vendredi 3 janvier 2014

Voeux de bon millénaire

Les voeux pour l’année 2014 se déroulent dans un état de pré-insurrection, dont on espère qu’elle débouchera sur une révolution aux effets apaisés. Ne rêvons pas. Le système s’effondre et la parole se libère - contre lui : le 19 décembre 2013, un tribunal new-yorkais (la deuxième Cour d’appel) a estimé que le gouvernement saoudien, propriété de la famille des Seoud, était responsable, au moins partiellement, de l’organisation des attentats du 911. Voilà qui implique que la VO soit fausse et que la culpabilité d’Oussama relève de la galéjade (ce qu’on nomme le réseau al Quaeda, pépinière diffuse et confuse du terrorisme international financé par le wahhabisme, restant à définir à partir de son véritable commanditaire).
En France, le phénomène Dieudonné est utilisé par le pouvoir en place pour servir de diversion au véritable problème de la crise. Au lieu d’avaliser l’antagonisme entre l’antisémite (terme impropre) et le pouvoir ultralibéral, il convient de se rendre compte que cette polémique est utilisée aux fins d’aviver les tensions et de servir la stratégie : diviser pour régner. Tandis que le niveau de vie des Français s’effondre, on les divise sous un prétexte futile (et stupide) pour mieux perpétuer, voire accroître, la domination oligarchique.
D’autres éléments pourraient être invoqués, qui tous convergent vers le même sens. L’important est de constater que le peuple, loin des envolées démagogiques, qui le flattent comme une force aussi aveugle que bonne, est incapable dans un moment de crise, de faire preuve de lucidité, et choisit les partis extrémistes et violents contre ses intérêts, qui passent par la recherche de solutions constructives et pacifiques. Après les choix de régimes fascistes dans les années 30 suite à la crise financière (solution qui mena à la Seconde guerre mondiale), nous nous trouvons dans une situation, préalable et embryonnaire, où l’on recommence à accorder sa confiance à des factions violentes et incompétentes, comme l’illustre la montée de ces comiques manipulés et dépolitisés en Europe (Grillo ou Dieudonné), dont le point commun est de prôner le rire relativiste contre l’effondrement des valeurs.
Le seul moyen de se sortir de cette crise ne viendra donc pas du peuple, qui est incapable d’élans constructifs et qui se montre suiviste et passéiste, jusque dans ses révoltes aveugles. Il viendra de l’innovation encore inconnue et de ce fait aussi peu populaire qu'élitiste. Si cette innovation doit se manifester ailleurs qu’en Occident, eh bien, tant mieux. Peut-être que la situation dans nos régions est si désespérée, les mentalités si moutonnières, que l’élan ne peut repartir que d’autres contrées. Espérons que la France y participe, tant il est certain que l’émancipation de l’homme réussira.
Les solutions se laissent entrevoir : 
- au niveau politique, l’espace est une ouverture physique aux retombées incalculables. S’il n’est pas certain que l’essor puisse repartir d’un des coins de la Terre, le véritable enjeu est de savoir quand la nouvelle suprématie interviendra, quand elle basculera de la Terre vers l’espace. Pas dans les prochaines décennies, mais dans les siècles à venir. Quand arrivera l’anecdote concoctée par Asimov? Après plusieurs dizaines de milliers d’années de développement spatial, les hommes rechercheront leur planète originelle (à l’heure actuelle, le Terrien se demande plutôt où l’espèce humaine est apparue précisément et comment son développement s’est produit). 
- au niveau culturel, la découverte de nouveaux espaces physiques ne peut se dérouler que si de nouvelles formes de religieux sont mises en place. La connaissance n’est pas un mouvement physique déconnecté des facultés d’abstraction. On ne connaît qu’à partir de principes qui sont ensuite appliqués au physique (l’illusion d’optique fait voir les découvertes avant les principes). C’est la raison pour laquelle la crise est si importante et ne se résoudra pas tant qu’on l’aborde en termes seulement économiques ou sociaux - même politiques.
Le problème est plus profond, plus vaste. Nous n’arriverons à le résoudre que si nous nous rendons compte que l’identité est religieuse. Tant que nous en resterons à des résolutions superficielles et carencées, nous ne produirons que des illusions insuffisantes (délires dépolitisés, réformes économiques pertinentes...). Toute réflexion qui ne s’attache pas à cette question renvoie au bavardage - la plupart des questions proposent des diversions, aussi érudites et intéressantes soient-elles.
Le plus difficile n’est pas d’être inactuel, comme y invitait Nietzsche dans ses égarements, mais de se montrer actuel : saisir en quoi l’essentiel se confond avec l’actuel. Etre actuel, c’est non pas sacrifier au superficiel, mais retrouver les principes dans les accidents. Le journalisme se garde de le faire, lui qui ne garde des principes que leur superficialité. Ceux-ci tendent autour du même thème : qu’est-ce que la croissance? Si on explique la croissance par l’innovation et la création, la croissance physique est adossée à la propriété d’extensibilité (le physique et l’instant ne constituent que les supports immédiats du réel).
C’est vers cette construction qu’il faut tendre, même si sa nature est d’excéder le temps et de ne pas se manifester en termes de chronologie linéaire. Son avènement tardera à se produire, parce que son unité concerne l’ensemble du temps déroulé, et son application directe se manifeste par une longue période temporelle, qui ne fait que commencer (à ses prémisses). Autant dire que les deux dimensions du réel sont liées, même si le deuxième point prendra plus de temps à advenir que le premier, bien que son avènement soit nécessaire à l’édification physique.
Ces voeux sont donc destinés aux siècles à venir, et pas (seulement) à l’année qui vient.

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