mercredi 4 janvier 2012

Lecture

Koffi Cadjehoun vous présente ses meilleurs voeux pour 2012. L'année sera dure puisque la crise n'en est qu'à ses débuts et ne fera qu'empirer si aucune mesure n'est prise pour l'endiguer et repartir de l'avant - vers l'espace. Il reste à chacun d'entre nous à essayer de trouver des solutions nouvelles et diverses pour qu'advienne le renouveau. Mesures techniques et économiques certes; surtout mesures religieuses et culturelles : la crise est plus profonde que la superficie financière immédiate et visible - désormais. Pendant ce temps, j'occuperai le temps que je consacre à la rédaction de mes blogs à relire et trier les textes précédents. De temps à autre, je posterai quelques messages. Relisez les textes d'Au cours du réel, parcourez mes autres blogs. A bientôt et vive la crise - puisqu'elle implique le renouveau de la croissance!

dimanche 1 janvier 2012

La carence


Pourquoi le monothéisme cherche-t-il tant à trouver une conciliation avec le nihilisme?
1) Le transcendantalisme permet le nihilisme en ne parvenant pas à identifier le réel précisément sous couvert légitime de ne pas s'en tenir à une définition réduite et réductrice du réel (le sensible).
2) Le monothéisme en tant que dernière forme du transcendantalisme après le polythéisme perfectionne le polythéisme en instaurant l'idée de l'unité de l'Etre/Dieu, alors qu'auparavant la multiplicité du réel tendait à confirmer la vision nihiliste du réel morcelé jusqu'à l'antagonisme (antagonisme être/non-être). Alors le monothéisme tend à perfectionner le rapport du transcendantalisme avec le nihilisme en diminuant son influence, voire en l'éradiquant.
Mais cette unité de Dieu, qui renverse le rapport entre l'intérieur et l'extérieur en faisant de l'intérieur le sensible morcelé et de l'extérieur l'englobant détenant l'unité subsumant le morcelé sensible, contient sa limite : elle ne définit pas davantage le réel, avec une particularité monothéiste : elle gagne en unité théorique, pas en réalisme. La particularité du monothéisme est de permettre le progrès de l'unité, qui se trouve localisé dans l'extériorité (l'extériorité en question est de nature englobante). Mais l'unité théorique du réel n'engendre nullement la détention ou la saisie du réel le plus palpable, le plus concret, le plus direct.
Raison pour laquelle le monothéisme cherche une conciliation avec le nihilisme, non pas avec la conscience explicite et affichée (même de manière cachée, voire hypocrite) qu'elle se laisse aller à une manoeuvre - bien au contraire, sans quoi elle s'y opposerait en tant que le nihilisme reconnu est incompatible avec le monothéisme; mais parce que le monothéisme comporte une carence intrinsèque et une faiblesse interne qui le poussent inconsciemment et involontairement à intenter cette démarche du compromis avec le nihilisme, alors qu'il s'agit d'un aveu de faiblesse et d'un constat d'échec programmatique (ainsi que l'histoire de la métaphysique moderne le montre) : cette manière d'agir relève non pas du mimétisme, comme Girard le voudrait, mais du mimétisme comme dégénérescence de la créativité, soit de l'idée selon laquelle le mimétisme réduit le créatif à la partie du réel impossible et intenable oscillant entre contradictions, dans le domaine primitif du domaine de la contradiction.
Tant que le nihilisme détiendra sur le marché du réel sa position de force, à savoir le privilège de définir le réel le plus concret entre la contradiction, comme si le mécanisme du contradictoire parvenait à isoler le réel le plus pur et le plus dense au détriment de sa pérennité (la contradiction menant à la destruction), le nihilisme se maintiendra et le transcendantalisme recourra à lui pour compenser sa faiblesse. Il n'a pas conscience de recourir au nihilisme, il suit de manière mimétique (involontaire) le chemin qui lui semble le plus apte pour compenser sa faiblesse, soit pour parvenir à la plénitude. Par là, le mimétisme est le vrai chemin explicatif de l'action humaine inexplicable et irrationnelle : quand se produit une action collective inexplicable et inexpliquée, le recours à l'explication par le complot caché mais volontaire (émanant) peut être partiellement juste, mais toujours insuffisante et non fondamentale (accessoire). Parfois il s'agit aussi d'une impuissance logique consistant à expliquer par le caché volontaire la venue d'événements inexplicables, soit de rendre explicable de manière aberrante l'inexpliqué.
L'inexpliqué n'est pas inexplicable, mais l'explication ne se produit pas par le caché, car le caché devient démasqué et expliqué à partir du moment où il se trouve nommé. Le caché ne peut demeurer tel, au nom de la texture du réel : ce qui est est visible. Le visible est le principe du réel que l'on peut expliquer comme le principe de continuité ou de pérennité : pour devenir visible, il convient de s'agrandir, soit de proposer la développement par décalage et de devenir observable par l'observateur à partir du moment où l'agrandissement de la réalité observable rend le caché inférieur et observable de ce fait et du fait du changement de perspective. Tout ce qui est caché finit par être visible et observable du fait de ce changement de perspective croissant et anti-entropique.
Par contre, l'explication difficile pour l'observateur nécessairement limité par le mécanisme de la croissance anti-entropique propose une tentation réductrice par le recours à l'interprétation mimétique, qui correspondrait en psychanalyse à la régression (souvent infantile) : le mimétisme isole au sens chimique la portion la plus dense et pure du réel au sens où il envoie et retourne au réel primal qui est le réel contradictoire. Le mimétisme exprime le fonctionnement de la mentalité nihiliste. Le nihilisme croit d'autant plus isoler le réel le plus dense qu'il recourt en fait à l'isolement par l'environnement contradictoire. Il détruit ce qu'il prétend isoler et déceler.
L'annonce de la teneur en réel nihiliste relève de l'escroquerie patente. Pour y remédier, il convient de sortir de la conception de la créativité selon le transcendantalisme, qui repose sur le prolongement et l'englobement, soit qui dissout le réel concret et immédiat (approchable) dans une formalisation qui est universelle dans la mesure où elle est aussi indéfinissable. La tentation transcendantaliste de résoudre sa carence en réel dense par l'apport du nihilisme, tout en fournissant le cadre général de l'infini indéfini au réel, ne peut amener qu'à la destruction contenue dans la contradiction.
L'élément le plus fort dans tout corps (système) est l'élément négatif du fait que la loi de l'entropie est valable dans l'être, mais pas dans le réel - dans le fini, mais pas dans l'infini. Dans cette perspective, l'erreur transcendantaliste est contenue dans son schéma du prolongement, qui contraint pour tenter de s'améliorer de recourir au nihilisme, dans une forme de compromis qui ne peut être valide du fait de la principale caractéristique qu'il instille : le blocage de la réalité à sa réalité figée et fixe. C'est le principal reproche que l'on pourrait adresser au compromis : de figer la situation alors que le progrès s'établit seulement à partir de la croissance en être (pas en réel).
Le nihilisme représente en fait la tentation réductrice et régressive de définir le réel dans la mesure où le réel défini tend vers le réel contradictoire et originel. La définition que propose Aristote du réel fini est à cet égard remarquable de lucidité et d'authenticité - quand la définition de Spinoza du désir complet rappelle que le propre du nihilisme consiste à isoler du dense en créant autour du contradictoire destructeur. La résolution passe par l'accroissement du prolongement, pas par l'amélioration du nihilisme. Le nihilisme propose une tentative de définition du réel qui est désespérée et carencée.
Ce n'est pas la densité que propose le nihilisme qui est à retenir, mais son idée d'hétérogénéité, hétérogénéité imparfaite et carencée, puisque antagoniste, mais le nihilisme contient en son sein la positivité du négatif, soi l'idée selon laquelle le négatif contient le positif, comme le réel contient son accroissement (son augmentation) et la destruction la possibilité de sa résolution Mais travailler  partir du négatif nihiliste, c'est perdre de vue le souci d'ensemble et d'universalisme pour ne conserver que le réel fini et primitif, contradictoire et nihiliste. On ne corrige pas le transcendantalisme avec le nihilisme, comme l'aimerait la théologie monothéiste, mais on corrige le transcendantalisme en corrigeant le nihilisme.
Pas d'hétérogène antagoniste, pas d'antagonisme donc, mais de l'hétérogène en lieu et place du prolongement homogène. La correction du nihilisme qui permet de corriger le transcendantalisme de schéma supérieur, c'est d'en revenir à la source première pour mieux croître et augmenter, soit de faire de la diminution qualitative la cause de l'accroissement quantitatif. En corrigeant la schéma transcendantaliste fondé sur le prolongement par le reflet de nature hétérogène et croissant, on parvient à annihiler ce qui a provoqué la force gradatoire et terrifiante du nihilisme depuis la métaphysique de programme aristotélicienne. Le nihilisme se trouve expurgé de son principal atout : la reconnaissance de l'hétérogénéité; et corrigé dans sa principale revendication : d'isoler de la densité du réel.
Le transcendantalisme ne parvient pas théoriquement à définir ce qu'est l'Etre et ce qu'est l'infini. Alors que le néanthéisme, en proposant la définition du réel comme ce qui fait sens de manière croissante, permet de lever la contestation du nihilisme et de rendre caduque sa principale récrimination. Mais le nihilisme comme mode se trouve seulement affaibli dans sa dimension actuelle et est voué à recouvrer une validité par rapport à la carence spécifique du néanthéisme : ne pas réussir (pour le moment) à expliquer la raison de la croissance.