mardi 22 novembre 2011

Rumeurs de guerre


http://fr.rian.ru/world/20111117/192011216.html

Il ne faudra pas se plaindre. Nous nous trouvons face à un risque de conflit mondial à dimension nucléaire. Non, ce n'est pas de la mauvaise science-fiction apocalyptique utilisant l'arme nucléaire comme avatar de menace, c'est de l'information réaliste, répétée par les grands journaux d'Occident et du monde. A ceux qui se demandent stupéfaits quelle guerre peut bien survenir dans ce monde si pacifié et calme, depuis leur naissance au moins, on peut désormais répondre : le risque de la troisième guerre mondiale opposerait la zone atlantique à la zone pacifique.
Ne retardez pas d'une guerre, cessez de bégayer, de zézayer et ouvrez les yeux : nous risquons une guerre mondiale dont le péril serait nucléaire. Quelle serait la zone de fracture? Comme LaRouche l'a expliqué dans sa mise en garde stratégique, contrairement aux grandes muettes fort actives sur le terrain, le Moyen-Orient a remplacé les Balkans des deux guerres mondiales précédentes (en particulier la Première guerre mondiale). La déstabilisation intervient dans le Moyen-Orient, dans le cadre des prémisses de l'affrontement entre la zone transatlantique en effondrement virulent et la zone transpacifique qui essaye de prendre la place de la zone transatlantique d'un point de vue oligarchique.
La guerre contre le terrorisme se trouve close depuis la mort médiatique d'Oussama. Notre programme de guerre contre le terrorisme consistait à lutter contre un ennemi invisible désigné sous le nom d'al Quaeda. En réalité, cet ennemi fantasmatique cachait une autre identité, moins avouable et plus effective : la menace transpacifique. Cette menace ne désigne pas le haussement du niveau de vie général dans cette zone. Il s'agit d'une oligarchisation du monde qui affecte tant la zone transatlantique que la zone transpacifique. Face à l'effondrement transatlantique (en cours), la zone transpacifique jusqu'alors exploitée par la zone transatlantique entend supplanter sa rivale d'un point de vue oligarchique - substituant seulement à l'ordre oligarchique transatlantique un ordre alternatif transpacifique tout aussi oligarchique, et même plus, forcené et bien implanté dans certaines mentalités hindoues ou asiatiques.
Pour sortir de cette rivalité, il ne convient pas de lutter contre la tentative de suprématie oligarchique de l'une des deux zones, la transatlantique si l'on vit en Occident, mais contre l'oligarchie en général, qu'elle soit transatlantique ou transpacifique. Dans une mentalité républicaine, où chacun se développe de l'intérieur vers l'extérieur, les deux zones ont leur place dans un développement qui mène vers l'espace et non dans le repli d'une guerre fratricide et inutile entre les deux sphères prétendant à l'oligarchie. La troisième guerre mondiale exprimerait le parachèvement de la guerre oligarchique totale, avec ceci de particulier, de plus historiquement, que la mondialisation comme suite s'est substituée à l'internationalisation en place après la Seconde guerre mondiale.
La guerre oligarchique mondiale serait l'expression de la fin du mondialisme comme fin de l'internationalisation et de la mondialisation (fin de l'histoire selon un Fukushima en tant que terme de l'oligarchie). Raison pour laquelle les élites promeuvent la guerre totale : l'oligarchie sortirait à tous les coups vainqueur de ce conflit généralisé, alors que les peuples en seraient les grands perdants. C'est ce qui s'est déjà produit en Libye, où l'Occident impérialiste a tiré la leçon des révolutions arabes réellement populaires, notamment en Tunisie et en Egypte. Non seulement les révoltes populaires du Golfe ont été réprimées avec force et massacres, notamment par l'Arabie saoudite, mais encore depuis les phénomènes populaires et spontanés de Tunisie et d'Egypte, les États occidentaux relayés par leur appui local l'Arabie saoudite (et ses satellites périphériques) ont lancé des contre-révolutions amlagamantes et amalgamées, une particularité que Meyssan a documentée et qui consiste en gros à renverser des régimes en place (fussent-ils dictatoriaux) comme en Libye ou en Syrie pour renforcer le contrôle impérialiste et occidental déclinant et substituer à un certain ordre local (aussi dictatorial soit-il) le chaos sous couvert d'ingérence démocratique.
Cette stratégie qui entérine la fin de la guerre contre le terrorisme et son remplacement par la politique du chaos utilise les mercenaires d'al Quaeda en alliés instrumentalisés de l'Occident et de sa force militaire l'OTAN, sur le modèle de la guerre de Yougoslavie (et du conflit spécifique de Bosnie). Dans ce cadre, la guerre de Libye a été légitimée (vendue) aux populations aveuglées et individualistes d'Occident comme une guerre d'ingérence démocratique (voire humanitaire) consistant à évincer un dictateur sanglant et violeur (le Colonel Kadhafi, assassiné sauvagement, suite à un lynchage prévu) en appuyant une révolte qui n'avait rien de populaire, mais qui émanait de groupes minoritaires d'islamistes et de grands bourgeois acquis aux exigences de l'ultralibéralisme d'Occident. L'OTAN a soutenu des factions minoritaires autochtones par des moyens militaires d'envergure, des flottes aériennes considérables plus des troupes au sol en nombre (plusieurs milliers de mercenaires étrangers, du Qatar ou des pays de l'OTAN, des loufiats d'al Quaeda et des islamistes autochtones). Cette stratégie se reproduit sur le même modèle en Syrie, dans des proportions différentes (et que je connais mal). Il n'est pas question de légitimer les dictateurs façon Kadhafi ou sauce Assad, mais de constater que la reprise en main contre-révolutionnaire des révoltes populaires du printemps arabe sert la stratégie globale oligarchique de déstabilisation politique du Moyen-Orient (au sens large) aux fins de lancer la guerre totale et chaotique sous prétexte de lutter contre la montée en puissance du la zone transpacifique aux dépens de la zone transatlantique, avec cette précision que les deux zones sont interconnectées et que l'effondrement de la zone transatlantique aura un impact fort sur le niveau de vie de la zone transpacifique.
Si le chaos s'installe dans la zone transatlantique, la succession de la zone transpacifique s'opérera d'une manière oligarchique (et chaotique), avec un niveau de vie moyen faible pour les peuples de cette zone et un inégalitarisme forcené, que certains adoubent d'ores et déjà dans cette zone : l'idéal républicain sera abandonné au profit du rêve oligarchique. C'est vers cette voie que l'on se dirige et à laquelle les guerres contre-révolutionnaires du Moyen-Orient nous préparent et nous convient. Le but de ces guerres pour le moment locales (localisées en Orient) est d'accélérer le processus d'oligarchisation via l'effondrement transatlantique et l'effondrement de l'idéal républicain en Occident (en particulier aux Etats-Unis de la tradition F.D. Roosevelt) et de préparer la succession de l'hégémonie transatlantique par le rival transpacifique avec ce remplacement final de l'idéal républicain par l'idéal oligarchique. Il ne s'agit pas par la guerre d'empêcher la menace de la zone transpacifique aux dépens de la transatlantique; mais de permettre que cette tension rendue constante s'établisse au profit de l'oligarchie et aux dépens des peuples.
Dans l'idéal républicain, la montée de la zone transpacifique serait une bonne nouvelle pour la zone transatlantique, car elle annoncerait l'élévation du niveau mondial moyen et la disparition progressive des élites de type oligarchique. Les peuples de la zone transatlantique n'ont pas à pâtir du développement intérieur des peuples de la zone transpacifique. Au contraire, le développement mutuel est le propre de l'idéal républicain.
Par contre, le propre de l'idéal oligarchique est d'instiller et d'encourager la scission et l'inégalitarisme, avec une tactique constante : toujours opposer deux blocs de manière antagoniste et irréconciliable de préférence. L'opposition de la zone transatlantique à la transpacifique recoupe l'opposition Est/Ouest de l'époque Guerre froide, avec ceci de particulier qu'il ne s'agit plus d'obtenir un immobilisme plutôt favorable aux intérêts des peuples de l'Ouest que d'accélérer le processus d'oligarchie à la faveur de l'effondrement de l'Ouest. Le propre du raisonnement républicain est de considérer que les richesses sont suffisantes pour tous les hommes, à la faveur de sa faculté unique dans le règne animal de créer de nouvelles richesses. Le propre du raisonnement oligarchique est au contraire de considérer que les richesses sont limitées et qu'en conséquence le seul moyen de s'adapter à cette limitation décroissante consiste à adouber l'inégalitarisme de répartition.
Pour ce faire, il convient de créer une opposition politique externe qui diffère de l'opposition sociale interne entre les classes sociales jugées comme des différences qualitatives irréconciliables. Cette opposition externe est la conséquence de l'opposition interne. Elle est une illusion suite à l'erreur de raisonnement interne. L'affrontement entre les zones transatlantique et transpacifique répond à cette illusion de légitimer l'oligarchie au niveau mondial. Il faut un prétexte pour lancer la guerre mondiale qui serait la raison idéale et manipulatrice pour précipiter le phénomène d'oligarchie : le prétexte coïncide avec la région en conflits du Moyen-Orient, qui connaît des soubresauts liés à son statut de région colonisée par l'Occident hégémonique, mais dont l'influence réelle sur le globe se limite à sa dimension symbolique : en tant que région musulmane colonisée, elle constitue l'indicateur du soulèvement des peuples face à l'effondrement impérialiste de la zone transatlantique mondialement hégémonique.
Sans doute est-ce la raison pour laquelle le monde risque de s'embraser non plus dans les Balkans, mais dans le Moyen-Orient. Un petit pays comme la Syrie est stratégique du fait de son système d'alliance avec la Russie et avec l'Iran, lui visé en définitive après la Libye et la Syrie par l'Empire britannique via Israël et son dirigeant notoirement pro-britannique Netanyahu. On pourrait parler pour le cas syrien de pivot dont l'importance stratégique est inversement proportionnelle à l'importance politique mondiale. Et la Libye, qui s'est trouvée renversée à la faveur de ce rééquilibrage mondial, n'a pas été défendue à l'ONU par la Russie ou la Chine parce qu'elle ne disposait pas d'un système d'alliance avec les puissances de la zone transpacifique.
Du coup, on l'a renversée pour précipiter le conflit entre la zone transatlantique et la zone transpacifique - plus que pour accélerer la colonisation de l'Afrique (déjà effective) ou la réorganisation de la Méditerranée. La Libye jouait le jeu indirect du développement transpacifique au détriment de l'hégémonie traditionnelle de la zone transatlantique (et de l'Empire britannique, auquel le clan Kadhafi servait de courroie de transmission régionale). La Libye dans ce dispositif empêchait la montée en puissance de la guerre mondiale. Elle s'est trouvée bombardée et détruite pour permettre non pas tant la colonisation accrue de l'Afrique (objectif secondaire lié) que l'affrontement Ouest-Est dans la stratégie plus générale d'oligarchisation du monde.
La Libye fonctionnait sur un monde oligarchique prononcé, avec ce fédéralisme intertribal qui fonctionnait sur la redistribution de la rente énergétique et l'absence de doute industralisation du pays. La Libye intertribale favorisait l'oligarchie de la zone transpacifique; ce qui dérangeait est qu'elle bloquait ainsi la possibilité de l'affrontement entre la zone transatlantique et la zone transpacifique et qu'elle empêchait la possibilité d'une mise en place de l'oligarchisation mondiale jouant sur cette dimension de guerre et de chaos. La Libye promouvait plutôt un ordre d'oligarchies régionales s'opposant à la stratégie d'oligarchie mondiale.
La stratégie d'oligarchie mondiale s'appuie sur la guerre et le chaos généralisés, d'où émergeront des élites dont la spécificité sera de ne plus être régionale, voire à portée internationale, mais mondiales au sens restreint et connoté de mondialistes. Il existe un projet original d'oligarchie mondialiste qui entend réussir la pérennisation du modèle oligarchique là où les précédents modèles régionaux sont échoué : ils étaient trop limités dans leur dimension régionale, alors que le mondialisme permettra une stratégie unique et un affrontement bipolaire - non plus multipolaire. Le clan Kadhafi libyen pèse dans cette stratégie mondiale d'une manière marginale, comme un poids superplume. Par contre, le sort libyen funeste annonce le passage du satrape inadapté et dépassé à l'oligarque mondialiste dont la source de profit principale repose sur la guerre de tous contre tous, constat de nature d'un Hobbes qui, loin de se trouver circonscrit au niveau de l'Empire britannique des limbes, se trouve étendu au niveau mondial unique et propose que le modèle du Léviathan désigne ces factions oligarchiques mondialistes dominant le chaos généralisé et la relative hégémonie de la zone transpacifique.
Pour que l'ordre oligarchique perdure, il convient que la guerre généralisée soit la constante historique et que le conflit radical contre le peuple libyen devienne la constante régulant l'ordre mondial tel que l'entend le Nouvel Ordre Mondial. La catastrophe qui est survenue en Libye est la menace qui pèse sur l'humanité en cas de guerre mondialiste : guerre généralisée, incessante et antagoniste au profit d'oligarchies qui quelles que soient leur taille et leur influence agissent toujours au profit de la stratégie mondialiste et des oligarchies de taille mondialiste. La Libye se retrouve ainsi au carrefour stratégique entre la cause et la conséquence de la menace de guerre mondiale. Cause : il fallait détruire la Libye pour déstabiliser la région et lancer une possible attaque régionale contre l'Iran, prélude à une guerre mondiale. Conséquence : si cette guerre se déclenchait pour pallier à la crise financière terminale et insoluble, elle prendrait la forme de la guerre de tous contre tous et de l'établissement d'un Léviathan mondialiste et final.

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