lundi 24 mars 2014

Cuisine rance

Je reprends avec la permission de son auteur cette analyse de la manipulation qui est ourdie autour de l'affaire Dieudonné et dont les premières victimes seront les banlieusards issus de l'immigration, qui constituent une large part de ce public vengeur.

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(Désolé pour la longueur du texte...)

Comment fabrique-t-on une manipulation politique?
Tout d’abord prenez un parti nationaliste qui se présente comme indépendant et rebêêêle...

Marine Le Pen, qui est la fille de Jean-Marie, est dans une stratégie de respectabilisation du FN, de telle sorte qu’il s’aligne sur les partis d’extrême-droite en Europe prêts à régner. Pour ce faire, sa stratégie nationaliste est simple : monter la communauté blanche et catholique (d’origine...) contre les communautés africaines. L’affaire est réussie si ces dernières sont musulmanes et de banlieue (le repoussoir complet).
Ce faisant, Marine s’aligne sur le discours des néo-conservateurs comme Daniel Pipes aux EU ou Taguieff en France, qui dénoncent la nouvelle judéophobie depuis le 11 Septembre (terme plus cohérent qu’antisémitisme, parce qu’un Arabe antisémite ça ne veut rien dire, tandis que le même en judéophobe, ça a du sens).
Le discours de Marine s’en prend tacitement, mais clairement, au phénomène monté en mayonnaise (de mauvaise qualité) de Dieudonné, et au discours idéologique façonné par Soral et Egalité et Réconciliation, sorte de think tank alternationaliste qui est antisioniste et pro-musulman, à condition que ces deux attitudes soient nationalistes (ce qui change tout, mais bref).
On pourrait alors se dire : c’est la preuve que Marine et le FN sont opposés à Dieudonné et Soral, puisque la première défend le nationalisme islamophobe, quand les seconds défendent le nationaliste antisioniste (si tant est que Dieudonné soit nationaliste, ce qui est à mon avis lui accorder un crédit intellectuel trop grand, lui qui est seulement cynique, opportuniste, individualiste et attiré par l’argent).
C’est ici que l’on voit comment on monte une manip.
1) Tout d’abord, il est curieux d’opposer un nationalisme à un autre sur le plan logique. Les désaccords sont secondaires, quand l’essentiel est commun.
2) Ensuite, l’opposition souffre de graves contradictions de la part des intéressés. Quelques éléments : 
- Soral un ancien du FN appelle toujours à voter Marine (la moins pire et la moins sioniste, sic). 
- Dieudonné définit Le Pen père comme un résistant, ce qui est une insulte à la mémoire des Résistants et l’apologie décérébrée de l’Occupation et de Vichy.
- Soral a monté son think tank Egalité et Réconciliation avec l’aide logistique de Penninque, avocat proche du GUD et actuel conseiller de ... Marine Le Pen.
- Dieudonné est proche d’un autre Gudard en la personne de Châtillon, qui est lui aussi un conseiller de Marine, et qui dirige une boîte de com.
- En 2009, Soral et Dieudonné ont participé à une liste Antisioniste aux Européennes, qui comprenait outre l’intervention directe de l’Iran chiite (en direction des Sunnites de France!!!) 1/3 de candidats FN (noooon???).
Il y aurait d’autres éléments, mais ceux-ci suffisent à démonter de manière irréfutable que les passerelles entre le FN ligne nationaliste islamophobe et le groupuscule satellitaire de Soral et son complice idéologique Dieudonné contredisent l’opposition de façade.
Quelle est alors la stratégie mise en place par les spin doctors de Marine, dont certains viennent de l’ENA et de la haute fonction publique (le n°2 du FN est un Inspecteur des Finances et certains dans cette haute FP ont pris faits et causes pour le FN dans la crise depuis la présidentielle de 2012, ce qui signifie que certains ont choisi contre la crise ... le chaos)? 
Il s’agit de créer, non pas la politisation des Africains de banlieue, surtout s’ils sont musulmans, vers le nationalisme, car seule une infime minorité y consentira. Soral n’est jamais qu’un marginal, bien qu’il se déclare une star (c’est son rêve d'exclu de cet univers de toc des médias que de le réintégrer sur son cheval blanc). 
Ici intervient l’utilité du symptôme Dieudonné : si notre comique vulgaire et pornographique, qui rêve d’enfiler des quenelles dans le fion du sionisme ou de Hollande (au choix pour le fist fucking grand luxe) est le compagnon de route de Soral, de Châtillon, de Le Pen père et femme (Jany), etc, ses accointances avec l’extrême-droite sont :
- pour lui le moyen d’engranger des millions, surtout en ce moment; 
- et pour ceux qui le manipulent depuis 10 ans le moyen de créer une dépolitisation de ce public de banlieusards de (lointaine) origine africaine, voire musulmane, autour d’un pseudo-comique, qui signifie, dans la veine des rappeurs débiles ou des sportifs formatés, que l’on méprise leur intelligence, parfois assez limitée il est vrai.
Dieudonné occupe donc une place significative dans le dispositif qui consiste à éloigner ce public qui votait pour le PS et la gauche en majorité et qui désabusé en vient à se dépolitiser : il accélère ce processus, il le canalise grâce au mirage de l’antisionisme nationaliste (que certains prennent pour de l’anti-impérialisme!) et ce faisant, il participe au processus qui renforce le FN en supprimant un public hostile et inutile.
Coup double pour le FN dans sa stratégie pour accéder au pouvoir partiellement (occuper un ministère pourquoi pas) : 
1) il se respectabilise un peu plus, ce qui n’est pas évident vu d’où il vient et qui il contient;
2) il légitime son islamophobie et sa négrophobie, grâce à la dépolitisation des musulmans et des Noirs de banlieue.
Ces derniers sont des idiots utiles, qui sont les premières victimes de leur ras-le-bol travesti en vengeance. Tout comme Dieudonné sera à terme jeté comme une vieille chaussette après avoir été mis en lumière comme un improbable génie dégradable.
Cependant, cette stratégie contient une limite évidente : le FN ne peut fédérer une majorité de Français avec une stratégie qui repose sur le bouc émissaire, le rejet des minorités, la xénophobie, le racisme, l’islamophobie, etc.
Donc le FN est un parti voué à être minoritaire (comme Egalité et Réconciliation à être, elle, ultraminoritaire).
Dès lors, à qui profite le crime? 
Rappelez-vous que :
1) l’ascension du FN vers la légitimation publique dans les années 80 nécessitait beaucoup d’argent, qui fut donné en grande partie par la secte ... Moon. Mais oui. Donc : le FN est un parti promu par les Anglo-saxons.
2) les sionistes alliés des Anglo-saxons ont soutenu au départ Le Pen tout comme le CRIF qui s’est droitisé (tendance Netanyahu, quand même!) depuis 15 ans soutient l’ascension de Marine (déclaration de Cukierman), ou incruste Soral (via notamment le survivaliste San Giorgio) ou Dieudonné (les propriétaires du théâtre de la Main d’or depuis 4 ans sont des soutiens fervents de la politique actuelle d’Israël, si ça ne vous fait pas tilt sur la légitimité de la dissidence made in Dieudonné, laissez tomber, c’est un problème neuronal insoluble à l’heure actuelle).
3) le PS sous Mitterrand avait programmé de manière cynique la montée du FN mouture Jean-Marie pour affaiblir la droite et le RPR. L’attitude de Valls et Hollande (deux blairistes) suit la même logique : en faisant monter la sauce Dieudonné, ils le renforcent à court terme inexplicablement, et seraient des imbéciles - sauf s’ils espèrent contrer le ras-le-bol populaire contre leur politique mensongère au service des élites financières et leurs relais médiatiques par la dépolitisation et la montée du FN. Le discrédit des banlieues permet d’affaiblir la droite (UMP surtout) et de donner mauvaise conscience à ceux qui ne veulent pas participer au soutien du FN, parti xénophobe, nationaliste et islamophobe (quand même!).
Les principaux bénéficiaires sur le champ politique de cette montée conjointe et contradictoire de Dieudonné, Soral d’un côté, le FN de Marine de l’autre sont ... les socialistes de Hollande. Ca vous rappelle Mitterrand? Alors vous adorerez cette nouvelle version de Super-PS contre le FN! 
J’en reviens à Penninque qui est aussi l’avocat de ... Cahuzac, dont on peut penser qu’il ne roulait pas que pour lui dans les circuits troubles du PS, mais aussi pour d’autres ténors que DSK...
Les commanditaires sont-ils circonscrits au champ politique, alors que l’échiquier politique subit le discrédit?
C’est ici qu’il faut évoquer, par ces temps de 6 février 1934, non pas la Cagoule, mais la synarchie. La main de la synarchie n’apparaîtra pas directement derrière le FN ou le Maître du Logos Soral (tendance Groucho Marx) ou, plus encore, Dieudonné (tendance sous-Coluche), que les élites méprisent comme un bouffon inculte et extrémiste (à juste tire).
Le propre de la synarchie est d’appuyer une politique qui allie l’extrême-gauche à l’extrême-droite pourvu qu’elle déstabilise les institutions et qu’elle profite à ses élites. Egalité et Réconciliation revendique ce dessein au nom de l’alternationalisme, mais la dépolitisation sinistre de Dieudonné qui fait en lieu et place des quenelles vaines peut aussi participer de ce mouvement.
La synarchie est la faction extrémiste des élites industrielles et financières, qui depuis Napoléon opère en Occident et qui a élu son siège entre la City et Wall Street (autour de la banque Worms en France pendant la Seconde guerre mondiale, intégrée depuis par les intérêts Lazard, aujourd’hui représentés en partie par le milliardaire rocker tendance punk Pigasse I can’t get no satisfaction).
On retrouve dans l’entourage de Soral (formé par le contre-révolutionnaire Henry Coston et soutenu par son disciple Rattier, collaborateur récent d’Egalité et Réconciliation) des accointances avec la synarchie; tout comme la promotion de Faurisson par Dieudonné et sa clique (Châtillon était présent au procès après le Prix de l’infréquentabilité et de la dignité) révèle que Dieudonné est surveillé par les services anglais (via le parti nationaliste et révisionniste anglais : le British National Party) qui encadrent l’entourage anglophile de Faurisson. Dieudonné a reçu tout ce beau monde à son théâtre ultrasurveillé pour l’anniversaire de notre professeur passablement contestable. Par ailleurs, Dieudonné est accusé par de nombreuses sources d’être manipulé depuis des années par l'ex DCRI, les anciens RG, via son garde du corps et homme à tout faire.
Ces éléments pour montrer que la stratégie de Marine si elle instrumentalise les antisionistes nationalistes et les dépolitisés proto-nationalistes autour de Dieudonné se trouve elle-même manipulée par des marionnettistes plus importants du champ politique et des cercles financiers et industriels. 
L’histoire se répète et cette manipulation risque bien d’accroître les risques de chaos qui pèsent sur la France et l'UE. 
Pendant ce temps, un humoriste quenellier issu d’une irréductible Gauloise et d’un membre du Peuple de la forêt camerounaise fait croire qu’il est antisystème, dissident et très courageux à un public réduit mais fidèle d’Abraracourcix grandement issu des rangs africains, voire musulmans, de la banlieue. 

Vous voulez un - dessein???"

mardi 11 mars 2014

Vertu du virtuel

On entend en ce moment des réactionnaires pleurnicher contre l'avènement d'Internet. Alors que l'édition Gutenberg permettait une expression qui était achevée dans le bon sens du terme, Internet signalerait la dégénérescence des nouvelles formes d'expression, liées à l'interactivité et à l'ordinateur.
Pour commencer, il faut se montre bien naïf pour croire qu'une certaine forme de communication achève le progrès technique, et Internet se trouvera un jour dépassé par des formes dont j'ignore le visage, bien que j'aie quelques intuitions à ce sujet, que je développerai un jour (si Dieu le veut, comme ajoutent les croyants). 
Puis, ces gens qu'un certain système d'édition a enrichi se scandalisent de ce que ce système se trouve subitement dépassé, bien que le processus prendra plusieurs siècles pour que la transition s'effectue et que l'on parle de Gutenberg comme d'une technique passée. Passe encore que certains romanciers aient pu se retrouver très riches grâce à leurs écrits tout en publiant des écrits intéressants, voire géniaux, mais je comprends nettement moins que l'on ne mesure pas à quel point l'actuel système Gutenberg empêche la créativité et devient un véritable filon pour faire de l'argent, et, plus encore, pour asseoir l'élitisme.
C'est la véritable critique que l'on pourrait dresser contre Gutenberg à l'heure où Internet monte en puissance de manière inexorable et irrésistible : l'obsolescence d'Internet touche en premier lieu à cet élitisme insoutenable qu'impose Gutenberg et qui constitue le principal obstacle à sa créativité. Gutenberg au moment, dépassé désormais, de sa mise en place, représentait au contraire une formidable progrès dans la possibilité d'exprimer des idées et des formes.
Et puis, petit à petit, la machine Gutenberg a pris une telle dimension qu'elle a cru que son format n'était pas un progrès, mais l'achèvement du progrès. Gutenberg s'est sclérosé en croyant être la fin. La fin exprime la déformation. Dès qu'une forme, de quelque nature que ce soit, pense achever la fin, elle annonce sa disparition. Oubliant qu'elle avait permis un accroissement important des moyens d'expression, Gutenberg s'est arc-bouté sur le pouvoir qu'il représentait et refuse désormais de soutenir le progrès de ces mêmes moyens d'expression, qui ont basculé vers Internet.
Quand on entend des écrivains célèbres (et médiocres) s'en prendre à Internet, la vraie question que l'on devrait leur opposer serait : pourquoi défendre le système obsolète qui vous a promu? Ils répondraient : mais parce que c'est le seul système qui encourage la création de valeur. Internet n'est que l'outil infâme d'un ramassis de pornographes et autres stupides nombrilistes, qui tuent la créativité. C'est ici qu'il faut contredire : de quelle créativité parlez-vous? De celle passée ou de vos productions qui se targuent des mérites passés, mais qui ne peuvent plus être créatrices?
Pour être créatif, il faut s'ouvrir aux changements. Il faut s'adapter aux progrès. Une créativité qui entendrait se figer sur un certain type de progrès se scléroserait aussi sûrement que l'invention. Cette dernière est promise à l'obsolescence. Et la créativité? Soit elle lui est associée; soit elle n'est plus créativité. 
Tel est le cas avec Gutenberg : la continuation de Gutenberg se situe dans Internet, de telle manière que la créativité a déjà déménagé vers l'hébergeur Internet et a déserté Gutenberg, qui ne contient plus que l'arrière-garde des nostalgiques et des caciques et qui pense se renouveler en maintenant à l'identique son mode de fonctionnement. Mais cette manière de procéder n'est qu'anti-créatrice. En outre, elle a pour principal inconvénient de prétendre que la texture du réel n'est constituée de virtuel que de manière périphérique ou accidentelle, tandis que le réel serait le réel qu'on nomme physique, le donné, dont le propre serait de constituer un fond stable et dont l'immuabilité consiste moins dans l'absence de changement que dans le changement par le chaos.
Internet montre au contraire que le progrès se manifeste par l'accroissement de la virtualité, ce qui n'implique nullement que le réel soit appelé à devenir de plus en plus virtuel, mais au contraire que la partie concrète du réel résulte d'une application du virtuel. Quand on critique la virtualisation du réel, on entend par virtualisation l'éloignement du réel, ce qui implique que l'on entende par réel ce qui est le plus porche, immédiat et physique. Pour ce qui est de la réalité immédiate, c'est justement pour cette raison que le réel est le terme qui convient pour désigner le quelque chose.
Car l'immédiat peut aussi bien contenir, dans sa fulgurance et son unité, ce qui excède justement le physique, comme ne retenir du réel que ce qui est sa version la plus solide et accessible. L'immédiat révèle le secret du réel : contenir en un seul instant tout le réel, de telle sorte que l'expression temporelle constitue l'étalement du réel en plusieurs instants d'êtres. Comment comprendre que ces instants multiples puissent être contenus dans un seul instant?
C'est ici que le virtuel peut nous mener vers la direction du réel qui ne saurait être seulement composé d'être au sens physique, ainsi que le suggère la tradition des nominalistes, dont se réclame de nos jours un Rosset au nom du réalisme intégral. Il est curieux de se réclamer du réalisme pour produire la définition incomplète (et hallucinatoire) du réel.
Le réel est plus à comprendre en termes de virtuels qu'en termes de donné. La virtualisation tant dénoncée par les sectateurs de Gutenberg d'Internet est un progrès en ce qu'elle permet d'exprimer plus facilement ce qui est réel. Et si Internet contient plus de données, de stocks et de potentialité d'exprimer des facettes de réalité, c'est parce que c'est le virtuel, et lui seul, qui permet l'accroissement des données sur le donné, et non des inventions internes au donné qui l'amélioreraient.
La virtualisation d'Internet constitue un progrès dans la possibilité pour l'homme de dire le réel et de s'y mouvoir. Se mouvoir dans le réel, c'est ainsi, non pas suivre les prescriptions nominalistes du pseudo réalisme intégral, mais approfondir son potentiel de virtualité, de telle sorte que la connaissance du réel se trouve enrichie, tandis que si l'on s'en tenait à une approche du réel comme donné, outre que l'on arriverait à l'entropie comme définition, on ne parviendrait jamais à créer quoi que ce soit.
Le virtuel est ce qui encourage la création. Le potentiel de création se trouve dans le virtuel. Internet est un puissant outil qui améliore la créativité humaine et la rend accessible à tous bien plus aisément que Gutenberg, dont on mesure l'oligarchisation croissante à mesure que s'installe sa sclérose. Gutenberg est donné. Le virtuel a besoin pour se maintenir de progresser vers Internet.
Il ne faudrait pas voir le réel comme plus composé de virtuel que de physique. Le réel a autant besoin de son actualisation que de sa virtualité. Sans virtuel, le réel s'étiole; sans physique, le réel n'aurait pas de consistance. La consistance désigne la matérialisation, soit le critère selon lequel il faut que le jeu incessant du virtuel trouve un débouché physique sur lequel adosser son mouvement.
Le physique est, non l'aboutissement du virtuel, mais le socle inférieur sans lequel le virtuel ne peut se développer. Sans le jeu incessant entre virtuel et physique, le réel ne peut perdurer. Considérer les deux de manière isolée rend impossible leur expression. Le virtuel pur est évanescent, le physique pur est palpable, mais ce n'est pas parce qu'on peut le sentir qu'il est plus réel que ce qui serait seulement appréhendable par la réflexion.
Au contraire, ce qui est le plus vérifiable par les sens est le moins réel au sens où il est le plus fragile. Le réel peut être dit virtuel au sens où sans virtuel on en conserverait que le résiduel, un peu comme si on décrétait que l'eau n'est en fait que l'écume née de ses flots tumultueux. Le virtuel amène à s'interroger sur la structure malléable du réel. Internet est l'invention technique qui facilite l'expression, le langage dans ce qu'il comporte de créatif et qui permet d'accéder à al dimension malléable du réel.
Si le discours ontologique est le discours qui à l'intérieur de la philosophie transcendantaliste s'oppose à la métaphysique, et si l'ontologie qualitativement supérieure peut se permettre de s'opposer à la métaphysique quantitativement plus importante, tout discours qui se développe à l'intérieur de la sphère transcendantaliste ne peut accéder au malléable et au niveau de réalité qui a besoin de l'innovation technique d'Internet.
Tant que l'on en reste au niveau technique Gutenberg, l'expression ne change guère du parchemin et du parchemin. On en reste à une conception élitiste du discours, qui ne peut être émis que par un tout petit nombre d'élus, et qui en peut être reçu que par un public à peine plus large. Le discours est une affaire de castes supérieures, dont se trouve issue la majorité. 
Internet permet potentiellement l'application généralisée du discours à tout individu, avec ce corollaire pervers selon lequel Internet sera utilisé en premier lieu par tout individu qui n'a pas reçu l'éducation en mesure d'exprimer son potentiel créatif. Mais c'est le lot de toute invention que de commencer par exprimer quantitativement son potentiel négatif, avant que sur la durée de montrer en quoi consiste son apport qualitatif. 
L'observateur ne peut apercevoir du réel sa dimension malléable, extensible, croissante d'un point de vue physique, si l'on se place d'un point de vue transcendantaliste, qui ne peut que développer cette optique, parce qu'il s'en tient à une approche du réel où ce qui est reconnu comme n'étant pas de l'être est du non-être ou de l'indéfinissable.
Du coup, il manque l'aspect du réel qui permet de le rendre compréhensible : l'Etre est aussi incompréhensible que perçu comme totalité infinie. Mais comment l'infini peut-il occuper la totalité de l'espace? C'est ici que l'intelligence bloque et que la raison ne parvient à saisir ce qui lui échappe manifestement. Ce qui fait que Platon s'en tient après moult atermoiements à l'autre comme de l'être fini, et que Descartes envisage que Dieu soit un mystère incompréhensible, associant le fini au total.
Le complet immanentisme  qui s'incarne dans le désir, est fini. Lui se montre logique, quoique assumant que complétude ne puisse s'associer qu'avec finitude. Au-delà, l'infini devient l'incréé. Pourquoi Gutenberg ne peut-il que s'en tenir à appréhender le réel comme ce qui est de l'ordre de l'infini, soit qui ne peut que comporter de la négativité? Gutenberg épouse le transcendantalisme monothéiste et surgit au moment de l'avènement du transcendantalisme.
Le monothéisme se caractérise par l'édition de l'unité. Le réel est un. Fort bien, sauf que l'un n'arrive pas à correspondre au réel. Gutenberg suit cette déclaration selon laquelle le discours sera incomplet pour dire le réel et ne parviendra à rendre compte de ce qui dans le réel est tenu pour n'étant pas réel. Le réel selon Descartes est autant infini que fini.
La technique Gutenberg consiste à rendre élitiste l'un, ce qui change par rapport à l'élitisme polythéiste qui correspond à la technique du parchemin (au sens large). L'élitisme pluriel devient l'élitisme un. Le transcendantalisme en peut être qu'élitiste, au sens où l'être que le transcendantalisme édicte et sélectionne est la part qui est l'être fini.
Gutenberg ne parvient qu'à montrer qu'il existe une unité entre ce qui est fini et ce qui est infini, mais sa technique d'expression ne peut définir ce qui sort du fini. Le parchemin parvenait à s'en sortir grâce à la multiplicité de l'être, qui comblait le manque du fini. L'unité est le paradoxe entre ce qui est défini et le lien avec ce qui n'est pas fini et qui n'est pas reconnu comme réel. 
Mais la technique qui est au service du transcendantalisme se montre élitiste. C'est Internet qui met fin à l'élitisme, même si l'innovation Internet, pour importante qu'elle soit (plus importante qu'Internet), n'est pas l'innovation ultime, mais laissera la place à plus performante qu'elle. La performance du progrès technique est au service de ce qui permet la progression de la connaissance du réel. 
L'augmentation du virtuel, qui est la spécificité d'Internet, est au service d'une meilleure connaissance du réel, de telle sorte que la résistance de Gutenberg à laisser la place à plus performant se traduit, sur le siècle qui vient, par une exigence réactionnaire de refuser que la connaissance progresse, au nom du fait que tout changement remet en question l'ordre que l'on domine. L'argument invoqué est réactionnaire : rendre l'expression plus égalitaire, comme c'est le cas avec Internet, reviendrait à abaisser le niveau d'intelligence.
C'est l'inverse qui est vrai : l'amélioration, qui passe par des découvertes singulières, souvent incomprises sur le moment, implique que  l'on rende plus accessible l'accès à l'expression, de telle sorte que les potentiels découvreurs aient plus de chance d'éclore au sein d'une masse plus grande. Plus les découvreurs sont potentiellement importants, plus les découvertes seront nombreuses.
Tandis qu'Internet rend plus créatif, Gutenberg détruit la créativité. Être plus créatif signifie que le potentiel de créativité croît en chaque individu, du fait qu'il se trouve convoqué par Internet (où l'on mesure que l'éducation de l'avenir sera connectée avec la créativité); tandis que Gutenberg tend de plus ne plus à remplacer la créativité par le principe oligarchique de connaissance, inférieur à la création : le savoir.
Le savoir rend compte du réel donné et empêche que l'on change la connaissance. Au contraire, le virtuel rend la connaissance dynamique au sens où le domaine de l'être ne peut être compris s'il n'est pas sans cesse soumis au changement. Le virtuel permet de mieux comprendre le réel, ce qui rend Gutenberg partie intégrante des acquis passés et dépassés. 
Quelle suite pour Internet? Pour prolonger la virtualisation, il faudrait se tourner vers ce qui peut encore accroître la créativité : la faculté de communiquer par télépathie. Le futur technologique se trouve dans la possibilité, non de libérer la créativité interne, vers ses effets extérieurs, mais d'abolir la distance entre l'extérieur et l'intérieur. Cette réconciliation ontologique passera par la juste compréhension du rêve devant lequel Descartes a échoué : réconcilier le cogito avec son extérieur (jamais nié).
Cet approfondissement du réel laisse espérer qu'un jour, dans de futurs siècles, l'homme sera capable d'aborder le réel selon les aspiration de l'intuition : embrasser d'un seul coup, à la manière d'une vision totale et fulgurante, l'intégralité du réel. Ce travail portera sur ce qui constitue la profondeur du réel, et non plus sur son étendue, comme c'est le cas aujourd'hui avec l'approche à dominante physique.
A ce moment, ce qu'on nomme de manière négative et imparfaite infini sera maîtrisé comme ce qui ressortit du virtuel. L'infini n'est pas un état existant et pour le moment indéfinissable (avec Descartes qui explique que l'on n'a pas à savoir pourquoi Dieu nous a créés ainsi, de manière imparfaite). Alors que ce qu'on nomme infini ne peut être compris depuis les normes finies et doit être appréhendé en termes de malléabilité. Vertu du virtuel.