mardi 29 novembre 2016

Le réflexe conservateur

Comment expliquer la persistance de l'oligarchie, alors qu'elle est reconnue comme se trouvant inférieure à la république? La question générale serait : comment expliquer que le minimum soit préféré au maximum alors que les deux sont connus et reconnus? Ce constat montre que le modèle général du transcendantalisme, en particulier celui de la métaphysique (le Premier Moteur), est faux. Il insinue que le parfait se situe au commencement et que la suite n'est que dégradation. Si l'on adopte plutôt la conception selon laquelle le minimum est le fondement qui prépare le développement du maximum en constante progression, la persistance de l'oligarchie s'explique : le fondement, s'il n'est pas l'expression du maximum, n'en demeure pas moins le lieu de la certitude, soit du commencement.
On préfère ainsi ce qu'on tient, fort de l'adage selon lequel, s'il est dangereux de lâcher la proie pour l'ombre, c'est qu'il vaut mieux s'assurer de ce qu'on tient plutôt que de ce qu'on peut tenir, fût-ce du plus intéressant ou du supérieur. Ce raisonnement est faux, car il aboutit à préférer le minimum au maximum, ce qui est aberrant. Mais il illustre une mentalité qui amène à préférer la conservation au progrès, fort de l'idée selon laquelle on est sûr de ce qu'on a. Ce raisonnement s'avère faux, au sens où on ne peut conserver ce qui est sauf à aller du minimum vers le maximum.
Le progrès exprime ainsi le seul moyen de conserver un certain état, pendant un certain temps (il n'existe pas d'être définitif ou éternel). Il ne s'agit pas de condamner le conservatisme en politique, puisqu'il peut exister des pensées conservatrices qui intègrent en leur sein des éléments de progrès, tout comme certaines positions progressistes promeuvent à l’examen un progrès des plus réactionnaires (comme l'écologie politique, dont le changement consiste précisménet à en revenir aux commencements de la Nature).
C'est toute cette pensée qui imprègne notre modernité depuis que Descartes l'a théorisée de la manière la plus rigoureuse et admirable qui soit, notamment avec la première preuve par les effets dans sa Troisième méditation (selon laquelle la cause est égale à l'effet, ce qui implique qu'elle puisse lui être supérieure, mais pas inférieure, ce qui est le cas avec Dieu, qui est parfait, alors que sa création est imparfaite).
Dès lors, il est normal que l'on préfère l'oligarchie à la république, car d'un point de vue logique on est amené à préférer la proie à l'ombre. On notera ici que l'ombre ne constitue pas quelque chose d'illusoire, de la même manière que ce qui est faux ne peut exister en tant que tel que s'il bénéficie de la possibilité de se tromper.
Tout cela implique que le réel n'existe jamais de manière nécessaire et unique, mais qu'il se forme au sein d'un champ de possibles, qui s'il n'existe pas à l'état d'alternatives égales à l'hypothèse devenant le réel, doit se former parce qu'il existe autre chose que ed l'être - et même que l'être est fondamentalement cet autre chose, soit de la malléabilité, étant entendu qu'elle n'est pas un autre identique à l'être, mais une faculté venant rendre possible l'avènement en son sein du donné.
Pour en revenir à mes moutons, l'oligarchie fait croire qu'elle s'adosse sur la nécessité implacable. Il n'y aurait pas moyen de changer de possible, puisqu'il n'y en a qu'un seul. 
Alors qu'en fait, notre liberté fondamentale fait que ce n'est pas le seul possible qui s'actualise de manière extérieure à nous, et nous serions seulement soumis à la providence, mais nous disposons de la faculté d'agir pour une certaine part dans nos actions et nous en usons comme d'une 

mercredi 16 novembre 2016

Le nihilisme masqué

La manière de traiter l’infini est révélatrice du taux en nihilisme qui infeste la philosophie depuis les présocratiques. Le nihilisme est présent dans le transcendantalisme, dans la mesure où il est implicite : ainsi du terme d'infini, qui par la négativité qu'il charrie ne renvoie pas à de la positivité, mais à ce qui n'est pas fini.
L'éternité ne se trouve pas définie. Le fait que les philosophes parlent de l'infini ne signifie donc pas qu'ils ne sont pas nihilistes, tant s'en faut. Spinoza, qui est un immanentiste, soit une forme radicalisée de nihilisme selon laquelle il convient de tenir le moins possible compte de l'infini, parle pourtant bel et bien d'infini, quand il avance que Dieu est infini. 
Mais c'est pour dire que l'infini désigne une immanence infinie, qu'on ne saurait définir autrement que sous un autre terme négatif, celui de substance incréée. L'opposition aux religions révélées est patente, et derrière elles, au transcendantalisme comme forme de raisonnement. 
En gros, plus on trouve le terme infini, plus le nihilisme est présent, car cette occurrence implique que la négativité soit présente, signe du nihilisme par excellence. Pour trouver une conception qui ne soit pas imprégnée à des degrés divers par le nihilisme, il faut que la conception de ce qui n'est pas fini, littéralement l'infini, soit proposée. 
Or c'est ce qui n'est jamais le cas dans l'histoire de la philosophe, à l'exception timorée de Platon, qui propose comme définition du non-être l'autre, soit une définition finie qui indique bien qu'il existe autre chose que de l'être, sans expliquer au juste en quoi consiste l’Être. De ce fait, il évite de définir l’Être et ne donne du non-être qu'un aperçu partiel, fini, celui de l'autre. 
Mais le non-être reste présent, et avec usure, dans l'indéfinition de l’Être, qui ressortit bien de la catégorie de la négativité implicite. Pour résoudre ce problème, Platon aurait dû définir vraiment l'infini et ne pas en rester à l’Être, qui n'est jamais qu'un défini masqué et un positif cachant à grand peine en son sein le négatif.



mercredi 2 novembre 2016

A découvert

Et si Dieu ne désignait pas le commencement, car le commencement est une valeur propre à l'être? En ce sens, il faut quitter les représentations rattachées à l'être pour comprendre que Dieu désigne une réalité cohérente. 
Ce que nous renvoie nos sens, c'est une représentation ontocentrique. Il convient de remonter au-delà de la raison, vers la créativité, qui permet d'aller au-delà de l'être.
Si l'être est adjoint en complément à la malléabilité, les conceptions qui lui sont inhérentes deviennent imprécises, à l'image des notions de début et de fin, que l'on définit aisément sur le contenu d'une existence, mais pas l'existence en général, celle de l'être ou du réel. Autrement dit, il faut des limites précises pour définir l'être.
On dit souvent que le propre du réel est d'être dépourvu de limites. Mais on ne comprend pas ce qu'est l'être si on s'en tient à une définition au fond imprécise, voire contradictoire (comme si la supériorité de Dieu était d'être au-dessus du principe de contradiction, ce que défend un Descartes, pilier de la pensée moderne).  
Pour retrouver de la clarté, il faut sortir du transcendantalisme, ce qui revient à congédier la mentalité atavique par laquelle l'homme s'est développé. C'est en ce sens alternatif et constructif que s'ébauche l'hypothèse selon laquelle Dieu désigne la capacité, (re)couvrante et non holistique, qui caractérise le réel. On change alors de perspective, au point que la plupart des conceptions liées au transcendantalisme apparaissent dépassées. 
Le holisme implique l'existence d'un tout. Or le tout ne peut exister que dans le domaine fini. Dans l'infini, terme propre au transcendantalisme, qui par sa négativité indique que la méthode transcendantaliste ne peut penser cette réalité pourtant irréfutable, il fait partie de ces valeurs dépourvues de signification.
Le holisme admet à l'examen qu'il a besoin d'un extérieur pour se maintenir. Donc d'un espace. Un espace qui serait extérieur contredit l'idée du tout, si l'on entend par ce terme tout l'ensemble du réel. 
On mesure à quel point la définition de l'infini pose problème. En particulier, la notion pourtant cardinale l'espace vole en éclats, puisqu'il ne peut y avoir d'extérieur à ce qu'on nomme tout. L’extériorité du tout indique ainsi qu'il existe une extériorité connexe au tout, donc du réel.
Dès lors, le transcendantalisme échoue à expliquer ce que désigne ce qu'il nomme par cette approximation négative d'infini. Un indice supplémentaire que l'explication valable ne fonctionne que dans le domaine du fini.
Reste à expliquer qu'il y ait quelque chose. C'est dire que la reconnaissance négative du fait qu'il y a autre chose que du fini vient expliquer par là même le fini.
Leibniz à l'époque moderne par Leibniz a formulé le problème en en restant à une question, présente un sens qui s'avère spécifiquement métaphysique, au sens où la métaphysique en reste à l'analyse d'ensemble de ce qui est fini.
Dans l'infini, la métaphysique patine, ce qui explique qu'elle présente l'infini comme le négatif. Elle en vient alors à le considérer comme le néant, après avoir tenté de le réduire, avec Descartes, à la valeur de l'indéfini, qui présente comme mérite de demeurer dans les bornes familières du fini.
Quelle valeur l'infini présente-t-il? Le fait qu'il désigne le non-être indique que ce terme intégralement négatif exprime simplement ce que l'être n'est pas - et rien de plus. 
Autrement dit, le non-être, c'est l'infini considéré depuis le point de vue déformé (et ontomorphique) de l'être. Au sens littéral, il peut y avoir quelque chose plutôt que rien si quelque chose est exclusivement entendu comme de l'être. Dès lors, le holisme utilisé libère un espace, qui est investi négativement et qu'un Descartes nommera très conséquemment l'indéfini, avec la volonté de le caractériser selon le point de vue ontologique. 
Mais si le non-être présente de la positivité, ce qu'il reste à expliciter, alors il ne peut pas y avoir quelque chose plutôt que rien, car il ne peut y avoir rien. En effet, la reconnaissance du néant signifierait que l'infini s'exprime dans le cadre d'une conception étendue, selon les termes de l'être. 

Comment est-il possible que le non-être manifeste une idée fausse, qui désigne autre chose que sa présentation? Il faut bien que le faux soit autre chose que le donné (ce qui est) des choses telles qu'elles sont. C'est reconnaître que le terme quelque chose ne signifie pas une chose fixe et intangible, mais une chose dotée de pouvoir flexible, malléable et couvrant. Il convient en outre de préciser que le réel envisagé ainsi renvoie à la propriété ou à la faculté (la malléabilité) plutôt qu'au donné de l'être.
L'impossible n'est pas possible, ce qui signifie que le possible sort de la contradiction, entendue comme état de nature artificiel et initial, et la dépasse. La contradiction ne désigne pas l'impossible, à partir du moment où elle accouche nécessairement du possible - qu'elle engendre la résolution. La contradiction n'existe pas sous une forme indépendante, qu'on pourrait isoler, mais procède d'une recomposition consistant à distinguer le contradictoire et sa résolution - en être.
Dès lors, ce qu'on nomme l’initial ne vaut que dans l'état donné - celui de l'être. Ce qui prend la place de l'initial dans la configuration de l'infini n'est pas le malléable, qui reste une acception donné - mais le pouvoir couvrant, qui n'est pas un état, mais une propriété.
On comprend que la notion de début n'existe pas si elle est corrélée à celle de donné. Il faudrait lui substituer la signification de propriété couvrante, en précisant que les deux notions de contradictoire et d'être sont imbriquées selon le déploiement de la résolution et que, si l'on en reste à ce qui se passe, sans chercher à le décortiquer de manière reconstituée et artificielle, il faut plutôt se rendre compte que l'être surgit immédiatement, de manière concomitante au contradictoire, et non après lui. 


Chaque fois que le domaine de délimitation de l'être est atteint, le propre de la propriété est de susciter la création d'être, de telle sorte qu'il ne peut exister de vide, de rien, de non-être.
Et si ce qu'on n'arrive pas à comprendre est que l'unité est un prisme ontologique? Et si Dieu était, non pas deux, mais pas quelque chose de fixe, dont la concomitance donne l'impression d'unité? Il faudrait alors penser la coexistence au lieu de l'unité et la malléabilité plutôt que l’Être.