vendredi 30 décembre 2011

L'innovation : postcapitalisme


Une intuition qui s'ancre sur le terrain économique, mais qui tire ses racines du philosophique et dont l'expression est in fine politique : 

Le capitalisme propose un modèle d'organisation qui s'arrête à la sphère économique. Quelle est la limite de l'économie? Elle est une organisation finie et statique. Dans ce cadre, le capitalisme présente la forme la plus aboutie d'économie fixe - en attendant la prochaine forme qui lui soit supérieure. Cette forme ne sera pas définie de manière définitive, puisque le définitif fixe et fixe. Dans ce cadre, la faiblesse que l'on peut déceler et diagnostiquer dans le capitalisme résiderait dans son absence de reconnaissance pour la créativité. Cette critique du capitalisme peu créatif (voire acréatif) se trouve ébauchée chez l'économiste hétérodoxe aux normes libérales et autodidacte LaRouche (et son associé Cheminade en France dans son article sur la critique de la démarche de Marx) lorsqu'il opère la critique du marxisme en montrant que le marxisme critique d'autant plus les normes capitalistes qu'il reprend et valide pour s'y opposer les fondements de l'école libérale.
Quelle est cette créativité déniée par le capitalisme? S'il s'agissait d'un processus dont la dynamique serait infinie et absolue, on n'établirait aucune forme, on demeurerait dans l'indéfini, selon un informel accommodant qui détruirait la possibilité de changement par son expression : pratiquement, la créativité permet de passer de la forme de l'Etat-nation au planétarisme. L'Etat-nation est l'association politique qui s'avère la plus performante à l'intérieur de normes extérieures plus évasives et figées sur la limite de l'international (ou du mondial). La limite de l'Etat-nation recoupe son mode de fonctionnement capitaliste : l'absence de créativité dans le capitalisme fige la forme politique de l'Etat-nation à l'intérieur de la planète Terre.
Quel est ce changement de normes politiques (adossées à un changement de normes philosophiques) qui permet d'accéder à la forme supérieure du planétarisme? La créativité ici relevée désigne la forme permettant d'accéder au planétarisme depuis l'Etat-nation, ou de critiquer le capitalisme qui avait permis l'apport du capital dans l'édification de l'Etat-nation au-delà du tribalisme (y compris sous les formes sophistiquées de tribalisme).
On vante la rationalisation supérieure du capitalisme par rapport aux structures économiques précapitalistes du fait de l'apport ultime de fictif en forme de capital : mais cette rationalisation s'établit trop souvent comme définitive, comme si la découverte du capital comme structure économique permettant de développer et d'accroître l'économie était la fin de l'histoire au sens où un idéologue comme Fukuyama évoque cette hypothèse néo-hégélienne dans un sens déformé en faveur du libéralisme. La créativité dénote déjà le changement de paradigme : ce qui est créatif est ce qui change. Et ce qui accède au planétarisme découle d'un changement qui est accroissement politique.
Le changement de paradigme philosophique repose sur la créativité qui permet de développer et d'accroître le capitalisme - partant l'Etat-nation : cette créativité a besoin de se fixer en une forme qui soit à la fois concrète, politique, quoique reliée au théorique, philosophique, et qui en même temps ne demeure pas dans les limbes de l'informel. La forme théorique qui correspond au planétarisme, c'est dans la succession historique du capitalisme la condition qui va permettre à l'homme de l'Etat-nation, enfermé à l'intérieur de son mode mondialiste sclérosé, de sortir vers l'espace.
En ce sens, la créativité contacte l'informel qui donne la possibilité d'accroître la forme de l'être figée que l'on retrouve dans le capitalisme. L'informel n'est pas tant l'envers de la forme que la possibilité dans le réel de former l'être. Cette dimension se trouve absente du capitalisme et nécessite l'agrandissement de la forme capitaliste vers la valorisation de la créativité, soit de la faculté humaine à valoriser sa croissance au lieu d'en demeurer à une sphère relativement fixe, voire intangible. La créativité comprise dans l'organisation économique implique concrètement, dans l'entreprise, que l'on accélère le changement et que l'on accorde une valeur qui dans l'économique dépasse le capital.
La valeur suprême économique devient une valeur qui n'est plus seulement économique, au contraire du capital comme dans le capitalisme. La valeur suprême économique devient politique et permet à l'homme de se rendre dans l'espace. Les espèces (la valeur monétaire) se trouvent au service de l'espace. La créativité comme lieu informel contacte explicitement au nom de l'informel la valeur philosophique du reflet, mais en ajoutant à cette donnée du reflet son corollaire spécifique dans la sphère économique :  l'innovation. Et c'est ainsi que le capitalisme peut se réformer vers sa croissance spatiale, alors que sa sclérose inexorable sous sa forme figée le conduirait plutôt vers le spectre de la décroissance et l'appellation très impérialiste agonisant de développement durable.

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