mardi 27 juin 2017

L'irrationalisme complotiste

Le complotisme fonctionne sur le fantasme et l'illusion selon lesquelles les comploteurs possèdent un pouvoir supérieur aux autres hommes, qui leur permet de réussir leur complot là où les autres échouent.
Raison pour laquelle ceux qui sont considérés comme tels représentent un petit nombre d’individus aussi malfaisants que tout-puissants.
Il signifie que le moyen de faire l'histoire repose sur le complot. Vu qu'on ne sait expliquer ce qui cause les changements, on tient enfin l'explication qui en plus explique tout et, deuxième mérite, qui s'avère passionnante, surfant sur le sensationnalisme (les comploteurs sont cachés et dotés de forces paranormales, ce qui assure le caractère excitant de leur découverte).

Le complot a classiquement un sens négatif : se mettre à plusieurs pour nuire à un autre. Mais ici il s'agit d'un objectif bien plus ambitieux, et même de l'objectif le plus ambitieux : maîtriser le cours de l'histoire de cette manière. 
Dès lors, le complot représente le moyen supérieur de créer, au sens où il parvient à allier, dans une influence extraordinaire, le négatif et la supériorité.
Dans cette configuration, la création ordinaire, limitée et imparfaite, est moins influente que le complot, ce qui signifie que le positif auquel l'homme peu accéder est inférieur au négatif, il est vrai surhumain. Il s'agit d'un raisonnement contradictoire, qui se permet cette entorse parce qu'elle fonctionne sur le surnaturel.
Dans la réalité, l'interprétation complotiste se révèle outrancière. S'il est vrai que les complots sont légions dans l'histoire humaine, c'est parce que l'homme est libre de ses choix d'action, y compris donc de comploter de manière désespérée et d'échouer.
Mais cette liberté est limitée, en ce qu'elle se montre inféodée à la créativité. Le négatif est inférieur au positif dans le schéma effectif. Selon le schéma complotiste, c'est la loi du plus fort qui dirige le monde, selon le schéma schopenhauerien (le réel est négatif de part en part, toute positivité en est absente).

En précisant que le plus fort est ici paré de pouvoirs surnaturels, ce qui permet à cette pseudo loi de devenir viable, ce qui dans le réalité n'est pas le cas (c'est même la raison pour laquelle la loi du plus fort est décriée, alors qu'elle est la plus répandue).
Le complotisme exprime une pensée de l'absurde et du pessimisme, qui surgit en temps de crise, quand on perd ses repères, au point de s'en remettre à des explications saugrenues. Au moins les repères sont-ils clairs : c'est le mal qui dirige le monde, un mal qui est à la fois surnaturel (comme le diable) et humain.
De ce fait, le complotisme constitue un curieux assemblage de mystique occultiste dans un monde rationalisé jusqu'à l'absurde.

samedi 3 juin 2017

Jeu, set et match

On peut partir du jeu pour créer une analogie avec le réel, à condition de rajouter l'élément de la malléabilité, qui est l'expression positive et affirmative de l'infini négatif. Dès lors, le jeu apparaît pour ce qu'il est : une transition qui doit permettre à l'enfant en développement neurologique et affectif d'accéder à ce qui n'est pas compris dans le jeu et qui fait la spécificité du réel.
Cette dimension de créativité, selon laquelle nous avons la disposition pour ajouter des éléments au donné. Certes, la créativité implique un apport qui dépend de nous, mais surtout, il importe de remarquer que c'est le réel qui se montre créatif.
Plus encore, on parle de créativité comme d'une propriété externaliste et sans laquelle le réel n'est pas compris : il est indépendant et évolutif, d'où l'idée de malléabilité. Alors que le jeu est fixé sur ses règles.
Si l'univers était mimétique, alors l'homme pourrait être indépendant, souverain, ce qu’avait bien compris Spinoza. Mais l'univers n'est pas construit sur le mimétisme, mais le mimétisme n'est qu'une étape d'une propriété supérieure qui s'appelle la créativité. De ce fait, l'univers se trouve en voie de construction, ce qui implique que nous contribuions à le construire.
Alors nous ne jouons plus. Nous sommes dans le durable.