lundi 3 octobre 2011

La route tourne

http://www.laprovence.com/article/a-la-une/la-tres-etrange-etude-dun-milliardaire-sur-les-musulmans-de-marseille

Petite interrogation rapide à l'adresse de tous les citoyens libres qui ne se rendent pas compte que l'expression "droit d'ingérence démocratique" comprend une contradiction interne : comment réagiriez-vous si les prévisibles événements sanglants de Libye vous revenaient à la gueule, en France par exemple? Vous pensez qu'il s'agit de fiction? Que la France est intouchable? Que la France est intouchable parce que ses citoyens sont trop bons? Que s'est-il passé en Libye? La Libye est un pays tribaliste facile à diviser, surtout pour des puissances impérialistes et coloniales plus structurées (solides) par la forme de l'Etat-nation. Où l'on mesure que la création de l'Etat-nation, dans le but de mettre fin aux guerres de religion fratricides et destructrices en Europe, est une forme de constitution politique supérieure à la Jamahiriya. La Jamahiriya se veut une forme politique qui serait supérieure à la démocratie occidentale, mais cette présentation n'est pas vraie.
Outre que la Jamahiriya engendre une forme de dictature politique inhérente à tout état collectiviste, outre que la prospérité matérielle, pour appréciable qu'elle soit, n'en demeure pas moins bloquée à des limites très inférieures à celles que permet l'Etat-nation, la principale critique structurelle que l'on pourrait adresser à la Jamahiriya est de proposer une forme de fédéralisme intertribale qui fige le développement du peuple aux limites du tribalisme, soit à une division interne dont l'existence est d'ores et déjà contenue dans le tribalisme et qui ne peut que se fissurer davantage encore en cas de déstabilisation externe (comme c'est le cas actuellement en Libye, où les impérialistes atlantistes ont réussi à acheter provisoirement certaines tribus de l'Est et de Misrata, et bien qu'actuellement le rapport de forces soit en train de basculer contre l'impérialisme atlantiste).
C'est précisément pour empêcher les fissures tribales ou religieuses que l'Etat-nation a été forgé. L'Etat-nation crée l'identité culturelle et politique à partir d'un socle rationnel commun qui se trouve du fait de son substrat rationnel supérieur au sentiment d'identité géographique qui est la caractéristique tribaliste. La capacité de résistance de l'Etat-nation face à des tentatives de déstabilisation politique (internes ou externes) est supérieure à celle de la fédération intertribaliste (ou plus généralement de tout système tribaliste). L'Etat-nation permet une identification populaire qui enveloppe l'intégralité de l'identité populaire, alors que la fédération intertribaliste crée une double identification interne, l'une d'ensemble, relative (et soumise) à la fédération; l'autre interne, relative à la tribu adhérente. Le problème de l'appartenance identitaire se pose - c'est ce qui s'est passé en Libye, où l'on a vu des volte-faces tribalistes se produire, notamment dans l'Est libyen, et où à présent certaines (volatiles et vénales) tribus se retournent contre l'OTAN après avoir accepté les offres pécuniaires préalable des officines atlantistes.
Dans un Etat-nation, la structure identitaire homogène rend plus difficiles des tentatives des déstabilisation. Si la situation est florissante et pacifique, la déstabilisation sera malaisée, puisque la réponse précéderait l'aggravation des conflits intérieurs (phénomènes de guérilla ou manœuvres de prédation de mercenaires par exemple). Le problème ne peut survenir dans l'Etat-nation qu'en cas d'affaiblissement de la structure générale, du fait de multiples facteurs. Facteurs qui peuvent être extérieurs, comme des menées colonialistes; facteurs qui peuvent tout aussi bien être intérieurs, comme le déclin culturel qui produit les conditions d'une incapacité à réagir de manière adéquate à l'entreprise de déstabilisation. D'une manière générale, les conditions de déstabilisation sont in fine assujetties à des acteurs intérieurs sans lesquels aucun élément extérieur ne peut receler d'influence. Par contre, l'affaiblissement intérieur encourage les tentatives colonialistes extérieures.
En Libye, il s'agit de manœuvres colonialistes classiques lancées par des Etats-nations à la dérive contre un Etat intertribaliste riche en matières premières et susceptible de rentrer dans le cadre régional d'un réagencement de la configuration stratégique des Etats. Ce qu'il importe de comprendre, c'est que tout déclin d'une structure signale qu'elle se trouve sous le contrôle d'une structure dont la spécificité est de ne pas être de même nature que la structure parasitée et manipulée : l'Etat intertribaliste n'est pas de même structure que l'Etat-nation, qui lui-même n'est pas de même structure que les factions impérialistes qui engendrent son déclin et qui s'engouffrent dans son déclin intérieur pour l'accélérer et en profiter. Le déclin de l'Etat-nation n'est pas dû à la faction, mais à lui-même (à des conditions de mauvais usage de l'Etat-nation, en gros autour de la déresponsabilisation irresponsable et de la dépolitisation décérébrée).
La faction est-elle supérieure à l'Etat-nation qu'elle pirate - comme l'Etat-nation est supérieur à l'intertribalisme? Non, parce que l'Etat-nation entend constituer une totalité politique provisoire, quand la faction opère une subversion politique qui implique que telle le coucou elle ne puisse que pirater de l'intérieur des Etats-nations - la faction ne constitue jamais une totalité politique, mais une partie piratant la totalité politique (partie oligarchique si l'on veut). Non seulement la faction n'est pas viable politiquement, mais en plus elle ne peut que mener à la destruction généralisée (d'elle-même plus du corps piraté), puisqu'elle n'est pas viable sur le terme et que sa viabilité instantanée est connexe de son caractère destructeur ultérieur.
Il ressort de ces caractéristiques respectives de l'Etat-nation et du tribalisme (même fédéral) que l'affaiblissement interne de l'Etat-nation engendre les déstabilisations de plus en plus fortes. Tant que l'Etat-nation se montre suffisamment fort, il repousse les éventuelles tentatives, même s'il se trouve en déclin. Le signe qu'il se trouve déjà trop affaibli, c'est que son déclin exprime la partition proche du tribalisme. Dans cette affaire musulmane-marseillaise, pour l'instant anodine et sociologique, l'on voit que les méfaits du néo-positivisme mènentv à la charlatanerie épistémologique sous couvert de statistiques irréfutables et convaincantes; le discours des sociologues mandatés par l'Open Society se révèle non seulement faux, mais encore frauduleux : appuyé sur des prétentions au résultat scientifique qui n'existe manifestement pas.
A chaque fois que l'on a vu Soros surgir sous ses multiples associations philanthropiques destinées à promouvoir des causses nobles comme la démocratie (libérale, hein), notre gourou de la spéculation financière s'est montré actif sur le terrain de la déstabilisation de l'Etat. Ce fut le cas en Géorgie. Soros agit pour des intérêts favorables notamment (toujours au nom de la démocratie?) à la légalisation de l'argent de la drogue, afin bien entendu d'améliorer les économies, le niveau de vie des peuples et sans doute les affaires des financiers. La localisation du fond d'investissement désormais démantelé Quantum Fund (les îles hollandaises Curaçao ou les fameuses îles Caïman) indique que Soros opère pour de nombreux intérêts financiers de la City de Londres et qu'il cesse au moins partiellement et provisoirement ses activités de spéculation face au contexte désastreux de la terrible crise financière qui ne fait que commencer.
Soros n'en arrête pas moins ses actions philanthropiques désastreuses. Sous prétexte de promouvoir l'idéal démocratique libéral (avec lequel on est d'accord ou pas), Soros se révèle la figure tutélaire de ces intérêts financiers interlopes centrés autour de la City, qui encouragent la déstabilisation politique du pays; Pour le moment, la France demeure dans un état politique national suffisamment fort pour prévenir et empêcher ces déstabilisations démocratiques et libérales. Mais si la crise frappait plus violemment, on voit se profiler la stratégie perverse de ces philanthropes anglo-saxons vertueux ligueurs de la démocratie : jouer des divisions internes qui à l'intérieur d'un Etat-nation ne peuvent qu'exister, même quand elles sont contrôlées, et les aviver quand des crises surviennent.
C'est ce qui s'est produit au début des insurrections de Benghazi et de l'est de la Libye, où l'on joue sur des divisions historiques (qui peuvent être nées d'antécédents coloniaux, voire antérieurs encore) pour susciter des conflits qui même dans les pays musulmans jouent sur la corde sensible du choc religieux : en Libye, c'était Islam modéré de la Jamahiriya contre Islam islamiste radical de cercles affiliés à al Quaeda ou proches du wahhabisme le plus intransigeant et aveugle (vous savez les nouveaux alliés de l'OTAN). En France, on voit cette même théorie du choc religieux se réactiver d'autant plus que :
- les cercles financiers sont opposés à l'Etat-nation et se déclarent favorables au fédéralisme monétariste;
- les facteurs de division civile (voire de guerre civile, ce qui en serait le terme fratricide) se situent maintenant dans l'opposition entre des communautés musulmanes minoritaires et les autochtones majoritaires dont on s'échine à encourager l'islamophobie au moins latente.
Cette stratégie relève typiquement de la stratégie néo-conservatrice, dont pourtant Soros se prétend l'adversaire (il est vrai que son soutien à Obama est pour le moins trouble dans son intention progressiste et qu'il montre surtout que Soros veut d'un monétarisme progressiste, pas d'un progressisme authentique qui aurait pour premier résultat et première exigence d'éradiquer le monétarisme suicidaire et prédateur). Auparavant, Soros agissait dans des pays où l'Etat est faible (archaïque) et où les déstabilisations peuvent mener au plus haut niveau de l'Etat. Le cas géorgien est emblématique de cette possibilité sombre.
En Libye, le fédéralisme intertribaliste rendait plausible la possibilité de soulever des tribus les unes contre les autres (j'espère que les résistants libyens quoi qu'il en soit arriveront à rejeter l'entreprise impérialiste et mortifère de l'OTAN). Le cas français est plus inquiétant : à la faveur de la crise financière qui ne menace pas seulement la Grèce, mais l'ensemble de la zone euro (et l'ensemble de la zone transatlantique), Soros profite de cette configuration inédite pour accélérer le processus d'éradication des Etats-nations et s'attaquer directement aux Etats-nations, non seulement dans leur structure propre (les discours autour de la caducité des accords de Westphalie), mais au niveau des Etats-nations les plus forts, comme la France (qui plus est un des fondateurs de l'ordre de Westphalie).
L'attaque contre la France se fait au nom de la démocratie, comme en Afghanistan, comme en Irak, comme en Libye, comme en Syrie, comme en Géorgie. La nouveauté, c'est que les factions financières s'attaquent désormais aux plus importants Etats-nations : les Etats-Unis, la France, la Grande-Bretagne (piratée depuis sa création par les factions financières), voire l'Italie. Quand on se souvient de ce que ces factions financières sont capables de perpétrer comme destruction, notamment dans l'effroyable cas grec, le plus inquiétant est de constater la mutation de leur stratégie, qui passe en gros de la stratégie de la guerre contre le terrorisme, où le fédéralisme oligarchique occidental s'attaque eaux États archaïques, à la stratégie de la politique du chaos, où l'on détruit les Etats tribalistes comme la Libye ou la Syrie, mais aussi les Etats-nations les plus puissants.
C'est le signe de la crise qui frappe ces Etats-nations, également du péril majeur qui attend la France (notamment). Si l'on "laisse faire" les factions financières, loin de sortir la France du péril monétariste dans lequel elle a plongé, les factions financières se feront une joie de détruire l'Etat-nation français, la belle unité française, et ils agiront non pas au nom de leur stratégie du chaos, mais au nom du principe de la démocratie (l'arnaque est démasquée quand on s'avise qu'il spécifiquement s'agit d'ingérence démocratique, l'inverse de la démocratie). Quant à ceux qui en France ou en Occident ferment les yeux sur les massacres coloniaux qui se produisent en Libye, au nom de l'idéal démocratique que l'OTAN contribuerait à apporter au peuple libyen (qui n'a rien demandé, mais c'est une autre histoire), au nom surtout de leur petit confort familial et social, qu'ils ne viennent pas se plaindre quand la stratégie qu'ils ont aveuglément soutenue au loin, dans des contrées inconnues, reviendra chez eux semer la discorde, la zizanie et la guerre civile (comme aux temps des guerres de religion en Europe?). L'anecdote de l'islamophobie antidémocratique et antilibérale marseillaise, plus l'identité des bailleurs de fonds indiquent un horizon des plus sombres pour les peuples s'ils ne démantèlent pas les factions financières : nos pirates aristocrates continueront leur entreprise de piraterie à l'intérieur de fédérations oligarchiques, mais ces factions entendent démanteler dans la violence et le sang, tels des bouchers cruels et impavides, les structures des Etats-nations au nom de la démocratie libérale.

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