrets occidentaux ou alliés. Pour cause : ceux qui composent leurs rangs hétéroclites sont des mercenaires pauvres et perdus, prêts à tout pour gagner une liasse d'argent. Souvent, ils disparaissent assez vite dans les combats, utilisés comme de la chair à canons. Ils revendiquent un Islam littéraliste qui les aide à accepter leur sort peu enviable, mais qui rappelle ce que furent dans l'histoire les mercenaires : des esclaves payés par des maîtres riches, puissants et sans scrupule. Les dirigeants de l'OTAN ne sont rien d'autre que des oligarques de latifundia.
Les mercenaires d'al Queda présentent l'avantage d'obéir à une doctrine stupide qui leur donne le loisir de croire qu'ils sont opposés à l'Occident tout en travaillant explicitement pour les intérêts occidentaux (comme en Libye où sous couvert de prôner l'islamisme radical, nos mercenaires font le jeu impérialiste de l'Occident tant vilipendé). Cherchez l'aigreur. Al Queda est une opération stratégique sous fausse bannière : de la même manière qu'il existe un terrorisme d'Etat sous fausse bannière, que l'on a notamment vu se dévoiler lors du 911 et qui était promu par l'OTAN dans sa lutte contre le communisme lors des années de plomb en Europe de l'ouest (notamment en Italie, mais pas seulement); de même existe-t-il un mercenariat sous fausse bannière, qui est utilisé par l'OTAN, que ce soit dans son intérêt ou contre lui. Dans les deux cas, les gogos d'al Quaeda sont les alliés objectifs et les idiots utiles des forces impérialistes occidentales.
Le cas libyen sert au moins, au-delà de sa monstruosité infâme, à montre le vrai visage d'al Quaeda, dont les multiples et contradictoires traits étaient si confus, si embrouillés ces dernières années que l'observateur informé occidental en était venu à ne plus bien savoir qui était al Quaeda, entre désinformation, contre-information et information. Eh bien, al Quaeda, ce sont des mercenaires qui défilent dans une mouvance versatile et contrôlée, dont la seule continuité est de continuer à percevoir les financements des Saoudiens et de ceux pour qui ils travaillent : l'Empire britannique. Comme si l'impérialisme voyait aussi s'effondrer, en même temps qu'il s'effondre lui-même, son principal outil de propagande, les médias soi-disant libres, plutôt libéraux (ce qui n'est pas la même chose), ces caisses de résonance propagandistes qui permettent d'embrouiller la vérité, de rendre crédible l'improbable. Comme en Libye, où l'OTAN a détruit un pays, a massacré un peuple et prétend agir au nom de l'ingérence démocratique et avec l'aide notable des islamistes les plus radicaux et guerriers, en particulier ceux proches d'al Quaeda.

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